jeudi 23 juin 2022

Brèves du 23 Juin 2022

 Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Ce cri strident qui ferait passer les vocalises suraiguës de Duncan Laurence qui vient de se la faire mordre à pleines dents par Aminimir sur le plateau de Destination Eurovision 2021 pour une vulgaire sonnette d’alarme fatiguée, c’est un cri de guerre.

 

Un cri de guerre qui retentit comme autant d’antivols au passage du portique de sécurité plusieurs fois l’an. Un cri de guerre qui marque indubitablement le début d’une période faste au commerce de détail et aux banques qui facturent les agios au prix de la tonne de caviar sevruga : les soldes d’été.

 

Et j’ai l’envie quasi-irrépressible, un peu comme quand on voit les seins de Claire Chazal en une de Paris Match et qu’on sprinte vitesse grand V, accélération gamma petit p plus petit q, se ramoner les boyaux dans le caniveau tant le spectacle est insoutenable et pousserait à la conversion à l’homosexualité avec Houellebecq ; j’ai l’envie irrépressible de jouer à l’ethnologue, de parodier Claude Rika-Lewis-Chopin, ou Levi’s-Strauss, je ne sais plus, de singer l’immortel Christian Zuber et sa caméra au poing, et de vous emmener à la découverte d’une communauté méconnue bien que largement répandue : les amateurs des soldes.

 

Pas besoin de vous accoutrer d’un bermuda façon Tintin au Congo, d’un bitos des temps bénis de la Coloniale et de pataugas qui ont dû écraser plus de merdes que Marc Lévy et Katherine Pancol ont pu en écrire dans toute leur carrière. Nul besoin de vous exiler incontinent dans quelque contrée perdue, hostile et généralement peuplée de peuplades aux noms fleurant bon les récits de la Semaine de Suzette et les albums-photo souvenir de la Cochinchine… Les amateurs de soldes crèchent partout : à Paris (un vrai nid), à Londres, à San Feliu de Guixols, à Sainte Ménéhoulde de Moncu-sur-Lacommode, sur votre palier (juste la porte en face) ou encore dans le gourbi du coin de la Rue des Onanistes En Rut…

 

Les amateurs de soldes aiment à se faire appeler selon les humeurs du moment et leurs envies versatiles : fashionistas, hystériques du falbalas, folles tordues de la réduction de la mort qui tue, idolâtres au dernier degré des grandes brésiliennes qui roucoulent du « Ma chéééérie, magnifaïque » à tout bout de champ devant une cagole sur-maquillée et saucissonnée en prêt-à-porter mal coupé, ou encore adulateurs acidulés des tafioles de concours qui prétendent, en une heure d’émission, relooker un boudin mongoloïde attifé de leggins léopard rose et d’un top à dentelle mordoré fluo en un top-model d’un mètre quatre-vingt et caréné comme un Riva de compétition.

 

Généralement griffés de la racine des cheveux patiemment permanentés chez les sœurs Carita, les madones des cuirs chevelus friqués jusqu’au bout renforcé de leur paire de Burlington grand siècle, les amateurs de soldes s’en vont courir le pavé des centres-villes et des centres commerciaux de grande banlieue dès potron-minet le jour d’ouverture des soldes. Pas question de louper, ne serait-ce que de quelques infimes nanosecondes, l’ouverture plus matutinale qu’à l’habitude des Galeries Farfouillette et de ne pouvoir se mettre sur les arêtes, moyennant un double smic, ce splendide ensemble en chintz d’ottoman moiré couleur diarrhée de nourrisson asthmatique avec ce drapé bouffant qui retombe en smocks sur la passementerie en jabot à clochettes !

 

Peu importe de savoir s’ils devront se contenter de pâtes à l’eau tiède pour le restant de l’année, tant à cause de la carte bleue qui a viré cramoisi écarlate que des rondeurs qui obligent au recours d’un chausse-pieds et d’un bidon de vaseline pour enfiler le dit-ensemble susmentionné ! Ils le veulent, et ils l’auront !

 

Peu leur chaut que l’article convoité coûte l’équivalent du PIB bisannuel des Iles Vanuatu, qu’il ne soit plus disponible qu’en taille 36 alors qu’on n’arrive qu’avec de grands efforts et des apnées prolongées à s’enquiller dans du 44 rectifié, ou qu’il soit miraculeusement réchappé de la collection Dormeuil Pépère 1957. Il est EN SOLDES !

 

Et c’est justement ce qui le rend si désirable à leurs yeux de presses-bites ou d’astigmates, ce qui fait qu’il le leur faut, absolument, décidément, définitivement !

 

Qu’importe que le commerçant ait multiplié le prix par deux pour offrir royalement quarante pour cent de remise ! L’article est soldé !

 

Et à la vue de l’étiquette portant fièrement le rabais tant convoité, s’envole le cri tant attendu : « Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!! Des soldes ! »

 

Non content de bourrer comme une vulgaire starlette de porno hongroise en face d’une horde de Rocco-Siffredis priapiques son dressing croulant sous les inratables bonnes affaires des soldes précédents qui finiront dans trois ans bouffés aux mites malgré les quarante boules de naphtaline et la douzaine de plaquettes Vapona, l’amateur de soldes moyen s’exprime devant les micros compatissants des médias contraint de combler le vide médiatique post-législatives. Hélas…

 

Ce n’est ni du Voltaire, ni du Verlaine (qui avait le rein beau et la gâchette chatouilleuse), non. A peine du Barbelivien, voire du sous-Obispo en manque d’inspiration (pléonasme) et le plus souvent c’est d’un niveau inférieur à la moyenne des meilleurs textes de Kendji Girac, la Gitane sans filtre. C’est vous dire qu’on racle les fonds ultimes de la Fosse des Mariannes au risque de découvrir des textes eurovisuels… C’est plutôt une collection de cris de guerre, d’incantations bellicistes et de gargouillis belliqueux qui arriverait presque à vous faire faire dans le froc, y compris en cas de constipation opiniâtre…

 

Du très classique « J’en-veux-un-poussez-vous-je-l’ai-vu-la-première-j’étais-avant-vous ! » au venimeux « C’est-le-mien-dégage-tes-pattes-de-là-pétasse-ou-j’te-pète-les-seins », le vocabulaire de l’amateur de soldes peut se faire presque intelligible, le plus souvent par pure inadvertance, et vous pourrez, au gré de vos pérégrinations au long des rayons transformés en remake de Raqqa ou de Beyrouth, saisir à loisir des « M’enfin Kévina, tu vas pas acheter un tee-shirt qui te cache les seins ! », des « Vous êtes sûr que ça va donner ? Assurément, le polychlorure de vinyle imitation similicuir façon moleskine donne toujours d’un à deux millimètres en moyenne après dix-huit kilomètres de marché forcée », des « J’les prends tous les quatre, tu comprends, c’est pas que j’en aie besoin, mais à mille boules l’unité, ça emmerde Charles-Hugues » ou des « Tu trouves pas que ça me boudine un peu ? Nan, mais tu pourras postuler avec succès chez Olida ».

 

Les soldes, période où l’on se rend compte que soit la taille 42 n’est plus ce qu’elle était, et votre armoire rétrécit effectivement tous vos vêtements subrepticement la nuit venue ; soit vous êtes amenés à caresser le commencement de l’idée qu’éventuellement vous auriez pris quelques dizaines de grammes et qu’un régime devrait peut-être mis en place dans un avenir aussi proche que la ligne d’horizon… Les quarante-huit spots pour « Comme j’aime », avec Benjamin Castaldi reconverti en blondasse péroxydée en recherche de cerveau usagé, le tout en une heure de programme télévisé devrait vous pousser à y être acculé…

 

Les soldes, où ces dames, demoiselles, messieurs, demi-vierges folles, échaudées de la carte bleue, folles tordues hystériques du falbalas se pâment devant les rabais en faisant montre d’une excitation au moins aussi élevée que celle d’un roumain au Salon International de la Caravane…

 

C’est qu’on en oublierait presque les futilités de notre actualité quotidiennement routinière, nullement en soldes et même en surnombre…

 

D’ailleurs, comment oublier les résultats des élections législatives, tant on nous en rebat les oreilles depuis dimanche soir avec un enthousiasme aussi feint que dans une production au rabais de gang-bang interprété par des actrices moldo-slovaques à peine moins refaites que Madonna…

 

Selon les tendances partisanes, on parlera avec gourmandise de mandale mémorable pour Macron, de naufrage électoral de la majorité présidentielle ou de simple avarie de navigation au sujet de la simple majorité relative remportée au sortir des urnes, façon « tout le monde a gagné », honteusement pompé sur l’Ecole des Fans. Autant vous dire que Raticha la snipeuse s’en est donné à cœur joie, au péril de son injection de Botow quotidienne…

 

Manu s’en tamponne visiblement le coquillard, puisqu’il a maintenu Elisabeth Mille-Borne, et son ton de répondeur téléphonique, à Matignon et n’envisage pas de remaniement gouvernemental à bref délai. Lui, depuis qu’il a rencontré Zelensky et son gros missile à tête chercheuse enfoui dans le moulebite, il est sur un petit nuage… J’en veux pour preuve les photos où notre Président susurre à son homologue ukrainien des mots doux à l’oreille, genre « viens me démonter le corridor à cakes au chocolat, Brigitte est d’accord ». C’est Justin Trudeau qui doit faire la gueule…

 

Pas de jeu des chaises musicales au Gouvernement, donc, malgré les défaites enregistrées par plusieurs ministres, notamment la Ministre de la Santé, Elisabeth Bourguignon, qui n’a pas fait un effet bœuf dans les urnes.

 

Ce qui est curieux, c’est le triomphalisme tout modéré de Monsieur « La République c’est moi », qui a levé le siège de Matignon, pris un billet pour Varennes et a visiblement revu ses ambitions à la baisse… Oh qu’on l’a senti tout ronchon, Mélenchon, dans ses interventions télévisées ! La déferlante qu’il annonçait sur l’Assemblée se résume à une vaguelette et sa proposition de groupe unitaire a été élégamment refusée par ses futurs-ex-alliés… Roussel devait sortir le chien, Jadot avait aqua-poney dans une piscine d’eau filtrée à l’algue et autorisant le burkini, et Faure s’était mis aux abonnés absents…

 

D’ici à prédire une explosion en vol de la NUPES dans les prochaines semaines…

 

Autre explosion, mais de joie, cette fois-ci, à l’autre extrême, avec Marine Le Pen qui exulte de pouvoir constituer un groupe parlementaire conséquent, mais sans aucun maroquin à l’horizon… Et encore une mandature à se faire entretenir par les deniers publics…

 

Parmi les nouveaux élus, on remarquera l’élection de Rachel Kéké, femme de chambre, dont les anciens messages gazouillés sur les réseaux sociaux voici quelques années ressortent fort opportunément. Passe encore sur ses messages de soutien à Marine Le Pen, les membres de La France Insoumise n’en sont plus à une contradiction près ; mais ses messages de soutien sans équivoque à Bachar El-Hassad font nettement plus tousser… On verra si la quinte lui est fatale ou pas…

 

Depuis avant-hier, c’est le bal des faux-culs à l’Elysée où le Président reçoit les chefs de partis afin de s’assurer une majorité afin d’éviter un blocage institutionnel. Après Christian Jacob, qui s’est drapé dans sa dignité chancelante en refusant toute velléité de collaboration (des fois qu’il prendrait une décision intelligente…), c’était ensuite au tour de l’imbuvable rouquemoute de LFI, toujours nimbé de sa suffisance mal à propos, de se faire reluire la toison rouquine dans le sens du poil de son balai de chiottes lui servant de coiffure…

 

Quant au Cave de Pau, il est venu hier sur France Inter répandre la bonne parole et sa politique du cul entre deux chaises, toujours prêt aux plus basses compromissions pour glaner un hochet gouvernemental… A défaut de poste ministériel, François Bayrou peut toujours se reconvertir dans les énergies renouvelables et les éoliennes, tant il continue inlassablement à brasser de l’air, enfumant comme à son habitude Léa Salamé et Nicolas Demorand, démoralisés de tant de langue de bois…

 

Elle aussi, elle reprend son ancien job de ventilateur verbal après sa déculottée mémorable dans les urnes présidentielles… Notre chère Anne Hidalgo a rouvert tout grand son inextinguible robinet à conneries pour saluer d’un « quelle claque ! » moqueur les résultats décevants de la majorité présidentielle… C’est vrai que, venant d’une candidate ayant réussi la prouesse de ne pas dépasser les 2 % de votes à la présidentielle, c’est d’un bon goût terminal et d’un à-propos exquis…

 

Et le 23 juin 1959 disparaît Boris Vian, à l’âge de 39 ans… Ce n’est pas un nénuphar dans la poitrine qui l’a emporté, pas plus qu’une explosion de son pianocktail dû aux soliloques de Jean-Sol Partre… Mais une bête crise cardiaque, le terrasse alors qu'il assistait à la première de « J'irai cracher sur vos tombes ». Triste ironie du sort, ce touche-à-tout de génie s'est effondré quelques minutes après le début de cette adaptation cinématographique de son roman qu'il ne cautionnait pas. Et qui n’était pas en soldes…

 


 

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