vendredi 18 janvier 2019

Brèves du 18 Janvier 2019

Messieurs qu’on nomme grands,
Je vous fais une lettre,
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps…

Messieurs qu’on nomme grands, que je vous la fasse ou non, cette fichue bafouille, elle atterrira dans le meilleur des cas au panier, ou si le destin la fait surnager, elle sera traitée par l’armada de vos cabinets respectifs, plus ou moins noirs, et j’aurais en retour le joli hochet creux d’un courrier standardisé m’indiquant la bonne réception de mon honorée du tant et que tout sera mis en œuvre pour y répondre dans les meilleurs délais.

Messieurs qu’on nomme grands, ne me croyez pas irrespectueux ou antirépublicain, ou Dieu s’imagine quoi encore par-dessus le marché…

Messieurs qu’on nomme grands, je ne suis qu’un français moyen parmi tant d’autres, coincés entre la France d’en-bas qui irrite, qui dérange mais qui représente de toutes les façons un réservoir de voix non négligeable, et la France d’en-haut, la France de l’élite, la France des privilégiés qui pètent dans la soie, rotent du Mumm millésimé et se désolent du temps qui passent sur des cadrans de Rolex en becquetant du caviar hors de prix…

Messieurs qu’on nomme grands, je n’aime pas qu’on s’en prenne à la République, et je suis, en bon coq gaulois, le premier à sortir mes ergots quand on la sulfate à la Kalach’ ou qu’on envoie des citoyens ad patres au terme d’un bowling camionnesque.

Messieurs qu’on nomme grands, en tant que bon coq gaulois, je suis aussi le premier à chanter avec les deux pieds solidement enfoncés dans la merde, et mon chant n’est que plus renforcé lorsque je suis déçu par vous…

Messieurs qu’on nomme grands, vous me décevez. De la gauche à la droite, d’une extrême à l’autre en passant par les rigolos de services qui à force de danser le tango entre deux formations finiront par avoir définitivement le cul entre deux chaises.

Messieurs qu’on nomme grands, vous vous prenez pour l’émanation suprême de la crème de l’ambroisie hexagonale, l’odeur du pouvoir, recherché ou obtenu, vous grise à un point tel que vous vous bouchez le nez de dégoût lorsqu’il vous arrive de croiser un « sans dents », un péqueneau, un mec qui n’est pas de votre bord.

Messieurs qu’on nomme grands, vous n’êtes que des produits d’une administration servile et couchée, fabriquant des serviteurs de l’Etat comme une usine fabrique des poulets pour la rôtissoire, vous n’êtes que des pions interchangeables que le tsunami de la prochaine élection renversera et engloutira dans l’anonymat de l’Histoire.

Messieurs qu’on nomme grands, vous vous voyez Pompée (et vous l’êtes parfois sous les ors de la République par des escaladeuses de braguette qui ne se content pas d’être payées en liquide), César ou Alexandre le Grand ; vous n’êtes souvent que jocrisses, tartuffes hâbleurs et guignols gesticulant pour masquer votre incompétence.

Messieurs qu’on nomme grands, cessez de jouer la grande scène de l’acte II dès qu’on semble atteindre à votre illustre grandeur et d’appeler à prendre les armes dès qu’une mouette vous médaille le revers de votre costard à deux mille boules.

Messieurs qu’on nomme grands, vous promettez à longueur de campagne électorale clarté, franc-parler et respect des valeurs démocratiques pour reprendre, en les empirant, les pires tambouilles gouvernementales pour faire passer des lois qui picotent sous les bras en les faisant voter à deux heures du matin, devant un hémicycle quasiment vide et trente-cinq dépités somnambule.

Messieurs qu’on nomme grands, vous n’avez donc de cesse que d’avilir chaque jour un peu plus la fonction politique en donnant raison à vos détracteurs farouches et fidèles qui ululent à longueur de réseau social que vous ne seriez au mieux que fieffés empaffés voire carrément des eunuques diplômés avec palme et fourragère.

Messieurs qu’on nomme grands, osez descendre de votre tour d’ivoire ouatée pour venir à la découverte d’une population que vous n’avez nulle envie de connaître puisqu’elle a l’outrecuidance excommunicative d’oser ne pas partager vos visions abracadabrantesques et immanquablement faussée sur la société de demain.

Messieurs qu’on nomme grands, tâchez au minimum de ne pas faire de la société d’aujourd’hui un ratage complet, pareil aux films de Dany Boon, aux bouquins de Houellebecq, aux conférences de BHL et aux disques de Louane ; sachez nous redonner l’espoir que vous avez enfin compris que la politique de papa, à la papa, et pour papa, c’était cuit, fini, fané, foutu, kaputt, cramé…

Messieurs qu’on nomme grands, prenez garde à ne pas vous pensez d’intouchables Statues du Commandeur, inamoviblement indéboulonnables car la mécanique des urnes est impeccablement huilée pour vous renvoyer au néant électoral que vous peupliez il y a encore peu ; ne poussez pas trop mémé dans les hortensias, papi dans les orties, et Tante Marthe dans la fosse à purin ; ne poussez pas trop au fond des choses l’olisbos de vos prétendues réformes indispensables ; ne gavez pas démesurément les oies blanches de votre audience… Vous risquiez de vous prendre un retour de manivelle qui risque fort de vous péter le poignet, les dents, et accessoirement les réservoirs à ADN…

Messieurs qu’on nomme grands, veillez à ce que le Grand Débat qu’a inauguré en grande pompe (ce qui ne veut pas dire qu’il portait de grandes chaussures, ni qu’il venait de se faire voluptueusement envoyer sur Vénus par les aspirations buccales saccadées d’une escaladeuse de braguette) notre Jupiter élyséen en discourant près de sept d’heures d’affilée (ce qui le met au niveau d’un Kim Jong-Un d’opérette, voire d’un Castro pour pédales) ne devienne pas un Grand Enfumage…

Messieurs qu’on nomme grands, je crains que malgré toutes les précautions que vous prenez pour inaugurer votre statut d’évadés fiscaux finissant aux Îles Caïman en partageant un cocktail avec les Balkany, pour mégoter sur les très substantielles indemnisations versées par l’Etat, et pour dissimuler toutes les parties fines, carrées et de jambes en l’air que votre once de prétendu pouvoir vous confère dans l’esprit et dans le slip, le Grand Débat ne se transforme rapidement en Grand Déballage.

Messieurs qu’on nomme grands, Alexandre Benalla, que vous avez impunément laissé agir à sa guise avec tous ses nouveaux joujoux, a été placé en garde à vue, notamment pour avoir omis de restituer ses quatre passeports diplomatiques. Sans que personne ne s’en émeuve pendant plusieurs mois. Vérifiez tout de même qu’il n’ait pas barboté les codes atomiques et qu’il n’ait pas pensé à les rendre… Ça, et les photos compromettantes qui pourraient faire grand bruit si elles venaient à être imprudemment publiées dans les torche-cul du lundi…

Messieurs qu’on nomme grands, rappelez-vous bien que si haut que l’on soit assis, ça n’est jamais que sur son derrière…

Et rappelez-vous, Messieurs qu’on nomme grands, que le 18 janvier 1919, s’ouvrait à Paris la Conférence de la Paix, qui allait durer jusqu’en août 1920, une conférence internationale, organisée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale afin de négocier les traités de paix entre les Alliés et les vaincus, et qui aboutirait à la signature de plusieurs traités, notamment celui de Versailles. C’était encore l’époque où des mecs en redingote réglaient le sort du monde, et pas encore celle des Gilets Jaunes…

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