Yvette
Horner s’est éteinte, mais avant elle s’était teinte, d’une teinte déteinte qui
déteignait sur son grand teint teint d’un fond de teint éteint et teint éteint…
Eteint
donc ! Euh…Et tiens donc ! Parfois, je me demande si le Père Bon Dieu
ne se mélangerait pas les pinceaux lorsqu’il s’agit d’organiser la météo et le
retour à la maison-mère de la semaine…
Que
les pintades télévisées des bulletins météorologiques n’y captent que dalle et
vous annoncent sur le ton de l’exploit de la neige en hiver, de la pluie en
novembre et du soleil en juillet, c’est finalement aussi prévisible qu’un
ministre socialiste vous annonçant que vous devez vous serrer la ceinture quitte
à y faire des trous supplémentaires et qu’on vous piquera encore plus vos sous
à cause de l’héritage du Gouvernement précédent qui était évidemment un
incapable mais qu’avec nous, ça va changer…
Mais
que le barbu céleste se paye notre trombine, je trouve ça assez moyen… Déjà que
Pépé se plante régulièrement en rappelant ad patres des personnalités
appréciées de tous… Vous trouvez normal qu’il ait rapatrié à la maison-mère la
Callas, Françoise Dorléac, Albert Camus ou encore Manoel de Oliveira, et qu’il
nous laisse endurer Zaz, Audrey Tautou, Marc Lévy ou Maïwenn ?
Et
qu’il nous colle des orages dantesques avec des déluges de flotte, des
kyrielles d’ilucées, avec tonnerres et foudre assortie, juste au moment où vous
sortez du Tribunal et du restau et qu’évidemment vous n’avez pas pris de
pébroque pour protéger votre crâne en peau de fesse, vous trouvez
logique ?
J’ai
beau me prénommer comme l’un des archanges et être du signe du poisson
ascendant poiscaille, je trouve la bonne blague du barbu plutôt limite… et
humide…
Mais
comme le disait en chanson Henri Salvador, « faut rigoler, avant que le
ciel ne nous tombe sur la tête »… Merci Riri, mais ça y est, pour ma part,
il m’est tombé sur le râble en mille éclats de flotte… Ah, cette douce
sensation de patauger dans vos godasses d’été, de voir à travers vos lunettes
comme à travers un pare-brise en verre sécurit qui vient de péter, de sentir
les gouttes froides vous dégouliner le long de la colonne vertébrale pour finir
en beauté dans le sillon fessier genre « j’ai la raie du cul qui fait chêneau »…
Certes,
pour ceux qui ont le feu au cul, ça pourra tempérer cet incendie fessier, ou
alors, ça produira de la vapeur et vous transformera en sauna individuel…
Attention,
j’ai bien parlé de sauna, et pas de boxon, bordel !
Le
bordel, c’est notre monde extérieur ; le boxon, c’est la maison de Catherine
Deneuve quand elle reçoit ses minets, dussé-je dire ses amateurs de rénovation
perpétuelle qui kiffent les vieux tasseaux, les vingt-cinq épaisseurs de plâtre
et les étais qui maintiennent l’édifice plus ou moins débout…
Un
bordel que la musique d’Yvette Horner ne contribuera plus à adoucir. La reine
de l’accordéon s’est éteinte à l’âge respectable de 95 ans, après une vie
dédiée au piano du pauvre dont elle taquinait les touches avec une dextérité
qui n’avait d’égale que son sourire éclatant, pré-vendu à des marques de
dentifrices.
On
a tous un souvenir de la Vévette, sur un de ses nombreux Tours de France,
juchée sur le toit de la Traction Avant, clouée pour pas qu’elle tombe,
sombrero de pacotille vissé sur la choucroute, avec cet inextinguible sourire
qu’on croyait qu’on lui avait flanqué un dentier trop grand, à se tripoter
inlassablement l’instrument en rejouant jusqu’à la nausée « El gato montes »,
« Perles de cristal » ou « Reine de musette ».
Les
plus jeunes se souviennent de la Vévette relooké par Gaultier, crinière rouge
fluo, dentier mal emboîté et robe tricolore, et son immarcescible « Play
Yvette »… On pourra trouver l’accordéon ringard, populassier et la
choucroute surlaquée d’une autre époque, ça fait toujours quelque chose de voir
partir une figure qui nous a inconsciemment accompagné tant d’années… Faites
danser les anges au son de javas endiablées, Madame la « Reine de Musette »…
Antoine
doit être ravi, lui que l’accordéon d’Yvette fatiguait…
J’attends
avec une impatience non feinte l’album hommage par Tal, Matt Pokora, Jenifer et
Jul… J’ai besoin de décoller le papier-peint dans la salle-à-manger de Tante
Marthe…
Un
bordel que ce monde extérieur, vous dis-je ! Un bordel ambiant, au vu et
au su de toutes et tous ! Même les chefs d’état ne se cachent plus pour
aller batifoler au coin de la rue ou aux antipodes. Manu s’envoie en l’air pour
essorer la feuille d’érable de Justin ; et le connard à l’orange , qui n’en
est plus à un revirement près, fait des risettes énamourées au démocrate nord-coréen…
Bon,
on n’en est pas encore au patin de voyou façon Zitrone et Brejnev, mais c’est
nettement plus chaleureux que le weekend dernier au G7 où Encula Merkel jouait
une fois de plus les Gretchen dominatrices avec le casque à point et le fouet…
Oh
oui, meine große püppchen qui sent la bière rance et la saucisse avariée,
refais-moi tes gros yeux réprobateurs que je me termine dans les rideaux !
Le
monde est un vaste bordel ! Les gens font n’importe quoi, à leur guise et
selon leur bon vouloir, sans se soucier du respect d’autrui, et des truies… Ils
rotent à table, pètent au lit, se mouchent dans leur manche, écoutent du François
Valéry à pleins tubes sur le radio-cassette pourrave de leur Lada Samara verte olive,
s’abonnent à France Dimanche, vont voir des films avec Kad Mérad… Y en a même
qui se suicident en se jetant du toit de la Grande Mosquée de La Mecque… Tant
qu’il ne crie pas « Allah akhbar », tout va bien…
Le
monde est un bordel, et l’on ne fait strictement rien pour l’améliorer. Alors
que la mort vient sauver certains artistes d’une désaffection chronique d’inspiration,
il se trouve toujours des empêcheurs de décéder en rond qui sortent des tiroirs
des maquettes mal foutues et en font des albums inédits qui cabossent
définitivement la réputation du macchabée. Dernier exemple en date, Prince, dont
on va nous servir en lieu et place de pluies pourpres de bien misérables
pissettes mauve clair…
Tant
qu’à faire, on va sortir tout ce qu’il y a plus ringard du placard, exhumer les
cassettes voilées des essais après-bière d’Arielle Dombasle, les bandes
magnétiques des échauffements de voix d’Aznavour, les 78-tours souples de
radiodiffusion d’Annie Cordy et les rouleaux de cire de Line Renaud (dont c’était
déjà la fin)…
Eh
oui, le monde est définitivement un bordel… Et ce n’est pas d’aujourd’hui… Le
12 juin 1929 naissait incognito à Francfort-sur-le-Main une fillette qui aurait
pu grandir, vivre et mourir sans que la face du monde en soit radicalement
modifiée, si elle n’avait pas eu l’habitude de noter ses impressions, et de
raconter les broutilles de sa vie d’adolescente juive durant la guerre, à
Amsterdam, dans un appartement secret… Quel bordel que le monde d’alors, n’est-ce
pas, Anne Frank ?

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