mardi 3 septembre 2013

Brèves du 03 septembre 2013



Le matin blême est un poil frisquet et le soleil point timidement ses rayons sur les toits de tuiles rouges. La ville s’éveille doucement et pourtant l’activité est là. Les bars répandent de la sciure fraîche, les primeurs déploient leurs étals tandis que les bouchers font reluire leur saucisse et les poissonniers montrent leur raie à qui n’en veut.

Vous, vous fixez la pointe de vos Kickers toutes neuves avec la secrète volonté de les voir se clouer sur place, vous immobilisant et interdisant ainsi toute arrivée à destination, au bout de cette rue, vers ce portail de fer gris entrouvert où s’engouffrent des mères trainant comme des boulets des gamins de votre âge, généralement au bord des larmes et de la nausée…

Vous avez la trouille, faut bien le dire, et bien que ces fonctions naturelles aient été remplies voici dix minutes en quittant l’appartement, vous avez tout à la fois envie de pipi, de caca, de vomir et de faire demi-tour…

Et pourtant… hier soir, assis en tailleur sur le dessus de lit en patchwork multicolore, vous étiez fiers de mettre dans votre cartable Tann’s flambant neuf la trousse tout aussi neuve avec à l’intérieur un Bic 4-couleurs et une gomme qui sent le bonbon, les cahiers à petits carreaux et l’ardoise double face à cerclage de bois… Vous étiez contents du sac à goûter vert militaire qui allait sous peu renfermer choco-BN, pain au lait violé d’une barre de Milka individuelle et banane qui imprimera pour plusieurs décennies sur le revêtement lavable intérieur son odeur…

Le portail de fer est franchi, et déjà vous cherchez la main de votre maman qui vous fait un gros bisou tendre, pas plus rassurée que vous, ni que les bambins qui batifolent dans la cour en piaillant ou qui brament à s’en péter les cordes vocales, morve au nez et bulles sur les commissures des lèvres. Un signe de la main sur le pas du portail et sa silhouette en pantalon pattes d’eph’ et blouson de cuir marron s’efface…

Ne niez pas, vous vous souvenez tous certainement d’à peu près les mêmes choses lorsqu’on vous parle de rentrée des classes… Vous vous rappelez les bureaux rabattables avec les trous des encriers, l’odeur (et la poussière) de la craie lorsque vous étiez appelés au tableau, les infâmes cabinets à la turque sous le préau qui empestaient le désinfectant la première semaine pour retrouver très vite leur fragrance ammoniaquée et émétique de pipi-caca, l’invariable odeur de poisson pané le vendredi midi, les aventures de Poucet qui vous apprendront à lire, la blouse en pur synthétique pour la peinture, les tubes de gouache Pébéo et la séance de télévision scolaire…

Aujourd’hui, nos chères têtes blondes, brunes, rousses et autres reprennent le chemin des classes où des enseignants de gauche (pléonasme) tenteront de leur inculquer les bases du savoir, une tâche ardue, il ne faut pas se le cacher… Et ces chères têtes blondes, brunes, rousses et autres nous font quelque part revivre nos propres rentrées des classes…

Un conseil, ne regardez pas la grand-messe du vingt-heures ce soir ; vous y verrez les habituels marronniers servis par la perruque sale du frigo de TF1 et la moumoutte en crin du Playmobil de l’A2 : les classes surchargées, les profs déjà absents, la mère de famille outrée que son petit Dylan soit considéré comme un petit merdeux mal élevé et traité comme les autres, la blonde à couettes qui vagit à en faire péter le micro…

Vous y verriez aussi les derniers développements sur le futur bourbier syrien, et comme les chiottes à la turque sous le préau, ça ne sent déjà plus bon du tout… L’andouille de Damas menace carrément les intérêts de la France en une du Figaro, qui n’a rien trouvé de mieux que d’aller l’interviewer sur place…

Vous pourriez également y entendre les dernières divagations du bouledogue blond, qui accuse le gouvernement de construire des preuves pour aller sacrifier quelques soldats en Syrie, rappelant que c’est le boulot des inspecteurs de l’ONU de ce faire. Je ne sais pas si elle s’est vraiment cassé le c.. au fond de sa piscine, dans son petit pull, Marine ; mais elle ne s’est pas cassé le neurone pour nous pondre un truc pareil…

Pépère se cassera-t-il le neurone au risque de faire virer sa teinture baranne lors de sa probable prise de parole sur le sujet ? Le Ministre des relations avec le Parlement (ne rigolez pas, ça existe vraiment et c’est avec vos sous qu’on le paie grassement) nous annonce même qu’un vote au Parlement sur la question n’est pas taboue… Heureux de constater qu’il reste quand même un soupçon de démocratie en France…

Rien de vraiment palpitant, hormis la Syrie et la rentrée dans les futilités, si ce n’est l’annonce faite de l’adaptation cinématographique de « Cinquante nuances de grey », la cucuterie sadomaso qui a fait flaquer des régiments de ménagères à la libido flagada… Choisis pour incarner les héros de cette trilogie, Dakota Johnson, une fille à papa et maman et Charlie Hunnam, révélé par son rôle de jeune homo dans la série britannique Queer as folk… Décidément, il est abonné aux rôles à tendance sexuelle, le blond !

Abonnons-nous pour notre part aux anniversaires de ce 3 septembre : en 1929, Alexander Fleming découvre la péniciline ; en 1939, déclaration de guerre contre l’Allemagne (la « drôle de guerre » qui se terminera tragiquement le 10 mai 1940 par l’invasion allemande) ; en 1979, The Police sort le titre « Message in a bottle » ; en 1982, la mafia italienne assassine l’emblématique Préfet de Palerme Della Chiesa (les corses n’ont finalement rien inventé…) alors que l’ordinateur Commodore 64 est un immense succès, et en 1983, lancement du chipset, qui marque le début de l'explosion du marché des compatibles PC et aussi la chute de vente des PC par IBM…

Et le 3 septembre 1958, la maison de disque Philips publie la chanson « Le poinçonneur des Lilas » sur un EP (45-tours 4 titres), tirée du premier album de Serge Gainsbourg… Même si le titre est entré dans les mémoires collectives comme le premier tube de l’homme à tête de chou, l’album ne connait pas de succès commercial à l’époque mais permet à l’artiste de se faire remarquer dans le milieu… Il n’aura pas raté sa correspondance…

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