On aura beau dire, on aura beau faire ; force
sera de constater que l’inextinguible répertoire du Concours Eurovision de la
Chanson, annuel jamborée paneuropéen de la canzonetta sirupeuse et indigente,
est à même de fournir à chaque situation de la vie quotidienne une mélodie ou
des paroles qui s’y appliquent comme un sparadrap adhérant en diable sur une
plaie purulente.
Parti pris ? Aveuglement coupable de l’amateur
éclairé ? Voire ! Si tel était le cas, je défendrais bec et ongles
(au péril de la fraîche french manucure à dix boules l’ongle) les plus débiles
textes du Concours, les plus mauvais titres jamais ululés devant un micro
eurovisuel, et les plus désolants chanteurs dont même The Voice ne voudrait pas
en soldes… Si tel était le cas, j’affirmerai avec la plus inébranlable des
convictions que l’Eurotrucmachin est le plus grand spectacle de variété et
qu’il n’y a meilleure musique que dans ce vaste barnum où les fans ouvrent plus
souvent la bouche que les chanteurs…
Y a du pas trop mauvais (de temps en temps), y a du
pas bon (généralement), y a de l’inécoutable (heureusement rarement)… Il
n’empêche que les paroliers qui ont commis un texte pour l’Eurovision, dans un
moment d’inconscience, de gêne financière ou de mauvais trip à cause de
l’afghan qu’ils n’auraient pas dû fumer à jeun, ont su s’inspirer de tout et de
rien… Surtout de rien…
Tenez, pour preuve de cette adhérence à l’actualité,
prenons pour exemple ce titre écrit par Boris Bergman, avant qu’il ne commette
d’obscurs titres méconnus pour un certain Alain Bashung. Retenu par la
Principauté de Monaco pour le Grand Prix 1973 et interprété par Marie, le texte
d’« Un train qui part », hymne idyllique à la SNCF, colle à
l’actualitéComme c’est pas permis :
« Un train qui part c'est aussi le train de l’espoir »…
C’est
beau comme du Marc Lévy sous acide, du Bénabar après tarpé, du Christophe Maé
au naturel…
Et
ce sera demain, voire après-demain, le signe que tout va pour le mieux sur les
rails de la SNCF réformée… Le Grand Doudou n’y est pas allé avec le spéculum et
le bidon de lubrifiant pour annoncer que la vénérable institution ferroviaire allait
être réformée du sol au grenier, en passant par la refonte totale du statut des
cheminots.
Ce
qui a évidemment eu le don de faire hurler les syndicalistes, tels des Maria
Schneider dans le Dernier Tango à Paris. Réformer le statut des cheminots ?
Mais vous n’y pensez même pas une nanoseconde ! s’étranglèrent les têtes
de liste des intersyndicales, décrétant une grève d’au moins un mois pour faire
plier le Gouvernement…. Avant même que le Grand Doudou et ses mignons n’aient engagé
la moindre négociation.
Ah
ça, c’est du dialogue social ! On s’arc-boute sur ses privilèges, on se
constipe autour de son pré carré ? Mais c’est qu’ils finiraient par passer
pour de vilains réactionnaires, tous ces employés du rail… Messieurs, on n’est
plus à l’époque de la bête humaine, faut évoluer…
L’évolution
est là, quoi qu’il en soit, avec les sautes d’humeur de la météo qui nous donne
à voir un remake de l’Age de glace à quelques encablures du printemps… Le froid
est quasi-sibérien, la neige tombe comme à Gravelottes et pour un peu, on
verrait des ours polaires sur les Champs Elysées… Pour peu qu’Anne Hidalgo n’interdise
pas la circulation des traineaux les Champs…
C’est
son tic, son leitmotiv, à Notre Drame De Paris… Les rares endroits où la
circulation est à peu près fluide dans la capitale, la siphonnée de la Mairie
interdit toute circulation, afin d’augmenter encore d’un degré le sentiment de
merdier inextricable qu’est la circulation parisienne…
Après
son coup d’essai, ô combien couronné de succès, sur les voies sur berge (et non
pas les bois sur…), Anne veut interdire le Louvre aux voitures… Mais offrez-lui
un jeu de circulation routière, et qu’on en finisse !
Lui
aussi, on aimerait bien le finir, de temps à autre, tellement il peut être
usant et pénible sur la longueur. Lolo la parka rouge s’était résolu à crotter
ses Louboutin en peau d’agneau de lait retourné à un demi-smic la paire au
Salon de l’Agriculture, histoire de faire proche du peuple, quitte à se faire
entièrement désinfecter au Sanityol après la visite… Et balancer une boule
puante genre « Macron méprise le monde des agriculteurs »… Mais pas
moi, puisque je viens rendre visite aux culs-terreux qui sentent le lisier…
Et
il faut dire que Lolo ne méprise pas ce monde… Il le conchie…
Ça
conchie aussi dans le ventilo chez les Hallyday, avec la Guerre de Succession
qui n’a pas cessé, c’est sur… Après la Reine-Mère qui l’a ouverte pour, au
final, ne pas dire grand-chose d’intéressant (on aurait cru un condensé de sa
discographie), c’est au tour d’Hugues Aufray de saloper son dernier lifting et
d’apporter son soutien à Laura et David. On attend avec impatience et la bave
aux lèvres la prise de position de Guy Béart…
Tout
comme on attend avec un enthousiasme plutôt bien dissimulé et quelque peu
émoussé le énième rebondissement de l’Affaire Seznec, qui alimente les gazettes
depuis 1924. Un os vient d’être retrouvé dans le jardin de la propriété
familiale, ce qui pourrait indiquer que l’épouse de Guillaume Seznec serait
impliquée dans l’histoire… Ce qui nous fait une belle jambe, soit dit en
passant…
Et
le 27 février 1934 naissait Ralph Nader, un avocat américain qui mena General
Motors près de la ruine en 1966 avec le livre dynamite « Unsafe at any
speed », un brûlot sur les voitures américaines guère portées sur la sécurité
passive, et notamment la fameuse Chevrolet Corvair qui faisait passer la tenue
de route de la Dauphine pour exemplaire… De quoi préférer le train, surtout
lorsqu’il s’agit d’un train qui part, phénomène rare à la SNCF…
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