« Le monde tourne mal
« Y a quelque chose de bancal
« Dans son tempo
« Le monde tourne mal
« Dans la grande sono mondiale
« Ça sonne faux… »
Nos amis belges sont parfois visionnaires… Oui, je sais,
cette affirmation a de quoi surprendre quand on compulse la discographie
d’Annie Cordy, les chorégraphies de Plastic Bertrand ou l’entière filmographie
de Chantal Akerman. Et vous serez encore plus ébaubis lorsque vous saurez que
ladite affirmation se réfère à une chanteuse belge flamande…
Triple peine, à l’instar de la gueuse triple, me direz-vous…
Chanteuse, femme et flamande… Rappelez-vous un instant le charmant portrait
brossé par Jacques Brel et vous irez incontinent quémander une leçon de sodomie
au gravier à Steevy…
Axelle Red avait pourtant raison lorsqu’elle vocalisait à
côté de sa sangsue alitée (cherchez l’astuce) que le monde tournait mal…
Tout va à vau-l’eau et je m’en suis convaincu pas plus tard
qu’il n’y a pas longtemps, feuillettent d’un doigt distrait dans une salle
d’attente un de ces torche-cul du lundi qui fait flaquer les mémères à fibrome
devant les scoops éventés du mariage en blanc d’une ex-starlette de téléréalité
(en clair le matin, enfoncée le soir)…
Le monde tourne mal, et Bertrand Tavernier ne tournera plus.
Le cinéaste a donné son dernier tour de manivelle à l’âge de 79 ans, laissant
derrière lui une œuvre éclectique et exigeante qui avait été honorée de divers
prix, rehaussée par une collaboration assidue avec Philippe Noiret. L’horloger
de Saint-Paul ne sera pas à l’heure pour que la fête commence…
Le monde tourne mal, puisque même nos ministres chopent la
Covid-19. Après Elisabeth Borne, surnommée la Michelin de la RN7, c’est au tour
de Roselyne Bachelot d’être hospitalisée, et placée sous oxygénation renforcée.
Pour une ministre qui ne manque pas d’air, c’est un comble…
Le monde tourne mal, puisque Manuel Valls nous fait son
énième comeback, à l’occasion d’un publi-reportage dans Paris Match. Le Chorizo
caractériel revient en France la queue entre les jambes (preuve que la
tradition tauromachique n’est pas toujours aussi cruelle qu’on veut bien le
dire), et aligne les banalités, affirmant que sa femme l’a sauvé de la
dépression… Manu, déprimé ? Il avait dû visionner l’un de ses discours…
Le monde tourne mal, et même si la nouvelle a été fêtée
comme il se doit dans les maisons de retraite avec une double ration de tapioca
au sucre et un deuxième comprimé de Polident pour tous les résidents, faut-il
se réjouir de l’éternel retour de Michel Drucker le dimanche après-midi ?
Evidemment, on ne peut que se réjouir que l’inoxydable animateur
se soit relevé de sa lourde opération cardiaque ; mais devoir à nouveau se
farcir ses émissions en forme de faille spatio-temporelle où l’on retrouve sans
cesse le même microcosme de has-been parisianistes qui répond aux mêmes
questions de l’animateur en évitant les mêmes crottes de clébard, assombrit les
après-midi dominicales… C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures
soupes, mais le bouillon commence à virer à l’aigre…
Le monde tourne mal, et les premières candidatures révélées
pour la Présidentielle 2022 ne sont pas à même de soulever un enthousiasme
débordant… Outre les sempiternelles plantes vertes qui vont faire de la
figuration en gesticulant pour faire marrer le staff de BFMTV, Mélenchon va
nous refaire son sketch de l’irascible ludion insurgé qui ne fait même plus
sourire Christophe Barbier et Marine Le Pen dépoussière son argumentaire
immuable à bases de généralités éculées et d’immigration à réguler ; voilà
que Xavier Bertrand dévoile ses intentions nationales…
Xavier Bertrand… Un vague clone de Raymond Barre question
physique et suffisance, avec autant de charisme qu’un calamar agonisant… Mis à
part les bourgeoises cinquantenaires du seizième à jupe plissé bleu-marine et
perlouzes autour du col Claudine amidonné, qui voulez-vous que ça fasse
bander ? Si l’on rajoute dans la course à l’échalote élyséenne un vague
survivant socialiste, l’inamovible Benoît Hamon, le nouveau Griveaux de la
gauche tant il aime les branlées électorales, une poignée d’écologistes pour
verdir la chose et Jean Lassalle pour avoir le degré alcoolique voulu, on se
prépare un nouveau quinquennat macronesque…
A moins que le Grand Doudou ne sorte du bois… Edouard Philippe
cultive un silence radio des plus étudiés, suscitant le désir en entretenant sa
barbe de dalmatien amateur de bifles à l’eau de Javel… Les français aiment bien
les grands échalas à l’Elysée, à l’image de Mongénéral et du mangeur de pommes…
Le monde tourne mal, y compris dans le microcosme
eurovisuel. Si l’on est dans l’expectative la plus totale sur la forme que
prendra le Concours Eurovision prévu en mai à Rotterdam, les favoris actuels
des bookmakers du pandémonium annuel de la canzonetta paneuropéenne pas fraîche
laissent présager un podium francophone, puisqu’ils prédisent la victoire de
Malte (avec un titre français chanté à 99% en anglais), suivi par la Suisse (un
copié-collé sirupeux du gagnant de 2019 sponsorisé par la Sécurité Routière) et
la France (une décalque désuète d’une chanson réaliste déjà démodée en 1965).
Entre la grosse, la folle et la Betty Mars 2.0 (toujours
entre les feux de paille survitaminés qui portent aux nues de la quintessence
eurovisuelle le « Voilà » hexagonal, et les mauvais coucheurs qui
vouent aux Gémonies avec un billet de logement les paroles cuculapralinesques
et la musiquette d’ascenseur qui rappelle de manière quasi-subliminale le
« Padam Padam » de la môme Piaf), faites vos jeux !
Le monde tourne mal, puisque le dernier candidat monégasque
masculin s’est envolé vers d’autres cieux. Jean Baudlot, qui fut en 1979 ce
dernier monégasque eurovisuel sous le pseudonyme de Laurent Vaguener, est
décédé à l’âge de 74 ans. Son titre du Concours, fort peu convaincant il faut
l’avouer, s’intitulait « Notre vie c’est la musique ». Quand on voit
ce que la musique est devenue, on comprend qu’il ait choisir de mourir…
Le monde tourne mal, mais il pourrait mieux girouetter
bientôt. Il ne vous sera pas indifférent d’apprendre que l’imbitable Vianney,
le Pape des chansons gourdiflotes à souhait, avec ses airs d’ado effaré et ses
poses niaiseuses, qui se tortille façon turista foudroyante et water occupé en
miaulant une demi-merde qui fait bander toute la profession et les pucelles
prépubères, pourrait très bientôt, et de manière définitive, mettre fin à sa
carrière de chanteur… Que le Dieu de la bonne musique l’entende…
Et le 30 mars 1950, le Journal de Tintin débute la
publication d’« Objectif Lune », le seizième album de bande dessinée des
aventures de Tintin, prépublié en deux parties jusqu’au 30 décembre 1953 sous
le titre unique de « On a marché sur la Lune ». On dirait presque une
promesse de la mère Beaugrand en goguette dans le Marais…
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