Bref,
j’ai eurovisionné…
Que
chacun se rassure pour ma chancelante santé mentale et ma santé auditive tout
aussi bringuebalante, j’en ai entendu d’autres et j’ai même survécu à deux
chansons de Louane sans me pilonner les tympans au tisonnier chauffé à blanc
dans un bain de mercure liquide…
J’ai
eurovisionné, non pas avec des bandes VHS fripées d’antédiluviens Concours qui
fleuraient bon le micro à fil, l’orchestre en live intégral et les chanteurs
qui savaient chanter, mais les chansonnettes de ce 63ème Concours Eurovision de
la Chanson 2018, baisodrome paneuropéen qui permet, dans les coulisses, de
faire un tour d’Europe de l’andouillette à moindre frais si ce n’est ceux d’une
double boite de capotes et d’un bidon de cinq litres de vaseline surfine, et
sur la scène de s’ébaubir de quarante-trois tours de force musicaux, alliant
l’inécoutable avec le gnangnan parolistique, et frôlant toujours le bon goût en
prenant évidemment garde de ne jamais y accéder…
Si
vous le permettez, je vous propose un rapide tour d’horizon des quarante-trois
alcoolats qui se disputeront le droit de fouler la scène lusitanienne le samedi
douze mai prochain.
Etant
précisé que je n’ai fait qu’une écoute audio, aucune vidéo en interférence.
Allez
c’est parti !
Albanie :
C’est mou comme du Dunlopillo, et sa voix accroche comme du velcro. On a
beaucoup de « Mall » à l’écouter tant c’est répétitif. On ne s’ennuie
pas une seconde, on se fait chier trois minutes…
Arménie :
Sevak et sa grosse ballade mille fois entendue qui ne décolle jamais vraiment,
malgré quelques envolées genre faisan obèse… Limite ça justifie le génocide de
1915…
Australie :
On se demande si la voix de cette couineuse façon gonds de porte mal graissés a
été ou non filtrée. On dirait du Stock-Aitken-Waterman première période…
Gentillet mais sans plus.
Autriche :
Il chante le nez bouché, le Cesar ? C’est mou, sans ressort, manquant
cruellement de peps. En un mot, trop uniforme.
Azerbaïdjan :
Aisel revient en solo, avec de la soupe correctement servie sui se retient
assez bien, mais définitivement trop calibrée pour vraiment me plaire. Pas
grave, on la retrouvera de toute façon en finale…
Belarus :
Et voila le premier somnifère soporifique à effet immédiat. Pour un suicide
réussi, veillez à ne pas dépasser un quart de « Forever », sinon vous
allez saloper toute votre moquette…
Belgique :
Un agréable waterzooi jusqu’au refrain où elle se met à gueuler comme une frite
qu’on pèle sans anesthésie… Une question de temps, en effet ! Trois minutes,
c’est trop long pour elle !
Bulgarie :
Un machin vaguement ethnique (ta mère) qui fait boom-boom et qui risque fort de
tomber sur un os en demi-finale… Ça fera ton sur ton avec le titre…
Croatie :
Un blues eurovisuel mâtiné de rap tout aussi eurovisuel, pas forcément
désagréable en écoute simple. On verra si le visuel nous réserve le
traditionnel strip-tease à la croate…
Chypre :
Une Shakira eurovisuelle qui veut mettre le « Fuego » avec un truc
peu digeste qui mélange trop de styles musicaux pour plaire. Un peu comme la
Renault Fuego, au final…
République
Tchèque : Mi-parlé, mi-chanté, une proposition pas inintéressante qui m’a
fait dresser l’oreille. A voir en live, toutefois, ce petit jeunot à la voix
déjà bien grave. Il doit en être à trois paquets de Marlboro sans filtre par
jour…
Danemark :
Une montée en puissance agréable malgré un goût de déjà entendu pour une
chanson bien sympatoche. On imagine bien la mise en scène guerrière.
Construction classique, mais efficace.
Estonie :
Une pseudo-Callas de l’Est qui se la joue diva dans un italien approximatif et
des vocalises prétendument lyriques pas toujours justes et déjà démodées en
1962 avec « Nur in die Wiener luft » d’Eleonore Scwharz. Pratique
toutefois pour tester la résistance de vos plats en Pyrex…
Macédoine :
Encore une fois, ça part de n’importe où pour n’arriver nulle part. Mais ça a
au moins le mérite d’une certaine originalité, dans le mélange des genres.
Finlande :
C’eut été parfait voici quelques années, mais ce genre de chansons a passé de
mode. Voix tantôt sucrée, tantôt sirène de paquebot en détresse. Ça laisse
plutôt indifférent.
France :
Vu le niveau du reste, on peut raisonnablement penser que « Mercy »
pourrait honorablement se classer… Sinon, c’est toujours aussi dégoulinant de
bons sentiments frelatés, d’opportunisme franco-français… MadameMonsieur,
bonsoir !
Géorgie :
Des voix de vieux pour une chanson de vieux… Un joyeux foutoir vocal qui sera
pour beaucoup l’incontournable première pause-pipi… Et en plus, c’est démodé !
Allemagne :
Propre, net et sans bavures, mais aussi sans âme et sans aspérités. Ce n’est
pas avec ça que l’Allemagne remontera dans le classement…
Grèce :
Un rêve qui ne nous empêche pas de pioncer tranquillou. C’est incolore et
tellement entendu… On frôle le cauchemar, au final…
Hongrie :
On ressort les grattes électriques, les gilets de cuir et les perruques
chevelues à la « Europe ». Rock de l’est des eighties qui gueule et
dégueule faux de chez faux. Difficilement écoutable jusqu’au bout…
Islande :
Construction classique, voix dérivant parfois vers le fausset et un pré-final trop
théâtral façon Norvège 2001. On s’ennuie sur la longueur.
Irlande :
Ballade irlandaise classique, trop classique, avec un Ryan qui se la coince
dans la fermeture éclair de temps à autre…Parfait en 1988, aujourd’hui… Bof…
Israël :
Dites, c’est ça ? C’est vraiment ÇA qu’on veut nous autobombarder comme
gagnant ? On dirait Silvia Night au rayon Jouets du BHV… D’accord, c’est
actuel dans la musique, mais affligeant au dernier degré et dramatiquement répétitif
dans les paroles… Un jouet, quoi…
Italie :
Un duo très sympa, aux voix typiquement italiennes, cassées et rodées aux
clopes sans filtre. Et au surplus, une ritournelle plutôt agréable.
Lettonie :
Ambiance soul pour une « Funny girl » qui ne paraît pas l’être à l’entendre
chanter. Pas désagréable.
Lituanie :
Encore un somnifère soporifique, même pas bien ronflé par une dépressive
chronique qui pointe difficilement à moins deux de tension…
Malte :
Entre les percussions des couplets et la dance 90’s cheap des refrains, on a
encore une belle bouse maltaise qui risque de se vautrer en demi-finale…
Moldavie :
Une agréable resucée de l’année dernière. Maintenant que les moldaves ont
compris la recette, ils vont l’épuiser jusqu’à la corde. Ambiance gypsy pas
désagréable.
Monténégro :
Encore un dépressif qui vient essorer son kleenex dans le micro… On s’attend à
de grandes envolées vocales avec dégueulis de tripes au refrain et… rien !
On attend surtout la fin… avec impatience.
Norvège :
Le retour de… Ambiance funky pour un produit calibré pour plaire malgré un
texte indigent et l’irremplaçable intermède violon, Monsieur Ryback étant connu
pour son instrument… Efficace avec peut-être une victoire au bout…
Pologne :
Gromée aime se faire fumer ? Alors, pourquoi demande-t-il qu’on l’allume ?
Un morceau pop pas désagréable interprété d’une voix sympa qui peut plaire s’il
n’est pas trop mal présenté…
Portugal :
Salvador sans les couilles et la queue de morue. Ça ronfle sec pendant trois
minutes. Le syndrome France Gall dans toute sa splendeur.
Roumanie :
Du rock chevelu au féminin avec de la ballade au milieu. Il fallait oser le
mélange mais force est de constater que ce n’est pas aussi mauvais qu’on pouvait
le redouter. Attention les oreilles et les sonotones fragiles, toutefois…
Russie :
La revenante qui braille une soupe industrielle guère épicée. « Je ne
casserai pas ». On s’en doute. Vu son état, c’est déjà fait…
San
Marin : Ce micro-état a une régularité impressionnante dans le choix de
chansons datées et qui indisposent dès les trente premières secondes. Pourquoi
ce break rap qui ruine encore plus les chances du titre ?
Serbie :
Un truc pseudo-folklo fait d’un patchwork difficilement digestible
auditivement. On en fait encore, des machins pareils, là-bas ? Remarquez,
ils ont bien encore des Renault 12 neuves, alors…
Slovénie :
Mouais… Musique heurtée et assez rebutante. Voix quelconque. On attend que ça
se finisse en se bouchant les oreilles…
Espagne :
La ballade d’amour intemporelle servie par une voix masculine assez désagréable
et une voix féminine nunuche. C’est tellement démodé que ça en deviendrait sans
âge. Pas convaincant au final, tellement éloigné de la vitalité espagnole…
Suède :
Encore un puceau qui n’a pas fini de muer… Chanson dance efficace mais peine à
monter en puissance, genre 2cv en côte…. Et qui plafonne une fois sa vitesse de
croisière atteinte. Le minimum syndical suédois.
Suisse :
Assez inclassable, mais foncièrement inécoutable. Une contribution assez
inhabituelle et plutôt forte pour la Suisse. A marquer d’une pierre blanche.
Pays-Bas :
Cap sur la country couillue avec la voix typiquement américaine de Waylon.
Chanson qui rentre bien dans la tête, et globalement bien fichue.
Royaume-Uni :
L’orage anglais est plutôt une bonne averse mais relève toutefois le niveau
après des années de bruine eurovisuelle. Mais il y a une persistante et
désagréable impression de plagiat au refrain…
Ukraine :
Du réchauffé sous-vide, prêt à consommer avec un jeunot qui fera mouiller les
pisseuses et les invertis pur sucre, mais qui semble avoir du mal à pousser la
note…
Au
final, j’extrais un Top 10 de justesse, le voici, dans le désordre… Sauf pour la
Norvège, que j’aurais tendance à placer première : République Tchèque,
Danemark, France, Italie, Lettonie, Moldavie, Norvège, Suède, Suisse, Pays-Bas.
Et
inch’Allah pour la suite.
Et
le 17 avril 1960, Eddie Cochran succombe à ses blessures, suite à l’accident de
voiture subi la veille, son taxi ayant percuté un réverbère suite à un
éclatement de pneu. Il y a quand même des façons de mourir plus rock’n’roll,
pour une idole dans le vent…
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