Une chose est certaine : on va frôler l’orgasme
journalistique dans les salles de rédaction dans les jours qui viennent. On
entend déjà sauter les boutons de braguettes des journalistes qui se chopent
les uns après les autres des érections mémorables d’une dureté à fendre l’émail
de la cuvette des waters, on passe la serpillière pour écluser les flaques de
bonheurs des présentatrices des chaînes d’info continue et l’on risque de
manquer de sopalin à Europe 1 tant les lâchers de purée réflexes se multiplient
depuis l’annonce de la nouvelle qui est en passe d’éclipser dans les méandres
des futilités de l’actualité les décisions catastrophiques du Connard à l’orange…
Anne-Claire Coudray va présenter les journaux du
week-end assise sur une cuvette version bain de siège à la Rika Zaraï, le bogosse
aux mèches sponsorisées par Régécolor de la Deux s’est recoiffé la moumoutte façon
« Mary à tout prix » et a demandé à être cadré en gros plan de peur
que la bosse de son pantalon ajusté ne soit trop visible à l’écran, et Nicolas
Demorand d’Inter a fellationné son micro pendant deux plombes ce matin tant il était
excité comme un Roumain au Salon International de la Caravane…
Les micro-ondes tournent à plein régime pour
décongeler les nécros patiemment élaborées qu’on avait à regret rangées au
congélo comme les rejetons de Madame Courjault voici quelques mois, les
pisseurs de copie se taillent la plume comme une vulgaire brésilienne du Bois
de Boulogne et l’on passe en sourdine une chanson des Fatals Picards, « Le
jour de la mort de Johnny »…
La
taulier est mort cette nuit…
Ça
fait tout bizarre à l’écrire, ça fait encore plus bizarre à l’entendre, et ça
fait comme des picotements dans les yeux quand on réalise…
Johnny
Hallyday est mort, puisqu’il faut bien le dire en toutes lettres, et nonobstant
le tsunami médiatique depuis l’annonce faite par celle qui tiendra désormais le
rôle de gardienne du sanctuaire, je devais vous en avertir, des fois que vous
débarquiez de Mars ou d’une exploration de la fosse des Mariannes en apnée et
en moulebite…
C’est
le genre de chose à laquelle on s’attend sinon tous les jours, à tout le moins
dans un avenir variant entre les calendres grecques et mercredi en huit, et qui
nous laisse incrédule une fois qu’elle s’est effectivement réalisée…
Qu’on
l’ait aimé ou pas, Johnny Hallyday faisait partie de notre paysage médiatique
hexagonal depuis plus de cinquante-cinq ans et qu’on soit un Smetomaniaque ou
un Hallydophobe au dernier degré, on ressent tous comme une sensation de
manque, un machin qui fait défaut…
Jojo
aura cru en la vie jusqu’au bout de son cancer, et on imagine qu’il a dû en
plaisanter, genre « Pâques au scanner, Noël au cimetière »…
Je
n’étais pas un fan de Johnny, mais j’aimais bien regarder de temps à autre un
concerts à la télé car sur scène, il déchirait sa race ! Et s’il était né
dans la rue, il renaissait en d’orgasmiques et extrêmement transpirantes
prestations scéniques…
Bon,
apparemment, les commandes de son intégrale (coffret bois, intérieur satin bleu
et poignées en cuivre Louis XV) ont fait exploser les serveurs, et les fidèles
de toutes générations ont décidés d’un cancer d’adieu à la Cathédrale de Paris,
histoire de partager une dernière bière avec leur idole des jeunes avant d’allumer
le feu pour sa crémation…
Le
papa de David, décédé ? Oh, j’en jaunis à l’idée, comme aurait dit Sylvie,
qui désormais écoutera différemment « Je t’attends », la peur au
ventre et la main crispée sur le contrat d’assurance-vie…
Outre
l’orgie médiatique et les débordements verbaux à base de superlatifs
boursouflés (Moule-à-Gaufre qui parle de la France sans jaunis comme de Paris sans
la Tour Eiffel, va falloir le passer au contrôle anti-fumette, lui…),
attendez-vous à une déferlante de compilations-hommage qui risquent de lui
faire faire des loopings dans le cercueil. J’ai déjà la tracklist d’un disque
qui risque de faire fort…
Rocco
Siffredi avec « Quoi ma gaule », Cyril Féraud et « L’idole des
vieilles », Christophe Beaugrand miaulant « Laisse les filles »,
Willy Rovelli et « Quelque chose de rétréci », Nabilla pour « Cheveux
longs et idées courtes », Samy Nacéri et « Le pénitencier », Jackie
et Michel et « Queue je t’aime », Les Chevaliers du Fiel dans « Les
chevaliers du Fiel », Frédéric Beigbeder ânonnant « Retiens la nuit »,
Omar Sy et « Noir c’est noir », un final avec la Grande Chorale des
Alzheimer de France pour « Souvenirs, souvenirs » et un bonus avec un
document exceptionnel, l’enregistrement sur babyphone par le petit Grégory de « J’ai
oublié de vivre »…
Trop
tôt, pas convenables, les vannes sur Johnny ? C’est juste pour éviter que
les vannes de nos canaux lacrymaux ne lâchent au moment où les portes du pénitencier
se sont définitivement refermées…
Et
quelle mauvaise idée de la part de Jean d’Ormesson de replier son pébroque un
jour avant l’idole des jeunes (qui d’ailleurs ne déjeunera plus) ! Lui qui
n’aimait rien tant que l’exposition médiatique, la lumière des projecteurs pour
y faire briller de mille feux le vif-argent de sa conversation étincelante et
que nombre de pseudo-intellos auraient aimé posséder fût-ce en échantillon
cadeau…
Evidemment,
on pourra ne voir en Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d’Ormesson (qui
avait des cartes de visite en format A3) que ce prolifique écrivain et maître
de l’art de la conversation, qui ne publiait jamais à compte d’auteur ni de sa
hauteur de comte.
Car
Jeannot était un authentique comte, et j’avoue que c’est d’ailleurs le seul
titre que j’ai jamais lu de lui, et un mari comblé puisque marié depuis
cinquante-cinq ans à Françoise Béghin (héritière des sucres Béghin-Say) qui
visiblement a dû fondre pour ses petites cuillères en argent…
Il
est désormais réellement immortel, même si la litanie des hommages empressés et
ampoulés s’est vite interrompue dès le milieu de la nuit… A l’instar de Cocteau
et Piaf, morts le même jour en 1963, la chanteuse ayant occulté l’écrivaine.
Les
chemisiers vont devoir brader les stocks de limaces couleur lavande et les
couloirs du Figarôôôô ne résonneront plus de ses saillies pétillantes…
En
guise d’hommage, le Sinistre de l’Education nationale souhaite instaurer une
dictée quotidienne à l’école primaire… Sur des cahiers en papier et avec des
crayons ou des stylos… Non, Kévina, non, Jason-Abdelmalik, pas sur la tablette
avec le correcteur automatique d’orthographe… Ah, ils sont beaux, les D’Ormesson
d’après-demain…
Ce
sera toujours mieux que les politocards, voire les policonnards actuels qui
dépassent les bornes des limites avec l’allégresse d’un mannequin de crash-test
sans ceinture pulvérisant le pare-brise à soixante à l’heure… On savait que la
finesse et la distinction n’était pas le fort d’Alexis Corbière (pour soutenir
Méchancon et tringler Raquel Garrido, la Chewbacca chilienne, faut pas être l’arbitre
des élégances et de la haute érudition), mais le dodu barbu remporte
haut-la-main la palme du manque de tact en récupérant la mort de Johnny pour
attaquer le Gouvernement, soulignant dans un gazouillis que sa « triste
mort » ne devait pas faire oublier le prochain mauvais coup en préparation…
Encore un qu’on reconnait au fait qu’il ose tout…
Sinon,
n’allez pas croire que le monde s’est arrêté de tourner suite à la mort de l’idole
des jaunes qui prendra une dernière bière au Père Lachaise… Le Roi de Roumanie
Michel 1er est mort à 96 ans sans affoler les gazettes hexagonales…
Par contre, la prochaine Internationale de la Caravane lui sera dédiée…
Et
parmi les autres catastrophes, Julien Clerc chante Noël… Généralement, ce sont
les dindes qu’on entend pour les fêtes de fin d’année, entre les candidates à
Miss France et les volatiles qu’on entreprend de farcir à la purée de marrons…
Mais là, c’est une chèvre qui vient massacrer le répertoire de circonstance… A
quand Gérard Lenorman chantant la chandeleur ? Ce sera certainement le
seul moyen pour lui de faire sauter quelque chose…
Et
le 6 décembre 1983 s’envolait pour d’autres cieux la Dame en bleu, née Lucienne
Boyer en 1901 et qui avait crée en 1930 l’intemporel « Parlez-moi d’amour »,
acmé de la guimauverie cucufiante pour amoureux transis. Lucienne Boyer a
partie liée avec le Grand Concours Eurovision de la Chanson, puisqu’avec le
renfort de Jacques Pills (premier monégasque eurovisuel et bon dernier en 1959),
elle donna naissance à Jacqueline Boyer, qui remporta le Grand Prix en 1960
sous les couleurs françaises. Parlez-moi d’amour ? Ah que je veux bien,
mais qu’on me donne l’envie… aurait répondu un certain Jean-Philippe…

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