« Je vous ai apporté des bonbons
« Parce que les fleurs c'est périssable
« Puis les bonbons c'est tellement bon
« Bien que les fleurs soient plus
présentables… »
Tu parles, Jacques !
Ça se voit que la Camarde t’a emporté pour d’autres
croisières de l’autre côté des Marquises depuis plusieurs lustres et quelques
candélabres. Tu ne connais pas le goût des bonbons modernes, habile mélange de
colorants artificiels, d’arômes chimiques de synthèse et de sucre génétiquement
modifié… Tu ne connais pas l’odeur insipide de ces bonbecs actuels, le goût
insapide de ces sucreries décevantes…
Et les fleurs, m’sieur l’abbé Brel ! Les
fleurs ! Avez-vous encore souvenance des fières roses qui dardaient leurs
épines dans le jardin de tante Marthe, et vous laissaient des estafilades
rougeâtres si vous veniez batifoler trop près de leur massif ? Vous
ressouvenez-vous des fiers zinnias, des capiteux lys qui embaumaient jusqu’à la
nausée le jardin, des majestueux glaïeuls qui trônaient majestueusement sur la
table Henri II de la salle à manger dans un vase en cristal ciselé ?
Faites-en une photo mentale, et classez-là
précieusement dans le dossier des jolies choses disparues… De nos jours, foin
des bouquets champêtres, fi des compositions classiques ! On veut du
déstructuré, du furieusement moderne, que ça hurle le hors-norme comme une
chansons de Zaz en 78-tours, que ça schlingue le hipster comme un dessous de
bras de rugbyman après la troisième mi-temps !
Amusez-vous comme vous le fîtes hier pour la
Saint-Valentin afin de vous pointer à la maison avec des fleurs pour que votre
partenaire, à défaut de vase, écarte les jambes, à vous enquérir de faire
l’emplette d’un bouquet banal, tout simple, classique à en faire chialer
Cristina Magnifaïque Cordula.
Vous aurez plus vite fait de trouver le programme
perdu des promesses oubliées de Saint-Honoré des vieux Choux-Fleurs ! Et
ce serait mieux ainsi, en tous cas pour l’intégrité de votre patrimoine
financier.
Vu le prix des fleurs, il vous est apparu évident que
pour le fleuriste, le symbole de l’amour n’est pas la colombe, mais le pigeon…
Et vu les tarifs du moindre collier en pacotille
véritable qui fait aussi toc que les faux seins de Pamela Anderson, vous auriez
mieux fait d’enfiler des nouilles en collier comme vous l’apprîtes naguère…
Et quand je parle d’enfiler des nouilles en collier,
je ne parle pas de votre chère et tendre emperlouzée autour du cou…
Et quand le grand Jacques préférait ramener des
bonbecs à la pouffiasse qu’il comptait traire sous une porte cochère, c’est
certainement parce qu’il avait eu un aperçu des tarifs des menus constellés de
cœurs rougeâtres et de roucoulades mièvres à en perdre un œil… Flinguer un
demi-SMIC pour un menu à peine amélioré avec quinze euros de supplément parce
qu’on aura flanqué des cœurs roses sur le steak-frites, trucider son PEL pour
s’offrir un kir royal préparé au mousseux tiède et à la crème de cassis rance,
s’arracher un rein pour prétendre à une coupette de champagne tiédasse… Toute
la magie du 14-février !
Tout ça pour finir par tenter le simulacre de la
reproduction sous la couette Casimir à deux plombes du mat’, avec les voisins
qui ronchonnent à cause des bruits de sommier et bobonne qui se plaint du
champagne. Le moment idéal pour lui proposer de l’aspirine en suppositoire…
Et si en plus, vous découvrez au cours de la soirée
que Madame ou Monsieur a une fâcheuse tendance à aller dérouler du câble
ailleurs que dans votre slip… Autant vous dire que vous risquez fort de vous la
mettre derrière l’oreille aux fins de vous la fumer un peu plus tard…
Rassurez-vous !
Si vous vous êtes gaufrés hier soir à cause d’une braguette récalcitrante, d’une
alcoolémie qui ferait rougir d’envie celle de Bukowski à Apostrophes, de
coquette récalcitrante parce que récurer du four à lasagnes de vieille rombière
défraîchie qui ferait passer la trisaïeule de Dalida pour une rosière à peine
déniaisée, ça va un moment…
Rassurez-vous !
Vous pouvez toujours vous rattraper à l’oral, vu qu’aujourd’hui nous fêtons la
Saint Claude…
Pour
le reste, je crains qu’hélas il n’y ait rien de récupérable dans cette
actualité désespérante de nouvelles anxiogènes, de scoops inquiétants et d’infos
décourageantes…
Entre
les gilets jaunes dont les têtes pensantes (cherchez le pléonasme) prennent
leur procès comme leur canonisation et vont même jusqu’à assurer que des
paramilitaires vont renverser le pouvoir en place (et sinon, l’invasion par des
tritons cornus venant de la planète Moulkabozyeux, on essaie de la caler entre
le 12 juillet et le 8 octobre ?)…
Entre
les révélations sans cesse renouvelées sur Benalla, qui pour passer ainsi au
travers des gouttes a décidément un dossier maousse sur les petits travers du Président
(genre le costume de Mickey, les bas résille et les cent-vingt-cinq grammes de
gruyère râpé), mais qui assure qu’il n’enfoncera personne. En effet, il en a
déjà enfoncé un, et on voit où ça l’a mené jusqu’à présent…
Entre
Benalla qui au gré des interviews se remplit les fouilles après s’être vidé les
couilles et Juppé qui balance sa larmiche en quittant la Mairie de Bordeaux et
ses légendaires cannelés… Faut dire que c’est nettement meilleur que les flans
du Conseil Constitutionnel…
Entre
les actes antisémites qui se multiplient et qui donnent une insupportable odeur
de vert-de-gris, de chambre-à-gaz et d’années 30 à cette fin de décennie, et
des choix contestés et parfois contestables concernant les artistes qui iront
au casse-pipe (et parfois au fume-pipe) à l’Eurovision…
Le
jamborée annuel de la canzonetta paneuropéenne démodée, putassière ou
outrageusement racoleuse (et parfois même les trois à la fois) aura lieu en Israël,
un pays pas toujours réputé pour sa largeur d’esprit question galipettes dans
le slip entre représentants du même sexe. Et on va y envoyer une merguez du
bled à perruque peroxydée hexagonale, un italo-egyptien qui ne crache pas sur les
cannelonni à la crème… On chercherait le désagrément qu’on ne ferait pas autrement…
Et
dans le même temps, le Melodifestivalen suédois propose comme entracte une pastiche
des gagnants israéliens du Concours, avec Sarah Dawn Finner incarnant une Netta
à peine moins grosse mais nettement plus raffinée (y a pas grand effort à
faire) et Éric Saade le « Popular » suédois de 2011 qui tortille du
cul en justaucorps moulebite intégral en Dana International qui chanterait
juste (enfin, moins faux)…
D’accord,
nous, on a un Roi de la pédale… Sauf que c’est pas du second degré…
Et
le 15 février 1950 a lieu aux Etats-Unis la première de « Cendrillon »,
un des classiques de Walt Disney. On aurait tant besoin de le revoir, histoire
de retrouver un peu de cette candeur cucul, de cette spontanéité fraîche et de
cette ingénuité primesautière qui manque si cruellement à notre époque délétère…
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