jeudi 11 avril 2024

Brèves du 11 Avril 2024

 Bref, j’ai eurovisionné…

Que chacun se rassure pour ma chancelante santé mentale et ma santé auditive tout aussi bringuebalante, j’en ai entendu d’autres, et des plus sévères, pour preuve j’ai même survécu à deux chansons d’Aya Nakamura en intégralité, sans me pilonner les tympans au tisonnier chauffé à blanc dans un bain de mercure liquide…

Non, je déconne, c’était une seule chanson, et le chirurgien ORL a eu toutes les peines du monde à récupérer mes tympans… Mais il a gagné en prime un très joli tisonnier…

J’ai eurovisionné, non pas avec des bandes VHS fripées d’antédiluviens Concours qui fleuraient bon le micro à fil, l’orchestre en live intégral et les chanteurs qui savaient chanter sans en faire des tonnes, et sans rivaliser d’esbroufe putassière, mais les chansonnettes de ce 68ème Concours Eurovision de la Chanson 2024, baisodrome paneuropéen qui permet, dans les coulisses, de faire un tour d’Europe de l’andouillette à moindre frais si ce n’est ceux d’une double boite de capotes et d’un bidon de cinq litres de vaseline surfine, et sur la scène de s’ébaubir de trente-sept tours de force musicaux, alliant l’inécoutable avec le gnangnan parolistique, et frôlant toujours le bon goût en prenant évidemment garde de ne jamais y accéder…

Si vous le permettez, je vous propose un rapide tour d’horizon des trente-sept alcoolats qui se disputeront le droit de fouler la scène suédoise le samedi onze mai prochain.

Etant précisé que je n’ai fait qu’une écoute principalement audio, aucune vidéo ou presque en interférence.

Etant également précisé qu’on retrouve cette année encore le syndrome France Gall cette année, avec plusieurs titres qui s’inspirent plus ou moins fortement et ouvertement des chansons finlandaise et suédoise de 2023.

Allez c’est parti !

Albanie, Besa « Titan » : D’entrée de jeu, c’est du mille fois entendu, rabâché et remâché jusqu’à l’écœurement intégral. Aucune originalité, c’est encore une fois la même brailleuse à nichons à cordes vocales enforme de corne de brume. Bref, c’est du réchauffé à en carboniser la casserole.

Arménie, Ladaniva « Jako » : Plus folklo, c’est difficilement imaginable ! D’accord, c’est en version originale, et c’est sympa à ce titre, mais c’est vieillot et répétitif. Ce sera le nirvana des intégristes de l’ethnique, et encore… Pour les autres, on se croirait bloqué sur l’autoradio à cassette de la Lada Niva…

Autriche, Kaleen « We will rave » : Un truc vaguement électro susurré par une demoiselle qui n’a pas une voix inoubliable. C’est ni bon ni mauvais, juste déjà entendu à de nombreuses reprises.

Australie, Electric Fields « One milkali » : Ambiance world music 80’s avec un refrain en dialecte et une touche électro. Sympa, mais guère convaincant sur la distance. L’Australie nous avait habitué à mieux, bien mieux.

Azerbaïdjan, Fahree « Onzule apar » : Ils nous servent encore une fois l’habituelle soupe azérie, sans modernité ni originalité dans les ingrédients. Une rengaine sans âge qui reprend encore une fois les vocalises orientalisantes.

Belgique, Mustii « Before the party’s over » : Un titre plutôt original, qui nous plonge dans un certain univers, grâce à la voix intéressante de Mustii au service d’une chanson casse-gueule en live. Dommage, on aurait aimé que ça décolle plus vite, et c’est hélas trop répétitif vers la fin, ce qui gâche le plaisir d’écoute.

Croatie, Baby Lasagna « Rim tim dagi tim » : Titre onomatopée qui rappelle les années glorieuses du Concours, efficace, musclé et agréable à l’écoute. Ça dépote sévère et c’est couillu. Dommage que la chanson arrive un an après celle de Käärija, à qui on la compare inévitablement.

Chypre, Silia Kapsis « Liar » : Un truc qui veut faire genre, moderne et « in ze mood » mais qui n’est en vérité qu’un enième erstaz fadasse de « Fuego ». Un titre qui se fond dans la masse, et qu’il sera impératif de muscler sur scène si les chypriotes veulent accéder à la finale.

République Tchèque, Aiko « Pedestal » : Un son FM 80’s pas dégueu, avec une voix correcte. Y’a du Cyndi Lauper et du Nena là dedans. Plutôt sympa pour les nostalgiques de la pop des années 80.

Danemark, Saba « Sand » : Un titre sans intérêt et mille fois entendu, issu d’une recette éculée et sans saveur. C’est laborieux et daté, et ça s’ensable rapidement…

Estonie, 5 Miinust « Naarko… » : On dirait la version estonienne de « Jako » tant c’est folklo. On recycle Käärija et Let3, on secoue bien le shaker et hop ! C’est pas mauvais, mais on garde une impression de copié-collé assez désagréable.

Finlande, Windows95Man « No rules » : Le « Cha cha cha » 2024 pour la musique. La copie est tellement flagrante que le plaisir d’écoute en est gâché. Dommage car c’est plutôt sympa, grâce notamment aux interprètes déjantés.

France, Slimane « Mon amour » : C’est une ballade classieuse, à la française, typiquement ce qu’on attend de nous au Concours. Slimane a du métier, et ça s’entend. L’interprétation est bonne, les versions live étant supérieures au clip, assez monotone. Certes, c’est un peut trop répétitif à la fin, et il devra faire attention au passage a capella qui peut être terrible s’il ne le maîtrise pas parfaitement. Une carte à jouer pour accrocher un top 10, à condition de choisir une scénographie adaptée.

Allemagne, Isaak « Always on the run » : Une voix black qui accroche bien, une mélodie pas mal et plutôt entraînante. Le gimmick auditif est efficace, mais est-ce que ça suffira à faire remonter le pays dans le classement ? Il faut l’espérer…

Géorgie, Nutsa « Firefighter » : La gueularde à nibards de l’année, deuxième édition, avec un truc ethnico-techno-moderno-merdique, réalisé à la presse hydraulique en surrégime. Bruyant et désagrable.

Grèce, Marina Satti « Zari » : Une voix haut perchée qui vous refroidit d’entrée, au service d’un titre folklo qui sonne beaucoup plus Balkans ou oriental que typiquement grec. Un malstrom musical peu digestible.

Islande, Hera Björk « Scared of heights » : La revenante qui inaugure son lifting « Julie Piétri » et nous ressert la même robe qu’en 2010, et plus ou moins la même soupe musicale. C’est daté, poussiéreux et lassant.

Irlande, Bambie Thug « Doomsday blue » : Incontestablement la chanson « tout ou rien » de l’anneé. Très difficile d’accès, rebutante à la première écoute, inécoutable à la seconde. Un patchwork musical qui risque fort de rebuter les jurys et le public. Couplet pénible et refrain étonnamment mièvre. Très (trop) typé ?

Israël, Eden Golan « Hurricane » : Beaucoup de bruit autour d’un titre totalement dénué de la moindre originalité, vocalisé par une gueularde qui nous pète les tympans en couinant des banalités sur une musique passe-partout.

Italie, Angelina Mango « La noia » : C’est assez entraînant, plutôt actuel, la voix est agréable, mais le côté rap est assez déroutant en italien. Ça se laisse écouter, et oublier peu après.

Lettonie, Dons « Hollow » : La traditionnelle ballade à voix, pas désagréable sur la longueur. Mais on l’a déjà tellement entendu que Dons risque d’être bien creux en live…

Lituanie, Silvester Belt « Luktelk » : Un petit côté techno eurovisuel pas désagréable, en version originale en prime, ce qui est un plus. Entraînant, avec un pont musical sympa.

Luxembourg, Tali « Fighter » : Un titre folklo-ethnique pas vraiment moderne pour le retour tant attendu du Grand Duché, avec un mix français-anglais pas très heureux. Un come-back pas forcément réussi, car c’est vieillot.

Malte, Sarah Bonnici « Loop » : Encore une chanson boom-boom, bruyante et pénible qui ne surnage que difficilement dans l’océan des horreurs musicales maltaises. Beaucoup de bruit pour pas grand chose, tout dans la musique, rien dans la voix.

Moldavie, Natalia Barbu « In the middle » : L’autre revenante du cru propose une jolie ballade intemporelle, quelque peu datée et qui ne décolle pas réellement, et qui pâtit de l’intermède violoné et des vocalises finales…

Pays-Bas, Joost Klein « Europapa » : D’entrée de jeu, un rythme qui met la pêche, un texte en version originale avec des emprunts linguistiques à foison, un titre un peu bébête mais ça me plaît vachement ! Typiquement Eurovision, une chanson avec un finale hyper-nostalgique et touchant qui fera sans doute mouche.

Norvège, Gåte « Ulvehan » : Un titre à vocation moderne, assez intéressant au couplet avec ses sonorités ehtniques, mais qui vous fusille les tympans au refrain avec les vocalises sonores de la chanteuse. Mais qu’est qu’elle gueule, la dame aux airs de cantatrice qu’on aurait trop nourri…

Pologne, Luna « The tower » : Une voix inhabituelle au grain particulier pour un morceau à consonances eighties, pop avec des réminiscences de Cyndi Lauper. C’est plutôt convaincant, et agréable à l’oreille.

Portugal, Iolanda « Grito ». L’habituelle soupe portugaise aux relents de fado moisi, vocalisé par une chanteuse à la voix interchangeable et qui, au surplus, ne transmet absolument rien. Certes, la chanson porte bien son titre, « cri », mais c’est insipide.

San Marin, Megara « 11:11 » : Un titre en espagnol qui veut faire hard-rock mais qui ne fait que saigner les oreilles. D’accord, la principauté veut tout essayer pour réussir, mais se fader un processus de sélection aussi long pour un tel résultat est une insulte. Un intermède sans intérêt.

Serbie, Teya Dora « Ramonda » : Une mélopée soporifique au plus haut point, sans âme, rythme, ni intérêt. C’est creux, pénible et c’est sponsorisé plein pot par les somnifères Grododo.

Slovénie, Raiven « Veronika » : Encore un titre ethnique qui oscille entre la ballade à voix et le boom-boom bruyant. C’est criard et crispant, et le clip avec ces messieurs en moulebite qui font mumuse sous l’eau déroute plus qu’il ne séduit…

Espagne, Nebulossa « Zorra » : Un come-back à la Movida si inventive qui a décoiffé l’Espagne dans les années 80 ! Un son typiquement eighties pour un titre qui bouge bien. Certes, pas beaucoup d’efforts vocaux, c’est chanté à la Mecano, mais avec en prime un texte qui pique. Original, et osé.

Suède, Marcus & Martinus « Unforgettable » : Toujours et encore la même soupe suédoise, bien ficelée, vocalement irréprochable, actuel ou à peu près. Mais on croirait à s’y méprendre entendre un remix de la plupart des suédoiseries de ces dernières années ‘Benjamin Ingrosso, John Lundvik, Robin Bengtsson). Et les jumeaux norvégiens, avec leur charisme d’huître pas fraîche, sont loin d’être inoubliables.

Suisse, Nemo « The code » : Enfin de l’originalité helvète ! La voix est agréable, la chanson est très convaincante, heureux mélange de rythmes et de styles musicaux. Ça pulse, ça envoie du steak. Son statut de favori n’est pas usurpé.

Ukraine, Alyona Alyona & Jenny Heil « Teresa & Maria » : Encore un ersatz de « Stefania » ! Et c’est pénible ! L’Europe aime les chansons prénoms ? On leur en refile deux pour le prix d’un, et on ne se fatigue pas, on reprend le même thème musical qu’en 2022. Qu’importe, l’Europe va adore, puisque c’est ukrainien… Arrêtons l’escroquerie musicale, par pitié !

Royaume-Uni, Olly Alexander « Dizzy » : Un bon petit morceau pop, très eighties, plutôt bien ficelé et interprété. Un retour à ce que les anglais savent très bien faire à l’Eurovision. Ça se retient bien et ça peut même se chantonner sous la douche sans pour autant être étourdi.

Au final, j’ai retenu dans mon top 10, sans faire de classement pour le moment : Belgique, Croatie (mon favori), République Tchèque, Finlande, Lituanie, Pays-Bas (mon plaisir coupable avec la Finlande), Pologne, Espagne, Suisse et Royaume-Uni.

Mon vainqueur ? Ma tête sur le billot que je ne vous le donnerai pas… Tout au plus un top 3, dans l’ordre alphabétique : Croatie, Pays-Bas, Suisse.

Globalement, le cru 2024 est une édition plutôt homogène, sans bouse inécoutable ni titre qui se détache réellement. Pas mal de titres qui se ressemblent et qui donnent une impression d’uniformité. Peu de titres réellement innovants ou décalés, mis à part la Croatie, la Finlande, les Pays-Bas et la Suisse.

Le gagnant autoproclamé des bookmakers n’a pas partie gagnée, loin de là. Quant à la France, on peut espérer un classement honorable, si Slimane consent à tout donner, car le monsieur a du métier.

Réponse le onze mai prochain, bien après minuit…



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