jeudi 29 juillet 2021

Brèves du 29 Juillet 2021

 « On boucle les valises,

« On ferme et on s´en va !

« Et prions le ciel pour qu´il ne pleuve pas,

« C´est la course au soleil ! »

 

Ce que chantait la paire de couettes la plus célèbre du paysage discographique français en 1966 est toujours d’une actualité des plus brûlantes en ce vendredi paresseux de fin juillet, où l’on sent très nettement la langueur des vacances promises se profiler à l’horizon, derrière le terril des dossiers en retard, et « urgents-que-ça-peut-pas-attendre-qu’il-fallait-les-boucler-pour-hier »…

 

Mais cette recrudescence de taf ne doit pas vous détourner du but ultime, du graal terminal, du sacro-saint grigri orthodoxo-païen , ces vacances auxquelles on aspire depuis onze mois…

 

On déposera un cierge pascal modèle XXXL au guichet météo de la chapelle de Notre Dame des Mobylettes, on fera offrande du matou mal léché de la Lopez du cinquième aux divinités contraires Brahma la guerre et Vishnou la paix, on consacrera un sauciflard pur porc à la mosquée du coin, ou on imitera la danse de la flotte hassidique de Rabbi Jacob ; bref, on tentera de s’attirer les bonnes grâces de la météorologie nationale pour ne pas revenir au bureau avec le teint « Aspro 500 » qui sied aux adeptes du gothique et d’Amélie Nothomb.

 

Si l’on exclut du lot les affolés de l’Eurovision, curieux croisement atypique et hasardeux entre les participants à la Gay Pride, les plus beaux pensionnaires de la Cage aux Folles et les plus douteux amateurs de musique merdique paneuropéenne, je ne puis assurer que le phénomène qui va prendre date ce weekend sera de nature à réjouir l’immense majorité de nos compatriotes…

 

Au prix de gigantesques bouchons sur les autoroutes, routes nationales, départementales et chemins vicinaux aux quatre coins de l’hexagone, nous allons devoir composer pendant près d’un mois avec un panel de touristes émanant de diverses nationalités européennes, bref, un Concours Eurovision en moins douloureux, puisque les touristes en question ne chantent pas… Et en tous cas à peine moins faux que les vrais participants à l’Euromachinchose…

 

Heureusement d’ailleurs, déjà qu’on a du mal à trouver le sommeil au Camping des Epluchures, Route de la Déchetterie Nucléaire à Beuark-sur-Vomi à cause des odeurs de chaussettes macérées dans des tennis rompues aux panards transpirants, de la radio portative aux piles fatiguées de ce connard de parigot d’à-côté qui s’entête à écouter Inter-Accordéon en ondes courtes, des prouesses acrobatiques et amoureuses de la paire de tantes de la tente d’en-face qui persiste à baiser à couilles rabattues et porte ouverte toute la nuit durant et des relents de cuisine de Sar (parce que les sars dinent à l’huile…) de la ch’tie crasseuse du bloc d’après les waters qu’on croirait sponsorisée plein pot par Huilor et Lesieur réunis…

 

Si en plus, fallait y ajouter pour faire bonne mesure et couleur locale les roucoulades flamencisantes de Conchita et Monsieur Ramon de Séville (car si Monsieur Ramon, madame est contente) ; les fados et autre lamentations en forme de queue de morue de João et Tonicha ; aussi moustachus l’un que l’autre ; les matutinaux « Gode save the Gouines » des rousses Johanna et Clodagh, les brouteuses de frisée britanniques ; le yodel aussi approximatif qu’helvétique de Cornelia et Pino, les bourbines à terrines de meule de gruyère ; les sérénades guimauvesques à effluves de parmesan de Gino et Pietro, les maîtres-nageurs italiens jeunes mariés qui se baladent en moulebite minimaliste qu’on leur voit non seulement le sexe mais aussi la religion, lunettes de soleil griffées et tube de Piz Buin à la main ; ou encore les interprétations aussi approximatives qu’auditivement douloureuses de l’ouverture du Tannhäuser à l’accordéon de chasse dès potron-minet par Günther et Gertrud, les mètres-cube teutons… Ce serait peut-être un peu too much…

 

Ça va rouler, ça va bouchonner, ça va rouspéter, ça va cartonner, ça va aller embrasser la vignette ; bref, un samedi à ne surtout pas passer sur les routes… et encore moins sur les plages… Quoique… Délivrée des serviettes douteuses des juillettistes, nos plages respireront brièvement avant le déversement de nouvelles pelletées de congés-payés qui exhiberont leur peau laiteuse et plissée, leur maillot deux pièces rétréci au lavage, leurs varices avec œil-de-perdrix assorti, leurs airbags récemment siliconés, leur paquet moulé dans un slip de bain qui coute un bras, leur odeur de renfermé, de macéré, de « pas-lavé-depuis trois-jours-parce-qu’on-allait-à-la-plage-et-que-la-mer-c’est-gratos » ; bref, le bonheur olfactif et visuel !

 

C’est à peu près tout ce qu’il nous reste, parce que le bonheur intellectuel… Ce n’est pas dans les pitreries télévisées estivales (animées par les inamovibles présentatrices dont on se demande toujours qui est la plus virile : Beaugrand, Minne, Rovelli et Féraud), dans les nullités cinématographiques aoutiennes ni dans les calamiteux romans de l’été qu’on ira le dégoter…

 

D’ailleurs, je suis toujours étonné que la télévision fasse encore de l’audience l’été…

 

Quand on sait qu’avant même le dantesque chassé-croisé des juillettistes et des aoutiens, on décompte toujours des centaines de kilomètres de bouchons, on se demande bien quels sont les clampins qui se trouvent derrière leurs écrans…

 

Ceux qui ne partent pas en vacances, ou tout du moins pas avec la grosse marée des primo-aoutiens ? Que vous faites bien mes amis ! Rissoler pendant des heures et des heures sur l’A7 à niveau de Bollène-Nord avec Bobonne qui a voulu étrenner son bikini orange fluo qui la fait ressembler à s’y méprendre à un cône des Ponts et Chaussées culotte de cheval en prime, les trois gamins qui répètent toutes les trente secondes soit « Cékankonarrive » soit « Gépipi », ce qui vous forcera à niveau de l’échangeur de Roquemaure à leur faire boire leur propre urine histoire de leur apprendre à qui appartient encore la toute-puissance patriarcale, et la belle-doche dont la logorrhée insipide vous décide à l’abandonner à la prochaine aire avec un fond de Vittel tiède et deux chewing-gum déjà mâchés… Quel bonheur !

 

Se fader ensuite les joie de l’installation dans le studio cabine de douze mètres carrés à deux kilomètres de la mer et avec vue directe sur les poubelles de la résidence… Se coltiner la première plage où tout ce joli petit monde va virer rouge écrevisse dans la douceur ouatée des quatre mille deux cent douze braillards qui ont perdu leur mère, leur bouée ou se sont pris du sable dans la raie, des douze mille neuf cent soixante-treize pétasses de concours qui se tartinent le boul de deux centimètres de Piz Buin saveur noix-de-coco à vous refiler une allergie définitive aux Bounty, des six mille trois cent onze vieux trumeaux hors d’âge qui osent encore le bikini avec les grands lèvres qui dépassent, le soutif béant sur des solitudes amères et le teint ridé d’une biscotte recuite douze fois…

 

Ceux qui n’ont pas leur permis ? Alors là, mes chers, vous seriez franchement les derniers des cons si ce bête détail devait vous gâcher les vacances ! Flanquez les bagages dans le coffre, faites vrombir la berline et direction La Grande Motte ou le Camping des Epluchures et Berck-sur-Plage !

 

Et peut-être que là, perdu au milieu d’une plage cannibalisée par des néerlandais qui sentent le gouda jusqu’au cœur de leur slip, vous pourrez enfin oublier les vaccins, les anti-vax, le Président déguisé en pot de fleurs vivant, les Jeux Olympiques et l’annonce de la soixante-douzième vague de la Covid-19…

 

Sourions, puisque c’est grave, et passons en revue les anniversaires de la mémoire en ce 29 juillet : en 1907, Baden-Powell crée officiellement le mouvement scout, rassemblement de jeunes ados en short et au venin à fleur de peau qui vont s’admirer le bigoudi… ; en 1951, le « pédaleur de charme » Hugo Koblet remporte le Tour de France (ils n’ont pas osé le surnommer la « pédale charmante » ; en 1954, paraît le « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, dont on va nous rebattre les oreilles lors de son adaptation cinématographique ; en 1958, les USA créent la NASA, en réponse au lancement du premier satellite russe, administration qui va prôner la course à l’espace, histoire pour les amérlocs de s’envoyer en l’air ; en 1965, le film « Help » se voit honoré d’une royale présence lors de sa première…

 

Et pour rester dans le faste des « royals anglais », le 29 juillet 1981, en Mondovision et en direct à 10 h 15 depuis la cathédrale Saint-Paul de Londres, sous le feu nourri de la logorrhée de Léon Zitrone, Lady Diana Spencer devient Princesse de Galles en épousant le Prince Charles devant le gratin de la crème… La chantilly de cette union étincelante va bientôt retomber, la crème virant à l’aigre ; Diana étant forcée de se reconvertir en mannequin… mannequin de crash-test chez Mercédès… Sa course au soleil a fini une nuit sans lune… 

 


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