mercredi 9 mai 2018

Brèves du 09 Mai 2018

Alléluia ! Alléluia mes frères, alléluia mes sœurs, alléluia mes cousins, cousines, voisins, voisines, oncles, tantes (les familiales comme les tordues)… Voici venir le temps, non pas des rires et des chants, mais voici revenu le temps béni de la rengaine, comme aurait pu le vocaliser Serge Lama, qui connaissait bien la chose pour y avoir participé en des temps immémoriaux que seuls les moins de vingt dents peuvent encore connaître…

Voici revenu le temps de la canzonetta aigre, de la mélopée sans âme et poussiéreuse aux entournures ; le temps des interprètes compassés, des gueulardes tendance dégueulis de tripes, des invertis en costard pousse-au-viol…

Voici que se présente devant nous la Semaine Sainte, the Holy Week, la Semana Sancta pour tout amateur d’antiennes démodées, d’ariettes navrantes et de flonflons rébarbatifs : voici la semaine eurovisuelle 2018 !

Eh oui, c’est comme les oreillons, la grippe aviaire, la peste porcine, ou la publication du nouveau Marc Lévy, on le redoute longtemps, on serre les dents quand ça se produit et on prie tous les saints de la chrétienté pour que ça se termine le plus vite possible…

Le Concours Eurovision 2018 est sur les rails, et l’on va eurovisionner à en perdre haleine pendant trois soirées, les deux premières servant généralement à flanquer par-dessus bord les bouses les plus inécoutables et la troisième à réécouter à s’en faire saigner les tympans les vingt-six alcoolats musicaux imbuvables en provenance de divers contrées européennes…

Autant vous dire que je me place en apnée eurovisuelle, en autisme concurrentiel, hier soir et jeudi soir, pour les deux demi-finales durant lesquelles les finalistes viendront pousser la chansonnette…

Mais pour l’instant, la première demi-finale d’hier soir a tenu ses promesses de merdes inécoutables, de bouses hallucinantes et de machins vaguement musicaux…

On a eu droit à une scène plus intimiste, pas désagréable, mais avec un quatuor de présentatrices pénibles et qu’on rêverait de réduire au silence… Quant aux commentatrices françaises, la Willem est pénible avec sa voix de femelle, tandis que Manoukian fournit le minimum syndical en enchaînant les conneries…

Pour les prestations…

01 Azerbaïdjan : Aisel revient en solo, avec de la soupe correctement servie qui se retient assez bien, mais définitivement trop calibrée pour vraiment me plaire. Pas grave, on la retrouvera de toute façon en finale… Des tenues immaculées à l’israélienne (même si la Sandie Shaw de l’année a oublié sa robe au pressing) et des plans inclinés façon Sakis Rouvas 2012… Assez étonné qu’elle reste en demi-finale…

02 Islande : Construction classique, voix dérivant parfois vers le fausset et un pré-final trop théâtral façon Norvège 2001. On s’ennuie sur la longueur, à cause d’une présentation digne des années 70 et de tenues sages, trop sages malgré des choristes mal assortis... Et une émotion pas feinte au final…

03 Albanie : C’est mou comme du Dunlopillo, et sa voix accroche comme du velcro. On a beaucoup de « Mall » à l’écouter tant c’est répétitif et gueulard. Le seul point positif, c’est qu’il chante en version originale… Planté sur la scène, il s’emmerde autant que nous… On ne s’ennuie pas une seconde, on se fait chier trois minutes… Qualification surprise, les européens aiment se faire mal ?

04 Belgique : Un agréable waterzooi façon James Bond jusqu’au refrain où elle se met à gueuler comme une frite qu’on pèle sans anesthésie… Une question de temps, en effet ! Trois minutes, c’est trop long pour elle ! Mention spéciale à sa robe abat-jour de quatre tailles trop grandes et à un joli éclairage…

05 Rép. Tchèque : Mi-parlé, mi-chanté, une proposition pas inintéressante qui m’a fait dresser l’oreille. A voir en live, toutefois, ce petit jeunot aux airs de Matt Damon et à la voix déjà bien grave. Il doit en être à trois paquets de Marlboro sans filtre par jour… Présentation tendance ado et sponsorisé par Eastpack avec ce sac à dos et le remuage de popotin durant le break musical, qui va exciter les fans…

06 Lituanie : Encore un somnifère soporifique, même pas bien ronflé par une dépressive chronique qui pointe difficilement à moins deux de tension… Une robe fade pour une prestation fade sur le pont de soupirs… Même pas la force de se tenir debout et de sortir deux notes justes. Que c’est mauvais, ennuyeux et amateur. Et c’est qui ce mec au final ? Très surprenant qu’elle passe en finale !

07 Israël : Dites, c’est ça ? C’est vraiment ÇA qu’on veut nous autobombarder comme gagnant ? On dirait Silvia Night au rayon Jouets du BHV… D’accord, c’est actuel dans la musique, mais affligeant au dernier degré et dramatiquement répétitif dans les paroles… Un jouet, quoi… Netta se la joue manga 100 % mais au final, c’est nippon ni mauvais. Une Bjork hébreue en aussi déjantée mais moins talentueuse.

08 Biélorussie : Et voila le premier somnifère soporifique à effet immédiat. Pour un suicide réussi, veillez à ne pas dépasser un quart de « Forever », sinon vous allez saloper toute votre moquette…Une rose et une écharpe blanche pour faire dandy en soldes, et une danseuse sous acide qui gigote…. Ça fait peu pour convaincre… Même s’il y insuffle un peu de cœur avec son monte-charge.

09 Estonie : Une pseudo-Callas de l’Est qui se la joue diva dans un italien approximatif et des vocalises prétendument lyriques pas toujours justes et déjà démodées en 1962 avec « Nur in die Wiener luft » d’Eleonore Scwharz. Pratique toutefois pour tester la résistance de vos plats en Pyrex… Quant à la robe de dix mètres de diamètre, on a déjà vu ça chez la moldave de 2013… Mis à part les effets de robe et les contre-ut…

10 Bulgarie : Un machin vaguement ethnique (ta mère) qui fait boom-boom et qui risque fort de tomber sur un os en demi-finale… Ça fera ton sur ton avec le titre… En noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir… Sans chichis superflus. On chante et on chante pas mal.

11 Macédoine : Encore une fois, ça part de n’importe où pour n’arriver nulle part. Mais ça a au moins le mérite d’une certaine originalité, dans le mélange des genres. Dommage pour les costumes datés, ainsi que pour le strip-tease finissant sur un bustier minable, mais bravo pour l’utilisation originale de la scène…

12 Croatie : Un blues eurovisuel mâtiné de rap tout aussi eurovisuel, pas forcément désagréable en écoute simple. Mais une couineuse à nichons sanglée dans une robe sombre à fanfreluches, guère classe, qui se tortille autour du pied de micro façon « j’ai la tourista » flingue les chances de la chanson tant c’est ennuyeux…

13 Autriche : Il chante le nez bouché, le Cesar ? C’est mou, sans ressort, manquant cruellement de peps. En un mot, trop uniforme. De plus, il est mal fringué avec des habits de tous les jours, couleur muraille, et est plutôt perdu sur scène… Mais il transmet quelque chose à la caméra, et ça lui a permis de se qualifier.

14 Grèce : Un rêve qui ne nous empêche pas de pioncer tranquillou. C’est incolore et tellement entendu… On frôle le cauchemar, au final, avec ce ventilo à la Carola et cette main passée au minium…Et ça tombe bien, elle s’est habillée avec ses draps…

15 Finlande : C’eut été parfait voici quelques années, mais ce genre de chansons a passé de mode. Voix tantôt sucrée, tantôt sirène de paquebot en détresse. Ça laisse plutôt indifférent. Les choristes ressemblent à des SS et une chorégraphie qui plombe la chose… Sinon, assez bonne utilisation de la scène. Content de sa qualification.

16 Arménie : Sevak et sa grosse ballade mille fois entendue qui ne décolle jamais vraiment, malgré quelques envolées genre faisan obèse… Limite ça justifie le génocide de 1915… Et encore du noir sur le rondouillard, pas à l’aise devant les caméras… Ça lui a couté sa place en finale.

17 Suisse : Assez inclassable, mais foncièrement inécoutable. Une contribution assez inhabituelle et plutôt forte pour la Suisse. A marquer d’une pierre blanche. Style cow-boy façon Madonna pas désagréable et une bonne utilisation de la scène à laquelle ils mettent le feu. Déçu qu’ils restent en demi-finale.

18 Irlande : Ballade irlandaise classique, trop classique, avec un Ryan qui se la coince dans la fermeture éclair de temps à autre…Parfait en 1988, aujourd’hui… Bof… Un « Nous les amoureux » version 2018 avec un visuel des plus explicites et Ryan pétrifié à la guitare, dégageant une énergie de pinte de stout tiède… Qualification surprenante, mais logique.

19 Chypre : Une Shakira eurovisuelle avec une bouche à pipes qui veut mettre le « Fuego » avec un truc peu digeste qui mélange trop de styles musicaux pour plaire. Un peu comme la Renault Fuego, au final… Pour aérer son brushing, elle l’aère ! Et elle remue son popotin faute de chanson potable. Un ersatz de Shakira parfaitement putassier.

Je reste assez dubitatif des bouses qualifiées et des perles recalées. On dira que c’était la demi-finale la plus faible… Donc on va attendre avec impatience jeudi soir…

Et le 9 mai 1992, alors qu’à Malmö l’Irlande remportait à nouveau la timbale eurovisuelle et débutait son impensable passe de trois, la Suède, pays organisateur, buvait une bonne tasse de bouillon à l’avant-dernière place du classement grâce à Christer Bjorkman et sa doucereuse chanson un peu trop molle du genou, « I morgon är en annan dag », traduite en français sous le titre « Demain est un autre jour »… Alors, à demain, si vous le voulez bien !

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