mardi 5 novembre 2019

Brèves du 05 novembre 2019

Le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier retentit dans la pompe cuivrée de ses trompettes impétueuses alors que la rosace étoilée de l’Eurovision, frappée en son centre de l’ovoïdal sigle de l’ORTF, s’affiche sur l’écran tremblotant en noir et blanc…

Et cette voix, reconnaissable entre toutes, cette voix qui a marié toutes les têtes couronnées pendant plus de trente ans, qui a enterré tous les potentats dictatoriaux, vieilles gloires surannées et apparatchiks cacochymes qui ont eu le malheur de déquiller durant son règne télévisuel, qui a commenté tout et le reste sur le réseau Eurovision, de la troisième à Vincennes à l’obscure compétition de patinage sur glace de Morzy-Les-Joyeuses, qui a inondé de son irrépressible logorrhée plusieurs éditions du Concours de la Chanson Européenne, s’élève, pompière et obséquieuse à souhait :

« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ici Léon Zitrone qui vous parle en direct au micro de l’ORTF depuis la salle du trône de la Principauté des Brèves-de-Presque. Nous allons assister, grâce aux douze caméras de Georges Folgoas judicieusement disposées aux endroits stratégiques tout en se fondant harmonieusement sous les tentures vieil or nappant généreusement les deux cent vingt-trois mètres carrés de la salle d’apparat où sont réunis, comme vous pouvez actuellement le voir sur vos écrans, tout le gratin dauphinois, tous les glands de ce monde et une poignée non négligeable de têtes couillonnées, une louchée de fins de race et, pour faire bonne mesure, une subtile pelletée de consanguins à particule…

« Vous apercevez à l’instant, élégamment habillée d’une tenue en lamé or rehaussée de brocarts pourpres à motifs marins, son Altesse Sérénissime l’Archiduchesse Cunégonde de la Mottenfeu, qui porte le diadème princier en rubis et diamants roses offert par le Prince Consort, avec les poubelles, Otto-Mobil de Habsbourg-Gotha en souvenir de la prise de la smala d’Abd El-Kader par les troupes du Duc d’Aumale en 1843… A ses côtés, plongé dans la lecture monomanuelle du dernier numéro de Paf Gadget, le magazine de ceux qui marchent sur la lune, sa Sainteté le Pape Pie VII, le seul Pape qu’il faut langer quotidiennement pour éviter les fuites de ses bulles papales, la mitre à la main et revêtu de sa chasuble d’apparat, en cachlick mercerisé couleur crème, tenue honorifique réservée aux grandes occasions liturgiques et à la cueillette des choux-fleurs nains en Basse Breatgne les jours de grande marée…

« Alors qu’au plafond les huit lustres en bronze massif chaussés d’exactement cent quatorze lampes de soixante watts chacune brillent de tous leurs feux, dans une apothéose de gloire qui n’est pas sans rappeler celle de Jules Isidore Paudemurge ornant crânement le siège central de la Sécurité Sociale et intitulée « Feuille de soins attendant un remboursement », je distingue nettement l’entrée par la porte dérobée du fond à gauche des premières brouettes de futilités qui vont assurer l’essentiel de cette transmission, diffusée dans pas moins de dix-huit pays par le truchement technique de l’Eurovision…

« Alors que le silence se fait dans l’assistance emperlouzée à outrance et à peine moins décorée qu’un sapin de Noël sur la place des Quinconces à Bordeaux, vous distinguez grâce à la caméra huit de Georges Folgoas l’entrée en matière et en gamme de la superbe tempête Amélie qui aura même réussi avec ses impétueuses rafales à plus de cent soixante kilomètres heure à décoller la moumoutte pur crin de lama nain de Kev Adams. Et c’est justement à cette occasion que l’on se rend hélas compte que les Amélie sont des catastrophes, vous n’avez qu’à lire le dernier rototo imprimé d’Amélie Nothomb pour vous en rendre compte ; Amélie Nothomb qui avait visiblement « Soif » de Goncourt mais n’a eu qu’un con gourd…

« Le temps pour moi de vous rappeler que le tapis du maître-autel de la salle du trône, réalisé en coton brut mordoré de Rhodésie Orientale, est d’une épaisseur de dix centimètres, que déjà s’avance dans la lumière des projecteurs le souvenir déjà loin des superbes yeux d’or de la troublante Marie Laforêt, qui a cessé d’envoyer du bois ce week-end, à l’âge de quatre-vingts ans. La seule chanteuse française capable de parvenir à l’orgasme en chantant, rappelez-vous de vos moites après-midi d’adolescent passées à écouter d’une main le 45-tours de « Viens, viens », ne laissait pas Jacques Dutronc de bois, puisqu’elle lui proposait de faire les Vendanges de l’amour avec Ivan, Boris et moi…

« Serrant de près cette superbe bière tout en bois de Laforêt, vous admirez en gros plan la remarquable planche savonneuse du Prix Goncourt, qui échoit cette année à Jean-Paul Dubois, visiblement en hommage à la défunte chanteuse à orgasmes chantés… Je vous rappelle le titre du roman lauréat et qui ira prendre la poussière sur les rayonnages de votre bibliothèque, « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », un roman sur l’échec, l’art de gâcher sa vie et la manière dont les morts nous accompagnent ; bref, le roman qui vous donnera un tonus insensé à la veille de l’hiver. Le public applaudit fort cette magnifique prestation et s’apprête à donner une excellente note qui va incontinent s’afficher sur le tableau marquoir…

« Mais on m’indique depuis Cognacq-Jay que les téléspectateurs français ont été victimes d’une courte interruption d’image sur le réseau Eurovision qui les a privés de l’excellent feu d’artifice du cirque de Chanteloup-Les-Vignes et qui relance la France dans la course au Grand Prix Flambovision, avec le joli coup d’essai des écoles de Béziers, mais cela n’a que peu d’importance en vérité puisque voilà déjà l’entrée en majesté du futur candidat à la Mairie du 18ème arrondissement de Paris. Mais oui, vous le reconnaissez, toujours peigné comme un dessous de bras et avec cette bonne tête de lobotomisé de fraîche date : Vikash Dhorasoo, le retraité du ballon rond. S’il vise aussi bien dans les urnes que sur le terrain, on devrait être tranquilles au sortir des élections…

« Peut-être, chers amis téléspectateurs, entendez-vous le murmure de désapprobation qui parcourt la brillante assistance alors que se présente sur le char de l’Etat la possible candidature de la connasse en short parfumée au curry. Si je puis me permettre un aparté tout personnel, si l’on trouve parfaitement normal la candidature de Nadine Morano, il n’y a aucune raison d’émettre des doutes, qui m’habitent, sur celle de Dhorasoo…

« Je m’égare, et pas seulement de Lyon, alors que vous assistez en direct, et devant les mirettes écarquillées et le crucifix dégoulinant d’eau de Lourdes brandi par Ludovine de la Malbaise, au passage du char de l’incendie de Lubrizol, dont les répercussions sur la santé sont transfigurées sous forme métaphoriquement subliminale d’une naïade entièrement dénudée à trois seins dont un en forme de pompe à essence, puisqu’on a détecté des molécules d’hydrocarbure dans le lait maternel. Et comme le disait quelqu’un à un certain endroit un jour « En France on n’a pas de pétrole dans le sol, mais plutôt dans les soutien-gorge »…

« A cause du manque de temps, vous pouvez désormais observer que le cortège des futilités s’ébranle frénétiquement et à deux mains, ce qui n’est pas sans causer quelques vapeurs à son Altesse Révérendissime la Princesse Aulx-Petipoix, dernière héritière du trône du Grand-Duché de Bourremoi-Lemou, dont les ululements de plaisir à peine contenus dans sa gaine Damart désormais irrémédiablement souillée, ont fait se fendiller les appliques en cristal de Bohème de la salle du Trône, offrande expiatoire à Notre Drame de la Bravitude après l’invasion de peste socialiste de 1981…

« Il me reste juste assez de temps avant les annonces de Denise Fabre, invariablement flanquée de son sourire de décapsuleuse, et le journal de Roger Gicquel, toujours en direct du Père Lachaise, pour vous rappeler que le 5 novembre 1977, le monde de la BD portait le deuil du papa d’Astérix, René Goscinny qui décède lors d’un test d’effort à l’occasion d’une visite médicale. Scénariste virtuose à l’inventivité et à la qualité des textes loués de tous, le rédacteur en chef du journal Pilote (mâtin, quel journal !) donna ses lettres de noblesse au Petit Nicolas, à Iznogoud, à Lucky Luke et leur chance à Reiser, Mézières, Giraud, Fred…

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous souhaite le bonjour, ici Léon Zitrone au micro de l’ORTF en direct et en Eurovision depuis la salle du trône de la Principauté des Brèves-de-Presque, à vous Cognacq-Jay, à vous les studios !

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