mercredi 25 mars 2020

Brèves du 25 Mars 2020

Tu veux ou tu veux pas ? Thé ou café ? Beatles ou Stones ? Caleçon ou moulebite ? Voile ou vapeur ? Les Concons à Cancun ou les Andouilles de la Téléréalité ? Wagner ou Obispo ? Vaseline ou gravier ? Levrette ou missionnaire ? Sucette à cancer ou e-cigarette ? Incapables de gauche ou incompétents de droite ? Confinement à géométrie variable, ou confinement à durée indéterminée ?

Ô incertitude ! Ô dilemme cornélien à l’heure du choix ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette indécision, et ne vais-je hésiter dans l’exigu boudoir, que pour voir en un jour flétrir tant de promesses ?

Tant de promesses balancées à la va-vite par le Président de la République au soir de son allocution dite Marthe Richard (celle qui fermait les maisons, lui qui nous enferme dans les maisons), aux contours suffisamment vagues pour permettre à Kersauson de naviguer dessus et aux éditorialistes de tout poil et de tout bord (voire de bâbord) de broder comme une dentellière du Puy…

Tant de promesses balancées en vitesse (comme quand Castaner vient lui recrépir la tronche entre deux expulsions de migrants), avec la belle enveloppe de la générosité étatique mais au final la consistance d’un flan démoulé dans un réfrigérateur en panne…

A en croire Manu, la Veuve Qui Clot, l’Etat paiera. L’Etat paiera les loyers les factures d’électricité, les cotisations, tout ! C’est à la limite si on ne vous offrait pas un bon d’achat chez Jackie et Michel, le site des onanistes pas dégoutés, sponsorisés par Sopalin…

L’Etat est là, l’Etat assume, l’Etat fera tout… Eh ! Attends un moment, Mister Président !

Je ne voudrais pas faire montre d’un monarchisme à tout crin qui ferait verdir de rage Stéphane Bern, le seul corgi de la Reine d’Angleterre qui ne remue pas la queue quand elle paraît dans ses tailleurs façon pâtisserie… Mais il semble remonter à ma mémoire qu’un certain Roi-Soleil disait « L’Etat c’est moi », comme Régine dit aujourd’hui « Le tas c’est moi »…

L’Etat c’est moi, l’Etat c’est nous… Donc, nous payons… Joliment joué, mais il est vrai que tu sais nous retourner, Manu…

Plus les jours passent, et Dieu sait que les journées de confinement paraissent comporter au bas mot quarante-huit heures, plus les annonces mirifiques de Manu semblent s’évaporer ou se doter de conditions qui les rendent positivement inatteignables…

Dans mon cas personnel à moi, la demande d’aide spécifique pour les professions libérales doit être accompagnée d’une ribambelle de documents qu’il est normalement impossible de réunir en respectant le confinement. En gros, et pour résumer les quarante-huit pages de notice, il faut justifier d’une baisse du chiffre d’affaire de 70% par rapport à l’année passée, tout en démontrant que cette baisse sera attribuable à la crise sanitaire et en joignant à la demande sur formulaire à papier timbré en quadruple exemplaire la comptabilité in extenso des quatre dernières années, deux fiches familiales d’état-civil, les statuts de la structure d’exercice calligraphié à la plume Sergent Major n° 5, les revenus de vos parents et descendants depuis 1979, ainsi que deux bidons de vaseline senteur pêche (je déconne pour la vaseline, mais vu comme on nous encule régulièrement, autant essayer d’avoir moins mal au cul… Je déconne ! C’est goût fraise…).

Ah, on nous les fait payer cher, les deux mois de grève contre leur réforme moisie !

Sinon, rassurez-vous, l’Etat est là… Je dirais même plus, le Tas est là…

Oui, je sais, on avait dit pas le physique, mais là, c’est physique… Si-Bête Ndiaye, le porte-parole du Gouvernement, parangon de la classe à la française et de la nuance, a encore fait des siennes. A l’instar de Ribéry, qui pond une ânerie à chaque fois qu’il ouvre son robinet à conneries, Si-Bête s’imagine être la réincarnation vivante d’un grand humoriste… Si la situation sanitaire n’était pas si préoccupante, on pourrait presque être tenté de sourire à ses jeux de mots moisis et ses formules d’esprit encore plus lessivées que l’Almanach Vermot.

La dernière ? Si-Bête ne demande pas aux enseignants qui ne travaillent pas (pléonasme, me direz-vous) de traverse la France pour aller ramasser des fraises… Déjà, si on ramasse des fraises en France en mars, faut qu’elle consulte la Si-Bête… Si elle continue, c’est pas des fraises qu’elle va ramasser, c’est un pruneau…

Comme quoi, on est bien d’accord que seules deux choses sont infinies : l’univers et la bêtise humaine. Et pour l’univers, le doute m’habite…

Soyons un peu plus intimes, voulez-vous ? Euh, enlevez votre main de mon entrecuisse, voulez-vous ? Je voulais juste vous avouer que le jour où Desproges est mort, j’ai chialé comme un gosse… Par contre, le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois de moules… Etonnant, non ?

Ah ! Pierrot ! Comme tu nous manques ici-bas ! Certes, tu préférais le vin d’ici à l’au-delà, mais quelle sale plaisanterie tu nous as fait en généralisant ton cancer… Plus cancéreux que toi, tumeur…

C’est évidemment de bon goût de te trouver toutes les qualités, tous les toupets, toutes les audaces maintenant que tu es arrivé en bas (ben voui, tu n’as fait que des cendres… )… Et de soupirer qu’avant, décidément, on avait toutes les impertinences et qu’on pouvait tout dire…

Après l’époque guindée où l’on remontait les chaussettes des censeurs en montrant un bout de nichon à la tévé ou en critiquant encore fadement le gouvernement, nous eûmes droit à une période bénie où l’on libéra la parole, avec des impertinences bien senties qui paraissent intransposables de nos jours…

Cette époque actuelle, où l’on permet en façade tout à tous, est finalement bien timorée au niveau de la liberté d’expression sur les médias traditionnels… On flingue à tout va parce qu’on caricature le premier enturbané… On hurle à la lune tel le loup parce qu’on entend une blague un peu douteuse sur une tragédie récente… On se scandalise de propos cavaliers sur tel ou tel potentat…

On musèle, on bride, on coupe les ailes, on ressort Anastasie sous le couvert utile de la liberté d’expression… Le pauvre Pierre Desproges serait abasourdi de voir comme la possibilité de tirer sur tout et tous s’est rabougrie comme un micro pénis sur peau de chagrin… Il ne pourrait plus asséner ses réquisitoires acérés sans se prendre du papier bleu dans la gueule à la fin de chaque émission…

Il lui serait totalement impossible de prononcer son réquisitoire furieux contre Le Pen aujourd’hui… Sa tirade sur Séguela qu’il traitait publiquement et ouvertement de con serait illico presto interdite…

On peut rire de tout… mais pas avec tout le monde… et apparemment avec de moins en moins de monde…

Et sur les réseaux sociaux, c’est encore pire ! Il suffit que l’on affiche un soutien timoré à une annonce gouvernementale pour que s’enflamment les complotistes, les anti-Macaronistes, et l’ensemble des substances inflammables de ce ramassis de connards qui s’imaginent détenir la vérité définitive derrière leur écran…

L’écœurement devant le mur de notifications de Fesse-Bouc est encore plus intense que devant une recette de Cyril Lignac revue par Norbert Tarayre… On se croirait devant une annexe de Doctissimo (les pubs pour les prothèses anales et les bas antivarices en moins) et la salle de dépouillement des lettres de dénonciation de la Kommandantur…

Tous les crétins avinés (ou binouzés) y vont de leur prédiction sanitaire quant à l’usage des masques ou des gants, quand ce n’est pas d’une publication sur le dernier casus belli à la mode, le fameux Professeur Raoul de la Chroloquinte (De Toux)…

Tous ces haineux y vont de leur post vengeur contre le Gouvernement pour exiger leur démission, leur destitution, leur exécution, leur énucléation à grands coups de cuillère à melon, voire leur procès à la stalinienne… C’est tellement plus pratique de vomir votre haine fétide et minable derrière vos écrans… C’est tellement aisé d’accuser sans preuve, de condamner sans charge… Faut dire que gouverner soixante-six millions de connards, c’est du sport !

Oui, soixante-six millions de connards ! Je ne vois pas d’autre mot face à l’indiscipline des français, qui font du confinement une notion à géométrie variable. On n’a jamais vu autant de personnes si impatientes d’aller faire leurs courses, de pratiquer une activité sportive ou d’aller faire pisser leur clebs ! Mention spéciale aux parisiens qui se sont rués en masse en province, histoire de contaminer plus largement la population… Comme si leur présence n’était pas assez nocive…

Mais qu’y a-t-il de compliqué à comprendre qu’il faut rester chez soi ? Vous me direz, pour des gens qui trouvent du génie à Marc Lévy, Kad Mérad et Jul…

Carnet noir, pour terminer, et il est fort à parier que ça va déquiller grave dans les semaines qui suivent : Adieu à Manu Dibango, et son mythique « Soul makossa », et à Uderzo, 92 ans et un décès non relié au Coronavirus… Astérix est définitivement orphelin désormais…

Et si Zitrone était encore de ce monde, il aurait noté sur son carnet des futures viandes froides les testés positifs célèbres, comme très récemment le Prince Charles… Que Camilla ne se fasse pas de bile, il a réussi à survivre à la nourriture anglaise alors…

Et le 25 mars 1972, à Edimbourg, la finale du Concours Eurovision de la Chanson voit triompher le Luxembourg avec la chanson « Après toi », défendue par Vicky Léandros, artiste grecque de naissance faisant carrière en Allemagne et défendant en français le Grand-Duché... l’Europe musicale à elle seule ! Les chances est-allemandes étaient quant à elles fort bien défendues par Mary Roos, qui interprétait un morceau de pur schlager « Nur die Liebe läßt uns leben », seul l’amour nous fait vivre… Sur les réseaux sociaux, c’est loin d’être le cas, hélas…

jeudi 19 mars 2020

Brèves du 19 mars 2020

"Ça ira mieux demain"... Il n'est de tunnel si long qu'on ne puisse en voir le bout, un jour ou l'autre... Les beaux jours reviendront ! Carpe diem, étoussa…

Il faut avoir décidément avoir l’optimisme chevillé au corps avec des tire-fonds de 48 pour ne pas sombrer dans une déprime coronaviruesque de première pression…

Les nouvelles ne sont pas bonnes, d’où qu’elles viennent, et les jours, les semaines qui s’annoncent ne tintent pas d’une félicité sans nuages…

Confinement jour 3, et je suis encore dans une sorte d’éther molletonné dans lequel les infos qui me parviennent pêle-mêle depuis les médias, les réseaux sociaux et ce qu’il nous reste de relation sociale (notre téléphone portable) tintinnabulent mollement à la porte de ma raison engluée de sommeil en retard et d’incrédulité.

Confinement jour 3, et une envie de télétravailler aussi prégnante que l’irréfragable besoin de repeindre en moucheté caca d’oie les tinettes du restaurant où vous venez de vous bâfrer une double plâtrée de chili con carne sur-épicé au-delà de la plus élémentaire raison…

Confinement jour 3, et la bizarre sensation d’une surdité soudaine face aux bruits de la ville qui ne sont quasiment plus présents…

Confinement jour 3, avec ces rayons de supermarchés vides, à la mode soviétique des années brejneviennes, comme si nos compatriotes, qui râlaient d’une manière éhontée de ne pouvoir joindre les deux bouts à compter du quinze du mois semblaient sans exception avoir tous gagné le gros lot pour stocker des montagnes de papier hygiénique que leurs arrière-petits-enfants finiront sans doute aux alentours immédiats de septembre 2055…

Confinement jour 3, avec dans la gorge cet arrière-goût de vasier en plein été face à l’avenir immédiat… La situation est totalement inédite et l’on ne peut se rattacher à aucun vécu pour y punaiser une quelconque référence… On ne sait pas du tout où l’on va, mais on y va…

Confinement jour 3, avec le goût saumâtre que le pire est encore à venir, tant en France qu’à l’étranger, avec la quotidienne litanie des nouveaux cas et des décès…

Confinement jour 3, et l’on se prend à jouer aux fléchettes sur une cible en forme de pangolin, la cause de tous nos emmerdements actuels…

Confinement jour 3, et les recommandations gouvernementales dont certains croient pouvoir s’affranchir avec la bête assurance qu’ils ne risquent rien, eux, parce qu’ils sont plus malins que le Binouzovirus. On en recausera quand vous serez en attente d’un lit ou d’une place en réanimation dans des hôpitaux surchargés…

Confinement jour 3, avec la radio comme fond musical… Parfait pour se tirer une balle dans la tête tant les grilles ont été remodelées et font parfois passer Radio Londres pour un summum de la déconnade hilarante…

Confinement jour 3, et les prières avec des cierges pascaux allumés devant toutes les icônes, crucifix ou reliques possibles pour qu’aucun membre de la parentèle ne décède actuellement… Ne pas pouvoir l’ accompagner en son dernier voyage est un crève-cœur que je ne me hasarde même pas à souhaiter au pire de mes ennemis…

Confinement jour 3, avec l’annonce hier de l’annulation du Concours Eurovision de la Chanson 2020, pour d’évidentes raisons de sécurité et de santé… De l’avis général, le niveau des chansons était médiocre (enfin, encore pire qu’à l’accoutumée, c’est dire) et l’UER n’a pas encore décidé si les titres retenus seraient autorisés à concourir l’année prochaine…

Confinement jour 3, avec l’annonce du décès de la doyenne des comédiennes françaises, la pétillante Suzy Delair, 102 ans aux tra-la-la faubouriens, qui restera dans les mémoires comme l’une des protagonistes du mythique « Quai des Orfèvres », et aussi l’irascible Germaine Pivert de « Aventures de Rabbi Jacob ».

Confinement jour 3, et la dernière nouveauté de la tête de beauf du Ministère de l’Intérieur, l’attestation de déplacement… Non mais sérieusement… Déjà que le détournement des lois et règlements est un sport national dans l’Hexagone, vous voyez la petite mamie remplir son attestation pour aller faire pisser Mirza au coin de la rue, ou s’en aller faire l’emplette de sa pitance quotidienne ? … Ou l’art de promulguer des trucs qui ne seront pas respectés scrupuleusement…

Confinement jour 3, avec quelques infos réconfortantes, dans le tas, comme cette annonce, a priori crédible, d’une possibilité éventuelle d’un traitement contre cette saloperie de virus. Les pistes semblent encourageantes, même s’il faudra patienter de trop longues semaines avant une mise en place officielle…

Confinement jour 3, et l’assurance que vous allez, dès la situation normale rétablie, vous inscrire au programme Comme j’aime pour cause de kilos accumulés à grignoter pour tromper votre ennui… Le Président nous a encouragé à lire, un conseil hallucinant et qui trahit trop nettement que les générations actuelles, au pays de Molière, Balzac et Lulli, sont tous des enfants de Marc Levy, Guy Lux et Jul…

Confinement jour 3, et les choses vont bien, normalement bien… On a épilé le chat avec le tisonnier, on s’est ébaubi de constater qu’à poids égal, un paquet de riz contient tantôt 7.989 grains, tantôt 7.962 grains, on a crucifié les gosses qui vous demandaient quatre-vingt-dix fois par heure dès mardi midi et quart si ça allait durer longtemps, l’herbe dans le jardin recouvre heureusement le corps de mémé, et vous pouvez légitimement prétendre au titre de spectateur le plus assidu de Netflix…

Confinement jour 3, et vous avez déjà éclusé l’intégrale de Friends, de Santa Barbara, d’Amour, Gloire et Beauté, en attendant de faire une razzia, au péril de votre poignet, dans les catalogues de Pornhub et de Jackie-et-Michel, ouvert à tous. Un moyen comme un autre d’écluser les stocks de PQ…

Confinement jour 3, avec l’angoissante incertitude de l’avenir des travailleurs indépendants et des professions libérales, sans revenus pour un bon moment. Et ce n’est pas les indécisions imprécises de nos politocards (on suspend les charges et loyers mais seulement pour les entreprises en difficulté sur dépôt d’un dossier en quadruple exemplaire et de soixante-huit pièces introuvables à envoyer par mail sur une adresse qui ne répond pas dans un site qui beugue, on reporte des cotisations qui seront à lisser sur le reste de l’année, et à payer avec l’argent qu’on n’a pas, on reste dans le flous pour les robes noires qui viennent de se coltiner deux mois de grève pour se fader le Coronavirus, ou comment tomber de Charybde en Scylla avec une déconcertante facilité)…

Confinement jour 3, avec l’absolue nécessité que l’Etat mette urgemment et significativement la main à la poche pour aider la population à traverser le gué dangereusement mouvant de la crise sanitaire. On était au bord du gouffre, et l’on est en train de faire un grand pas en avant…

Confinement jour 3, avec pourtant une flammèche qui vacille dans les tréfonds de nos âmes… La flammèche ténue d’un espoir indélébile en des lendemains meilleurs, forcément meilleurs…

Confinement jour 3, avec l’impérieuse nécessité de vous coller dans les esgourdes cette antienne poussiéreuse mais qui vous viendra, je l’espère, en aide : « ça ira mieux demain, ça ira mieux demain »… Rien que pour ça, il faudrait nationaliser Annie Cordy !

Et le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu qui met fin à huit ans de guerre en Algérie. La veille, le gouvernement français a cédé au gouvernement provisoire de la république algérienne ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara. Un double référendum viedra bientôt conforter cette décision. Le 8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à plus de 90% le choix du général de Gaulle. Eh oui, ça ira mieux demain…