Ne niez pas, tout est
découvert !
Cette apostrophe n’est pas
destinée à provoquer de la tachycardie façon tambours du Bronx à des
boursicoteurs marrons, des fraudeurs fiscaux massifs et autres ministres toutes
colorations politiques confondues… Elle vous est adressée, vous qui prenez le
temps de me lire cinq jours par semaine et qui sortez vivants de cette
aventure, ou tout du moins en état satisfaisant pour notre industrie
pharmaceutique.
Vous aurez certainement
remarqué que, dans plusieurs domaines de la vie quotidienne, lorsqu’on a rien à
dire, on le répète. Si, si, je vous assure : lorsqu’on a rien à dire, on
le répète. Mais alors, me questionnerez-vous d’un air interrogateur et le
sourcil soulevé en accent circonflexe : est-on certain que lorsqu’on a
rien à dire, on le répète ? Vi vi vi ! Lorsqu’on a rien à dire, on le
répète ! Et si je ne craignais de me répéter, je vous le redirai bien
encore une fois…
Le monde actuel a peur du
vide (c’est pour cela que tant de personnes aiment à se remplir… ou à se faire
remplir, tout dépend de la position, de l’envie du moment et des préférences affectives).
Et cette regrettable tendance à la répétition (oui, car je ne sais si je vous l’ai
dit, mais lorsqu’on a rien à dire, on le répète) s’observe dans tous les
domaines :
Dans le domaine du cinéma,
et plus particulièrement dans une certaine branche du cinéma où des actrices, généralement
dotées d’appas inversement proportionnels à leurs capacités cérébrales, passent
leur temps à répéter des « oh oui, oh oui » sur tous les tons
possibles et imaginables enfin, lorsqu’elles peuvent parler de manière
intelligible… Dans le domaine de la politique, on en a connu un beau cas voici
un peu plus d’un an, un culbuto sudoripare qui ne cessait de répéter « moi
président » à la tévé… Dans le domaine de la chanson, où certains
paroliers ont pu faire fortune avec un vocabulaire à peine inférieur à celui d’un
candidat des « Ch’tis à Mykonos »…
Mais aussi et surtout dans
le domaine de l’actualité… Qui n’a jamais vu les reportages en direct des chaînes
tout-info où un pauvre type se caille les miches devant un ministère et révèle
à chacune de ses interventions des infos de nature à faire s’ébranler l’Elysée
du style « Monsieur Truc est arrivé à bord d’une grosse berline française »
(tu le voyais arriver en 4L le mec ?), « on a aperçu derrière les fenêtres
Bidule aller et venir » (ben voui, il a envie de démouler un cake, et les
tinettes sont occupées depuis un quart d’heure), ou le pire « rien ne s’est
passé depuis ma dernière intervention » (alors, boucle-là, ducon !).
En ce moment, on nous rebat
les oreilles de terrorisme. Certes, la
menace de ces connards enturbanés qui veulent tout péter ici bas pour se faire
turlutter la merguez à l’œil par des nymphettes au terminus des prétentieux
faute de se la faire gâter par leurs mouquères encouscoussées ne doit pas être
négligée depuis la grande représentation de crash-test aérien du 11 septembre.
Mais arrêtez de nous enfler la cougourde avec des prétendus terroristes dès qu’un
mec un peu basané et pas mal siphoné en descend un autre !
A ce compte-là, le
terrorisme est partout : on nous terrorise avec les discours de Copé qui
ont un doux relent années 30 assez ranci ; on nous terrorise avec le
dernier album de Christophe Maé ou de la tante Moire, dont le seul effet
positif est qu’il fait se décoller tout seul le papier-peint et fuir tout
insecte nuisible à deux kilomètres ; on nous terrorise visuellement avec
les photos de Lara Fabian dans Gala (elle a bien fait de choisir un magazine
grand format, dans Télé Poche, c’était mal barré), quoique là, il n’y a que
demi mal, vu qu’elle ne chante pas ; on nous terrorise auditivement avec
les miaulements de gnous en chaleur des tafioles de The Voice et les dégueulis
de tripes en version mégaphone des pétasses de service du Concours de l’Eurovision…
Puisqu’on parle de tatas et
de connasses, évoquons l’énième manifestation contre le divorce pour tous… Il y
a des gens qui n’ont vraiment rien de mieux à foutre un dimanche de Fête des
Mères que d’aller battre le pavé pour une cause dont on sait qu’elle est
irrémédiablement perdue, et dont les média se désintéressent complètement. La
preuve ? Morbide Fardeau n’ira pas exhiber sa choucroute garnie et Titine
la gazée est aux abonnés absents…
Mais Henri Guaino est
toujours présent et déclare à qui veut bien l’entendre qu’il est prêt à « protester
indéfiniment » contre l’accouplement officiel des brouteuses de minou et
des suceurs de queues. Quand on vote « oui » à la Loi de Tante
Titine, on joue un ton et demi en dessous, et on va jouer à la poupée gonflable…
Dans la même veine d’andouilles
patentés aux chevilles surdimensionnées, le taulier d’Universal qui se fait
mousser sur la dépouille encore chaude de Monsieur 1 Volt, en écrivant
carrément en guise d’hommage « Avec Georges Moustaki c'est une des
dernières légendes, artiste et poète, qui disparaît ! Ses plus grands succès
sont chez Universal ! RIP »… De la grande classe…
De grande classe aussi, l’annonce
en catimini de l’abandon du projet de loi sur le plafonnement du salaire des
grands patrons, une promesse de Pépère… Et l’on sort les avirons rue de
Solférino pour expliquer cette nouvelle pirouette, affirmant qu’il ne s’agit
pas d’une « reculade, mais la crise est très complexe »… Elle a bon
dos, la crise… Un conseil, essayez de convaincre votre boss que c’est la faute
à la crise si vous arrivez en retard au taf…
Mais par pitié, avant le
weekend, ne me parlez plus de la météo ! Quand on voit la neige dans
certaines régions de France, quand on se surprend à supporter la couette même
dans nos contrées méridionales où l’on st déjà en chemisette et tongs à cette
époque de l’année, quand on enfile un pull comme d’autres enfilent leur copain,
on est pris d’envies de meurtre dès qu’un pékin nous cause réchauffement
climatique… Et les greluches de la météo télévisée qui nous annoncent l’air
catastrophé qu’il a fait froid… On se FOUT du temps qu’il a fait ! Nous,
on veut savoir le temps qu’il fera ! Remarquez, pour savoir qu’on va
claquer des meules pendant encore un certain temps, mieux vaudrait n’avoir rien
à dire… et le répéter !
Répétons en guise de
conclusion les anniversaires de ce 24 mai : En 1873, Mac-Mahon succède à
Thiers à l’Elysée ; en 1966, Bob Dylan et sa voix de porte qui couine se
produit pour la première fois à l’Olympia ; en 1967, « Belle de jour »
de Bunuel propose la glaciale Deneuve en pute de luxe (rôle de composition ?) ;
en 1974, Duke Ellington part jouer de la trompette aux anges ; et en 1979,
la Palme d’Or du Festival de Connes est attribuée conjointement à « Apocalypse
now » et au « Tambour »… « Le tambour », et ce gamin aux
yeux de batracien sous acide qui a fait frémir plus d’un cinéphile, et
terrorisé plus d’un moutard… Le terrorisme, toujours et encore…
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