Vous ne l’ignorez pas, il existe maintes façons d’émerger
des bras de Morphée le lundi matin : la tête généreusement et profondément
enfouie dans une terrine de pâté forestier ; la bouche amidonnée avec un
relent cigarettier tenace qui vous donne presque à penser qu’un poney est
décédé depuis huit jours sous votre lit ; avec un goût de plâtre mal séché
dans les amygdales qui vous fait incontinent regretter la demi-douzaine de
mojitos honteusement tassés prestement descendus la veille au soir pour vous
faire passer le blues du dimanche soir ; avec votre corps d’athlète russe
condamné à trente ans de goulag incompressibles qui ressemble à un meccano mal
assemblé ; l’esprit encore embrumé des rêves humides que votre réveil
achève de manière impromptue au moment précis où vous alliez réaliser la
difficile glissade savoyarde les deux pieds dans un bol de purée de jujubes
avec le tisonnier à la main ; ou, plus rarement, frais et dispos…
Cette
dernière hypothèse est presque un cas d’école chez les travailleuses et les
travailleurs ; on la rencontre parfois chez les feignasses pour lesquelles
le boulot est une hypothèse lointaine et rarement caressée, chez les rentiers
qui n’ont jamais eu à se saloper les mimines manucurées de frais dans la
graisse et le cambouis, et chez les chômeurs professionnels, addicts modernes
aux aides étatiques pour lesquels vous vous minez la santé chaque jour ouvré
que Dieu fait…
Admettons
toutefois que l’état dans lequel vous avez péniblement abandonné dès
potron-minet votre lit douillet soit de près ou de loin équivalent à cet état
frais et dispos que vous connûtes intimement pour la dernière fois le 27
février 1978 ; et passons d’un pas léger les ablutions matinales qui font
ressembler les salles de bains françaises pour des annexes de la Nouvelle Star
avec leurs roucoulades énamourées dans la clameur siphonée des lavabos qui se
vident ; rayons d’un stylo primesautier le petit déjeuner où le café
brûlant à goût de chaussette marinée vous a écorché le gosier pour écluser à
grand peine la tartine carbonisée et mal beurrée par une margarine rance ;
oublions promptement cette mémère permanentée à clebs qui se répand sur la
banquette du bus vous obligeant à la station debout malgré vos godasses qui
vous compriment déjà horriblement votre œil de perdix ; faisons peu de cas
de la montagne de dossiers
« hyper-urgents-à-boucler-pour-la-semaine-dernière » qui transforme
votre bureau en remake de Fort Alamo ; bref ! tentons dans la mesure
de nos possibilités d’entamer la semaine d’un pas guilleret…
Mission
impossible ! me direz-vous, la main crispée sur la touillette de votre
gobelet de café instantané et les lèvres crispées sur votre mégot de cigarette
ultra-light mentholée… Voire !
Est-ce
que l’actualité a chômé, elle, durant ce weekend où l’automne a eu des allures
de soleil en jetant les derniers feux de températures clémentes et
ensoleillées, précipitant des tonnes de personnes, la tong au vent léger et le
tee-shirt mal repassé sur le sable fin ou dans les sentiers campagnards
regorgeant des premiers champignons ? Est-ce que nos amis politiciens ont
remisé leur langue de bois pour critiquer l’inaction gouvernementale ou
glorifier les dernières trouvailles de la Bande à Pépère ? Est-ce que les
connasses en short sont restées dans les vestiaires à se regarder la nouille ou
à se faire reluire la chipolata ? Est-ce que les rallymen ont économisé
leurs pneus et ménagé leurs montures ?
Je
ne crains pas d’inscrire un « niet » définitif en réponse à ces
interrogations angoissées, puisque les futilités de l’actualité sont encore
assez nombreuses pour permettre de vous régaler de quelques perles... Jugez
plutôt !
Tempête
dans un verre d’eau à Brignoles, où la cantonale place en première position le
candidat FN, devant l’UMP, le PS s’étant fait proprement sortir… Avant que de
hurler au loup et de baver sur le parti facho (puisqu’on ne peut plus le
qualifier d’extrême-droite), il faut que vous sachiez (dans le trou, merci
bien !) qu’avec près de 67 % d’abstention, les 40 % du FN se dégonflent…
Cependant, est-ce une préfiguration des futures municipales avec la gamelle
rose ? J’essaie de joindre Madame Soleil, et je vous dis ça…
Amateurs
de guy-luxeries (vous savez, ces règles du jeu incompréhensibles que
l’animateur à moumoutte synthétique s’ingéniait à créer dans ses émissions) et
autres fans fervents de casse-têtes chinois, je vous propose deux morceaux de
taille ce matin : la ligne gouvernementale sur la fiscalité, où le
Ministre de Nos Sous enterre les projet de nouvelles taxes plus rapidement que
Marc Dutroux ses victimes ; et la
Garde des Sots, qui danse la valse-hésitation sur sa réforme pénale dont
personne ne veut…
Ce
dont personne, apparemment, ne veut non plus, c’est la baisse de la limitation
de vitesse sur les routes à 80 km/h, dont le pétillant Manu s’imagine que cela
baissera la mortalité automobile… Déjà que la maréchaussée a toutes les peines
du monde à faire respecter les 90 km/h… Mais ce débat n’est pas né de la
dernière pluie… Déjà en 1979, on pensait que réduire la vitesse autorisée baisserait
le nombre de morts… Fabriquez des voitures moins puissantes, formez mieux les
apprentis conducteurs, et on en recause…
On
recausera également de la sortie de route, aux sens propres et figuré, de
Sébastien Loeb… Pour sa dernière apparition en rallye avant sa retraite, le
coureur a terminé sur le toit… Comme coup d’éclat d’adieu, on a connu mieux,
non ?
Adieu
aussi au Général Giap, artisan de la victoire vietnamienne de Dien Bien Phu,
qui a su mettre une rouste magistrale aux français… Fin stratège militaire,
Giap est mort vendredi dernier, à l’âge honorable de 102 ans…
Honorons
pour finir les quelques anniversaires du jour, puisque le 7 octobre 1949 naît
la République Démocratique Allemande, la fameuse RDA ; le 7 octobre 1950,
la Chine occupe à nouveau le Tibet ; le 7 octobre 1952 est déposé le
premier brevet concernant le code-barres ; et le 7 octobre 1978 voit le
mariage de Charlotte Rampling et Jean-Michel Jarre…
Et
le 7 octobre 1948, Citroën fait sensation au Salon de l’Auto en dévoilant enfin
son projet de TPV (très petite voiture) que la guerre de 1939 avait fait
avorter : une traction avant de 4 places assises, 50 kg de bagages
transportables, 60 km/h de vitesse de pointe, boîte à 3 vitesses et une
surmultipliée, facile d'entretien, une suspension à toute épreuve et une
consommation de 3 litres aux 100 kilomètres… Voici la fameuse 2cv, dont les
mauvaises langues disaient que rien ne l’arrêtait : ni le vent, ni la
pluie, ni la neige, ni ses freins…
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