jeudi 29 août 2013

Brèves du 29 Août 2013

« Ben işte böyle beklerken, yaz bitti »…

Que les frileux de la polyglottie, les allergiques des langues « konkomprend pas passe qu’elles sont pas de chez nous », les idolâtres de l’exception culturelle made in France, pays de Ribéry, Guy Lux et Nabila, rachitiques du bulbe et autres éteints de la comprenotte se rassurent ; le retour de ces brèves de presque, après les pastilles estivales qui ont parfois fait tousser (bien qu’elles ne fussent pas des dragées au poivre), ne se fera pas sous le signe de l’élite culturelle, et encore moins en langue étrangère, turque en l’occurrence…

Courageux, mais pas téméraire ! Je n’oublie pas que nous sommes le pays le plus réfractaire aux langues étrangères et que l’on lorgne vers les idiomes régionaux comme aurait fait Dalida chez son ophtalmo, avec une condescendance amusée pour ces baragouinements locaux qu’on se plait à défendre mais que l’on répugne à pratiquer. C’est donc en français que je me propose de vous entretenir des futilités de l’actualité, en vous donnant tout de même quelques explications sur la citation introductive, issue de l’inextinguible réservoir à mièvreries du Concours Eurovision de la Chanson. Originellement couinée par Aylin Vatankos, candidate turque en 1992, cette mélopée déjà démodée à l’époque a pour titre « Yaz bitti », et le vers signifie « tandis que j’attendais, l’été est fini »…

Oui, l’été est bien fini, et le temps des siestes à l’ombre des oliviers ou des jeunes filles en fleur est révolu, l’actualité reprenant ses droits avec l’incroyable barnum syrien et les atermoiements de l’ONU sur une possible intervention sur place.

Même les américains, pourtant infatigables va-t’en-guerre, hésitent à reproduire un nouveau Vietnam et le concert des nations brille par un attentisme inhabituel. Bon, évidemment, Pépère nous la joue dirigeant scandalisé et martèle que les exactions du régime syrien ne peuvent rester impunies, mais se garde bien d’envoyer les troupes sur place. Vu les moyens actuels donnés à l’armée, nos militaires auraient fière allure avec leurs lance-pierres et leurs bateaux à vapeur…

Tout cela risque bien de finir en queue de poisson, les syriens continueront à se faire gazer, mais on sait depuis Jean-Marie Le Pen que le gaz est un détail de l’histoire…

Ce qui sent le gaz aussi, c’est la réforme des retraites que notre Premier Sinistre a présenté à grands renforts de tralalas et de ministres dépêchés partout à la radio et sur les plateaux télé aux fins de porter la bonne nouvelle socialiste… Une bonne nouvelle un peu chiche aux entournures, les seules vraies mesures réelles consistant en un énième accroissement des prélèvements patronaux et salariaux et en une augmentation de la durée de cotisation à compter de 2020… A ce rythme-là, les pots de départ seront des pots d’adieu, devant une bière… au cimetière.

Autant vous dire que les syndicats, pourtant tranquilles sous un gouvernement de gauche, toussent et promettent d’ores et déjà un automne caliente à Pépère…

Et l’opération séduction de Moscovici auprès du MEDEF s’est soldée par un échec lamentable, bien que le ministre de nos sous ait affirmé sans y croire lui-même que la hausse des cotisations sociales patronales serait intégralement compensée… Bien sur, et la marmotte…

Mis à part le potentiel bourbier syrien et le merdier des retraites français, il faut gratter sec, comme après une attaque de moustiques affamés, pour dénicher quelque futilité digne d’intérêt. Soit les journaux font le bilan de l’été 2013, soit ils nous rabâchent les infos précédemment évoquées…

Et pourtant, il y a la rentrée qui s’annonce à grands pas, avec son cortège de pleurs à la première séparation, son odeur de cartable neuf, la trousse remplie de stylos et de crayons inutilisés, la distribution des cahiers et l’annonce solennelle de l’emploi du temps… Bon, ok, de nos jours, les moutards sont déchargés à la crèche dès qu’ils cessent de dégueulasser leurs couches jetables, l’odeur du cartable évoque plus le plastique made in China que la senteur veloutée du cuir du Tann’s marron, les stylos ne perdent plus d’encre et les crayons sont devenus rares, les cahiers sont de plus en plus remplacés par des tablettes ou des ordis et les emplois du temps religieusement recopiés sur le cahier de texte sont envoyés par mails… O tempora, o mores ! Peillon signe la première rentrée socialiste et affirme qu’il faut « réparer l’école »… Réparer certains profs serait toutefois plus d’actualité…

Puisque l’on parle de rentrée, il faut évoquer d’un mot la rentrée littéraire, un cas unique dans le monde, où les libraires vont se voir ensevelis sous le flot sans cesse croissants des ouvrages spécialement publiés pour l’occasion et dont une écrasante majorité se verra remisée et envoyée au pilon avant même qu’un candidat de téléréalité ait pu assimiler la table de multiplication par deux. Et l’on va tenter de nous vendre des pavés imbitables d’écrivaillons ennuyeux en les faisant passer pour les nouveaux Céline ou les Troyat du vingt-et-unième siècle, des romans qui défoncent allègrement les portails largement ouverts de la platitude littéraire, les dégueulis sur papier de pisseurs de copie qui pondent des rodomontades éculées en assurant qu’ils se sont saigné les quatre veines pour y parvenir ou des essais pseudo-philosophiques dont le seul titre donne envie de se précipiter sur l’intégrale de Pif Gadget…

Et l’on va se congratuler entre gens du même monde, à grand coups de prix littéraires dont la seule mention sur la couverture fera grimper exponentiellement le chiffre des ventes de bouquins qui finiront par caler l’armoire normande de la tante Marthe, dangereusement bancale depuis qu’un matador d’alcove en mal de sensations fortes a tenté de pratiquer sur sa conquête du moment le schuss savoyard, en string léopard, les deux pieds dans un bol et le tisonnier à la main…

Ah ! le plaisir vaguement coupable de voir un chroniqueur littéraire, ou prétendu tel, en veste laine et mohair verdâtre, chemise à carreaux et foulard de soie, disserter à deux doigts de l’orgasme dans une émanation moderne de l’archaïque « Lectures pour tous » de la RTF, sur un bouquin dont on distingue nettement à l’écran que seules les dix premières pages ont été parcourues, le reste du livre formant un pavé compact, récitant scrupuleusement la fiche rédigée par l’attachée de presse…

Vous voyez qu’on a rudement bien fait d’abandonner les bermudas à fleurs, les débardeurs flashy et les tongs, de délaisser les plages de sable fin d’où le petit dernier ramène une piqure de vive et votre ado tellement boutonneux qu’on le surnomme Bouton d’Or une chtouille carabinée à force d’avoir fait des folies de son spaghetti à moustaches dans les dunes, de remiser la serviette de bain griffée et le Piz Buin…

Pour autant, on ne remisera pas dans un placard les anniversaires du jour, fièrement exposés sur l’étagère du 29 août, puisqu’en 1962, le Général lance l’idée de l’élection du Président de la République au suffrage universel ; en 1966, les Beatles donnent leur dernier concert à San Francisco, la Beatlemania ayant atteint des sommets dangereux ; en 1982, Ingrid Bergman est emportée par le cancer le jour même de son 67ème anniversaire (tu parles d’un cadeau !) ; et en 1987, Madonna donne un grand concert au Parc des Sceaux à Paris, après une visite à Jacques Chirac et un don de 500.000 Francs à Line Renaud, non pas pour financer son énième lifting, mais pour la lutte contre le sida.

Et le 29 août 1988, Canal + décide de remplacer le JTN des Nuls par les Arènes de l’Info, parenthèse satirique dans l’émission Nulle Part Ailleurs mettant en scène des marionnettes qui dézinguent l’info. Sans transition, la chose va connaître un succès phénoménal sous le nom des Guignols de l’Info, grâce à l’iconique PPD et toute une ribambelle de personnages dont les expressions passeront dans le langage public… Ah que coucou !




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