lundi 3 décembre 2018

Brèves du 03 Décembre 2018

« C'est ça, c'est ça, c'est ça la France
« Et je l'aime du Nord à la Provence
« Elle chante, elle pleure et elle écrit
« Avec son cœur, son histoire de France
« C'est ça, c'est ça, c'est ça la France
« C'est l'amour, la joie et l'espérance
« Et sur la terre, en liberté
« Il fait bon vivre, il fait bon chanter… »

Parmi les nombreux navets que Rika Zaraï, la plus israélienne des chanteuses-herboristes de ces quarante dernières années, a planté sur vinyle depuis 1960, nul doute que cette pochade insouciante de 1973, qui fleure bon l’hexagone pompidolien d’avant le premier choc pétrolier apparaît singulièrement décalée au sortir du week-end hallucinant que nous venons de vivre…

A moins qu’il convienne d’en enregistrer une nouvelle version :

« C’est ça, c’est ça, c’est ça la France,
« C’est le chaos du Nord à la Provence, […]
« C’est la haine, la peur, la désespérance,
« Et sur sa terre, plus de liberté,
« Fait-il bon vivre, fait-il bon chanter ? »

C’est ça, c’est ça, la France, des hordes de benêts en-jaunifiés qui viennent mettre le bousin sur la plus belle avenue de France, avec la rescousse non souhaitée de casseurs qui saisissent l’occasion de se livrer des exactions inexcusables et inqualifiables…

C’est ça, c’est ça, la France, des scènes de guérilla civile sous le prétexte d’un harassement de taxes et de fins de moins difficiles dès le 10 du mois…

C’est ça, c’est ça, la France… Des déclarations de guerre, d’assauts finaux et de prise de la Bastille pour samedi prochain… Des lycéens qui descendent dans la rue « parce que Kévina a publié sur Face-Bouc que fallait qu’on manifeste » sans savoir pourquoi…

C’est ça, c’est ça, la France… Des réseaux sociaux qui dégueulent d’informations invérifiables et souvent invérifiées, qui font immanquablement passer les en-jaunifiés pour les bisounours des temps nouveaux et Macron pour le denier des enculés, à un point tel qu’Hitler nous apparait éminemment fréquentable…

C’est ça, c’est ça, la France… Pauvre France ! Pauvre pays qui ne trouve plus que ces prétextes minables de gilets jaunes dont l’écœurement a été au départ sincère contre des politiques contestables et des gouvernants aussi inexpérimentés que maladroits…

C’est ça, c’est ça, la France… Et si je voulais être lyrique et pompeux, je dirais que j’ai mal à ma France, aujourd’hui… Ma France qui crie haro sur le baudet qu’on accuse de tous les maux, ma France qui s’imagine naïvement que le baudet dégagé, la situation deviendra soudainement parfaite et idylliquement parfaite…
Mais mes bichons, vous vous fourrez le doigt dans la mirette encore plus profond que Macron et ses sbires vous l’ont mis dans la rondelle !

Entendons-nous bien. Les revendications des Gilets Jaunes sont globalement respectables, puisque l’Hexagone est aujourd’hui l’un des pays les plus taxateurs au monde. Mais n’est-il pas un peu trop facile, un peu trop rapide, de réclamer un meilleur niveau de vie ?

Maria est arrivée en France en 1939, fuyant la guerre civile espagnole. A cette époque, point d’aides étatiques à profusion, point de minimum retraite, nuls minima sociaux. Si l’on voulait s’en sortir, il fallait trimer dur. Arrivée sans rien, ou presque, maria, son mari et sa fille ont mangé d’abord dans des boites de conserves avant d’avoir des assiettes. Ils ont habité pendant des années dans des gourbis où personne aujourd’hui n’accepterait de passer une journée, ils n’ont jamais eu de voiture, ont eu la télé à la fin des années 60, ne sont jamais partis en vacances à Pétaouchnok-les-Bains. Et pourtant, Maria ne s’est jamais plaint, elle s’est toujours accommodée de ce sort médiocre, a su économiser et a toujours eu un geste pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants à l’occasion des fêtes. Tant pis s’il fallait se priver…

Maria, c’était mon arrière-grand-mère. Et combien de Maria ont connu cette destinée il y a quelques décennies, combien de Maria sont arrivées à quelque chose sans réclamer à gauche et à droite quoi que ce soit ?

Autres temps, autres mœurs… C’est ça, c’est ça, la France, en 2018 où l’on entend faire passer les loisirs avant le nécessaire… C’est ça, c’est ça, la France, où l’on tend la main pour récolter les subsides étatiques avant même de s’interroger sur ses propres besoins…

On veut la dernière télé, le dernier smartphone, on doit partir en congés dans des endroits exotiques qui seraient nettement mieux sans nous… Et on fait passer les premières nécessités de l’existence, nourriture, logement,  au second plan. Nous avons interverti nos priorités…

Le Gouvernement de marioles qui devaient incarner le renouveau après l’excité de l’épaule et le porcinet sudoripare nous prend à rebours avec une communication qui ne renierait pas un potentat proche-oriental.

Mais est-ce une raison suffisante pour bloquer un pays dont l’économie est chancelante, et fragiliser encore plus une situation dramatique ? Emmerder les français qui bossent dur pour joindre les deux bouts, saccager les outils de travail de certains, porter atteinte aux emblèmes de la République n’est pas la solution. Une manifestation de désespoir, ou de bêtise crasse, tout au plus.

C’est ça, c’est ça, la France, qui passe à côté de ce qui est réellement urgent, de ce qui risque de nous embarquer dans une mouise noire à échéance de plus en plus proche. Les voyants sont au rouge cramoisi concernant les changements climatiques, et tout ce qui intéresse, c’est de pouvoir mettre du gazole dans nos bagnoles à des prix bas…

Le bateau brûle, et on s’inquiète du prix du carburant qui permettra de le faire flamber de plus belle…

Non, le Gouvernement n’a pas à agir avec ce mépris du peuple. Non, le peuple n’a pas à agir avec cette absence de discernement. Non, les casseurs n’ont pas à saccager gratuitement. Parce que ce sont les français, gilets jaunes ou non, qui paieront une fois de plus la facture. Qui promet d’être salée.

Les jours et les semaines qui s’annoncent ne sont pas roses. Prenez garde, si nous étions appelés à nouveau aux urnes, à ne pas commettre l’irréparable en propulsant au pouvoir des extrêmes dont on sait ce qu’ils donnent une fois aux manettes.

On est dans la merde, inutile de transformer la France en une station d’épuration géante…

C’est ça, c’est ça, la France, un pays dont l’emblème se plaît à chanter les pieds dans la merde. Prenons garde à ce que ce chant de révolte ne soit pas un chant du cygne…

Et le 3 décembre 1947 avait lieu sur la scène de Ethel Barrymore Theatre la première de la pièce de Tennesse Williams, « Un tramway nommé Désir » avec Marlon Brando qui lancera dans ce rôle la mode des tee-shirts ajustés. Dis, Monsieur « Passe-moi le beurre », il n’irait pas vers des lendemains apaisés ton tramway ? J’aimerai bien le prendre…

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