Le Roi est mort, vive la Reine !
Inclinez-vous, chers sujets eurofans, devant le
nouveau monarque eurovisuel hexagonal, qu’on n’aura de cesse d’encenser jusqu’en
mai prochain, et qui retombera dans un oubli abyssal dès l’annonce des
résultats qui feront boire une bonne tasse de bouillon aux espoirs eurovisuels hexagonaux…
Nous pensions envoyer au casse-pipe israélien
du 18 mai une reine de l’émotion ; nous enverrons une reine de la pédale,
à côté de laquelle Zaza Napoli ferait office de déménageur est-allemand…
Et avec notre Josiane Saucisse nationale, une
chanson fade, niaiseuse et qui se fondra dans l’immense chaudron de l’insipidité
européenne en se mangeant un jolie taule dans le classement…
Une finale plutôt bien réalisée, des
interprétations honnêtes, des votes avec ce qu’il fallait de suspense… Pour un
résultat qui ravira un certain public franco-français et qui déçoit le plus
grand nombre…
La chose est claire, les français ont sacré un
personnage plutôt qu’une chanson, sans penser qu’ils ne pourront soutenir leur
mascotte en votant au mois de mai…
Une dernière fois, faisons une revue de détail
des huit candidats, qui ont pu depuis samedi minuit retourner dans un anonymat
que certains n’auraient jamais dû quitter…
1 – « Là-haut » Chimène Badi :
Faut dire ce qui est, il faut avoir du courage pour se présenter à des
éliminatoires eurovisuels quand on a derrière soi la carrière de Chimène Badi.
Encore faut-il y aller avec un titre potable… Et « Là-haut » n’est
pas le pire qu’on ait entendu… C’est de la bonne soupe qui a fait mouiller les
fans de la dame, avec sa robe qui flanque sa laiterie en première ligne, mais
qui a plutôt séduit les jurys internationaux. La dame a du métier et ça
s’entend. Et heureusement qu’elle a modifié sa mise en scène, c’était plus que
bienvenu…
2 – « Allez leur dire » Silvan Areg : Un rap eurovisuel
aux faux accents faubouriens et titi parisien… C’est entraînant et pas prise de
tête même si c’est pas d’une justesse absolue. Et ça se retient plutôt bien. Silvan
était plus assuré sur scène, plus chic et ses paysages étaient plus colorés.
Allez leur dire que ça, c’était pas mal du tout, dis donc !
3 – « La voix d’Aretha » The Divaz : Sans
vouloir faire de mauvais esprit ou de jeux de mots à deux balles, cette vague
réincarnation des Rounder Girls (Autriche 2000) a envoyé du lourd, avec leurs
costumes de Petit Chaperon Rouge d’opérette. Un trio de poids pour un titre
plutôt convaincant, rythmé, sans être d’une modernité fracassante, et flanqué
de paroles faiblardes. Au moins étaient-elles pro, et chantaient juste. Aretha
a-t-elle fait des loopings dans sa tombe ? Je ne crois pas, mais avec les
tenues fort mal choisies, les faisant ressembler à de gigantesques meringues,
elles ont flingué leur capital sympathie…
4 – « La promesse » Emmanuel Moire : La grosse
vedette, toutes proportions gardées, de la soirée propose une jolie ballade
léchée, un peu mollassonne, avec une certaine montée en puissance et un texte
symbolique qui colle à l’interprète. L’une des prestations les plus pro malgré
une fin un peu cafouilleuse avec nombre de canards bien sentis, et avec des
clins d’œil eurovisuels : le début dans la caisse façon Farid Mammadov
(Azerbaïdjan 2013) et le déshabillage calqué sur la chanson gagnante de 2002. Un
classement médiocre qui ne l’aidera nullement à revenir dans les hit-parades…
5 – « Sois un bon fils » Doutson : Une soupe
moyenne et moraliste, remplie de bons sentiments filiaux, avec un interprète
sympa et son mini-lui, une bonne idée. Un titre festif, qui rappelle
« Allez ola olé » (France 2010), passe-partout mais bien présenté.
Symatoche, mais guère bandant au final. Et qui fait hélas pâle figure en finale.
Un titre qui ravira toutes les mères juives… Mais qui a laissé les jurys de
marbre
6 – « Tous les deux » Seemone : Une Adèle à
la française pour une ballade nostalgique, sans chichis, toute simple avec un
piano-voix convaincant et un texte poignant qui nous emmène illico dans son
univers. Dommage qu’elle ait fait un petit canard et répété autant de fois
« papa », ce qui cassait un peu la montée d’émotion. Quoi qu’il en
soit, avec sa robe sobre, Seemone m’a flanqué le poils et quasiment mis les
larmes aux yeux. Une révélation ? Possible ? En tous cas, pour une
première fois, chapeau ! Et en voiture Seemone !
7 – « Roi » Bilal Hassani : Une Josiane
Saucisse hexagonale qu’on veut nous vendre comme la meilleure proposition
française pour l’Eurovision… Désolé mais je n’adhère pas du tout à ce machin
musical passe-partout à l’originalité toute relative, cet incessant mix
français-anglais, ces costumes pseudo-futuristes et cette voix pas toujours
juste… Fermez les yeux et on croirait entendre un « Mercy » en moins
bon… C’est normal puisque c’est du Madame Monsieur… Si ça part à Tel-Aviv,
préparez-vous à un gadin catégorie « Twin-Twin »… L’Europe s’en
contrecogne des chansons soi-disant à message, et risque de rester de marbre même
si la mise en scène était plus épurée, et malgré ces vidéos perso putassières…
8 – « Comme une grande » Aysat : Un rap
ethnique ? Une sorte de maelstrom musical avec des paroles torrentielles,
un peu grivoises et pas toujours compréhensibles débitées par une Aysat pas
forcément à la hauteur qui ne maîtrise pas toujours sa puissance vocale…
Heureusement que la chorégraphie est plutôt efficace… Encore trois minutes
pénibles dont on est ravi qu’elles prennent fin…
Tout comme on fut ravi que cette sélection se
termine… A quoi servait de faire trois soirées si l’on connaissait dès le
départ le vainqueur ?
Bilal ne mérite pas ce déchainement de haine
homophobe, même si son côté folle hystérique en défrise plus d’un et horripile
une bonne partie. Il faut tout simplement lui souhaiter bonne chance, parce qu’un
pédé marocain en Israël…
Rassurons-nous, on n’aura pas à se poser la
question d’un déplacement à Paris pour l’Eurovision 2020, vu l’accueil plus que
frais des divers fans européens…
Bilal-Conchita Sani est sans conteste le « Roi »…
Oui, mais le Roi de quoi ? Réponse le 18 mai 2019 après minuit…
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