« Das war eine schöne Party, Darling, oh, die war
bon… »
Je ne voudrais pas inconsidérément verser dans le
commentaire sirupeux et me vautrer dans la flatterie obséquieuse tel un goret
dans sa soue quotidienne, mais je serais plutôt enclin à reconnaître que la
première fournée de « Destination Eurovision 2018 » avait de la
tenue.
Bon, entendons-nous bien, on est encore à quelques
années-lumière des super shows léchés et millimétrés que sont les
Melodifestivalen, éliminatoires eurovisuels suédois qui récoltent des chiffres
d’audimat à faire pâlir des oligarques russes, mais on a su se dégager de la
gangue d’amateurisme crasse qui figeait les sélections nationales de 1999 et
2000 (présentées par Julien Lepers et Karen Chéryl, c’est vous dire le niveau),
tout comme on a dégagé l’apparent manque de moyens de la finale de 2014 qui
faisait des interludes de Radio Tirana en 1960 des superproductions
babyloniennes…
D’accord, la voix rocailleuse de Garou nous faisait sans
relâche de la Canadovision et les trois jurés assis au milieu de nulle part
semblait bien cornichons parmi le public debout, sans doute pour faire jeune…
Et le gag des jurés internationaux qu’on a essayé de nous
faire passer comme étant chez eux, à Stockholm, Minsk ou Rome… Alors qu’ils
avaient tous le même micro que Garou, et étaient planqués dans le studio d’à
coté…
On aurait aimé des cartes postales de présentation un peu plus
courtes, voire uniques, ça aurait conservé un certain rythme à l’émission, un
peu longuette. Et puis pour entendre les impétrants se beliner la mouflette ou
se faire reluire la flûte à un trou, merci bien !
Les candidats, justement ! Neuf chansons et une parité
hommes-femmes non respectée de manière flagrante. Mais quand on connaît qui
retient les interprètes, ça n’est plus un mystère…
Revue de détail :
Masoé « Paradis » : Une crevette à mi-chemin
entre la racaille du 9-3 et le garçon-coiffeur pour glapir une bonne soupe
eurovisuelle avec un refrain qui se veut accrocheur, voire entêtant, mais trop
répétitif, et chanté d’une voix un peu trop aiguë (conséquence de se l’être violemment
coincée dans la fermeture-éclair du futal, ou bien ?). Un charisme de
beignet tiède et une fin à revoir. Vu le résultat, c’est tout vu.
Noée « L’un près de l’autre » : Une décalque
habile des Valses de Vienne et du Grand Prix 2017 qui teinte immédiatement le
morceau d’un cachet variétoche gnagnan poussiéreuse chantée d’une jolie voix
mais sans supplément d’âme, avec un manque de peps évident qui fait qu’on
écoute et qu’on oublie. Noée est trop discrète, trop transparente pour qu’on
ait envie de la suivre dans son arche…
Lisandro Cuxi « Eva » : Un morceau
extrêmement actuel où le mélange français-anglais ne choque pas. Le jeunot a de
l’assurance sur scène et offre une présentation scénique originale avec un
final à revoir. Bien arrangé à la suédoise, ça pourrait envoyer du steak,
surtout si le minet arrête de se toucher le service trois-pièces à la Michael
Jackson. C’est grossier et démodé. A moins qu’il ne vérifie si Bruno B. le lui
a bien remis en place après l’audition… Passage en finale évident.
Malo’ « Ciao » : Ciao, ben, comme son nom
l’indique… L’Ed Sheeran du pauvre à la voix nasillarde qui dessert un texte peu
intelligible sans prise massive de substances illicites est dans son élément,
dans son monde, mais on ne va pas le déranger, hein… S’il joue du piano debout,
c’est un hommage à France Gall ? Sa voix éthérée et atterrante ne m’ont
pas convaincu…
Emmy Liyana « OK ou KO » : Une voix
acceptable pour karaoké au Macumba de Morzy-les-Joyeuses, façon ersatz d’Eartha
Kitt, au secours d’une soupe eurovisuelle pas forcément imbitable mais dotée
d’un texte faiblard (forcément, c’est du Zazie). Emmy est trop statique et
dégage autant qu’un pet de gnou constipé. Efficace, d’accord, mais je crains
que son look particulier ne rebute à l’international…
Enéa « I’ll be there » : Un petit-pois
sauteur qui sert une soupe r’n’b tiédasse avec une voix qui ne suit pas
toujours, une voix à la Zaz, manque d’hygiène corporelle compris. C’est aussi
savoureux qu’une glace à l’eau parfum flotte. Enéa ne transmet rien, si ce
n’est l’envie de zapper, d’autant que le morceau est d’une efficacité plus que
moyenne.
Pheno Men « Jamais sans toi » : Serait-ce le
retour des Poetic Lovers ? A leur crédit un titre qui musicalement fleure
bon la Motown mais dont le texte sonne creux, léger, cucul. La chorégraphie est
à revoir d’urgence et malgré que ce soit assez entraînant, ça sonnait
globalement trop amateur. Quelques points auraient été justifiés pour saleur un
sympathique essai.
Louka « Mamma mia » : Un beau gosse qui veut
se la péter avec sa voix cassée à la Claude Barzotti et ses yeux de cocker
triste. Le titre est actuel mais met trop de temps à décoller… Et ne décolle
jamais, en fait. Trop routinier, trop répétitif avec ses itératifs
« comment, comment, comment » qui en feront un parfait leitmotiv pour
Audika s’il n’est pas envoyé à Lisbonne…
Ehla « J’ai cru » : La blonde de service qui
ne chante pas toujours très juste une pop aseptisée et ronronnante que Cindy
Sanders aurait pu chanter. Un parfum 80’s aux relents naphtalinés entoure ce
titre globalement insipide. Ehla, elle l’a pas…
Au final, un résultat très masculin, y compris Emmy Liyana
avec son look de déménageuse saphique, mais pas très couillu pour la finale… Vu
les votes, il est probable que le franco-portos Lisandro soit envoyé en mai à
Lisbonne en paquet fado…
Questions jurés, mention spéciale à Christophe Willem qui a
eu des couilles au cul (et pour une fois, c’étaient les siennes) pour dire leur
fait aux candidats, là où le Boulay canadien se ruinait un string à chaque
intervention en superlatifs doucereux et où Aminimir ne se mouillait pas un
poil de derche en critiques…
L’audience n’a pas trop suivi, la deuxième chaîne se
classant troisième en termes d’écoute. Ce qui, pourtant, n’avait pas dû arriver
souvent pour une finale nationale eurovisuelle, même aux temps bénis du
Concours de la Chanson Française, entre 1976 et 1981.
Ne vouons pas le toutim aux Gémonies, mais ne versons pas
non plus dans la faucuterie à tout crin des hystériques falbalatesques du Grand
Prix de l’Euromachinchose qui frétillent comme dans une vraie volière et se
ruinent un string à douze boules l’unité…
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