Il serait, à mon humble
avis, des plus déplacés en ces temps troublés où l’on ne sait pas de quoi
demain sera fait et où l’on a peine à se sortir les doigts du fondement pour
espérer commencer à penser à la probabilité d’une éventuelle survenue de jours
meilleurs, de ne pas s’employer consciencieusement à respecter les traditions.
Evidemment, chaque moment important
de l’année est soumis à son lot de traditions plus ou moins folkloriques, plus
ou moins respectées, plus ou moins connues… Mais le moment le plus chargé en
traditions est celui qui s’annonce devant vos yeux ébahis, devant vos mirettes
ébaubies (Ewing), devant vos phares de Berliet de lapinou sous acide :les
fêtes de fin d’année.
Ah ! les fêtes de Noël
et du Nouvel An ! On en ferait une encyclopédie en douze volumes in octavo
imprimé en police 6 sur papier bible qu’on en aurait pas tout dit ! Foisonnement
des traditions, multiplicité des passages obligés, joie d’offrir, plaisir de
recevoir, émerveillement des enfants, satisfaction des parents…
Il m’a paru important, au
seuil de ce weekend où vous allez avoir presque tous l’idée de génie de vous
précipiter dans les centres commerciaux, supermarchés et autres complexes de
consommation de masse pour effectuer dans l’urgence et les odeurs peu
flatteuses de transpiration les derniers achats pour Nowel et faire virer la
carte bleue à l’écarlate, de rappeler quelques unes des traditions bien ancrées
, telles le morpion dans une toison pubienne où le gel douche est une option hebdomadaire…
Comment éviter la tradition
la plus établie en cette saison, celle qui ravit tous ses adeptes et qui leur
laisse toujours un sentiment de chaleur et un doux parfum… la gastro ! Comme
chaque année, la gastro revient en force à quelques heures du réveillon, et ça
sera la course à la porcelaine accompagnée de gargouillis d’outre-tombe et des
nausées de parturiente, et un soulagement tout passager avec le crépissage des
toilettes et moucheté marron clair en relief…
Autre grande tradition, la
grippe, où vous serez forcément ravis de passer votre réveillon de Noël au pieu
avec 40 de fièvre, des frissons et des courbatures tandis que la parentèle
réunie festoiera dans la pièce voisine à grands renforts de foie gras et d’huitres…
Plus spécifiquement réservée
aux fins gourmets, la tradition de l’ouverture de ces putains de bourriches d’huitres
qui vont vous entailler les mains jusqu’à l’os et vous permettent de finir le
réveillon bien entouré aux urgences… En comparaison, la tradition du découpage
de la dinde fourrée aux marrons complètement massacrée par les coups de couteau
rageur du cousin Edmond déjà bien attaqué par les trois kirs royaux et la
demi-bouteille de Sauternes qu’il s’est lampé avec le foie-gras à l’armagnac, ce
serait presque de la roupie de sansonnet…
Pour en arriver à déguster
la bûche faite maison qui a effectivement en commun avec le rondin de bois son
caractère ligneux, il vous aura fallu surmonter les hystériques hurlements des
gamins de la maisonnée, à peu près jamais contents des cadeaux offerts, et les
remarques acerbes de la tante Marthe qui glisse in petto que franchement, le
pull cheminée en bayadère mimosa et pourpre en taille 36 quand on est surnommé « Sauvez
Willy » à la piscine municipale, c’est pousser la délicatesse dans ses
derniers retranchements…
Nowel, c’est aussi le temps
du partage et vous serez aux anges d’aller passer deux plombes interminables à
écouter le babillage sénile d’une vieille tante dans l’odeur flatteuse de
couches pleines et de pet foireux d’un mouroir de banlieue…
Et si, pour tenter d’échapper
à toutes ces traditions pourtant si tenaces et attachantes, vous souhaitez
faire une retraite monacale dans un monastère orthodoxe au fin fond du Caucase ;
finalement, on ne vous en tiendra pas forcément rigueur…
Evidemment, on n’est pas
obligés de respecter ces traditions, on peut s’en affranchir volontiers, ou au
contraire se soumettre à des rituels encore plus drastiques, s’astreignant à
passer de bonne fêtes quoi qu’il arrive… même si on nous apprend au moment de
mettre le petit Jésus dans la crèche que l’oncle Gontran a fermé son parapluie
il y a trois mois et que les pompiers viennent de le retrouver dans son
deux-pièces cuisine à cause de l’odeur encore plus pestilentielle qu’à l’habitude
et qui a finalement dérangé les voisins… même si entre la poire et le fronton,
Kévin lâche une bombe atomique en clamant qu’il ira passer le réveillon de la
Saint Sylvestre avec Kader, qui lui tambourine le croupion depuis six mois sans
que personne n’en sache rien… même si la cousine Josiane vous pleurniche dans
le creux de l’oreille et pour la soixante-sixième fois comme ce salopard de
Raymond l’a trompée pendant dix-sept longues années avec cette pouffiasse de
Gisèle du service comptabilité…
Oui, il vous faudra passer
de bonnes fêtes, même si l’on sait que désormais, le maire FN de Hayange est
inéligible pour un an en raison d’un manquement d’une particulière gravité dans
ses comptes de campagne et qu’il a annoncé qu’il relevait appel de cette
décision « éminemment politique »… Oué, mais ça, c’est un dét-heil !
De bonnes fêtes pour vous, même
s’il vous reste en travers de la gorge que le Pétillant est allé faire une
visite surprise aux employés des abattoirs de Gad... vous savez, les illettrés
méprisés par Macaron… Franchement, il ose tout ce mec !
Tout comme vous ne pourrez
pas vous priver d’une seconde part de bûche, c’est toujours ça de pris, après
avoir appris que Pépère estime les prévisions de croissance pour 2015
insuffisantes pour réduire le chômage…. Lui, le chantre de l’inversion de la
courbe, ça doit lui faire mal du derche d’annoncer ça…
Oui, passons de bonnes fêtes,
même si la beauté blonde et radieuse de Virna Lisi s’est définitivement fanée
dans son sommeil, partant vers des rivages apaisés à l’âge de 78 ans. Éclectique
et exigeante dans ses choix, l’italienne récemment veuve après 53 ans de
mariage avait impressionné par sa composition dans la Reine Margot… Ciao, ciao,
bambina…
Avant que de vous vautrer
dans les chants de nowel pas toujours digestibles, réécoutez le « Blue
Suede shoes » enregistré par Carl Perkins le 19 décembre 1955, mais
popularisé par Elvis Presley quelques mois après.
Et le 19 décembre 1977, TF1
versait encore à l’époque dans le programme de qualité pour les fêtes en
offrant aux téléspectateurs le premier des six épisodes de « Au plaisir de
Dieu », mini-série adaptée du roman homonyme de Jean d’Ormesson et narrant
l’histoire d’une famille d’aristocrates français, les Plessis-Vaudreuil. Les
programmes télé de fête… voila une tradition qu’on aimerait bien retrouver…
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