« L
'enfant qui s'élance au-devant de l'avenir
« A
le soleil dans les yeux
« Sans
savoir pourtant qu'une page se déchire
« Quand
l'enfance dit adieu… »
Le
livre de notre enfance se referme définitivement lorsque la dernière page en
est enlevée, et que plus aucun souvenir tangible n’est là pour vous replonger
avec des délices non dissimulés au sein de nos tendres années, baignées de
tartine beurrées saupoudrées de Benco, de Visiteurs du Mercredi sur le Philips
625 lignes couleur du salon, et d’effluves d’orange au sucre…
« L’adieu
à l’enfance », outre le titre de cette mélancolique chanson que Colette
Deréal chantait en 1972 et qui faisait partie des chansons soumises au comité
de sélection interne de l’ORTF pour le Grand Prix Eurovision de la Chanson, était
le générique d’une série télévisée bien oubliée, « Le manège de Port
Barcarès ».
Et
le manège de nos souvenirs tourna tel une centrifugeuse survitaminée ces jours
derniers, nous obligeant à des adieux à l’enfance parfois aussi inattendus qu’impromptus
et blessants…
Le
Père Bon Dieu doit aimer la bonne musique, puisqu’il ne rappelle ces temps
derniers que des musicos qui touchaient leur bille question partition… Après
Mark Hollis (eh oui, c’est décidément « such a shame ») et André
Prévin, c’est au tour du chanteur de Prodigy de replier son pébroque à
quarante-neuf ans. Autant dire qu’André Rieu, Richard Clayderman et Pascal
Obispo risquent de finir centenaire si la bouillie musicale de leurs créations
ne les rend pas complétement dingues d’ici-là…
Une
page de déchirée encore sur l’album de notre enfance et de notre adolescence
avec le départ de Med Hondo. Son nom ne vous dira certainement rien, mais cet
acteur spécialisé dans le doublage était notamment la voix française d’Eddie
Murphy, le flic de Beverly Hills, qui du coup a le sifflet coupé…
Et
on arrache encore une page, avec la mort, des suites de son AVC de Luke Perry,
à seulement 52 ans. On a perdu Dylan ! Ce n’est pas le cri du cœur d’une
smicarde picarde à cheveux gras qui frisent dans le dos au Lidl de la banlieue
de Bouzilhon-les-Tartinettes, en s’apercevant qu’elle a paumé son cadet, la
morve au nez et le paquet de gâteaux fourrés à la main, entre le rayon sodas et
la banque des plats cuisinés surgelés. C’est le sanglot d’une génération qui
voit s’éteindre un de ses phares.
On
a perdu Dylan Mc Kay ! Le fantasme prépubère des jeunes filles qui
couinaient comme une vieille porte aux gonds mal graissés dès qu’il s’encadrait
dans le petit écran cathodique, l’exemple ultime de la coolitude pour les
garçons qui essayaient tous de se coiffer comme lui mais ressemblaient au mieux
à des plats accidentés de spaghettis trop huilés…
On
a perdu Luke Perry ! Célèbre pour son rôle de Dylan Mc Kay, et pour pas grand-chose
d’autre depuis 1993, il était une figure familière pour les générations des
années 90, comme le furent Coluche dans les années 70, Raymond Souplex dans les
années 60, et Line Renaud depuis les années 80… Mille huit cent quatre-vingt, entendons-nous
bien…
Evidemment,
on en a fait des tonnes suite à son décès brutal, mais n’en auriez-vous pas
fait autant lorsque vous apprîtes le départ définitif de Ploom la chenille ?
Et
on déchire une page supplémentaire avec la mort de Katherine Helmond, 89 ans,
qui incarna l’inoubliable Mona Robinson dans la sitcom « Madame est servie »,
autre pierre angulaire des eighties. Avouez, on a tous rêvé un jour d’avoir une
grand-mère comme elle, hein ?
Sinon,
le reste de l’actualité est d’une platitude comparable à la poitrine de Jane
Birkin… Pas le moindre attentat sanglant revendiqué par les enturbanés, pas un
seul accident de la route spectaculaire, pas de révélations croustillantes sur
les soirées privées de Benalla chez le Président…
Tout
juste arrivera-t-on à repêcher de ce bouillon fadasse la libération
conditionnelle au Japon de l’ex-patron de Renault, Carlos Ghosn, qui pourra
continuer à faire ses Ghosneries à l’air libre. Oui, je sais, c’est nippon ni
mauvais, mais que voulez-vous, j’arrive à pied de la Chine, alors…
Eux,
ils risquent d’en chier des ronds de chapeaux, si la demande onusienne se
confirme. Alors que certaines situations dans le monde nécessiteraient que l’organisation
mondiale tape du poing sur la table, l’ONU va diligenter une enquête sur un
prétendu « usage excessif de la force » contre les Gilets Jaunes…
Dites, on est venu leur chercher des poux dans la moumoutte, aux chinetocs sur
la Place Tienanmen ; on leur a demandé des comptes, aux russkofs lors de
leur nettoyage par le vide tchétchène ?
Pour
le moment, la France a plus la tête tournée vers le Maghreb, et plus
particulièrement l’Algérie, où le Président Bouteflika vient d’annoncer, depuis
sa résidence d’hiver à Genève, sa candidature à un cinquième mandat
présidentiel. Il faut dire que son fauteuil roulant est en plaine forme, on lui
a rechapé les pneus à l’automne… Soyons au rendez-vous de l’histoire ! L’Algérie
vit un moment de la plus haute impotence…
N’empêche
que cela donne moults remords à Bernadette Chirac… Si elle habitait Alger, son
mari en serait à son cinquième mandat…
Et
cela donne des idées à notre Président en couches-culottes (à cause de son
jeune âge, pas à cause de la merguez de Benalla…), qui tente par tous les
moyens de grapiller à nouveau quelques points de satisfaction sondagière. Maintenant
qu’il a obtenu les ralliements de Juppé et de Raffarin, Manu fait du neuf avec
des vieux…
Et
le 6 mars 1956, la Régie Nationale Renault présente la Dauphine, jolie petite
voiture adepte du tout-à-l’arrière, qui avait néanmoins le défaut de tirer tout
droit dans les virages…
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