"Ça ira mieux demain"... Il n'est de tunnel si
long qu'on ne puisse en voir le bout, un jour ou l'autre... Les beaux jours
reviendront ! Carpe diem, étoussa…
Il faut avoir décidément avoir l’optimisme chevillé au corps
avec des tire-fonds de 48 pour ne pas sombrer dans une déprime coronaviruesque
de première pression…
Les nouvelles ne sont pas bonnes, d’où qu’elles viennent, et
les jours, les semaines qui s’annoncent ne tintent pas d’une félicité sans
nuages…
Confinement jour 3, et je suis encore dans une sorte d’éther
molletonné dans lequel les infos qui me parviennent pêle-mêle depuis les médias,
les réseaux sociaux et ce qu’il nous reste de relation sociale (notre téléphone
portable) tintinnabulent mollement à la porte de ma raison engluée de sommeil
en retard et d’incrédulité.
Confinement jour 3, et une envie de télétravailler aussi
prégnante que l’irréfragable besoin de repeindre en moucheté caca d’oie les
tinettes du restaurant où vous venez de vous bâfrer une double plâtrée de chili
con carne sur-épicé au-delà de la plus élémentaire raison…
Confinement jour 3, et la bizarre sensation d’une surdité
soudaine face aux bruits de la ville qui ne sont quasiment plus présents…
Confinement jour 3, avec ces rayons de supermarchés vides, à
la mode soviétique des années brejneviennes, comme si nos compatriotes, qui
râlaient d’une manière éhontée de ne pouvoir joindre les deux bouts à compter
du quinze du mois semblaient sans exception avoir tous gagné le gros lot pour
stocker des montagnes de papier hygiénique que leurs arrière-petits-enfants
finiront sans doute aux alentours immédiats de septembre 2055…
Confinement jour 3, avec dans la gorge cet arrière-goût de
vasier en plein été face à l’avenir immédiat… La situation est totalement
inédite et l’on ne peut se rattacher à aucun vécu pour y punaiser une quelconque
référence… On ne sait pas du tout où l’on va, mais on y va…
Confinement jour 3, avec le goût saumâtre que le pire est
encore à venir, tant en France qu’à l’étranger, avec la quotidienne litanie des
nouveaux cas et des décès…
Confinement jour 3, et l’on se prend à jouer aux fléchettes
sur une cible en forme de pangolin, la cause de tous nos emmerdements actuels…
Confinement jour 3, et les recommandations gouvernementales
dont certains croient pouvoir s’affranchir avec la bête assurance qu’ils ne
risquent rien, eux, parce qu’ils sont plus malins que le Binouzovirus. On en
recausera quand vous serez en attente d’un lit ou d’une place en réanimation
dans des hôpitaux surchargés…
Confinement jour 3, avec la radio comme fond musical…
Parfait pour se tirer une balle dans la tête tant les grilles ont été remodelées
et font parfois passer Radio Londres pour un summum de la déconnade hilarante…
Confinement jour 3, et les prières avec des cierges pascaux
allumés devant toutes les icônes, crucifix ou reliques possibles pour qu’aucun
membre de la parentèle ne décède actuellement… Ne pas pouvoir l’ accompagner en
son dernier voyage est un crève-cœur que je ne me hasarde même pas à souhaiter
au pire de mes ennemis…
Confinement jour 3, avec l’annonce hier de l’annulation du
Concours Eurovision de la Chanson 2020, pour d’évidentes raisons de sécurité et
de santé… De l’avis général, le niveau des chansons était médiocre (enfin,
encore pire qu’à l’accoutumée, c’est dire) et l’UER n’a pas encore décidé si
les titres retenus seraient autorisés à concourir l’année prochaine…
Confinement jour 3, avec l’annonce du décès de la doyenne
des comédiennes françaises, la pétillante Suzy Delair, 102 ans aux tra-la-la
faubouriens, qui restera dans les mémoires comme l’une des protagonistes du
mythique « Quai des Orfèvres », et aussi l’irascible Germaine Pivert
de « Aventures de Rabbi Jacob ».
Confinement jour 3, et la dernière nouveauté de la tête de
beauf du Ministère de l’Intérieur, l’attestation de déplacement… Non mais
sérieusement… Déjà que le détournement des lois et règlements est un sport
national dans l’Hexagone, vous voyez la petite mamie remplir son attestation
pour aller faire pisser Mirza au coin de la rue, ou s’en aller faire l’emplette
de sa pitance quotidienne ? … Ou l’art de promulguer des trucs qui ne
seront pas respectés scrupuleusement…
Confinement jour 3, avec quelques infos réconfortantes, dans
le tas, comme cette annonce, a priori crédible, d’une possibilité éventuelle
d’un traitement contre cette saloperie de virus. Les pistes semblent
encourageantes, même s’il faudra patienter de trop longues semaines avant une
mise en place officielle…
Confinement jour 3, et l’assurance que vous allez, dès la
situation normale rétablie, vous inscrire au programme Comme j’aime pour cause
de kilos accumulés à grignoter pour tromper votre ennui… Le Président nous a
encouragé à lire, un conseil hallucinant et qui trahit trop nettement que les
générations actuelles, au pays de Molière, Balzac et Lulli, sont tous des
enfants de Marc Levy, Guy Lux et Jul…
Confinement jour 3, et les choses vont bien, normalement
bien… On a épilé le chat avec le tisonnier, on s’est ébaubi de constater qu’à
poids égal, un paquet de riz contient tantôt 7.989 grains, tantôt 7.962 grains,
on a crucifié les gosses qui vous demandaient quatre-vingt-dix fois par heure
dès mardi midi et quart si ça allait durer longtemps, l’herbe dans le jardin
recouvre heureusement le corps de mémé, et vous pouvez légitimement prétendre
au titre de spectateur le plus assidu de Netflix…
Confinement jour 3, et vous avez déjà éclusé l’intégrale de
Friends, de Santa Barbara, d’Amour, Gloire et Beauté, en attendant de faire une
razzia, au péril de votre poignet, dans les catalogues de Pornhub et de
Jackie-et-Michel, ouvert à tous. Un moyen comme un autre d’écluser les stocks
de PQ…
Confinement jour 3, avec l’angoissante incertitude de
l’avenir des travailleurs indépendants et des professions libérales, sans
revenus pour un bon moment. Et ce n’est pas les indécisions imprécises de nos
politocards (on suspend les charges et loyers mais seulement pour les
entreprises en difficulté sur dépôt d’un dossier en quadruple exemplaire et de
soixante-huit pièces introuvables à envoyer par mail sur une adresse qui ne
répond pas dans un site qui beugue, on reporte des cotisations qui seront à lisser
sur le reste de l’année, et à payer avec l’argent qu’on n’a pas, on reste dans
le flous pour les robes noires qui viennent de se coltiner deux mois de grève
pour se fader le Coronavirus, ou comment tomber de Charybde en Scylla avec une
déconcertante facilité)…
Confinement jour 3, avec l’absolue nécessité que l’Etat
mette urgemment et significativement la main à la poche pour aider la
population à traverser le gué dangereusement mouvant de la crise sanitaire. On
était au bord du gouffre, et l’on est en train de faire un grand pas en avant…
Confinement jour 3, avec pourtant une flammèche qui vacille
dans les tréfonds de nos âmes… La flammèche ténue d’un espoir indélébile en des
lendemains meilleurs, forcément meilleurs…
Confinement jour 3, avec l’impérieuse nécessité de vous
coller dans les esgourdes cette antienne poussiéreuse mais qui vous viendra, je
l’espère, en aide : « ça ira mieux demain, ça ira mieux
demain »… Rien que pour ça, il faudrait nationaliser Annie Cordy !
Et le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un
cessez-le-feu qui met fin à huit ans de
guerre en Algérie. La veille, le gouvernement français a cédé au
gouvernement provisoire de la république algérienne ses pouvoirs sur l'Algérie
et le Sahara. Un double référendum viedra bientôt conforter cette décision. Le
8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à plus de 90% le choix du
général de Gaulle. Eh oui, ça ira mieux demain…
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