Aujourd’hui, c’est grand
ménage de printemps, à tous les rayons !
Non, chers amis, je n’ai pas
abusé de substances illicites ou légales qui d’une manière ou d’une autre
m’amèneraient à voir des éléphants roses en tutu court danser le Lac des Cygnes
sur un remix des « Rois Mages » ou à trouver un charme mégabandant à
Charlotte Jullian…
Je sais parfaitement que
nous sommes le 8 janvier et que l’hiver est là, même si les températures plus
que clémentes qui désespèrent chaque jour les dindes de la météo télévisée
plaideraient pour un temps quasi-printanier.
Alors quoi ? Aurais-je
pété un câble, yoyoterais-je de la charpente ou ramollirais-je du cortex ?
N’ayant pour le moment aucune velléité de me présenter à une émission de
téléréalité, je conserve et mon cerveau et les neurones qui y sont attachés…
Ménage de printemps, car on
ouvre grands les placards aujourd’hui… Au propre comme au figuré.
On ouvre les placards pas
toujours reluisants jamais bien entretenus de la Guerre d’Algérie avec la
publication d’un livre sur la disparition de Maurice Audin, victime de la
torture portée par le Général Aussaresses sous les ordres du Général Massu… Ce
n’est pas la porte que l’on ouvre violemment à pleine vollée sur une scène
dégoutante… Il y avait suffisamment de jour et de lueurs sous la porte pour
savoir ce qui se passait à la villa des Tourelles… Là où y avait de la gégène,
y avait pas de plaisir…
On ouvre aussi les placards
sur l’accident de ski de Schumi, et l’on nous balance sur el ton de l’exploit
que la caméra a parlé ! Ils sont tout de même fortiches, les enquêteurs
grenoblois ! La grande majorité des possesseurs de perroquets et autres
volatiles parleurs se sont usés les cordes vocales à essayer de faire parler
l’affreux rôti emplumé en lui soutirant tout au plus des gargouillis enroués en
tous points semblable au dernier disque de Vincent Delerm… Et les grenoblois
arrivent à faire causer une caméra en moins de trois jours… Y a de ces
magiciens…
On ouvre aussi les placards,
qui pour le coup sentent le remugle, les quenelles pas fraîches et les étoiles
jaunes, du locataire du Théâtre de la Main d’Or, qui se voit progressivement
privé de tribunes d’expression suite à la circulaire de Manu Valls, qui pour le
coup se lâche en affirmant que le prétendu humoriste serait financé par l’Iran…
Et demain, il nous pond qu’il arrive d’Uranus en vaisseau spatial ?
Ces hommes politiques, ce
sont de grands comiques… On n’arrive pas à retrouver la verve et les envolées
des grandes années où les non-sens de l’Elysée giscardien, les colères
grammaticalement osées de Georges « Messerschmidt » Marchais,
Chaban-Delmas imitant Thierry Le Luron ou Peyrefitte affirmant sans rire
l’indépendance de l’ORTF ont fait se boyauter des générations de français… Et
pourtant, Manu Valls s’en sort assez honorablement ; Pépère se lance dans
la blagounette à la Guy Montagné, c’est-à-dire pas méchante mais pas drôle, en
espérant qu’après avoir mangé son pain noir, il allait manger son pain blanc
(s’il continue ainsi, c’est un pain dans la gueule qu’il va se manger) ;
et Marine tente de renouer avec la verve d’une Jacqueline Maillan en se
déclarant « choquée » par l’humour de Dieudonné…
Marine choquée par
Dieudonné… C’est un peu comme si Rocco Siffredi et Clara Morgane se déclaraient
choqués par la scène du beurre dans le Dernier Tango à Paris…
Aujourd’hui, on ouvrira
aussi nos placards pour se rendre compte que, non, décidément non, on n’a plus
rien à se mettre de potable, qu’on ressemble à une Léonarda relookée par Emmaüs
avec ces vêtements qui vous ont couté un bras et des fâcheries à répétition
avec votre banquier et qu’il est urgent, nécessaire, vital de faire chauffer à
blanc la carte bleue dans les plus brefs délais. Et ça tombe bien, aujourd’hui,
c’est le début des soldes !
Précipitez-vous dans les
grands magasins au plus vite… Ne serait-ce que pour le spectacle… Allez voir
ces hystériques fourrager furieusement sur les portiques comme si leur vie en
dépendait ; ces dingues du shopping qui emportent la moitié du magasin
dans des cabines d’essayage transformées en champ de bataille ; ces accros
de la remise qui se précipitent sur des articles prétendument en fin de stock
mais disponibles en 12 tailles, 8 coloris, 3 largeurs et 4 longueurs ; ces
pétasses emperlouzées en jupe plissé-soleil bleu-marine qui minaudent devant
des sous-vêtements affriolants alors qu’elles n’osent pas abandonner le col
Claudine et les Sloggi taille haute ; ces boudins maquillées comme des
38-tonnes volés qui rêvent de tenues à la Céline Dion alors qu’elles
ressemblent à Montserrat Caballé ; ces asperges filiformes qui
préfèreraient se faire enlever une côte plutôt que de devoir acheter une taille
36…
Franchement, ce n’est pas le
panard le plus intégral de se les faire piétiner par des excités de la carte
bleue, de se faire bousculer dans des allées bondées par des blaireaux qui se
sont exemptés de douches depuis trois jours ou qui se sont renversés sur le
museau la moitié de la bouteille de Drakkar Noir ?
Quoi de plus excitant que de
contempler ces pauvres cadrillons à scooter prêts à sucer de la queue par
paquets de douze pour se payer le dernier costume moulebite de chez CK, ou ces
prétentieux prêts à bouffer des pâtes à l’eau 365 jours par an pour porter de
la racine des implants jusqu’aux orteils pédicurés des marques, des marques,
rien que des marques ?
Allez, profitez-en,
faites-vous plaisir, mais sans aggraver votre découvert écarlate, ce qui vous
contraindrait à pratiquer à votre banquier des actes que la morale réprouve
mais que le slip approuve…
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