mardi 12 juin 2018

Brèves du 12 Juin 2018

Yvette Horner s’est éteinte, mais avant elle s’était teinte, d’une teinte déteinte qui déteignait sur son grand teint teint d’un fond de teint éteint et teint éteint…

Eteint donc ! Euh…Et tiens donc ! Parfois, je me demande si le Père Bon Dieu ne se mélangerait pas les pinceaux lorsqu’il s’agit d’organiser la météo et le retour à la maison-mère de la semaine…

Que les pintades télévisées des bulletins météorologiques n’y captent que dalle et vous annoncent sur le ton de l’exploit de la neige en hiver, de la pluie en novembre et du soleil en juillet, c’est finalement aussi prévisible qu’un ministre socialiste vous annonçant que vous devez vous serrer la ceinture quitte à y faire des trous supplémentaires et qu’on vous piquera encore plus vos sous à cause de l’héritage du Gouvernement précédent qui était évidemment un incapable mais qu’avec nous, ça va changer…

Mais que le barbu céleste se paye notre trombine, je trouve ça assez moyen… Déjà que Pépé se plante régulièrement en rappelant ad patres des personnalités appréciées de tous… Vous trouvez normal qu’il ait rapatrié à la maison-mère la Callas, Françoise Dorléac, Albert Camus ou encore Manoel de Oliveira, et qu’il nous laisse endurer Zaz, Audrey Tautou, Marc Lévy ou Maïwenn ?

Et qu’il nous colle des orages dantesques avec des déluges de flotte, des kyrielles d’ilucées, avec tonnerres et foudre assortie, juste au moment où vous sortez du Tribunal et du restau et qu’évidemment vous n’avez pas pris de pébroque pour protéger votre crâne en peau de fesse, vous trouvez logique ?

J’ai beau me prénommer comme l’un des archanges et être du signe du poisson ascendant poiscaille, je trouve la bonne blague du barbu plutôt limite… et humide…

Mais comme le disait en chanson Henri Salvador, « faut rigoler, avant que le ciel ne nous tombe sur la tête »… Merci Riri, mais ça y est, pour ma part, il m’est tombé sur le râble en mille éclats de flotte… Ah, cette douce sensation de patauger dans vos godasses d’été, de voir à travers vos lunettes comme à travers un pare-brise en verre sécurit qui vient de péter, de sentir les gouttes froides vous dégouliner le long de la colonne vertébrale pour finir en beauté dans le sillon fessier genre « j’ai la raie du cul qui fait chêneau »…

Certes, pour ceux qui ont le feu au cul, ça pourra tempérer cet incendie fessier, ou alors, ça produira de la vapeur et vous transformera en sauna individuel…

Attention, j’ai bien parlé de sauna, et pas de boxon, bordel !

Le bordel, c’est notre monde extérieur ; le boxon, c’est la maison de Catherine Deneuve quand elle reçoit ses minets, dussé-je dire ses amateurs de rénovation perpétuelle qui kiffent les vieux tasseaux, les vingt-cinq épaisseurs de plâtre et les étais qui maintiennent l’édifice plus ou moins débout…

Un bordel que la musique d’Yvette Horner ne contribuera plus à adoucir. La reine de l’accordéon s’est éteinte à l’âge respectable de 95 ans, après une vie dédiée au piano du pauvre dont elle taquinait les touches avec une dextérité qui n’avait d’égale que son sourire éclatant, pré-vendu à des marques de dentifrices.

On a tous un souvenir de la Vévette, sur un de ses nombreux Tours de France, juchée sur le toit de la Traction Avant, clouée pour pas qu’elle tombe, sombrero de pacotille vissé sur la choucroute, avec cet inextinguible sourire qu’on croyait qu’on lui avait flanqué un dentier trop grand, à se tripoter inlassablement l’instrument en rejouant jusqu’à la nausée « El gato montes », « Perles de cristal » ou « Reine de musette ».

Les plus jeunes se souviennent de la Vévette relooké par Gaultier, crinière rouge fluo, dentier mal emboîté et robe tricolore, et son immarcescible « Play Yvette »… On pourra trouver l’accordéon ringard, populassier et la choucroute surlaquée d’une autre époque, ça fait toujours quelque chose de voir partir une figure qui nous a inconsciemment accompagné tant d’années… Faites danser les anges au son de javas endiablées, Madame la « Reine de Musette »…

Antoine doit être ravi, lui que l’accordéon d’Yvette fatiguait…

J’attends avec une impatience non feinte l’album hommage par Tal, Matt Pokora, Jenifer et Jul… J’ai besoin de décoller le papier-peint dans la salle-à-manger de Tante Marthe…

Un bordel que ce monde extérieur, vous dis-je ! Un bordel ambiant, au vu et au su de toutes et tous ! Même les chefs d’état ne se cachent plus pour aller batifoler au coin de la rue ou aux antipodes. Manu s’envoie en l’air pour essorer la feuille d’érable de Justin ; et le connard à l’orange , qui n’en est plus à un revirement près, fait des risettes énamourées au démocrate nord-coréen…

Bon, on n’en est pas encore au patin de voyou façon Zitrone et Brejnev, mais c’est nettement plus chaleureux que le weekend dernier au G7 où Encula Merkel jouait une fois de plus les Gretchen dominatrices avec le casque à point et le fouet…

Oh oui, meine große püppchen qui sent la bière rance et la saucisse avariée, refais-moi tes gros yeux réprobateurs que je me termine dans les rideaux !

Le monde est un vaste bordel ! Les gens font n’importe quoi, à leur guise et selon leur bon vouloir, sans se soucier du respect d’autrui, et des truies… Ils rotent à table, pètent au lit, se mouchent dans leur manche, écoutent du François Valéry à pleins tubes sur le radio-cassette pourrave de leur Lada Samara verte olive, s’abonnent à France Dimanche, vont voir des films avec Kad Mérad… Y en a même qui se suicident en se jetant du toit de la Grande Mosquée de La Mecque… Tant qu’il ne crie pas « Allah akhbar », tout va bien…

Le monde est un bordel, et l’on ne fait strictement rien pour l’améliorer. Alors que la mort vient sauver certains artistes d’une désaffection chronique d’inspiration, il se trouve toujours des empêcheurs de décéder en rond qui sortent des tiroirs des maquettes mal foutues et en font des albums inédits qui cabossent définitivement la réputation du macchabée. Dernier exemple en date, Prince, dont on va nous servir en lieu et place de pluies pourpres de bien misérables pissettes mauve clair…

Tant qu’à faire, on va sortir tout ce qu’il y a plus ringard du placard, exhumer les cassettes voilées des essais après-bière d’Arielle Dombasle, les bandes magnétiques des échauffements de voix d’Aznavour, les 78-tours souples de radiodiffusion d’Annie Cordy et les rouleaux de cire de Line Renaud (dont c’était déjà la fin)…

Eh oui, le monde est définitivement un bordel… Et ce n’est pas d’aujourd’hui… Le 12 juin 1929 naissait incognito à Francfort-sur-le-Main une fillette qui aurait pu grandir, vivre et mourir sans que la face du monde en soit radicalement modifiée, si elle n’avait pas eu l’habitude de noter ses impressions, et de raconter les broutilles de sa vie d’adolescente juive durant la guerre, à Amsterdam, dans un appartement secret… Quel bordel que le monde d’alors, n’est-ce pas, Anne Frank ? 

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