« Entendez-vous dans
nos campagnes, mugir ces féroces soldats ? »
Bien que visionnaire, Rouget
de Lisle s’était planté…S’il était abonné chez Audika, il avait dû rater la
porte d’Optic 2000… En fait de féroces soldats, il s’agissait plus surement
d’une horde de ménagères en délire à l’annonce du début des soldes !
Eh oui ! Aujourd’hui,
les cartes bleues vont prendre cher ; début officiel de la campagne d’été
des soldes… Une journée dédiée aux emplettes et au lèche-vitrines. Un conseil,
Messieurs, ne laissez pas vos compagnes et compagnons seuls dans une ville
remplie d’une foultitude de commerces affriolants en période de soldes, à moins
que vous n’aimiez entendre la voix sensuelle de votre banquier vous susurrer
dans le combiné que votre compte frôle le cramoisi écarlate…
Aujourd’hui, les villes se
parent de vitrines barrées par les affiches “SOLDES !”, “- 50% sur tout” “Très
gros rabais !”. Alors, si un magasin porte fièrement ces trois affichettes sur
sa devanture ; vous y entrez sans plus attendre… Et là, la tragédie commence…
Généralement, il y fait très
chaud, la clim est aux abonnés absents, et au suruplus quarante clientes se
chargent de surchauffer l’ambiance déjà survoltée des périodes de soldes.
Tandis que des commères chiffonnaient allègrement des déshabillés de soie qui
ne demandaient pas à être traités comme de vulgaires blouses de Nylon ; deux
minettes nabilesques se crêpaient le chignon pour emporter un ensemble de
culottes qui auraient bien fait les beaux jours du Crazy Horse Saloon.
Evidemment, les remises sont
intéressantes (vu qu’ils ont multiplié les prix par deux pour offrir 50 % de
remise) et on en profite pour disputer différentes petites babioles, vous
joignant avec entrain au tableau épique que formait le magasin avec quarante fofolles farfouillant
allègrement dans les rayons à la recherche de la perle rare qui, forcément, se
trouvait au fin fond des présentoirs.
Tout à coup, le coup de
grâce, la décharge pré-orgasmique, le « oh-James-vous me faites fondre (ou
durcir c’est selon)-avec-votre-gros-appareil-à-tête-chercheuse » : une
voix melliflue susurre dans les haut-parleurs : « Votre attention
Mesdames, nouvelle démarque supplémentaire de 10% sur la lingerie fine au
premier étage ; dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour toutes... ».
Et l’on voit alors un
troupeau de furies lancées à toute allure faire bloc avec la grâce et la
délicatesse naturelle d’un pack de rugbymen, gravir les quelques escaliers à
une vitesse vertigineuse et se jeter sur les paniers contenant la dite lingerie
avec un cri guerrier du style « J’en-veux-un-poussez-vous-je-l’ai-vu-la-première-j’étais-avant-vous
! ». Et vous farfouillez comme un cochonnet qui vermille, coincés entre le
panier et une matrone d’un quintal et demi, pouvant à loisir choisir parmi des
culottes monstrueusement échancrées qui feront grimper aux rideaux les taureaux
mous de chambre de bonne et les athlètes dont les vipères de broussaille ont
toujours l’article en magasin et le venin à fleur de peau, des soutien-gorge
imitant des napperons de dentelle du Puy et des panties fleuris fleurant bon la
naphtaline périmé et datant de temps immémoriaux.
Après la séance d’essayage à
côté de laquelle les pires figures acrobatiques du Kama-Sutra ressemblent à s’y
méprendre à une promenade post-prandiale pour nonagénaire parkinsonnien (et où
l’on se rend compte que soit la taille 42 n’est plus ce qu’elle était, et votre
armoire rétrécit effectivement tous vos vêtements subrepticement, soit vous
êtes amenés à caresser le commencement de l’idée qu’éventuellement vous auriez
pris quelques grammes et qu’un régime devrait peut-être mis en place dans un
avenir aussi proche que la ligne d’horizon), s’ensuit le douloureux passage à
la caisse avec son cortège de hurlements à l’annonce du prix à payer (j’ai acheté
tout çà, moi ? !), se terminant par un pathétique envol de billets de gros
calibre. Et vous sortez de la boutique les bras chargés de paquets en laissant
quelques chipies se traiter de noms d’oiseaux…
Avouez, ça donne envie, hein
d’assister à ces ouvertures de magasins qui ressemblent de près et de loin aux
meilleures scènes d’assaut dans les films de guerre ?
Bien, pendant que ces dames,
demoiselles messieurs, demi-vierges folles, échaudées de la carte bleue, folles
tordues hystériques du falbalas se pâment devant les rabais en faisant montre
d’une excitation au moins aussi élevée que celle d’un roumain au Salon
International de la Caravane, si nous jetions un œil désinvolte et amusé sur
les bricoles de l’actualité du jour ?
Des bricoles… quand on brasse
des millions voire des milliards d’euros, on ne peut pas précisément parler de
bricoles… Ce n’est pas Ziad Takiéddine qui viendra dire le contraire, vu qu’il
s’est mis à table et a reconnu avoir financé la campagne de Balladur en 1995…
Ouh la la Balladur a comme un coup de mou, là…
A l’inverse, le blanchisseur
en chef de la Rue Solférino, le Cas Huzac, nous la joue Caliméro à pleins tubes
en affirmant qu’il serait « le bouc émissaire idéal de toutes les
turpitudes politiques »… Pauvre chose… Il ne veut tout de même pas qu’on
lui érige un mausolée à la gloire de son martyre ?
Du côté de la CGT, le
nouveau secrétaire général enfonce les portes ouvertes en enfilant les
évidences les plus éculées : Thierry Lepaon fait la roue en déclarant que
« la colère sociale monte »…Eh ben dis donc… On savait depuis
Krazucki que la CGT ne recrutait pas parmi les Pic de la Mirandole du savoir,
mais là, on atteint des sommets abyssaux… A ce niveau, CGT l’argent par les
fenêtres…
Et jeter l’argent par les
fenêtres en période de soldes…
Puisqu’on cause de période,
parlons des anniversaires du jour, 26 juin : en 1945, l’ONU voit le
jour ; en 1957, Jacques Brel assied sa réputaton et sa carrière en France
grâce à « quand on a que l’amour » ; en 1963, Kennedy s’essaie à
l’allemand avec son fameux « Ich bin in Berliner » ; en 1967,
Françoise Dorléac se tue sur la route au volant de sa Renault 10 ; en 1974,
« Emmanuelle » va faire durcir la position des spectateurs au
cinéma ; en 1977, Elvis Presley, bouffi et souffrant de trous de mémoire,
donne à Indianapolis son ultime concert…
Et le 26 juin 1925, Charlie
Chaplin offre « La ruée vers l’or », un pur chef d’œuvre du cinéma
muet, parmi les meilleurs films de tous les temps… La danse des petits pains
est un moment de grâce…
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