Bref, j’ai eurovisionné…
Que chacun se rassure pour ma chancelante santé mentale et ma santé auditive tout aussi bringuebalante, j’en ai entendu d’autres, et des plus sévères, pour preuve j’ai même survécu à deux chansons d’Aya Nakamura en intégralité, sans me pilonner les tympans au tisonnier chauffé à blanc dans un bain de mercure liquide…
Non, je déconne, c’était une seule chanson, et le chirurgien ORL a eu toutes les peines du monde à récupérer mes tympans… Mais il a gagné en prime un très joli tisonnier recouvert de mercure…
J’ai eurovisionné, non pas avec des bandes VHS fripées d’antédiluviens Concours qui fleuraient bon le micro à fil, l’orchestre en live intégral et les chanteurs qui savaient chanter sans en faire des tonnes, et sans rivaliser d’esbroufe putassière, mais avec les chansonnettes de ce 69ème Concours Eurovision de la Chanson 2025, baisodrome paneuropéen qui permet, dans les coulisses, de faire un tour d’Europe de l’andouillette à moindre frais si ce n’est ceux d’une double boite de capotes renforcées et d’un bidon de cinq litres de vaseline surfine, et sur la scène de s’ébaubir de trente-sept tours de force musicaux, alliant l’inécoutable avec le gnangnan parolistique, et frôlant toujours le bon goût en prenant évidemment garde de ne jamais y accéder, ne serait-ce que partiellement…
Si vous le permettez, je vous propose un rapide tour d’horizon des trente-sept alcoolats qui se disputeront le droit de fouler la scène suisse le samedi dix-sept mai prochain.
Etant précisé que je n’ai fait qu’une écoute principalement audio (à partir des vidéoclips, autant vous dire que pour certains, on se marrera en direct intégral, rien qu’à voir les prouesses en studio), aucune vidéo ou presque en interférence.
Etant également précisé qu’on retrouve cette année encore le syndrome France Gall, avec plusieurs titres qui s’inspirent plus ou moins fortement et ouvertement des chansons suisse et croate de 2024.
Allez c’est parti !
Albanie : Shkondra Elektronike « Zjerm » : Un énième fourre-tout folklo-moderno-bidon, certes en version originale, avec l’intermède rap pour faire genre. On s’ennuie ferme, et on attend patiemment que ça se termine.
Serbie : Princ « Mila » : Une ballade classieuse et intemporelle dans la grande tradition eurovisuelle, sobrement interprétée. Plaisant à l’oreille, mais pêchant d’un certain manque d’originalité globale.
Slovénie : Klemar « How much time do we have left » : La ballade lacrymale type, assortie d’un texte déconseillé aux dépressifs chroniques. Ça manque de rythme, c’est mou du genou, et on s’enquiquine ferme, malgré la montée en puissance à la fin. Le Xanax de l’année.
Estonie : Tommy Cash « Espresso macchiato » : La chanson gag de l’année, mais fort bien foutue au demeurant, avec une agréable ambiance latino 70’s. Certes, les paroles sont réduites au strict minimum, mais ça ne se remarque guère. On pourra lui reprocher d’être un poil trop répétitive.
France : Louane « Maman » : Une jolie ballade, typiquement ce qu’on attend de la France à l’Eurovision, avec un texte émouvant, que l’interprète vit, manifestement. Espérons qu’elle saura transmettre cette émotion lors de la finale. Point négatif, les lancinants « maman » trop répétitifs. Il faudra muscler l’orchestration et revoir le final, assez déconcertant.
Malte : Miriana Conte « Serving » :La tradition maltaise d’envoyer au casse-pipe des grosses est respecté. Voici venir une pouffe vulgaire comme c’est pas permis, grasse comme un loukoum au service d’un truc minable, insupportable de bout en bout, un véritable maelström musical qui va écorcher les oreilles européennes.
Grèce : Klavdia « Asteromata » : Elle a piqué les légendaires lunettes de Nana Mouskouri, pour interpréter une mélopée grecque lancinante, mais en grec. Pas inécoutable, mais pas inoubliable pour autant.
Géorgie : Mariam Shengelia « Freedom » : Encore une ballade à voix heurtée et mal construite avec des changements de rythme douteux, qu’on a tellement entendu depuis des lustres qu’elle en devient totalement transparente.
Espagne : Melody « Esa diva » : Une énième resucée bancale du « Slo-mo » de 2022, peut-être un poil moins vulgos mais tellement moins originale que la fameuse « Diva » de 1998. Un titre guère convaincant qui risque de se viander dans le classement.
Italie : Lucio Corso « Volevo essera un duro » : Une jolie mélodie mélancolique comme les italiens savent trousser au kilomètre, avec un texte caressant. C’est plutôt bien fichu, avec des relents seventies agréables. Si l’on y rajoute les costumes glamrock de l’interprète, ça pourra plaire.
San Marino : Gabry Ponte « Tutta l’Italia » :L’ex-DJ d’Eiffel-65 nous offre un titre à la saveur euro-dance et italo-disco 80’s pas désagréable, même si le refrain est textuellement pauvre. Dommage que ce soit si répétitif à la fin.
Islande : Væb « Róa » : Du rap mâtiné de techno-dance en islandais, fallait oser ! Un duo original qui dépote avec un violon irlandais en gimmick, c’est plaisant, ça monte bien en intensité et le tout en moins de 2’40’’. Chapeau !
Croatie : Marko Bosnjak « Poison cake » : La barre était haute après le « Rim tagi dim » de Baby Lasagna, mais c’est au final un mélange original entre une musique gothique sans concession et une ritournelle enfantine que nous sert Marko. Un univers dans lequel on pénètre totalement ou qu’on évite soigneusement. Un titre « tout ou rien » osé.
Irlande : Emmy « Laika party » : Après la Bambi satanique, la Barbie galactique à la voix acidulée avec un titre disco glorifiant la chienne Laïka, partie à la conquête de l’espace en 1957. C’est gentillet et plutôt entraînant, même si les onomatopées du refrain sont lourdingues.
Lettonie : Tautumeitas « Burman laimi » : Encore un truc qui veut faire genre world music, tendance relaxation au spa. Ça hésite entre les tambours du Bronx, Enya et de la musique d’attente au téléphone. Lassant sur la durée.
Norvège : Kyle Allessandro « Lighter » : Un titre déjà mille fois entendu, et rabâché à maintes reprises par la Norvège, qui laisse une désagréable impression de redite édulcorée. Pas mauvais, mais pas original pour deux sous.
Chypre : Theo Evan « Shh » : Encore un beau gosse qui va faire mouiller les invertis, et qui crie beaucoup, avec un titre bruyant au refrain et pénible au couplet. Du recyclé, sans originalité. Alors « Shh », on se tait !
Belgique : Red Sebastian « Strobe lights » : Ambiance club speed, avec de remarquables envolées de voix dans les aigus. C’est dansant et sympa, avec une montée en puissance convaincante. Mais faudra drôlement assurer en direct !
Allemagne : Abor & Tynna « Baller » : Un titre en version originale, certes, mais à l’ambiance Oktoberfest techno assez déroutante. Mis à part cela, c’est un titre déjà tellement entendu qu’on attend sagement qu’elle ait fini de manger son bretzel pour passer à autre chose.
Monténégro : Nina Zizic « Dobrodosli » : Un retour en version originale pour le Monténégro, avec une chanteuse qui braille un truc pénible d’un bout à l’autre. Si c’est pour nous asséner un titre pareil, fallait pas vous embêter à revenir, hein…
Ukraine : Ziferblat « Bird of play » : Encore une fois, l’Ukraine exploite à fond la vague européenne d’empathie pour nous proposer un titre aux paroles dégoulinantes de bonne volonté sur un rythme rock gentillet et avec des costumes typés seventies. De toutes façons, ça se qualifiera, alors…
Suisse : Zoë Më « Voyage » : Certes, c’est en français… Mais à part ça, tout est à jeter ! Voix geignarde, texte mièvre, musique soporifique. Clairement, les helvètes ne veulent pas remettre le couvert et rincer l’Europe musicale en 2026… Objectif atteint !
Israël : Yuval Raphael « New day will rise » : Toujours et encore la même recette rance pour ratisser large : texte pétri de bonnes intentions et optimiste, en anglais, français et hébreu, musique convenue et sans surprise… Aucune originalité, aucune prise de risque, du réchauffé puissance 10 à en carboniser la casserole. Mais comme c’est Israël, ça finira dans le top 5…
Portugal : Napa « Deslocado » : Du soft rock en portugais. Pourquoi pas ? Ça peut séduire, même si ça n’est pas hyper convaincant et si ça reste au final très amateur. Le Portugal nous avait habitué à mieux.
Suède : Kaj « Bara bada bastu » : Un titre en suédois, très original malgré un vague goût de déjà entendu dans la mélodie. Mais ça change tellement des suédoiseries habituelles, calibrées et sans saveur que cette ritournelle risque fort de finir très haut dans le classement final… Et ça serait mérité !
République Tchèque : Adonxs « Kiss kiss goodbye » : Une voix de crooner au service d’un slow rock assez convenu et un peu guimauve, qui se transforme un moment en un moreau de pur cabaret, sans raison apparente. Un poil casse-gueule, mais pourquoi pas, après tout.
Royaume-Uni : Remember Monday « What the hell just happened » : Le titre typiquement anglais qui aurait immanquablement fini second dans les années 80. Mais le temps a passé et on reste circonspect devant ce numéro directement sorti d’une comédie musicale un peu ringarde. Sympa mais un peu brouillon au final.
Autriche : JJ « Wasted love » : Un clone de Nemo pour la voix, à mi-chemin entre Kimera, Thierry Mutin et David D’Or. Une voix de castadiva forcée fatigante sur la durée. Quant à l’impromptu changement de rythme à la fin, il est usant, pénible et inutile.
Danemark : Sissal « Hallucination » : Quand on est bien en chair, on évite à tout prix les justaucorps qui font ressortir vos jambonneaux sponsorisés par Olida… Une chanson plate et sans saveur, énième resucée de titres pseudo-dance, sans originalité ni classe. Et en plus, elle gueule, mais elle gueule…
Pays-Bas : Claude « C’est la vie » : Simple, original, prenant. Avec en prime un mix anglais-français joliment orchestré et bien servi par la voix de Claude, qui fait immanquablement penser à celle de Stromae. Un titre bien fichu, sans chichis, et bougrement convaincant.
Australie : Go-Jo « Milkshake man » : Un titre rythmé et original, interprété par un transfuge des Village People, et rempli de double sens et de deuxième degré. On en reprendrait volontiers, de son lait frappé…
Azerbaïdjan : Mamagama « Run with U » : Un titre étonnamment moderne pour l’AzerbaÏdjan, plutôt disco et pas désagréable, malgré l’indispensable petit ajout folklo pour faire couleur locale. Une voix sympa, avec des inflexions à la Michael Jackson.
Arménie : Parg « Survivor » : Un rythme guerrier avec une interprétation à l’avenant, malgré une voix pas toujours juste. Ça bouge bien et c’est plutôt original. Dommage que le refrain fasse trop appel aux chœurs, et la cassure de rythme est regrettable.
Lithuanie : Katarsis « Tavo akys » : Pénible dès la première seconde, avec une voix désagréable, un rythme à la fois essoufflé et insupportable. On ne s’emmerde pas une seconde, on se fait chier trois minutes…
Pologne : Justyna « Gaja » : Une revenante au Concours. Justyna chante heureusement plus juste que sur « Sama » (il aurait été difficile de faire plus faux), mais son titre est bruyant, gueulard (elle crie autant qu’en 1995) avec un mélange de genres pénibles, sans intérêt, ni queue ni tête.
Finlande : Erika Vikman « Ich komme » : La palme incontestée de la prestation vulgaire, putassière, et limite dégueulasse. La chanson est bruyante et sans grand intérêt, si ce n’est celui de meubler trois minutes de chorégraphie hypersuggestive. Débandant au possible.
Luxembourg : Laura Thorn « La poupée monte le son » : Clin d’œil évident à la « Poupée de cire, poupée de son » de 1965, et même si la chanson est un petit peu gnagna et naïve, elle a le mérite d’une certaine originalité. Mon plaisir coupable de l’année, assurément.
Au final, j’ai retenu dans mon top 10, sans faire de classement pour le moment, et donc, par ordre alphabétique : Australie, Belgique, Estonie, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg (mon plaisir coupable), Pays-Bas, San Marin, et Suède.
Pourraient être repêchés : Arménie, Azerbaïdjan, et Royaume-Uni.
Mon vainqueur ? Ma tête sur le billot que je ne vous le donnerai pas… Tout au plus un top 3, dans l’ordre alphabétique : Luxembourg, Pays-Bas, Suède.
Globalement, le cru 2025 est une édition plutôt homogène, avec quelques bouses inécoutables ni titre qui se détache réellement, à part peut-être la Suède. Pas mal de titres qui se ressemblent et qui donnent une désagréable impression d’uniformité. Peu de titres réellement innovants ou décalés cette année.
La Suède, gagnant autoproclamé des bookmakers n’a pas partie gagnée, loin de là. Quant à la France, on peut espérer un classement honorable, si l’on ne flanque pas la chanson d’une scénographie absconse, et si Louane consent à tout donner dans l’émotion, car la dame a du métier.
Réponse le dix-sept mai prochain, bien après minuit…
mercredi 16 avril 2025
Brèves du 16 Avril 2025
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