mardi 2 janvier 2018

Brèves du 02 Janvier 2018

Dussé-je en pâtir au point de me voir condamné ad vitam aeternam à l’écoute ininterrompue et douloureuse des œuvres complètes de Christophe Maé interprétées par Zaz imitant Kendji Girac, la gitane à la voix de piche mâtinée de Zaza Napoli en moins viril, je me hasarde toutefois, au seuil de cette nouvelle année, à me vautrer dans les ornières du chemin tant parcouru de la banalité lieu-communesque en vous présentant, non pas sur un plateau d’argent avec bordure en simili laiton chromé et poignées en imitation ersatz d’inox antimoinesque, ni sur un serviteur muet, et encore moins sur une écuelle en vermeil rehaussée de cuir de peau de fesse de veau élevé sous la mère à un demi-smic le centimètre carré, mais dans le plus simple appareil, et dans ma bouche (non, non, ça reste très correct, rassurez-vous, n’allez pas grossir inconsidérément la chose…) mes vœux les plus chaleureux et les plus sincères pour les putains de trois cent soixante-cinq jours de la puta madre qui nous font face…

Pour enclencher la nouvelle année, je craignais fort qu’il ne faille sacrifier à la tradition des vœux urbi et orbi, le genre de truc qui ne coute pas cher et qui fait plaisir à tout le monde, surtout celles et ceux qui se raccrochent désespérément à l’importance de ce beurrage de tartine, comme Di Caprio sur le Titanic se raccroche à une bouée et à l’idée que Céline Dion ne vagira pas encore une fois sa chanson sur le gros bateau qui coule…

Donc, hurlons avec les loups, glapissons avec les dindes et mugissons avec la meute de braillards qui vous ont consciencieusement flingué les tympans dimanche soir à minuit et souhaitons avec les affolés du vœu de nouvelle année qu’elle soit bonne… Ou plutôt non, je ne vais pas vous présenter les vœux tout seul… Je m’adjoins les services de deux employées de maison, Maria et Conchita. L’une a un blair qui ferait passer le nez de Liane Foly première version pour une minuscule péninsule, et l’autre se désespère de trouver de l’earl grey dans mes placards…La bonne à nez, et la bonne sans thé…

Rassurez-vous, je ne vais pas verser dans les roucoulades violonées, les calembours usés jusqu’à la corde que même Ruquier n’en voudrait pas pour refiler à son Boulay préféré qu’il aime à tirer de temps à autre, et le sirupeux dégoulinant façon loukoum arrosé au sirop d’érable en vous souhaitant le meilleur pour les douze mois à venir, je ne ferais pas du Mari-à-Brigitte en vous faisant ronfler devant votre poste…

Oh, je me doute que je dois arriver en deux-cent-soixante-treizième position dans le souhaitage de vieux, et que vous avez dû vous fader au bas mot le même nombre de paires de bises humides ou gluantes, avec halitose carabinée en prime et tout autant de fadaises nouvel-anniques depuis le 1er janvier dernier…

En une période où les grippes, tant intestinales que classiques, font bondir dans l’écarlate cramoisi les alertes infos des chaînes d’info continue, il serait presque mal venu de glisser, tel un pet vaseliné glissant sur une toile cirée recouverte d’une triple couche d’encaustique, que les vœux vous font chier… Ça, c’est le domaine de prédilection de la gastro et des réclames télévisées itératives pour les débouchages médicamenteux d’intestins fatigués ou paresseux, entre Dulcolax et Herbesan en passant par les dragées Fuca qui repeignent tout du sol au plafond en un artistique moucheté marron-caca-d’oie…

Quelle joie sans égale de retrouver ses collègues de bureau, ou de glandouille pour nos amis fonctionnaires qui sont toujours les premiers à me lire, vu qu’ils n’en foutent pas une rame de la journée, et se repaître jusqu’à la nausée post-réveillonnesque de ces vœux d’autant plus grandiloquents qu’ils sont trempés dans la faucuterie la plus intégrale…

Quel moyen atroce de non seulement débuter la semaine, mais également de fêter la reprise après la trêve de Noël, avec cette avalanche de bécots sonores et baveux, avec cliquetis de dentier mal collé en prime, ces tapes dans le dos prétendument amicales toutes prêtes à vous démonter la clavicule et ces sourires de commande en ligne directe de la dernière élection de Miss Dinde Fourrée… Et si, en plus, ça se passe au lendemain de l’épiphanie, alors là, c’est le carton plein, c’est la quine, c’est le bingo assuré avec en cadeau Bonux la ménagère 48 pièces avec le légumier assorti…

L’épiphanie, d’origine marseillaise, dont les règles furent fixées par Marcel Pagnol dans sa célèbre trilogie Marius, César, Epiphanie, est aussi la fête des dentistes, trop contents de réparer les bridges fracassés, les plombages déchaussés et les incisives malmenées par des fèves pernicieuses cachées sous la frangipane écœurante…

Alors, le combo vœux de bonne année à haute dose, galette en carton saveur amande rance, et cidre éventé et tiède… On touche presque le nirvana du lundi pourrave…

Pour faire bonne mesure, et franchement vous donner envie de vous flinguer en rentrant en ouvrant le gaz de la gazinière électrique, saupoudrez de vingt-cinq « c’était bien ton réveillon du nouvel an ambiance orientale au Mikhenez de Poussan », dix-huit « t’as été gâté à Noël ? », une petite douzaine de « T’as eu de la neige à la montagne, parce que Roger du service compta, il a skié huit jours sur du gazon et des gravats », et un « punaise, ma belle-doche a eu la fève hier, ça s’est vu, elle était toute rouge et ne respirait plus… trop content de lui refiler une couronne »…

A nouvelle année, nouvelles résolutions… Résolutions fermes et définitives, qu’on aura vite jeté aux orties une fois le mois de janvier bien entamé. Certains tenteront de perdre du poids, d'autres voudront s’arrêter de fumer, d’autres encore se payeront une tenue de sport flambant neuve pour aller suer à grosses gouttes dans une salle de sport avant de passer l’éponge… D’autres, carrément inconscients, voudront faire tout cela à la fois…

Perso, pas de bonnes résolutions cette année, on va improviser !

Et on va également souhaiter un bon anniversaire à Christophe Beaugrand, l’animateur de Secret Story qui se fait souffler sur la bougie tous les 2 janvier depuis 1977, année de sa naissance. 

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