mardi 22 janvier 2019

Brèves du 19 janvier 2019

Bis repetita placent, mais pas cette fois-ci ! Je suis resté bien au chaud lové sur mon canapé, mon calepin sur mes genoux, avide de suivre la seconde demi-finale de Destination Eurovision 2019, qu’on nous annonçait comme la plus faiblarde des deux, mais qui, à mon humble avis, s’est révélée comme la meilleure.

La meilleure, si l’exclut évidemment la poule jaune qui est venue pondre son œuf vainqueur en 2018 en entrée de programme, histoire de s’en débarrasser. C’est toujours aussi mauvais en live, et avec en prime un costume de Petit Chaperon Jaune, c’est encore plus ridicule. Avouez que sans la chorégraphie et la mise en scène eurovisuelle, ça ne ressemble plus à grand chose…

La meilleure, si l’on exclut aussi cet incident lors de la présentation des artistes, façon Concours 1964 avec la banderole « Non à l’Eurovision en Israël ». Faudra-t-il le répéter en espéranto, en ouzbèque médiéval, en moldo-slovaque septentrional, pour qu’enfin on arrive à intégrer que l’Eurovision n’a que faire de la politique ?

Le meilleur, si l’on exclut le trio de plantes vertes faisant office de jurés consultatifs, qui n’ont eu de cesse de pousser leurs petits favoris, et se sont mangés au final une rouste. Et tant qu’on y est, faudra sérieusement penser à dire à Manoukian d’arrêter de se droguer, parce que ce mec qui apparemment est une pointure dans le monde musical réalise la performance de trouver du charme à la plus inécoutable des bouses…

Et des bouses, on en a encore entendu quelques unes ce soir…

1 – « On cherche encore » Gabriella : La Canadienne à Paris a eu la malchance de passer en premier et malgré les commentaires laudatifs du trio de plantes vertes, les votes sont clairs et nets. Le mix classique-pop n’a pas convaincu, pas plus que la salopette jaune et les deux musiciens cachés qu’on fait apparaître trop tard. La mise en scène était assez sympa (on rentabilise le cube géant de la semaine dernière), le refrain plutôt efficace mais Gabriella chante pas toujours juste. On cherche encore des qualités à la chanson…

2 – « La voix d’Aretha » The Divaz : Sans vouloir faire de mauvais esprit ou de jeux de mots à deux balles, cette vague réincarnation des Rounder Girls (Autriche 2000) a envoyé du lourd, avec leurs costumes de Petit Chaperon Rouge d’opérette. Un trio de poids pour un titre plutôt convaincant, rythmé, sans être d’une modernité fracassante, et flanqué de paroles faiblardes. Au moins étaient-elles pro, et chantaient juste. Aretha a-t-elle fait des loopings dans sa tombe ? Je ne crois pas.

3 – « Ce qui me blesse » Ugo : Voici venir un sous-Amir édulcoré avec sa tronche d’ado puceau-Biactol attardé avec 2 de tension, une vraie tête à claque. Comment il se la pète, ce p’tit con ! En plus, il gigote sans sens sur scène, tout au long d’une chanson d’ado affligeante qui part de n’importe où pour arriver nulle part. Ce qui me blesse, c’est la fausseté de ton chant !

4 – « Por aqui » Tracy de Sá : Une rappeuse aseptisée pour un titre répétitif, flanqué de tous les clichés 80’s. Aucune puissance vocale, c’est trop linéaire, ça ne décolle pas et l’on s’aperçoit que s’il est fort laborieux de rapper en français, c’est encore plus poussif en espagnol. Por aqui, par ici la sortie !

5 – « La promesse » Emmanuel Moire : La grosse vedette, toutes proportions gardées, de la soirée propose une jolie ballade léchée, un peu mollassonne, avec une certaine montée en puissance et un texte symbolique qui colle à l’interprète. L’une des prestations les plus pro malgré une fin un peu cafouilleuse, avec des clins d’œil eurovisuels : le début dans la caisse façon Farid Mammadov (Azerbaïdjan 2013) et le déshabillage calqué sur la chanson gagnante de 2002. Qualification méritée, et logique.

6 – « Ma petite famille » Noémie : Avec ses faux airs de Vanessa Demouy, Noémie a proposé un titre rythmé et entraînant, simple et convaincant qui se retient facilement. C’était très sympatoche et pas prise de tête avec des paroles plutôt originales, malgré une robe façon torchon de madras. La dernière place est fort injuste, il y avait plus mauvais…

7 – « Tous les deux » Seemone : Une Adèle à la française pour une ballade nostalgique, sans chichis, toute simple avec un piano-voix convaincant et un texte poignant qui nous emmène illico dans son univers. Dommage qu’elle ait fait un petit canard et répété autant de fois « papa », ce qui cassait un peu la montée d’émotion. Quoi qu’il en soit, avec sa robe sobre, Seemone m’a flanqué le poils et quasiment mis les larmes aux yeux. Une révélation ? Possible ? En tous cas, pour une première fois, chapeau ! Et en voiture Seemone !

8 – « Sois un bon fils » Doutson : Une soupe moyenne et moraliste, remplie de bons sentiments filiaux, avec un interprète sympa et son mini-lui, une bonne idée. Un titre festif, qui rappelle « Allez ola olé » (France 2010), passe-partout mais bien présenté. Symatoche, mais guère bandant au final. Un titre qui ravira toutes les mères juives…

9 – « Madame la Paix » PhilipElise : Voici venir un Claudio Capéo au féminin, un Zaz toilettée qui interprète sans conviction un titre de troisième mi-temps pour féria de seconde zone. La mise en scène est sympa, mais pourquoi faut-il qu’elle s’excite ainsi au refrain ? Ça casse tout, et la répétition infinie des « s’en est allée » achève de flinguer le morceau. Au moins le texte ne nous flanquera pas la migraine…

Que dire des votes ? Je reste étonné de l’engouement des jurés internationaux pour le puceau-Biactol, mais venant de Christer Björkman, ça n’est guère étonnant… Pas d’étonnement par contre face au carton plein de Seemone, qui est la révélation de la soirée. Et Emmanuel Moire peut remercier les téléspectateurs de lui éviter l’humiliation de rester en demi-finale…

Nul doute que samedi prochain, Josiane Saucisse aura fort à faire s’il veut partir se ridiculiser à Tel-Aviv. Puissent les téléspectateurs entendre le message des jurés internationaux face à la sobriété de « Tous les deux »…

Au final, la voix d’Aretha et moi faisons tous les deux la promesse que tu sois un bon fils… 

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