Ô
tempora, ô mores…
Ô
époque honnie qui porte aux nues des nus et des connasses imbues qui prennent
leur rondelle pour le centre du monde !
Ô
« cétémieuavan » béni qui faisait se battre pour des choses qui en
valaient la peine, loin des broutilles qui aujourd’hui deviennent positivement
capitallissimes !
Je
sais, ma bonne M’âme Jeanssen, vous pourriez passer avec votre blouse en rhovyl
infroissable en bayadère orange Casimir pour un parangon de la dernière mode
hype, face à mes considérations réac’ qui au mieux sentent le renfermé et au
pire le vert de gris de la boîte aux lettres de forme de casque à pointe de la
rue Lauriston…
Mais
franchement, dans quel monde vivons-nous, ma pauv’ Lucette ! Dans quelle
société au gout saumâtre pataugeons-nous avec des délices de Padoue et la grâce
qu’un pachyderme en patins à roulettes lancé à quatre-vingts à l’heure sur les
pavés du Nord un jour de fort verglas ?
La
réponse à mille balles ? Un monde de merde… Un monde détaché des réalités
réelles et des véritables priorités ! Quand une société est capable d’en
venir aux mains pour faire l’acquisition de pâte à tartiner dégueulant de sucre
et d’huile de palme qui vont lui flinguer insidieusement mais irrémédiablement
la santé, on se dit que Jésus reviendrait, il finirait encore plus rapidement
comme son cousin lyonnais, accroché aux clous…
Vous
vous souvenez encore, des scènes de ruée sur les produits de première nécessité
peuplées de dames patronnesses aux tailleurs stricts et aux permanentes
crantées à la Roja bleue, de commères en tablier crasseux et de fillettes
décalcomanies du modèle Menier ? Même tenaillés par la faim, le manque et
les disettes consécutives à la dernière guerre, même vrillés par la quadrature
du cercle d’une famille nombreuse, de revenus limités et de produits quasiment
aussi rares qu’une pléthore de neurones dans un crâne de Miss France, nos
grands-parents ne se seraient jamais filé des mandales pour ravir un morceau de
pain plus avantageux, une demi-livre de patates supplémentaires ou un quignon
de fromton alléchant…
Faites
une promo décapante sur les salsifis, le carré de veau ou les flocons d’avoine,
et vous êtes plus qu’assurés de passer une journée pépère…
Et
je n’ose même pas penser aux dialogues devant la table du petit déjeuner… « Papa,
pourquoi que c’est qu’il y a du sang sur ton couteau »… « Ta gueule
Mehdi-Brandon, et profite de ta tartine de Nutella et des quatre-vingt-six pots
de réserve »…
On
se bat comme des chiffonniers pour une pâte marronnasse qui rappelle tant dans
la texture qu’au goût de la merde bien grasse… Et l’on enterre avec la pompe et
l’apparat que requérait sa statue de pape de la bonne cuisine Paul Bocuse,
Monsieur Paul, mené à son dernier piano par plus de mille cinq cents chefs
étoilés… Quand on vous dit que le goût des bonnes choses et de la cuisine
roborative qui ne ressemble pas à une tanche de merde compressée entre deux
éponges graisseuses se barre à grandes enjambées…
On
eut pu sous-entendre que cela se barrait en couilles mais c’eut été fait
offense à cet homme qui avait perdu ses testicules et qui, à titre de
réparation du préjudice, vient de recevoir environ deux cent mille euros…
Autant vous dire qu’il s’est fait des couilles en or, qu’il pourra caler dans
un slip blindé…
Blindée,
cette patiente opérée d’une hystérectomie dans un hôpital marseillais qui
expulse, trois jours après s’être fait barboter la salle de jeux et la nurserie
des Pays-Bas, un gant en latex et cinq compresses… Après la grosse qu’on suce,
la petite qu’on presse…
Et
pour finir, le monde à l’envers, en Russie où un chien tire sur un chasseur et
le tue… Mais non, rassurez-vous, vous n’avez pas encore une fois abusé de la
vodka-chouchen, vous avez bien lu… D’accord, c’est irréaliste, mais dans le
même genre, on a bien en France des trucs insensés : Louane qui chante,
Marc Lévy qui écrit, Beaugrand qui enfile des slips (et pas que…)…
Si
vous êtes sages durant le week-end, je vous causerai des perles enfilées sans
relâche par Jawad à son procès, et des autres perles dont une finira à Lisbonne
en mai prochain…
Pour
le moment, je vous laisse en compagnie du souvenir de Claude Darget, né le 26
janvier 1910, un journaliste réputé pour ses commentaires personnels souriants
ou acides distillés au cours des journaux télévisés qu’il présenta entre 1954
et 1968. Ah, l’heureuse époque où les journalistes avaient leur langue autre
part que dans leur poche ou le sillon interfessier des puissants…
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