lundi 22 janvier 2018

Brèves du 22 Janvier 2018

Bis repetita placent…

Dussé-je contrevenir aux assertions d’Horace et de son Art Poétique, je ne suis pas intimement convaincu du bien-fondé inébranlable de l’aphorisme introductif. Et je suis même tellement contrarié de sa versatilité incessante que j’en serai acculé à convier tous les Suétone, Catulle, Lucrèce, Tite-Live et tous les brimborions latinisants à embarquer incontinent en pentécontère de luxe à destination d’Athènes…

Tout ce qu’on répète ne plait pas forcément à chaque fois, et la deuxième transmission du Destination Eurovision 2018 français entre fatalement dans ce cas de figure… Autant la première livraison des ariettes destinées à se gaufrer méchamment à Lisbonne le 12 mai prochain avait le goût de la nouveauté, la saveur de l’inédit et des prestations honorables à défaut d’ébouriffer la perruque de Régine ; autant le deuxième service réalisé par France 2 samedi dernier m’a laissé cruellement sur ma faim.

On y retrouvait certes Garou et son exercice de diction version Canadovision et le triumvirat de jurés à qui l’on avait pris soin de retirer toute once de sens critique. Mais la sensation de déjà-vu lassait le téléspectateur moyen. Surtout qu’on avait tout fait pour saborder l’audience dès le départ.

Débarquer sur la scène Morue Myriam muée en poisson-lune avec une reprise soporifique du Grand Prix 2017 suivie par la 2675ème interprétation de son impérissable « Oiseau et l’enfant » promettait un tsunami de zappage…

D’autant plus que les candidats de cette deuxième demi-finale ne vous collaient pas au plafond, surtout si vous étiez munis d’un minimum de bon sens et d’un iota d’oreille musicale…

Revue de détail :

Lucie Vagenheim « My world » : La première depuis le début du barnum eurovisuel français à s’être adjoint des danseurs, qui n’apportaient rien à une soupe world dotée d’un refrain en anglais aussi indigent que l’intégrale de Jul. La petiote bouge bien, mais elle chevrote trop en chantant ce texte médiocre. Quand le contenu est faible, on meuble les alentours… Rajoutons-y les réponses formatées à la Miss France, pour qu’au final, ça ne décoiffe pas un chauve…

Madame Monsieur « Mercy » : Ah ! la fameuse chanson à texte qui dénonce, sur un boum-boum électronique, et qui dégouline de bons sentiments. Madame assure avec sa carrure de déménageuse est-allemande mise en valeur par la tenue noire et Monsieur est muet, un bon point. C’est entêtant, plutôt actuel mais guère emballant, avec ce risque de double sens avec la signification anglaise de « mercy », « pitié »… Mercy pour nos oreilles… Eh bien, « mercy » d’être passés nous voir et rendez-vous peut-être à Lisbonne…

Jane Constance « Un jour j’ai rêvé » : La Gilberte Montagné junior de l’Eurovision avec la voix de la Reine des Neiges et une chanson Disney cucul et pleine d’optimisme frelaté genre « j’ai vomi des licornes à pompons et des arc-en-ciel de sirop de fraise ». Une décalque musicale de « L’hymne à l’amour » version 17 ans qui se serait fait bouler des éliminatoires israéliens en 1986. Ça ressemble à « Envie de vivre » (Belgique 2000) en moins punchy, avec des paroles validées plein pot par le Comité Miss France. C’est vieillot, au secours ! Un soir, j’ai cauchemardé…

Nassi « Rêves de gamin » : Le rebeu de service qui fait caillera bon genre avec des paroles rase-bitume et une musique plutôt festive, desservie par une chorégraphie chargée, un peu bazar et fourre-tout. Du Kendji en plus viril, sympa mais quelque peu amateur, et en plus, il s’essouffle sur la distance. Un petit goût de Stromae pas désagréable pour un titre qu'il faut retravailler en simplicité pour la finale.

Igit « Lisboa Jerusalem » :Le Brel du pauvre, très franco-français qui chante avec ses tripes une jolie valse assortie d’une mise en scène très originale. Il installe en quelques secondes son univers et nous y invite sans difficultés. C’est pas mal écrit et au final c’est le premier, et le seul de la soirée, qui m’aura scotché. C’est très chouette avec au final le cœur qui rappelle le logo Eurovision. Mais c’est du tout ou rien, on adore ou on déteste. Un choix culotté pour Lisbonne.

Max Cinnamon « Ailleurs » : Alertes « Playschool et Vianney » réunies. Le jeunot qui y croit et le montre avec une chanson actuelle et pas déplaisante, aux forts relents de « Da da dam » (Finlande 2011), fraîche et dépaysante. Max, qui a bénéficié du syndrome « Gigliola Cinquetti » au moment du vote, est gentillet mais devrait plus articuler et chanter bien dans le micro. Le bonus « jeunesse spontanée » en finale ?

Sarah Caillibot « Tu me manques » : Coiffée comme un dessous de bras et ensachée dans une robe de pute, la Barbara façon Cindy Sanders nous gueule une chanson dépressive, grossière (le « putain de bouquet ») et à l’ambiance piano-bar. D’accord, elle vit son morceau, mais pendant ce temps, on regarde la montre en se disant « vivement que ça finisse ». Si elle lui chantait ça sans répit, on comprend que son mec se soit barré…

Sweem « Là haut » : Le sosie de Mans Zelmerlow en version chauve possède une voix intéressante, pas toujours en rythme, pour interpréter avec classe un titre aérien, plutôt captivant, qui se retient bien mais qui manque d’un peu de punch et d’un gimmick inratable. Une belle ritournelle à la Souchon mâtinée de Téléphone, qui coule comme du sable entre tes doigts. Il n’aurait pas démérité en finale, mais c’était trop incolore, au final…

June The Girl « Same » : Comme la semaine passée, on s’est terminé sur la blonde de service, qui a laissé sa voix au vestiaire pour enfiler son air d’Avril Lavigne et couiner un truc ni fait ni à faire, à l’ambiance électro façon Amandine Bourgeois. C’est faux, c’est mal chanté, c’est mauvais, et l’on dira merci à la voix trafiquée façon Cher du pauvre. June, avec son charisme de poulpe anémié, se dandine sans raison… « Same » donne pas envie de voter pour elle…

Au final, un résultat logique, encore une fois très masculin, et à peine plus couillu que la semaine dernière. Gageons que Madame Monsieur et Igit devraient tenir la dragée haute au Michael Jackson junior et à la déménageuse saphique. A défaut de vrai suspens, puisque la voie royale de l’envoi à Lisbonne en paquet fado de Lisandro, Mister Touchage-de-Coucougnettes 2018, se dessine de plus en plus, on devrait avoir un relatif suspens au moment du vote.

Mention spéciale à Christophe Willem qui assume son côté Père Fouettard (prends le fouet, il est sous le lit) et à Aminimir qui dans un éclair de lucidité a rappelé que le style « Amandine Bourgeois » nous avait coûté un flop en 2013.

Question audiences, la deuxième chaîne s’est classée troisième, malgré une perte de plus de 400.000 téléspectateurs. Ce qui augure du meilleur pour la grande finale de samedi soir prochain…

Rassurez-vous, tout cela n’est que l’amusement, et que l’on soit au final OK ou KO avec le titre retenu qui devra nous emmener ailleurs, Mamma nous dira ciao et mercy en envoyant Eva faire un voyage à Lisboa, un rêve de gamin, en passant qui sait par Jerusalem…

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