mardi 29 octobre 2013

Brèves du 29 octobre 2013



Guitare en mains, moumoutte pure acrylique laquée au Kärcher, pantalon moulebite en tergal luisant gris souris avec sous-pull en Dralon orange assorti, il est là, devant le micro, fixant la caméra de ce regard délavé et tombant de cocker triste, prêt à nous crucifier d’un récital de trois heures trente au cours duquel on verra à intervalle régulier en arrière-plan les ambulanciers débarrasser sur des brancards les spectateurs inanimés, le créateur de « L’eau vive », des interminables émissions télévisées « Bienvenue », de la chanson luxembourgeoise au Concours Eurovision 1977 et de la plus célèbre paire de lèvres botoxées à mort, s’apprête à l’ouvrir…

Qui ne se souvient de ces souvenirs télévisés douloureux, immanquables ingrédients des soirées de réveillons qui vous poussaient à éteindre le poste, et à l’annonce desquels grand-mère se défonçait les tympans à grands coups de tisonnier, le chien sautait par la fenêtre et le papier-peint à motifs floraux se décollait de lui-même…

Et devant les caméras noir et blanc de la première chaîne de l’ORTF, notre Guy Béart national égrenait avec la régularité d’une pendulette en marbre rose quelque peu ébréchée et pas mal sonnée les titres-phares de son répertoire, nous amenant surement à des envies de suicide au gaz grâce au four de la cuisinière électrique et à la somnolence totale passées les 23h30…

Si l’on avait eu la chance d’avoir Christophe Maé comme dinde de réveillon de Noël, l’intégrale de ses succès aurait été plus succincte, et l’on aurait pu aller pioncer dès 21h15…

Alors qu’avec l’inextinguible troubadour à la voix faussée, on se tartinait des chansons à rallonge pendant des heures, prenant soudain conscience de ce que pouvait être l’éternité… Ah, on s’en souviendra du « Grand Chambardement », du « Chahut bahut », du « Tournez rotatives », du « Demain, je recommence »…

Demain, je recommence… un joli titre, qui s’applique si bien à l’actualité du jour, tant les titres des torche-culs, feuilles de chou, journaux honnêtes et quotidiens qui font bien au café à côté de son déca et de son e-clope, nous servent du réchauffé…

Vu les températures qui fraîchissent (il était temps, fin octobre avec des velléités de manches courtes, c’est pas franchement logique), on aurait bien besoin de se réchauffer…

Mais si c’est pour se fader les sempiternels poncifs dont nos journaux regorgent à en vomir de lassitude, non, merci bien !

Ras la casquette de se tartiner les énièmes épilogues conclusifs de l’affaire Léonarda, ce vomitif cageot kosovar dont les parents attaquent désormais l’état français en réclamant un titre de séjour…

Par-dessus le brushing des pas-de-deux gouvernementaux sur l’ecotaxe contre laquelle les bretons (qui ont des chapeaux ronds, ne l’oublions pas) se battent jusqu’à nous en beurrer la raie comme un kouign-aman trop gras… Dont le Ministre Le Foll nous dit qu’il ne peut revenir en arrière mais dont Z’Ayrault annonce la suspension (bonjour la cohésion ministérielle…)…

Plus envie d’écouter quotidiennement les exploits hollandouillesques de chute dans les sondages qu’on croirait au final qu’on a élu le premier président spéléologue…

Marre d’entendre les journalistes télévisés (la crasseuse à perruque de la Une et le Playmobil à moumoutte en crin de la Deux) agiter des hochets pour nous détourner de nos inquiétudes quotidiennes pour faire bouillir la marmite et essorer nos économies à régler nos impôts…

On se contretape le coquillard de savoir que Fabius est en visite en Slovaquie, on en a rien à battre que l’institutrice accusée de la mort d’un gosse puni ait été relaxée, on se tartine le fondement de la victoire en appel des Castorama pour rouvrir le dimanche…

Ah ça ! Quel plaisir de voir le dimanche matin déambuler dans les rayons des beaufs de première pression encore mal remis de la beuverie de la veille, l’œil cerné d’un container, l’haleine chargée à la 1664, le jogging luisant qui colle aux profiteroles et le tee-shirt douteux où l’on lit le menu de la veille…

Allez, brisons-là le flot de ma mauvaise humeur (un temps de chiotte, une nuit courte, ça suffit à vous retourner un homme, et je ne parle pas de ce qui se passe dans votre dos au bois de Boulogne…)…

Voyons les anniversaires du jour, puisqu’en c’est en ce 29 octobre, qu’en 1923 naît la république Turque (célèbre pour ses chiottes) ; en 1946 Cocteau sort sa belle bête pour Jean Marais… enfin, sa « Belle et la Bête » ; en 1959 naît Astérix ; en 1965 que Ben Barka est enlevé en plein Paris ; en 1966, Brel abandonne la scène à l’Olympia ; et en 1981, Brassens signe avec la Camarde au bas d’un parchemin…

Et le 29 octobre 1963, sort sur les écrans le film de Jean-Luc Godard, « Le mépris » inspiré du roman d’Alberto Moravia, avec une Brigitte Bardot brune pour l’occasion. L'histoire d'un couple qui tombe en désamour, au cours d'un séjour professionnel, à propos d'un scénario de film et son tournage… Rien d’exceptionnel, surtout lorsqu’on sait que Godard est à la réalisation… Et pourtant, la musique de Georges Delerue relève le tout, ainsi que le cultissime échange Bardot-Piccoli sur les parties de son anatomie : « Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses »… Elle aurait dû regarder Piccoli, elle aurait bien vu que oui… Une forme d'hommage à Brassens, puisqu'il pense nécessairement à Fernande...

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