« Alors
tous trois on est repartis
« Dans
le tourbillon de la mort
« On a
continué à décéder
« Tous
les deux enterrés,
« Tous
les trois ensevelis… »
Il y a de ces
lundis, comme ça, au cours desquels vous vous dites que votre tenue de grand
deuil fraîchement remisée dans l’antimites suite à la récente canicule et à ses
conséquences aura bien besoin d’une visite au pressing « Rapid’ Dégraiss’ »
de la Place de la Poste, face à le droguerie « Couleurs et vernis »
de M’sieur Chapougnard.
Il y a de ces
lundis, comme ça, où l’on se dit que François Valéry est finalement un génie
méconnu, lui qui a compris avant tous les autres en écrivant qu’il ne fallait
pas attendre que la mort nous trouve du talent.
Il y a de ces
lundis, comme ça, où l’on n’est pas particulièrement jouasse de vérifier le
fameux théorème de Sochaux, le funeste « jamais deux sans trois comme on
dit chez Peugeot »…
Il y a de ces
lundis où l’on se dit qu’on va peut-être s’en tenir là, et qu’on va pas pousser
plus avant la plaisanterie mortuaire…
A croire que
les trois disparus célèbres du jour n’avaient aucune envie de payer une
échéance de loyer supplémentaire…
D’abord, la
doyenne des dégommes du jour, Mademoiselle Jeanne Moreau, 89 printemps sous les
fameuses cernes qui firent sa renommée.
Il faut aller
au-delà de la caricature ridée assortie de lèvres en saucisses Jean Caby qu’elle
était devenue ces dernières années, crapahuter par delà cette voix rocailleuse
qui ferait presque passer la voix de Zaz pour un gazouillis roucoulatoire,
escalader les fastidieux spectacles où elle se décroutait le moule à plaisir en
parlant de Duras comme d’un oslibos magique.
Il faut
savoir retrouver la fraîche et pimpante jeune première qui fit merveille au
théâtre, la sulfureuse pépée du célèbre « Escalator pour la potence »…
Ou « Ascenseur pour l’échafaud » si mieux n’aiment les affolés des Cahiers
du Cinéma. Il faut se remémorer l’immortelle Catherine de « Jules et Jim »,
voire la vioque qui pataugeait dans la flotte, une de ses dernières
interprétations marquantes.
Voir… et
écouter. Ecouter sa voix pas encore ravagée par les abus alcooliques et
tabagiques, interpréter des chansons qui sont son passeport pour l’éternité… Le
tourbillon, bien sûr, mais aussi « J’ai la mémoire qui flanche »…
Après sa mémoire,
c’est son cœur qui a flanché. Au revoir, Madame…
On peinait à
se dégager du maelstrom dégoulinant de bons sentiments, de condoléances
faussement attristées et de panégyriques laudativement faux-cul qu’on se
prenait la deuxième couche. C’était au tour du Commissaire Valentin de prendre
l’ascenseur non pas pour l’échafaud mais pour la Maison Mère.
Celui qui
était automatiquement associé aux brigades du Tigre, même s’il avait tourné une
riche filmographie avec cette série télévisée de l’ORTF a replié son pébroque aujourd’hui,
aussi. Jean-Claude Bouillon l’a bu. Burp et R.I.P.
Et pour
achever le triptyque, on est allé chercher à l’étranger celui qui avait une
épaisseur certaine en qualité d’acteur de théâtre, une véritable étoffe, voire
peut-être même l’étoffe des héros, du nom de son film le plus connu de ce côté-ci
de l’Atlantique. Sam Shepard a grillé sa dernière Marlboro à l’âge de 74 ans
aux Hamburgers nouveaux. Il avait l’étoffe des héros, mais il est arrivé au
bout du rouleau (de tissu)…
Shepard,
Bouillon, Moreau… Et dire que l’autre vieille peau est toujours vivante… Celle
qui bêlait « nue au soleil »… Depuis le temps, elle devrait être
cuite depuis longtemps !
Lui, on le
pensait grillé pour les bassins et finalement, c’est sur une médaille d’or qu’il
tire sa révérence. Camille Lacourt, la grande asperge de deux mètres en
moulebite ajusté s’est octroyé une dernière médaille d’or à Budapest pour la
fin de sa carrière sportive internationale.
Encore mieux
que les militaires, et les glandeurs de la SNCF : sportif. Tu te tues pas
à la tâche, sauf si tu t’appelles Pironi, Pantani ou Senna ; tu te fais
des coucougnettes en or que tu crois que ton mouleburnes est de marque Midas ;
tu te lèves les plus belles minettes du circuit (ou les plus beaux minous) et
tu prends ta retraite à même pas trente-cinq ans…Sud Rail va encore manifester…
Lui, ça sent
le roussi autour de lui, et c’est pas une odeur de caoutchouc brûlé, vestige d’un
séjour au Maroc chez sa grande copine Badr Hari. Cristiano Ronaldo a été mis en
examen en Espagne pour fraude fiscale. Il aurait oublié de déclarer certains
dépôts en liquide faits à l’étranger…. Forcément, si Badr avale…
Lui, même
Jacob de la Cage aux Folles ferait viril en comparaison. Samedi soir, ce fut un
festival de hurlements hystériques, de chichiteries dignes de la grande folle
tordue qu’il est et de peurs paniques qui l’ont totalement ridiculisé. Déjà particulièrement
pénible au micro des commentaires du Concours Eurovision de la Chanson, Jarry a
fait exploser les haut-parleurs et les limites de notre patience lors de Fort
Boyard.
Si tu te sais
en proie au vertige, tu ne t’inscris pas ! Et puis dis donc, tes copines,
les Alex Goude, les Tom Villa, les Cyril Féraud (plus virile que jamais dans un
peignoir en léopard sur son corps de coucou), elles ne sont pas allées se faire
consoler par Olivier Minne, hein ! Pardon ? C’était hors caméra et ça
sera diffusé sur Pink TV tard le soir ?
Et le 31
juillet 1942 naissait à Casablanca Marion Game, que les jeunes générations
connaissent en vieille peau hargneuse prénommée Huguette dans les fameuses Scènes
de Ménage mais qui fut également une comédienne fraîche et pimpante et au
surplus la compagne de Jacques Martin pendant quatre ans. Quatre années d’amour
et de violences… Et puis chacun est reparti, dans le tourbillon de la vie…
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