mercredi 30 octobre 2013

Brèves du 30 octobre 2013



Ma che freddo fa !

L’exclamation, qui est également le titre d’une chanson du Festival de San Remo 1969 (sorte d’Eurovision italienne où les titres sont à peine plus mauvais, mais au moins, ils sentent le chianti, le prosciutto et le parmegiano), me sauta brutalement au visage lorsque, l’esprit encore embrumé des rêves de la nuit et de la promesse des DAM (les fameux dossiers à merde qui ne devraient jamais quitter les latrines de chaque cabinet), j’ouvrais la fenêtre pour aérer les miasmes nocturnes et respirer à pleins poumons l’air urbain, joyeux mélange de gaz d’échappement de véhicules mal réglés et de personnes tout aussi mal réglées mais amatrices de plats hautement pétogènes, de déjections canines qui ne manquent pas de se glisser subrepticement sous les semelles de vos escarpins à mille balles la paire, et d’émanations quasi-toxiques de la Lopez du cinquième, dont les effluves matinales dont qu’on se demande si elle déjeune vraiment avec de la chicorée Leroux et des tartines de morue salée…

Eh oui, quoi qu’il se passe, le français est un inextinguible râleur, rouméguant à qui-mieux-mieux sur la cherté de la vie quand il est un assisté de première pression, sur l’incompétence des incapables de gauche quand les incompétents de droite sont dans l’opposition, et vice-versa, sur l’andouille qui lui grille la priorité quand lui vient de carboniser un stop, sur tout, son contraire, et réciproquement…

Il fait trop chaud et l’on se laisse presque tenter par la chemisette alors qu’on devrait disparaître sous les tricots de corps, écharpes et bonnets fourrés ? On maugrée sur ce foutu réchauffement climatique qui décidément est une saleté puisqu’elle fait fondre les glaçons dans le Ricard deux fois plus vite…

Il fait un poil frisquet, et il faut pour combler un besoin tout aussi naturel qu’urinaire s’armer d’une fourchette à escargots et d’une pince à cornichons pour débusquer sa vipère de broussaille des replis de chair ? On maudit les pintades de la météo qui pourtant n’ont aucune responsabilité dans l’affaire, sauf celle de s’habiller soit comme des collégiennes de quinze ans à qui les seins poussent au moins autant que l’envie de se faire ravager les Pays-Bas, soit comme des clowns relookés par la collection ’65 d’Emmaüs…

Le français moyen et la moyenne des français sont râleurs… C’est un fait, et quand on a comme emblème un coq, animal de basse-cour réputé pour chanter haut et fort en cassant les oreilles du voisinage tout en ayant les pieds dans la merde, on ne s’en étonne qu’à moitié…

Et lorsqu’en plus, l’actualité s’y prête, alors là, on n’a plus aucune excuse, et l’on y plonge avec une délectation qui n’a d’égale que celle quasi-jouissive que M’âme Jeanssen éprouve lorsqu’elle dit du mal de la Lopez du cinquième qui écoute du Linda de Suza à plein volume…

Comment ne pas râler lorsqu’on entend la Ministre de la Réforme de l’Etat annoncer que Pépère et ses nullos planchent sur une taxe poids-lourds variable selon les régions ? Question arbitraire devant l’impôt, Pépère risque de faire péter tous les témoins… On paiera combien ? Ça dépend de l’endroit où vous roulez…

Comment ne pas pester face à la valse hésitation du Gouvernement qui fait de jour en jour preuve de sa difficile compréhension de la marche du pays ? Le Premier Sinistre suspend l’écotaxe face à la mobilisation bretonne, revire pour la taxation des comptes épargne, tergiverse sur la taxe à 75 % des connasses en short… Bref, c’est la Giscardanse brocardée en 1974 par Yves Lecoq : « Un pas en avant, deux pas en arrière »…

Comment ne pas s’interroger sur la fantastique coïncidence des cafouillages ministériels avec la providentielle libération des otages d’Aqmi au Niger ? Flamby a dû allonger la monnaie pour que cette bonne nouvelle tombe pile au moment où il se démène dans une merde noire… Mais se dit « déterminé » à libérer tous les otages français de par le monde… Si c’est comme pour la courbe du chômage, ils sont mal barrés…

Comment ne pas se pincer le nez façon « putain mais qu’il est con, çui-ci » face au Manifeste des 343 salauds (pendant masculin ou prétendu tel du Manifeste des 343 Salopes de 1971) qui réclame le droit à « leur pute » sous le titre touchant de « Touche pas à ma pute ».. Tire-là si les couilles te démangent, mais ne la touche pas… Quand on voit ceux qui déclarent aller aux putes et se lever contre la pénalisation de la clientèle putophile, on se dit qua ça sent la droite bien néoréac’, le bobo en mal d’exposition médiatique, et l’opportuniste de première… Jugez plutôt : Eric Zemmour, Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Philippe Caubère, Basile de Koch…

Comment ne pas penser que La Poste est définitivement timbrée quand on lit que la novelle agence postale de Bordeaux n’a pas de boite aux lettres en extérieur… Interdiction parait-il des Bâtiments de France, qui ont pourtant autoriser les hideux distributeurs de billets… Comme quoi, l’Administration a déraison que la raison ignore…

Comment ne pas désespérer devant les affiches des films actuellement au cinéma, et se précipiter sur une énième projection privée de « Mon curé chez les nudistes » ou « Deux enfoirés à Saint Tropez », histoire de relever le niveau intellectuel et pictural ? Ben quoi ? On nous beurre la raie façon « Charente-Poitou ça rentre partout » avec « Gravity » un navet d’où surnagent juste quelques belles images de la Terre… Revisionnez « Home » et ça vous évitera un ticket… On fait un foin sur le nouvel épisode de « Thor »… Alors qu’on peut résumer les deux plombes de ce film plombé comme l’histoire d’une blonde avec un marteau…

Ne nous mettons cependant pas martel en tête pour célébrer dignement les anniversaires de ce 30 octobre car en 1922, Mussolini forme un gouvernement fasciste suite à la marche sur Rome de ses Chemises noires ; en 1940, Petain annonce la collaboration française avec l’Allemagne (glorieux souvenir, tiens !) ; en 1962, Françoise Hardy passe à la télé lors de la soirée du référendum et décroche la timbale avec sa mièvrerie plaintive « Tous les garçons et les filles de mon âge » ; en 1974, « Robin des Bois » version Walt Disney arrive sur nos écrans ; en 1979, la mort du Ministre du Travail Robert Boulin pose question (encore de nos jours… Un ministre du Travail qui se tue à la tâche, ça le fait justement… tâche…) ; et en 1980, Coluche annonce sa candidature à la Présidence de la République (et se verra crédité de 16 % d’intention de vote !).

Et le 30 octobre 1938, l’adaptation radio du roman de H.G. Wells, « La Guerre des mondes » et remarquablement interprété en direct sur les ondes de CBS par Orson Welles va terroriser l’Amérique… Aujourd’hui, un résultat sensiblement égale est atteint avec les disques de Lara Fabian, de Zaz et de Christophe Maé… Chaque époque a les génies qu’elle peut…

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