Afin de terminer la semaine en beauté, avec ce tact, cette délicatesse, cette distinction, cette onction extrême qui caractérise habituellement ces lignes d’une tenue hautement intellectuelle à faire pâlir d’envie les publications littéraires les plus velues, je voudrais souhaiter avec un peu plus de vingt-quatre heures de retard une bonne fête à toutes les morues, toutes les gueules de baudroie, toutes les faces de mérous, profils de limande, culs de baleines et faciès de poulpes, bref, tout qui fleure bon les embruns, l’iode, la marée basse, le vasier et la culotte pas fraîche…
Eh oui, le
premier avril, c’est la fête du poisson !
Et en
prévision du prochain premier avril, outre ces vœux à toutes les formes de
poiscaille que le vedettariat peut recéler, de l’élocution de poissonnière de
Nadine Morano à la face de bâtonnet Findus mal décongelé de Sheila en passant
par la grâce de poulpe agonisant de Régine, je tiens à adresser un
avertissement, afin d’éviter certains menus désagréments qui pourraient m’amener
à vous adresser quelques remontrances allant de la torgnole à vous dévisser la
terrine jusqu’au sulfatage à la Kalachnikov :
Chers amis
lecteurs, estimées connaissances qui me faites l’honneur de me lire, voire
parfaits inconnus qui êtes tombés par hasard sur cette chronique pour tromper
l’ennui de deux heures d’attente chez le gastro-entérologue (ce qui fait
toujours chier), merci de ne pas m’accrocher de poisson dans le dos en ce
premier jour d’avril, j’ai déjà une raie au derrière depuis toujours…
Par pitié,
ne vous creusez pas l’esprit, si tant est que vous soyez doté d’une masse
cervicale suffisamment potable pour produire des idées ou même des pensées,
pour tenter de pondre un canular aussi navrant que les lamentables saillies
d’un Philippe Castelli cacochyme, le débris le plus célèbre de la radio
moderne.
Gardez-nous
de vos vains efforts pour imaginer une blagounette rigolote qui fera marrer
M’amselle Arlette de la compta du troisième, avec l’espoir secret de l’emmener
danser au Balajo samedi soir après avoir dégusté un raffiné hot-dog moutarde et
un cornet de frites et qui sait ensuite, lui jouer un solo de trombone à
coulisse en minou majeur et béchamel sourdine…
Privez-vous
de nous gratifier de vos sempiternels canulars au moins aussi éculés qu’un
garçon-coiffeur en chaleur dans la backroom d’un sauna qui empeste le patchouli
et le cul en chou-fleur, parce qu’on en a par-dessus la cafetière de votre café
salé, de votre coussin péteur parfait dans l’imitation d’un discours de
Christine Boutin et de votre verre baveur, copie conforme en moins humide de Jean-Marie
Le Pen…
Déjà que
nous devons nous tartiner les poissons d’avril faisandés des média qui ne
peuvent se décoller de la pandémie de Covid-19, fût-ce pour annoncer le décès
de Patrick Juvet, la moins virile des chanteuses suisses des années 70,,
inutile d’en rajouter une couche qui ne pourra qu’être trop qu’épaisse, à
l’instar du fond de teint de Tante Marthe qui se transformait en
attrape-mouches géant les jours de mistral…
Le plus prévisible en 2022 sera évidemment l’annonce de la démission du tambourineur de couscoussières hors d’âge à costumé à trois mille boules et slip en béton armé pour prévenir les gaules incontrôlées en cas de vision de vieille peau décatie ou de jeune premier ministre canadien chaud de la feuille d’érable… Même avec moins quarante pour cent de satisfaits, Manu ne déquillera pas de l’Elysée, s’y accrochant comme une moule au rocher et tentera évidemment d’en refaire un tour en 2022.
Eurovisuellement
parlant, voici près de quarante-cinq ans que nous ne sommes plus « champions
du monde » et l’on aimerait croire que Barbara Pravi, le porte-drapeau
francophone qui fait baver toutes les hystériques tordues de la chose
falbalatesque eurovisuelle, brisera la domination de Marie Myriam. Elle grimpe
dans les sondages, la cocotte, comme les vipères de broussailles dans les
calbuts des fans écoutant sa rengaine piafesque qui évoque irrévocablement « Padam,
padam ». Bon, alors, « voila », c’est fingers in the nose pour
une nouvelle gamelle… Dès qu’on est favoris, on se ramasse immanquablement… Et
quand on est outsider aussi, remarquez…
Allez, pour débuter sereinement ce week-end pascal et le énième confinement avec ses règles aussi touffues et confuses que le meilleur jeu de Guy Lux, je vais visionner « L’Arnaque » ce soir… Ce film avec Robert Redford et Paul Newman a obtenu l’Oscar du meilleur film lors de la cérémonie, le 2 avril 1974… Un film dont on se souvient surtout pour sa bande originale, le fameux ragtime « The entertainer » de Scott Joplin… « L’Arnaque »… Non, je ne me refais pas le programme de campagne de Macron…
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