Ma che freddo fa !
L’exclamation, qui est
également le titre d’une chanson du Festival de San Remo 1969 (sorte d’Eurovision
italienne où les titres sont à peine plus mauvais, mais au moins, ils sentent
le chianti, le prosciutto et le parmegiano), me sauta brutalement au visage
lorsque, l’esprit encore embrumé des rêves de la nuit et de la promesse des DAM
(les fameux dossiers à merde qui ne devraient jamais quitter les latrines de
chaque cabinet), j’ouvrais la fenêtre pour aérer les miasmes nocturnes et
respirer à pleins poumons l’air urbain, joyeux mélange de gaz d’échappement de
véhicules mal réglés et de personnes tout aussi mal réglées mais amatrices de
plats hautement pétogènes, de déjections canines qui ne manquent pas de se
glisser subrepticement sous les semelles de vos escarpins à mille balles la
paire, et d’émanations quasi-toxiques de la Lopez du cinquième, dont les effluves
matinales dont qu’on se demande si elle déjeune vraiment avec de la chicorée
Leroux et des tartines de morue salée…
Eh oui, quoi qu’il se passe,
le français est un inextinguible râleur, rouméguant à qui-mieux-mieux sur la cherté
de la vie quand il est un assisté de première pression, sur l’incompétence des incapables
de gauche quand les incompétents de droite sont dans l’opposition, et vice-versa,
sur l’andouille qui lui grille la priorité quand lui vient de carboniser un
stop, sur tout, son contraire, et réciproquement…
Il fait trop chaud et l’on
se laisse presque tenter par la chemisette alors qu’on devrait disparaître sous
les tricots de corps, écharpes et bonnets fourrés ? On maugrée sur ce
foutu réchauffement climatique qui décidément est une saleté puisqu’elle fait
fondre les glaçons dans le Ricard deux fois plus vite…
Il fait un poil frisquet, et
il faut pour combler un besoin tout aussi naturel qu’urinaire s’armer d’une
fourchette à escargots et d’une pince à cornichons pour débusquer sa vipère de
broussaille des replis de chair ? On maudit les pintades de la météo qui
pourtant n’ont aucune responsabilité dans l’affaire, sauf celle de s’habiller
soit comme des collégiennes de quinze ans à qui les seins poussent au moins
autant que l’envie de se faire ravager les Pays-Bas, soit comme des clowns
relookés par la collection ’65 d’Emmaüs…
Le français moyen et la
moyenne des français sont râleurs… C’est un fait, et quand on a comme emblème
un coq, animal de basse-cour réputé pour chanter haut et fort en cassant les oreilles
du voisinage tout en ayant les pieds dans la merde, on ne s’en étonne qu’à
moitié…
Et lorsqu’en plus, l’actualité
s’y prête, alors là, on n’a plus aucune excuse, et l’on y plonge avec une
délectation qui n’a d’égale que celle quasi-jouissive que M’âme Jeanssen
éprouve lorsqu’elle dit du mal de la Lopez du cinquième qui écoute du Linda de
Suza à plein volume…
Comment ne pas râler lorsqu’on
entend la Ministre de la Réforme de l’Etat annoncer que Pépère et ses nullos
planchent sur une taxe poids-lourds variable selon les régions ? Question
arbitraire devant l’impôt, Pépère risque de faire péter tous les témoins… On
paiera combien ? Ça dépend de l’endroit où vous roulez…
Comment ne pas pester face à
la valse hésitation du Gouvernement qui fait de jour en jour preuve de sa
difficile compréhension de la marche du pays ? Le Premier Sinistre suspend
l’écotaxe face à la mobilisation bretonne, revire pour la taxation des comptes
épargne, tergiverse sur la taxe à 75 % des connasses en short… Bref, c’est la
Giscardanse brocardée en 1974 par Yves Lecoq : « Un pas en avant,
deux pas en arrière »…
Comment ne pas s’interroger
sur la fantastique coïncidence des cafouillages ministériels avec la
providentielle libération des otages d’Aqmi au Niger ? Flamby a dû
allonger la monnaie pour que cette bonne nouvelle tombe pile au moment où il se
démène dans une merde noire… Mais se dit « déterminé » à libérer tous
les otages français de par le monde… Si c’est comme pour la courbe du chômage,
ils sont mal barrés…
Comment ne pas se pincer le
nez façon « putain mais qu’il est con, çui-ci » face au Manifeste des
343 salauds (pendant masculin ou prétendu tel du Manifeste des 343 Salopes de
1971) qui réclame le droit à « leur pute » sous le titre touchant de « Touche
pas à ma pute ».. Tire-là si les couilles te démangent, mais ne la touche
pas… Quand on voit ceux qui déclarent aller aux putes et se lever contre la
pénalisation de la clientèle putophile, on se dit qua ça sent la droite bien
néoréac’, le bobo en mal d’exposition médiatique, et l’opportuniste de première…
Jugez plutôt : Eric Zemmour, Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Philippe
Caubère, Basile de Koch…
Comment ne pas penser que La
Poste est définitivement timbrée quand on lit que la novelle agence postale de
Bordeaux n’a pas de boite aux lettres en extérieur… Interdiction parait-il des
Bâtiments de France, qui ont pourtant autoriser les hideux distributeurs de
billets… Comme quoi, l’Administration a déraison que la raison ignore…
Comment ne pas désespérer
devant les affiches des films actuellement au cinéma, et se précipiter sur une
énième projection privée de « Mon curé chez les nudistes » ou « Deux
enfoirés à Saint Tropez », histoire de relever le niveau intellectuel et
pictural ? Ben quoi ? On nous beurre la raie façon « Charente-Poitou
ça rentre partout » avec « Gravity » un navet d’où surnagent
juste quelques belles images de la Terre… Revisionnez « Home » et ça
vous évitera un ticket… On fait un foin sur le nouvel épisode de « Thor »…
Alors qu’on peut résumer les deux plombes de ce film plombé comme l’histoire d’une
blonde avec un marteau…
Ne nous mettons cependant
pas martel en tête pour célébrer dignement les anniversaires de ce 30 octobre
car en 1922, Mussolini forme un gouvernement fasciste suite à la marche sur
Rome de ses Chemises noires ; en 1940, Petain annonce la collaboration
française avec l’Allemagne (glorieux souvenir, tiens !) ; en 1962,
Françoise Hardy passe à la télé lors de la soirée du référendum et décroche la
timbale avec sa mièvrerie plaintive « Tous les garçons et les filles de
mon âge » ; en 1974, « Robin des Bois » version Walt Disney
arrive sur nos écrans ; en 1979, la mort du Ministre du Travail Robert
Boulin pose question (encore de nos jours… Un ministre du Travail qui se tue à
la tâche, ça le fait justement… tâche…) ; et en 1980, Coluche annonce sa
candidature à la Présidence de la République (et se verra crédité de 16 % d’intention
de vote !).
Et le 30 octobre 1938, l’adaptation
radio du roman de H.G. Wells, « La Guerre des mondes » et
remarquablement interprété en direct sur les ondes de CBS par Orson Welles va
terroriser l’Amérique… Aujourd’hui, un résultat sensiblement égale est atteint
avec les disques de Lara Fabian, de Zaz et de Christophe Maé… Chaque époque a
les génies qu’elle peut…

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire