De son inimitable voix nasillarde
qui rappelait assez bien celle d’un Donald Duck enrhumé parlant dans un tuyau
de poêle et retransmis par téléphone, le sémillant Premier Ministre Jacques
Chaban-Delmas prévenait, par le truchement de son meilleur imitateur Thierry Le
Luron, des grévistes de l’époque de cesser leur arrêt de travail car, disait-il
« si ça continue, ça finira pas »…
Et cette boutade, dont aujourd’hui
les réseaux sociaux feraient assurément leur miel en y accolant des
commentaires ne dépassant que rarement le débile mais se complaisant
habituellement dans le marigot de l’inculture crasse et de la beaufferie
parisienne, s’applique parfaitement aux futilités de l’actualité du jour.
Si ça continue, ça finira
pas… cette fichue météo pourrie qui nous remballe le moral dans les godasses et
nous flingue l’optimisme… Une humidité à couper au couteau qui vous glace et
vous trempe, ça fait toujours plaisir en prélude d’un weekend pluvieux…
Si ça continue, ça finira
pas… ces massacres de civils au nom de je ne sais quel Dieu ou pour venger je
ne sais quel pêché excommunicatif qui n’aurait pas mérité ici plus qu’une
poignée de « Notre Père » et de trois tours d’Eglise…
Si ça continue, ça finira
pas… ces promesses gouvernementales que l’on ne tient pas… mais qu’on continue
à faire. Notre Pépère risque de se faire accueillir fraichement à Florange, où
l’on a pu assister à l’efficacité redoutable du Gouvernement, qui s’apparente à
une trahison, ni plus ni moins…
Si ça continue, ça finira
pas… ces tours de passe-passe pour infléchir coûte que coûte la courbe du chômage…
Alors que les radiations sauvages, sous l’ère Sarkozy, étaient vertement
critiquées par la gauche, elles sont aujourd’hui également employées par la
majorité provisoire… Et l’on tente de vous faire passer la pilule en s’étonnant
(faussement, bien entendu) de l’augmentation inquiétante des
non-réinscriptions.
Si ça continue, ça finira
pas… les roucoulements du Ministre de l’Absence d’Emploi, Michel Du Bois dont
on fait les pipes, sur la prudence qu’il convient d’adopter face aux bons
chiffres du chômage. Il prépare l’opinion à prendre dans la g… une nouvelle
poussée pour septembre…
Si ça continue, ça finira
pas… l’escalade de notre Pétillant de l’Intérieur, Manu valls qui nous pète un câble
sécuritaire et lance son plan anti-cambrioleurs, bave sur les Roms… Bref, il
nous fit du Sarko ayant sucé Buisson…
Si ça continue, ça finira
pas… ce serrage de ceinture continu que les gouvernements successifs, de tous
bords, imposent aux français depuis des lustres. Certes, on y est habitué, et
plus personne ne croit à la pause fiscale… Ce n’est pas parce qu’on nous fait
miroiter une prétendu baisse des dépenses publiques que ça nous mettra des
euros dans le portefeuille, ni un peu plus de beurre dans les épinards…
Si ça continue, ça finira
pas… et pourtant ça a fini, dans l’affaire de la prétendue disparition de la petite
Fiona… Un dénouement au goût saumâtre, avec des aveux en forme de dégagement de
responsabilité de la part de la mère, qui argue d’une soirée arrosée où des
coups auraient été portés à la petite fille… Mais évidemment, elle rejette la
faute sur son compagnon concernant les coups mortels… En tous cas, on peut la
nominer au César de la meilleure comédienne… Pleurnicher en direct à la télé
alors qu’on sait parfaitement que son bout de chou est en train de servir d’engrais
aux plantes vertes, faut être une belle pourriture…
Si ça continue, ça finira
pas… ces coupes sombres qui émanent du Budget 2014, notamment en ce qui
concerne la Justice, que Pépère et ses sbires délaissent complètement… Et en
profitent au passage pour réaliser un rabotage de la rémunération des avocats
dans un tour de passe-passe typiquement socialo… Jusqu’à quand resterons-nous
silencieux et accepterons-nous de nous la faire mettre ?...
Si ça continue, ça finira
pas… et ici, c’est plutôt souhaitable que ne finisse pas la ronde des
anniversaires de la mémoire, même si, aujourd’hui, c’est décidément grisâtre…
En 1945, le compositeur hongrois Bela Bartok meurt ; en 1965, débarque sur
la première chaîne de l’ORTF « Belle et Sébastien », signé Cécile
Aubry ; en 1969, c’est le dernier chef d’œuvre des Beatles, « Abbey
Road » qui est commercialisé ; en 1979, « Manureva » sur la
disparition d’Alain Colas est dans les bacs des disquaires ; et en 1983 s’en
va le roucouleur de mièvreries corses, Tino Rossi meurt d’un cancer du
pancréas, ce qui permettra à Pierre Desproges de reprendre deux fois de moules…
Et le 26 septembre 2003, le
Docteur Cahussoy, en accord avec sa mère, met fin à la vie du jeune Vincent
Humbert, rendu aveugle, muet et tétraplégique à la suite d'un accident de la
route trois ans plus tôt, en lui injectant du chlorure de potassium. Un débat
national s'ensuit sur l'euthanasie, qui pourtant se dissoudra en eau de boudin,
et s’éteindra de sa belle mort… Et oui, si ça continue, ça finira pas…
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