« Car tout change et
tout casse et tout passe et tout lasse
Le désir, le plaisir se
diluent dans l'espace »
Grâce au texte de Philippe
Labro, notre Johnny Hallyday national enseignait en 1971 à sa « Jolie
Sarah » la temporalité et la fugacité des sentiments… Pour une idole yéyé abonnée
aux onomatopées twistesques, aux cris post-orgasmiques d’un étalon terrassé par
le poids d’un cheval mort, et aux paroles insouciantes, c’était un dérapage
contrôlé que seuls les pointures se permettent… Un grand écart quoi…Un peu
comme si, de nos jours, Emmanuel Moire chantait du Schopenauer ou si Christophe
« Dingue dingue dingue » Maé couinait de l’Aragon…
Mais je ne suis pas là pour
débiter des horreurs sur les chanteuses à la mode qui font mouiller les
pisseuses et raidir les invertis, certains humoristes, ou prétendus tels, s’en
chargent mieux que moi, en utilisant parfois des mots qui blessent les
poissonnières de droite et les rejetons de Neunoeil…
Ah oui, parce que Marion
Maréchal-Nousvoila-Le Pen estime intolérable qu’on fasse selon elle « deux
poids deux mesures » face aux insultes sexistes, estimant que l’affaire du
caquetage à l’Assemblée serait moins grave que le « salope » de Bedos…
On en recausera quand la miss se fera traiter de poule…
Pour en revenir au fait que « tout
change et tout casse et tout passe et tout lasse », on perçoit nettement
ce désintéressement dans la presse et les journaux radio… On aborde des sujets
plus primesautiers, on sort du saloir des articles congelés depuis des lustres
comme les gamins Courjault, on exhume des vieilles gloires…
Tout change, puisque le « Notre
Père », pierre angulaire des prières chrétiennes, fait peau neuve ! Dans
la nouvelle traduction, validée par le Vatican, la supplique "ne nous
soumets pas à la tentation", datant de 1966 et donnant à penser que Dieu
tentait le fidèle pour l'éprouver, deviendra "ne nous laisse pas entrer en
tentation". Suffit de mettre un « défense d’entrer », ou un sens
interdit…
Tout passe, puisque les
antennes téléphoniques, jadis décriées comme occasionnant tous les maux, et même
les autres, n’auraient désormais aucune incidence sur la santé… Toutefois, les
autorités sanitaires préconisent le kit mains libres pour s’adonner à la
téléphonite aigue…
Tout passe, et tout trépasse
même, et vous y penserez aujourd’hui en dévorant les petits oursons gélifiés,
les fraises tagada et les escargots de réglisse… Le patron d’Haribo, Hans
Riegel, s’est éteint à l’âge de 90 ans… Sûr que les crocos auront un goût plus
amer aujourd’hui…
Tout change, notamment au
Gouvernement où face à l’effritement du duo Pépère-Z’Ayrault, on essaie de nous
refourguer le modèle pétillant « Manu Valls », avec sa gueule d’officier
de la Gestapo, sa voix de triple-basse et sa position très adroite, pour ne pas
dire très à droite… Décidément, ils ne savent plus quoi faire pour tenter de
contrer le bouledogue blond…
Tout change, également dans
la perception de l’éducation des enfants… Naguère, on recommandait le châtiment
corporel, et rares sont ceux parmi nous qui ne se sont jamais pris une rouste
sur les fesses suite à une connerie… Aujourd’hui, on condamne les pères de
famille pour une fessée à leur moutard… J’aimerai bien connaitre le nom de la
mal-baisée, pardon, de l’assistante sociale qui est allée mettre le bousin… Je
ne cautionne nullement les bastonnades régulières, mais une fessée, de manière
exceptionnelle et modérée, n’a jamais tué personne… Y’en a même qui flaquent ou
qui dressent les couleurs rien que d’y penser, alors…
Tout lasse, puisque les expulsions
de Roms, qui hier encore causaient des humidités dans les boxers comprimés des
Delamèche, Maubert et autre Cohen, ne font pas un quart de page dans le canard
local… C’est l’avantage du français… Il oublie très vite ce pour quoi il s’est
indigné quelques semaines auparavant…
Tout casse, notamment au
Japon, où le typhon Wipha a causé la mort de quatorze personnes, en sus des
destructions matérielles… Après Fukushima, le typhon… Manquerait plus qu’on
leur propose un jumelage avec Brignoles…
Tout passe, et le souvenir
de Patrice Chéreau, aux obsèques duquel assistait le Tout-Paris du spectacle, s’en
ira hélas en s’étiolant malgré les hypocrites déclarations qui se sont
succédées suite au décès du metteur en scène…
Tout lasse, notamment les
rebondissements sans fin façon jokari de la crise du shutdown américain… On
sent bien cependant que c’est pas leur truc, aux amérloques, de négocier, de
tergiverser, de retourner l’adversaire pour lui pratiquer un coït furtif sans
vaseline… Comme au Far-West, ils tirent, et ils demandent pourquoi après…
Et le plaisir ne devra pas
se diluer dans l’espace, aujourd’hui c’est la journée mondiale du gaspillage
alimentaire… Allez, pour fêter ça, mangez vos coques de Babybel, empiffrez-vous
des yaourts périmés qui vous donneront l’occasion de rejouer la Course à la
Porcelaine, bâfrez plus que de raison… faut pas gâcher !
Espérons que le plaisir ne
se diluera pas plus dans le souvenir des anniversaires de ce 16 octobre :
en 1793, on raccourcit Marie-Antoinette ; en 1959, Tonton inaugure le
jogging nocturne dans les jardins de l’Observatoire en échappant à un faux
attentat ; en 1961, « Le temps des copains » débarque sur la RTF ;
en 1975, c’est la naissance de Christophe Maé ; et en 1984, éclate l’affaire
Grégory, où un gamin de quatre ans s’est imaginé vouloir faire du rafting dans
la Vologne pieds et poings liés… Se déclenche alors un feuilleton
médiatico-judiciaire aux cotés duquel Dallas est une aimable plaisanterie,
enchainant rebondissements, non-lieux, articles « sublimes, forcément
sublimes »… Tout casse, passe, lasse ? La preuve, près de trente ans
après, l’eau a coulé dans la Vologne…
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