« J’enfume, j’enfume soir et matin,
« J’enfume, sur mon chemin
« J’enfume, à la tévé, la radio,
« J’enfume les français, merci les rigolos… »
Loin de moi l’idée aussi sotte que grenue de vouloir
imprudemment verser dans un anti-élysianisme de mauvais aloi qui pourrait
confiner à une aversion au jupitérien culbuteur de vieilles couscoussières ou
au matignonnesque dalmatien amateur de bifle à la Javel… Que s’éloignent de mon
esprit ces pensées impures de dénigrement systématique de l’inaction
gouvernementale, de Manu-bashing automatique…
Que je sois crucifié en place publique avec des pinces
à tétons chauffées à blanc partout sur le corps, que l’on me trempe dans de
l’huile de friture température « cramage de frites », que l’on jette
les reliefs de mes attributs pensants aux gorets d’une soue infâme de Corrèze,
si l’on me convainc d’avoir été ne serait-ce qu’un bref instant un vague
opposant au régime en place, qui par ses effets mirifiques et ses actions
quasi-miraculeuse, mène le pays sur la voie de la félicité intégrale et du
développement personnel le plus achevé depuis la haute-antiquité jusqu’à
mercredi en huit…
Comment arriver une seule nanoseconde à être critique,
voire franchement goguenard, face un ramassis d’incapables prêts à tout mais
bon à rien qui a accumulé les bourdes, les gaffes, les couacs et les cagades depuis
quasiment trois ans et se pique de vouloir se mettre à multiplier les bonnes
nouvelles comme l’autre crucifié multipliait les miches …
Car
ce n’était ni plus ni moins que cela, la soporifique intervention du Grand
Doudou, hier à l’Assemblée Nationale, clairsemée pour respecter les
prescriptions sanitaires (foutaise, les dépités se la coulaient douce et
prolongeaient leur week-end de sept jours). Les nouvelles Tables de la Loi, l’annonce
faite à Marie, bref, la révélation urbi et orbi (manquait plus que la Mondovision
pour faire bonne figure) de la vie de demain, et d’après-demain par le Premier
Sinistre, qui visiblement vivait son Chemin de Croix tant il était jouasse de
causer pendant une heure devant des fauteuils vide, comprenant le dur quotidien
de Gad Elmaleh ou de Kev Adams…
Le
Grand Doudou était aussi enjoué que Jean Lefèbvre dans l’ensemble de son œuvre théatrale,
aussi prenant que Jean-Marc Ayrault sous psychotropes, aussi convaincant qu’Isabelle
Adjani quand elle vous assure qu’elle n’est pas folle, bonsoir !... Bref,
on aurait mis un vieil épisode de Derrick qu’on ne se serait pas endormi moins
vite…
Et
je tiens à préciser que Doudou a été parfaitement clair, net et précis s’agissant
du plan de confinement. Ca devrait être le onze mai, mais peut-être pas, en tout
cas, pas partout, pas pour tout le monde et pas tout le temps. Sauf exception
ou contradiction… Bref, le déconfinement, c’est le 11 mai. Reste plus qu’à
choisir la date…
Sincèrement,
vous lui laisseriez le choix dans la date (sans velléité de contrepèterie, évidemment),
à un type aussi convaincant qu’un démarcheur à domicile de troisième zone ?
Le
Premier Ministre a fait chier tout le monde, avec un discours mou du genou, et
tout bonnement interminable.
N’avez-vous jamais ressenti cette
douloureuse sensation d’être soudainement tombé dans un couloir du temps et de
ne pouvoir vous en libérer ? N’avez-vous jamais pensé être englué tel un
moucheron sur les aiguilles d’une pendule dégoulinante comme les montres molles
daliesques ? Ne vous êtes-vous jamais senti empêtré dans une inextricable
situation où, comme le chantait Conchita Bautista, malheureuse candidate
espagnole au Concours Eurovision 1965 « les heures paraissent des siècles,
les jours l’éternité » ?
Ben le discours du Grand Doudou, c’était
exactement ça, hier… Vu comme il était parti, on pouvait penser qu’il aller
durer jusqu’au déconfinement…
Ah ! Ce plan de déconfinement !
On dirait la règle du jeu d’une émission de Guy Lux !
Plus la grande asperge gouvernementale
avançait les principaux points du plan, plus il digressait automatiquement vers
des exceptions dérogatoires aux conditions nécessaires et suffisantes pour
déroger aux exclusions restrictives élargissant le cantonnement des
possibilités de principe des dérogations exceptionnelles dans le cadre des
particularités sous la réserve de l’exception au principe des dérogations à la
règle…
Bref ! Un principe, une exception…
On peut sortir… Mais pas tout le temps,
pas où on veut et pas avec qui on veut…
On peut travailler… Mais le télétravail
est encore conseillé sauf si la nécessité d’une dérogation d’exception au
principe particulier est rendu obligatoire…
On peut renvoyer ses gniards à l’école…
Mais pas tout le temps, pas n’importe quel jour et en respectant une clé de
répartition qui fait de l’industrie du parfum une science pour quadrisomiques…
On doit porter des masques… Mais ce n’est
obligatoire que dans les transports en commun, sous réserve d’avoir pu en
acheter, dès que les pharmacies, buralistes, quincaillers et tripiers habilités
à en vendre auront reçu les stocks commandés à prix d’or en Moldo-Slovaquie Septentrionale
et qui seront livrés à compter de la mi-octobre à dos d’escargot sous tranxen…
On peut se déplacer librement… Mais pas
au-delà de cent kilomètres autour de chez soi, auquel cas l’attestation de
déplacement qui n’est plus nécessaire redevient obligatoire…
On se déconfinera le 11 mai… Mais c’est
pas complétement certain puisqu’on attend le conceptualisation du profil des
départements et régions, obtenu après cristallisation des résultats au 7 mai,
et qui confèrera la couleur rouge ou verte, pour savoir si on pourra autoriser
tous ces principes sous toutes ces exceptions, ou si on doit encore appliquer
le confinement…
En gros, on vous fait miroiter une
hypothétique semi-liberté dans quinze jours, mais avec la possibilité de vous
casser les dents dessus et de continuer à regarder le plafond de votre
appartement…
Je vous le dis ; même Guy Lux n’y
retrouverait pas ses gosses !
En un mot comme en cent, on n’a pas
encore le cul sorti des ronces, et selon le degré de désobéissance inconsciente
des français (imbattables sur ce terrain-là), on se prendra une seconde vague d’épidémie…
Qu’importe ! On aura à cœur à ce moment-là de blâmer l’incompétence crasse
et les négligences coupables de nos gouvernants… Et si Si-Bête se hasarde à
causer dans le poste d’ici-là, c’est Armaggeddon sur les réseaux sociaux !
Justement, les nouveaux cafés du
Commerce numériques ne se sont pas gênés pour critiquer vertement le pensum
matignonnesque qui a eu au moins le mérite de faire ronfler dans les EPHAD comme
au bon vieux temps des rediffusions de Rex ou de Maigret. C’est quand même
ahurissant de constater que tout ce qui nous arrive est de la faute de Macron
et de sa clique… Le français moyen est devenu une patate de canapé assistée à
qui tout est dû gratuitement, même pas foutu de réfléchir par lui-même, mais
qui évidemment détient la science infuse, et la vérité ultime lorsqu’il s’agit
de donner son avis…
Je suis tout de même étonné qu’on n’ai
pas pensé à reprocher à Edouard Philippe ce que, peut-être, il ne devrait pas dire…
Après l’intervention primo-ministérielle,
le temps était venu des commentaires, voire des aboiements mélenchonnesques… Le
Tchon était au dernier niveau de l’état d’urgence capillaire, ressemblant plus
à un vieil hidalgo plus trop sémillant de la sulfateuse à purée que d’un
révolutionnaire d’ultra-gauche…
Je vous éviterai les courbettes serviles
de Christophe Barbier qui s’est essuyé après éjaculation précoce dans son
écharpe rouge et des autres obséquieux torche-culs macronistes des chaînes d’infos,
parce que pour vomir, la vision seule de Nicole Belloubet en string et guépière
en pilou à trou-trous est un puissant émétique. Je citerai juste Marine Le Pen,
toujours aussi mesurée dans ses propos, et qui a estimé que le confinement était
un échec total. C’est vrai que dans la famille politique et Marinette, ils s’y
connaissent en confinement… Pas une seule rechute relevée à Dachau, Auschwitz,
Birkenau… Si c’était pas de l’efficacité, ça…
Merci à notre Premier Ministre pour cet
exposé, notre Premier Ministre qui risque de gagner le nouveau surnom de Pongo,
tant il ressemble à un dalmatien avec sa barbe mitée… Tant qu’il ne remue pas
la queue en parlant… Vu sa haute taille, il risque de défoncer le pupitre à
chaque intervention…
Et il se murmure dans les milieux
autorisés que des mesures plus sévères seraient annoncées en cas de désobéissance
ou de non-respect du plan de déconfinement. Le Grand Doudou aurait notamment
dit que s’il voyais encore une seule personne danser sur du Dalida ou du Frédéric
François, je confine jusqu’en 2022 et je diffuse du Vincent Delerm dans les
rues vingt-quatre heures par jour…
Quoi qu’il en soit, il convient de se
fier aux recommandations de l’OMS, qui vient de communiquer la fin du
confinement de façon graduelle.
Le retour à la normale se fera dans
l'ordre suivant :
1. Ceux qui regardent assidument NRJ12
et Hanouna peuvent sortir immédiatement et sans aucune protection.
2. Ceux qui ont lu le livre de Nabilla et
colorié sans dépasser vont pouvoir sortir d'ici 2 jours et s’éternuer à la tronche
en signe de reconnaissance et de supériorité.
3. Ceux qui écoutent Jul, lisent Marc
Lévy et matent les films de BHL pourront sortir dans 3 jours, surtout s’ils
toussent beaucoup.
4. Ceux qui consomment des steaks de
tofu, de la bière sans alcool et du redbull, ainsi que ceux qui se branlent
devant un poster d’Aymeric Caron sortiront dans 4 jours pour une orgie de côtelettes
de blé.
5. Ceux qui disent "voyent",
"croivent" et "vas y pas" sortiront dans 5 jours, ils
seront avertis par SMS.
6. Tous les autres doivent rester
confinés chez eux; le monde a besoin de vous…
Et
le 29 avril 1968, l’ORTF lance une bombe à retardement en programmant
quotidiennement à 20h30 une mini-série de dessin-animés avec l’inimitable voix
de Claude Piéplu, « Les Shadoks », truffée d’humour noir et
d’histoires absurdes… Avec en prime des maximes frappées au coin du bon sens
absurde comme « s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de
problème »… On dirait du Si-Bête N’Diaye…