Alléluia ! Alléluia mes frères, alléluia mes
sœurs, alléluia mes cousins, cousines, voisins, voisines, oncles, tantes (les
familiales comme les tordues)… Voici venir le temps, non pas des rires et des
chants, mais voici revenu le temps béni de la rengaine, comme aurait pu le
vocaliser Serge Lama, qui connaissait bien la chose pour y avoir participé en
des temps immémoriaux que seuls les moins de vingt dents peuvent encore
connaître…
Voici revenu le temps de la canzonetta aigre, de la
mélopée sans âme et poussiéreuse aux entournures ; le temps des
interprètes compassés, des gueulardes tendance dégueulis de tripes, des
invertis en costard pousse-au-viol…
Voici que se présente devant nous la Semaine Sainte,
the Holy Week, la Semana Sancta pour tout amateur d’antiennes démodées,
d’ariettes navrantes et de flonflons rébarbatifs : voici la semaine
eurovisuelle 2018 !
Eh oui, c’est comme les oreillons, la grippe aviaire,
la peste porcine, ou la publication du nouveau Marc Lévy, on le redoute longtemps,
on serre les dents quand ça se produit et on prie tous les saints de la
chrétienté pour que ça se termine le plus vite possible…
Le Concours Eurovision 2018 est sur les rails, et l’on
va eurovisionner à en perdre haleine pendant trois soirées, les deux premières
servant généralement à flanquer par-dessus bord les bouses les plus
inécoutables et la troisième à réécouter à s’en faire saigner les tympans les
vingt-six alcoolats musicaux imbuvables en provenance de divers contrées
européennes…
Autant vous dire que je me place en apnée
eurovisuelle, en autisme concurrentiel, hier soir et jeudi soir, pour les deux
demi-finales durant lesquelles les finalistes viendront pousser la
chansonnette…
Mais
pour l’instant, la première demi-finale d’hier soir a tenu ses promesses de
merdes inécoutables, de bouses hallucinantes et de machins vaguement musicaux…
On a eu
droit à une scène plus intimiste, pas désagréable, mais avec un quatuor de
présentatrices pénibles et qu’on rêverait de réduire au silence… Quant aux
commentatrices françaises, la Willem est pénible avec sa voix de femelle,
tandis que Manoukian fournit le minimum syndical en enchaînant les conneries…
Pour les
prestations…
01 Azerbaïdjan :
Aisel revient en solo, avec de la soupe correctement servie qui se retient
assez bien, mais définitivement trop calibrée pour vraiment me plaire. Pas
grave, on la retrouvera de toute façon en finale… Des tenues immaculées à
l’israélienne (même si la Sandie Shaw de l’année a oublié sa robe au pressing)
et des plans inclinés façon Sakis Rouvas 2012… Assez étonné qu’elle reste en
demi-finale…
02 Islande :
Construction classique, voix dérivant parfois vers le fausset et un pré-final
trop théâtral façon Norvège 2001. On s’ennuie sur la longueur, à cause d’une
présentation digne des années 70 et de tenues sages, trop sages malgré des
choristes mal assortis... Et une émotion pas feinte au final…
03 Albanie :
C’est mou comme du Dunlopillo, et sa voix accroche comme du velcro. On a
beaucoup de « Mall » à l’écouter tant c’est répétitif et gueulard. Le seul
point positif, c’est qu’il chante en version originale… Planté sur la scène, il
s’emmerde autant que nous… On ne s’ennuie pas une seconde, on se fait chier
trois minutes… Qualification surprise, les européens aiment se faire mal ?
04 Belgique :
Un agréable waterzooi façon James Bond jusqu’au refrain où elle se met à
gueuler comme une frite qu’on pèle sans anesthésie… Une question de temps, en
effet ! Trois minutes, c’est trop long pour elle ! Mention spéciale à sa robe abat-jour
de quatre tailles trop grandes et à un joli éclairage…
05 Rép. Tchèque :
Mi-parlé, mi-chanté, une proposition pas inintéressante qui m’a fait dresser
l’oreille. A voir en live, toutefois, ce petit jeunot aux airs de Matt Damon et
à la voix déjà bien grave. Il doit en être à trois paquets de Marlboro sans
filtre par jour… Présentation tendance ado et sponsorisé par Eastpack avec ce
sac à dos et le remuage de popotin durant le break musical, qui va exciter les
fans…
06 Lituanie :
Encore un somnifère soporifique, même pas bien ronflé par une dépressive
chronique qui pointe difficilement à moins deux de tension… Une robe fade pour
une prestation fade sur le pont de soupirs… Même pas la force de se tenir
debout et de sortir deux notes justes. Que c’est mauvais, ennuyeux et amateur.
Et c’est qui ce mec au final ? Très surprenant qu’elle passe en
finale !
07 Israël :
Dites, c’est ça ? C’est vraiment ÇA qu’on veut nous autobombarder comme gagnant
? On dirait Silvia Night au rayon Jouets du BHV… D’accord, c’est actuel dans la
musique, mais affligeant au dernier degré et dramatiquement répétitif dans les
paroles… Un jouet, quoi… Netta se la joue manga 100 % mais au final, c’est
nippon ni mauvais. Une Bjork hébreue en aussi déjantée mais moins talentueuse.
08 Biélorussie :
Et voila le premier somnifère soporifique à effet immédiat. Pour un suicide réussi,
veillez à ne pas dépasser un quart de « Forever », sinon vous allez saloper
toute votre moquette…Une rose et une écharpe blanche pour faire dandy en
soldes, et une danseuse sous acide qui gigote…. Ça fait peu pour convaincre…
Même s’il y insuffle un peu de cœur avec son monte-charge.
09 Estonie :
Une pseudo-Callas de l’Est qui se la joue diva dans un italien approximatif et
des vocalises prétendument lyriques pas toujours justes et déjà démodées en
1962 avec « Nur in die Wiener luft » d’Eleonore Scwharz. Pratique toutefois
pour tester la résistance de vos plats en Pyrex… Quant à la robe de dix mètres
de diamètre, on a déjà vu ça chez la moldave de 2013… Mis à part les effets de
robe et les contre-ut…
10 Bulgarie :
Un machin vaguement ethnique (ta mère) qui fait boom-boom et qui risque fort de
tomber sur un os en demi-finale… Ça fera ton sur ton avec le titre… En noir
c’est noir, il n’y a plus d’espoir… Sans chichis superflus. On chante et on
chante pas mal.
11 Macédoine :
Encore une fois, ça part de n’importe où pour n’arriver nulle part. Mais ça a
au moins le mérite d’une certaine originalité, dans le mélange des genres.
Dommage pour les costumes datés, ainsi que pour le strip-tease finissant sur un
bustier minable, mais bravo pour l’utilisation originale de la scène…
12 Croatie :
Un blues eurovisuel mâtiné de rap tout aussi eurovisuel, pas forcément
désagréable en écoute simple. Mais une couineuse à nichons sanglée dans une
robe sombre à fanfreluches, guère classe, qui se tortille autour du pied de
micro façon « j’ai la tourista » flingue les chances de la chanson
tant c’est ennuyeux…
13 Autriche :
Il chante le nez bouché, le Cesar ? C’est mou, sans ressort, manquant
cruellement de peps. En un mot, trop uniforme. De plus, il est mal fringué avec
des habits de tous les jours, couleur muraille, et est plutôt perdu sur scène…
Mais il transmet quelque chose à la caméra, et ça lui a permis de se qualifier.
14 Grèce :
Un rêve qui ne nous empêche pas de pioncer tranquillou. C’est incolore et
tellement entendu… On frôle le cauchemar, au final, avec ce ventilo à la Carola
et cette main passée au minium…Et ça tombe bien, elle s’est habillée avec ses
draps…
15 Finlande :
C’eut été parfait voici quelques années, mais ce genre de chansons a passé de
mode. Voix tantôt sucrée, tantôt sirène de paquebot en détresse. Ça laisse
plutôt indifférent. Les choristes ressemblent à des SS et une chorégraphie qui
plombe la chose… Sinon, assez bonne utilisation de la scène. Content de sa
qualification.
16 Arménie :
Sevak et sa grosse ballade mille fois entendue qui ne décolle jamais vraiment,
malgré quelques envolées genre faisan obèse… Limite ça justifie le génocide de
1915… Et encore du noir sur le rondouillard, pas à l’aise devant les caméras…
Ça lui a couté sa place en finale.
17 Suisse :
Assez inclassable, mais foncièrement inécoutable. Une contribution assez
inhabituelle et plutôt forte pour la Suisse. A marquer d’une pierre blanche.
Style cow-boy façon Madonna pas désagréable et une bonne utilisation de la
scène à laquelle ils mettent le feu. Déçu qu’ils restent en demi-finale.
18 Irlande :
Ballade irlandaise classique, trop classique, avec un Ryan qui se la coince
dans la fermeture éclair de temps à autre…Parfait en 1988, aujourd’hui… Bof… Un
« Nous les amoureux » version 2018 avec un visuel des plus explicites
et Ryan pétrifié à la guitare, dégageant une énergie de pinte de stout tiède…
Qualification surprenante, mais logique.
19 Chypre :
Une Shakira eurovisuelle avec une bouche à pipes qui veut mettre le « Fuego »
avec un truc peu digeste qui mélange trop de styles musicaux pour plaire. Un
peu comme la Renault Fuego, au final… Pour aérer son brushing, elle
l’aère ! Et elle remue son popotin faute de chanson potable. Un ersatz de
Shakira parfaitement putassier.
Je reste
assez dubitatif des bouses qualifiées et des perles recalées. On dira que
c’était la demi-finale la plus faible… Donc on va attendre avec impatience
jeudi soir…
Et
le 9 mai 1992, alors qu’à Malmö l’Irlande remportait à nouveau la timbale
eurovisuelle et débutait son impensable passe de trois, la Suède, pays
organisateur, buvait une bonne tasse de bouillon à l’avant-dernière place du
classement grâce à Christer Bjorkman et sa doucereuse chanson un peu trop molle
du genou, « I morgon är en annan dag », traduite en français sous le
titre « Demain est un autre jour »… Alors, à demain, si vous le
voulez bien !
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