Brèves du 26 avril 2019

Cher Monsieur le Chroniqueur,

C’est en ma qualité non négociable et hautement respectable de responsable principale des ressources musicales de la Congrégation des maristes abonnés au gaz pour la propagation de la Foi à Audun-le-Tiche que je vous écris aujourd’hui d’une plume courroucée et étranglée par l’indignation à peine contenue par des bas antivarices Flébite-Decheval.

Non, ce ne sont pas les signes avant-coureurs d’un parkinson aussi précoce que dévastateur qui secouent mon stylo au point de faire croire qu’on est en train de pratiquer une saillie à la hussarde sur mon individu à l’instant même où je trace ces lignes !

C’est l’indignation outrée et intégralement écœurée qui me pousse à faire le sacrifice d’une feuille de papier d’une virginale blancheur, de quelques millilitres d’une encre bleue qui viendra souiller le dit rectangle papetier tel un crachat bien gras sur une joue innocente, et d’un timbre à tarif lent (parce qu’il ne faut tout de même pas engraisser inutilement ces fainéants de La Poste).

C’est aujourd’hui une chrétienne outrée, une catholique bafouée dans les moindres recoins de sa croyance inébranlable (à la différence des enfants de chœur comme aime à le répéter Monseigneur Barbarin), qui vient vous faire défense irrémédiable et irréfragable de cracher votre venin et autres sécrétions corporelles mal définies mais tout autant salissantes sur la religion !

Comment osez-vous vous attaquer de manière aussi délibéré, veule et anticatholique à ce monument de la foi qu’est Notre Dame de Paris ? Comment pouvez-vous encore vous regarder dans le petit matin blême et bruineux dans le miroir ébréché de votre salle de bains moisie de votre miteux appartement dans les rebuts fangeux d’une banlieue dortoir mal famée ?

N’oubliez pas que Notre Dame de Paris a vu s’agenouiller depuis des siècles et des siècles des hordes de pèlerins qui faisaient soutane et sous eux tant la magie spirituelle et le mysticisme ambiant les prenaient au cœur comme un hussard trombinait l’accorte madelon d’un bouge de garnison avec le coup de rein dévastateur et la zigounette à tête chercheuse…

Notre Dame de Paris est un des hauts lieux du catholicisme international, au même titre que la basilique de Saint-Pierre de Rome, la Cathédrale Saint-Marc et la Décanale Ajax WC… Un lieu qui a été encensé depuis la pose de la première pierre… Puisque vous doutez de toutes et tous, demandez donc à Brigitte Macron, elle y était…

Et je me permets d’attirer également votre attention sur le fait qu’outre ma position associative enviable par certaines punaises de bénitier qui passent leur temps à médire des autres paroissiennes et à s’essuyer la chevelure grasse avec leur livre de messe (d’où l’expression « beurre de missel »), je suis également une femme (bien que certains malotrus viennent à en douter) et en tant que femme, je m’insurge de vos itératives saillies aussi stériles qu’un eunuque castré envers l’épouse de notre vénéré Président, qui éprouve lui-même un immense respect envers sa moitié, puisqu’il ne la touche jamais…

Il y a fort à parier que si vous venez à apprendre que Brigitte Macron retourne au tableau et va redonner des cours de français, vous ne pourrez vous empêcher de persifler qu’elle pourra s’adresser en priorité aux téléspectateurs de NRJ 12 et de W9…

Je m’insurge à un point tel que je sens mon stérilet modèle Sécu ’65 vibrionner dans la gangue de mon cloaque intime contre les insanités que vous débitez à la douzaine contre les nobles représentantes de mon sexe : Régine, Josée Dayan, Patrick Juvet, Bilal Hassani ou encore Muriel Robin…

Sous le prétexte hautement fallacieux que Nathalie Loiseau n’a pas démenti l’affirmation du déni de son contredit désavouant la réfutation de sa confirmation niant la certification du refus de son appartenance passée à l’extrême-droite… Et puisqu’est-ce que vous avez tous contre l’extrême-droite ? Ce sont des gens charmants… qui certes ont un goût peut-être trop prononcé pour la couleur vert-de-gris, les chambres chauffées aux gaz et qui ont l’avant-bras arthritique qui se tend facilement…

Ah parlons-en, Monsieur le Chroniqueur, de votre appétence pour nos hommes politiques, eux si lisses, avenants, serviables, et je ne citerai pour exemple probant et paradigmatique que Jérôme Cahuzac, Charles Pasqua, Manuel Valls, Lorrain de Saint-Affrique…

Dieu me prothèse, comme aurait dit Patrick Sabatier, paix à son dentier, je me suis bien gardée de regarder les fariboles télévisées de notre Président de la République. Non pas que je ne sois pas une fervente adepte de sa politique, mais à l’âge canonique que je viens d’atteinte voici près de trois lustres, je me lasse vite des airs de pipeau…

Evidemment, je n’ai pas pipé mot ce matin aux Laudes que célébrait le Père Deburnes de la paroisse de Saint Théophraste de Lolisbos… Chacun pense comme il le désire, pourvu que ce soit dans mon sens… Quand on voit sur les réseaux sociaux le déchainement de bêtises aussi grosses que l’animatrice de Déco, on se félicite qu’Aurore Bergé ou Marlène Schiappa n’aient rien déclaré… Pour obtenir une telle concentration de conneries au centimètre cube, elles ont dû se faire greffer des vieux tampax de Nabilla…

Je me permets toutefois, Monsieur le Chroniqueur, de faire amende honorable puisque certaines représentantes du sexe féminin ont dû être bercées trop près du minaret, à l’image de cette thérapeute koweïtie qui affirme qu’un ver anal est responsable de l’homosexualité et propose comme remède des suppositoires… Ce qui est logique, l’un dans l’autre… Un trou du cul qui propose des suppos…

Mais je bavarde et je m’attarde et je vais manquer de papier et d’encre pour vous parler des femmes qui seront bientôt la fierté aux quatre coins de notre hexagone. Je vous ai déjà parlé de Bilal Hassani, la queen qui chante « Roi », histoire de se persuader de l’impossible, qui sort son premier album aujourd’hui, et j’avoue que question pochette, il sera désormais difficile de faire plus gay que ça…

Je voudrais vous entretenir de la femme, la vraie, encore que je ne sois pas allée personnellement vérifier, qui sera chargée de transmettre au monde ébaubi le résultat du vote du jury français lors du Concours Eurovision 2019. Ce ne sera pas Elodie Gossuin, qui grâce à Dieu gardera ses Youhouhouhou mongoliens pour les résidents de la Clinique Psychiatriques Les Zinzins du Gingin, mais Julia Molkou, une parfaite inconnue qui ne tardera pas à le redevenir…

Je pense que BFMTV s’en fera l’écho, maintenant qu’elle sera dirigée non pas par un suppôt de Satan mais par un suppo de Tata-n, Marc-Olivier Fogiel, qui quitte Radio-Luxembourg, visiblement parce qu’il n’avait plus de câble à dérouler. Nul doute que ça va défiler sous son bureau… Espérons que la moquette est de pure laine, en synthétique, ça irrite les genoux, comme me le confiait hier encore Cyril Féraud…

Je terminerai mon courrier qui je n’en doute pas saura vous ramener dans le droit chemin de la Maison du Christ et la stricte observance de la doctrine chrétienne telle qu’issue du Concile de Trente, voire celui de Quarante, en priant pour les âmes pécheresses qui s’en sont allées retrouver le Seigneur.

Prions pour Jean-Pierre Marielle, sa voix caverneuse et ses rôles de beauf grivois dans des comédies navrantes, je plains sincèrement les Galettes de Pont-Aven, définitivement orphelines…

Prions pour Ken Kercheval, l’inoubliable Cliff Barnes dans Dallas, l’ennemi juré de J.R. qui ne se privera pas d’avoir une relation avec Sue Ellen, preuve de son appétence immodérée pour la morue au porto, qui a prouvé que dallas était vraiment un univers impitoyable…

Prions enfin pour Hervé Fornieri, qui a replié son pébroque le jour même de ses soixante-quatorze ans, inoubliable chanteur des Chats Sauvages et l’une des dernières étoiles rock à la française, qui est toujours restée fidèle à ses convictions musicales, et droit dans ses Santiags. Et non, je me refuse à prononcer un pseudonyme qui signifie Rivières de bite, désolée.

Et je vous rappellerai avant de vous prier d’agréer mes salutations distinguées mais néanmoins outrées, que le 26 avril 1932 naissait Francis Lai, un immense compositeur de musique française, qui malgré son nom composait de belles mélodies…

Brèves du 18 avril 2019

« Il est venu le temps des polémiques…

« La France a lancé

« De nouvelles controverses… »

Loin de moi l’idée de réécrire les chefs d’œuvre de la musique contemporaine, surtout que Luc Plamondon est nettement moins mauvais parolier qu’Obispo ou Barbelivien…

Mais le fait est là. On n’a pas encore évacué le charbon de bois témoin du méchoui géant de lundi soir dans la cahute à Dieu le Père, on n’a pas encore fini de souffler dans les tuyaux du Grand Orgue pour faire sortir la suie, on n’a pas encore déblayé les reliefs de l’Armaggeddon miniature de l’autre jour, que déjà des esprits chagrins, des cortex étriqués voir des sous-dimensionnés cérébraux venaient souffler sur les tisons, jeter du Saint Chrême sur les braises ou carrément tenter d’enflammer les brandons (qui ne sont pas des personnages mononeuronaux de soap opera amérloc chobouillants du slip).

Oh les vilains fâcheux ! Oh les ratatinés du sentiment ! Les rabougris de la flamme nationale !

Comme le disait tout à l’heure Christine Boutin sur Radio Chapelet (la Radio des enfileuses de perles qui aiment à se faire enfiler comme ces dernières), il faut savoir se hisser au-dessus des partis (ça doit lui rappeler de lointains souvenirs d’un cousin de la jambe du milieu), et constater les faits comme ils se présentent. L’incendie de Notre Dame est tragique et les pertes, dramatiques. Notamment cette sublime flèche, autrefois dressée tel un fier phallus turgidement érectionné dans une banditude priapique dégoulinante d’envie sodomite qui pénétrait les nuages humides dans la ferveur orgasmique d’une ondée de cyprine sous pression qui… Plait-il, ma Sœur ? Vous disiez ? Et Dieu dans tout ça ?...

La polémique enfle, tel une saucisse de Strasbourg qui ne va pas tarder à finir comme une Morteau, comme dirait Titine, mais vous n'avez pas encore osé prendre part aux discussions parce que vous ne savez pas quoi dire ?

Et puis de toutes façons, c’est bobonne qui prend les décisions à la maison, alors, je vais pas me taper une semaine de location à l’Hôtel des Culs-Tournés pour une prise de position inconsidérée sur l’incendie de Notre Dame, et ses suites…

Quoi qu’il en soit, voici un petit guide de survie en cas de conversations Notre-Damesque, des réflexions toutes faites à utiliser selon vos penchants intimes personnels…

Si vous êtes de gauche (si, si, il en reste encore quelques-uns, incrustés dans les placards de France inter) : Ha ça, pour reconstruire des bâtiments boursouflés de religiosité mal à propos dans un cadre républicain, y a du fric, mais pour les gens victimes d’un système libéral qui dorment dehors, hein...

Si vous êtes de droite (je sais faut pas le dire parce que ça fait automatiquement vieille rombière du seizième en pull bleu-marine et collier de perles qui promène son réservoir à pisse avenue Montaigne) : C'est un joyau du patrimoine ! Un cadeau divin, un émerveillement culturel ! Mon don devrait être déductible à 100 %, et assorti de la Grand Croix de la Légion d’Honneur, merde, quoâ !

Si vous êtes bobo-gaucho-branchouille (bref, dans la mouvance de la mode qui se démode) : Mais faut absolument pas reconstruire à l’identique ! Faut nécessairement faire communier l’ancien et le post-moderne en une osmose symbiosique trop top tendance ! Réaménager le toit en terrasse ultra-branchée avec un bar à brunch vegan où l’on dégustera des brochettes de tofu farci à la fiente de cacatoès équitable tout en écoutant du Bourdieu revisité par Angèle et en devisant du chef d’œuvre de Chantal Akerman, sublime en version albanaise sous-titrée en moldoslovaque dans sa rétrospective sponsorisée par Télérama…

Si vous êtes catholique (mais genre grenouille de bénitier qui ne veut se faire culbuter que lumières éteintes, dans le pieu sous le crucifix et chapelet entre les pognes, et refuse d’avaler parce qu’elle va communier le lendemain et qu’au prix où sont les hosties… : Jésus, Marie, Joseph et tous les saints du calendrier grégorien ! Vite, à genoux et prions pour montrer la grandeur de notre Seigneur Tout Puissant, qui nous envoie la colère divine sous la forme du feu sacré pour éprouver notre foi (et contre ça, y a que Vichy Saint Yorre, car mon foie connais pas…) et montrer la voie vers la Sainte Trinité version Darmanin (Au nom du Pèze, et du Fisc, toutes tes économies, amène…).

Si vous êtes membre de Daesh (vous vous rappelez des enturbannés qui rêvent de soixante-dix vierges mais en attendant se font sauter en public) : Paf ! Bien fait ! Et ces chiens d’infidèles qui sont capables de faire un barbeuc’ de saucisses petit-salé, merguez là-dessus…

Si vous êtes complotiste (avec les Gilets jaunes et les amateurs de téléréalité lobotomisante, l’espèce en voie de prolifération façon chiendent survitaminé) : Ha ouais ? C’est quand même bizarre, hein ! Juste au moment où Macron devait faire son discours pour nous empapaouter profond ! (Ou alors version 2 :) Précisément quand c’est que les gilets jaunes gagnent en nombre et menacent la citadelle d’ivoire de sa Seigneurie… (Ou encore version 3 :) Pile poil la semaine où c’est-y que PNL sort un album qui va déchirer sa race et faire saigner les tympans des plus célèbres sourdingues de l’histoire de la musique musicale des quatre coins de l’hexagone franco-hexagonal…

Si vous êtes doué en Photoshop (il s’agit de l’application qui en deux clics permet à toutes les Régine démaquillées au réveil après une nuit de biture au gin-coca de ressembler à une diaphane vierge de David Hamilton dans un sfumato vermeerien qui fait pisser d’envie Isabelle Adjani) : Et là, j'ai mis un dragon la gueule ouverte, et j'ai dit que c'était pour Game of Thrones, la saison ultime où on va déquiller tout le monde…

Si vous êtes anticlérical (a priori les neuf dixièmes de la population, qui cependant hurle « Oh Mon Dieu ! » quand on leur ravage les Pays-Bas à grand coups de sceptre divin) : Bien fait pour leur gueule, aux curetons ! et au moins, ça fera des vacances anales aux enfants de chœur, sales pédophiles ! Non mais franchement, être dirigés par une vieille tante de plus de quatre-vingt balais qui s’habille toujours et encore en robe de mariée, et qui balance la bénédiction urbite et gourbi en agitant son sac à main qui prend feu depuis le balcon de la Place Ajax-WC (anciennement Saint-Marc), faut pas déconner quand même… Et puis, le Vatican a donné combien, pour la reconstruction ?

Si vous êtes Nationaliste (bien que tout le monde s’en défende, y en a suffisamment pour Marinette finisse au second tour…) : J'ai trouvé sur le blog d’Éric Zemmour qui retouitait ça depuis le site « Français de souche et les bicots dehors » des commentaires d'arabes qui rigolent ! Foutez-moi tout le monde dehors. TOUT LE MONDE ! Une bonne guerre chez les bougnoules qu’on les zigouille tous, on aura de la place pour se garer et des points-kébab qui serviront du porc français… Et vous allez voir que si on confie le projet de reconstruction de la flèche à Jack Lang, on va hériter d’un minaret… J’dis ça, j’dit rien… Et je persiste et je signe : Francisco-Mehdi Mangamacaroni…

Si vous êtes BFMTV (ou tout autre chaîne d’information continue) : Eh bien, oui, je vous le confirme, mon cher Kader-Brandon Duschmolldu, en direct de là ou c’est que ça se passe actuellement, nous entrons dans notre dix-septième heure d'un toit qui brûle, sans autre info... Bien évidemment, nous referons une alerte-info qu’il ne se passera strictement rien…

Si vous êtes écolo-végan (genre de plouc mal lavée et qui renifle la sueur rancie et le patchouli rassis, façon Zaz en à peine moins crade) : A l'image de notre planète qui voit flamber sa faune, sa flore et ses ressources naturelle sans cesse pillées par les trusts multi-nationals et les empoisonneurs de tout poil (Monsanto, on t’enc… au gravier gros grain), contemplez la destruction de la grandeur de l'humanité. Et je vais aller me faire une tartine de quinoa non raffiné aux algues gluantes, arrosée de thé de bouse de yak népalais…

Si vous êtes féministe ( de la trempe de Catherine Deneuve, mais avec le brushing de vieille pute sur le retour, et le panneau « Travaux de restauration en cours » en moins) : Voyez ce que subissent les Notre-Dame partout dans le monde, tout le temps, par la faute de cette bande de porcs machistes qui ne pensent qu’à leur égoïste plaisir pénien ! Chattes en jachères du monde, unissons-nous et osons braver la bitocratie dominante d’un clitoris fièrement gonflé !

Si vous êtes épouse d’un Président en fonction (a priori, il n’y en a qu’une, et heureusement, parce que la restauration de l’édifice coûte presque aussi cher que celle de Notre Dame, et celle-là est hebdomadaire) : alors vous êtes effondrée (au moins autant que la charpente, mais c’est aussi visible), puisque vous aviez assisté à la pose de la première pierre de la tanière d’Esméralda…

Et le 18 avril 1934, Citroën lançait un nouveau modèle destiné à pérenniser les finances de la marque, une 7 chevaux aux roues avant motrices et adoptant les solutions les plus modernes de l'époque : en plus du mode de transmission, une structure monocoque, des freins hydrauliques et une suspension à roues indépendantes sur les quatre roues, lui conférant une meilleure tenue de route que la plupart de ses contemporaines. La Traction Avant venait de naître. Une voiture qui tenait la route… Pas comme toutes ces vaines bavasseries Notre-Damesques… 

Brèves du 16 Avril 2019

Pleure pas, Esméralda… Pleure pas, Quasimodo… Pleure pas, Frollo…

Pleure pas, Esméralda… ils sont sauvés, les vitraux de la grande rosace qui laissait pénétrer sur les dalles de la nef la lumière colorée qui donnait une idée de la douceur ouatée du paradis…

Pleure pas, Quasimodo… Elles sont sauvées, tes cloches, préservées de l’effroyable dans leur beffroi pluriséculaire et tu pourras les sonner à nouveau, dans un fracas indescriptible ou avec la délicatesse d’un tondeur d’œuf pour accompagner le grand orgue, encrassé mais intact…

Pleure pas, Frollo… Les inestimables reliques sont pour la plupart hors de danger et tu pourras continuer à adorer la couronne d’épines et la tunique de Saint Louis… Mais il faudra que tu te souviennes du coq reliquaire de la flèche, et des vitraux centenaires…

Pleure pas, toi, toi, vous, les autres, et le reste de tout ceux qui ont suivi, médusés, incrédules, sidérés, ces images d’une actualité brulante, notre petit 11-septembre à nous où les tours n’étaient qu’une flèche de 93 mètres qui défiait le ciel et les siècles depuis plus longtemps que Line Renaud, c’est vous dire…

La flèche est tombée, en direct, devant des yeux médusés, des objectifs incrédules, des caméras sidérées et des observateurs dont la finesse et la discrétion ne sont pas le point fort. A l’image de Christine Boutin qui a touité « La flèche est tombée, la France est touchée au cœur ». Mais Christine, elle, est toujours debout. Normal, ce n’est pas une flèche.

A l’instar de ces quelques individus abjectement puants qui ont cru spirituels d’ironiser grassement sur la catastrophe qui se déroulait… On se posait encore des questions sur le niveau intellectuel de l’UNEF ? Allez vous balader sur la twittosphère, et vous serez rassurés sur la profonde bassesse et le parfait racisme d’une connasse intégrale qui s’en balek objectivement de ces bouts de bois. Et le jour où on fait un barbeuc de saucisses devant une mosquée, faut faire trois jours d’obsèques nationales…

Rassurez-vous, l’autre Drame de Paris, Anne Hidalgo, ne sort pas grandie, pour le moment de ces heures difficiles. Son intervention sur Radio Gaucho (qui devient de plus en plus Radio Vatican puisque Demorand a prononcé un « Mon Dieu » presque sincère en fin d’émission) était plus digne d’un meeting électoral que d’une édition spéciale. Aucune émotion dans la voix, pas de grandes phrases, ni de petits mots, elle aurait été aussi convaincante à nous débiter les tarifs de la côtelette aux Halles de Rungis. On aurait aimé un peu d’empathie, et qu’elle arrive à éteindre le brasier, plutôt que la Tour Eiffel.

Car les solutions étaient à portée de neurone, pour sauver la forêt de la charpente, entre autres. On empruntait deux soutifs à Damidot, on les trempe dans la Seine, deux hélicos, on balance le tout comme l’eau bénite et hop ! le tour était joué ! D’accord, on avait une nef transformée en fosse de plongée, mais qu’importe !

Une fosse de plongée qui ne serait peut-être pas suffisante pour sonder la débilité sans nom de certaines personnalités que je ne nommerais pas pour ne pas faire de tort à la porte-parole du Gouvernement, Sibeth la bien nommée… On attendait à tout moment un tweet genre « Wesh, l’église elle est cramed »… Ce qui est certain, ce n’est pas l’ardence de ton intelligence qui l’a enflammée…

Ce n’est pas non plus notre idole des jeunes qui est responsable de l’incendie, même si l’un de ses titres, « Allumer le feu », pouvait le laisser penser. D’après des proches de la star, il serait actuellement enterré à Saint Barth’. BFMTV enquête…

Alors qui ? Ou quoi ? La négligence bête, la faute à pas de chance, la fatalité ? Le saura-t-on un jour ? Et à quoi cela servira-il ? Une chose est certaine, ce n’est ni Quasimodo, qui pourtant brulait d’amour pour la jolie gitane, ni l’Abbé Frollo, qui portait une soutane ignifugée tant il avait le feu au slip…

Personnellement, j’attends patiemment l’insinuation de nos valeureux Gilets Jaunes qui va prétendre que c’est Macron qui a craqué l’allumette fatale pour éviter d’avoir à répondre à leur légitimes et exorbitantes revendications loufoco-révolutionnaires… Non, mais ils ont vu la Vierge, eux…

Mouais… M’est avis que la Daronne du crucifié avait d’autres choses à faire hier… au moins une des trois rosaces sauvées, le grand orgue intact (avec ses sonorités divines qui vous font toucher au sublime et frissonner comme ma frangine, d’où l’expression « tu vibres, ô ma sœur »), les stalles de bois préservées et la Pieta intacte, alors que la flèche s’est effondrée à quelques centimètres de là…

D’accord, on ne peut encore parler que d’heureuses coïncidences… Le vrai miracle, c’est si la Merguez du Bled se hisse parmi les dix premiers du classement à l’Euromachinchose…

Et encore faudrait-il qu’il verse du liquide… Beaucoup de liquide… Tout pareil que nos richards nationaux, qui se sont saisis de l’occasion sur les braises de la cathédrale pour se donner bonne conscience. Et c’est parti pour la course aux dons ! Cent millions d’euros chacun pour Pinault et Total (c’est malin, de la part d’un fabricant de produits hautement inflammables), deux cents millions chacun pour les familles Arnault et Bettencourt.

Allez ! C’est la course à l’échalote, le sprint au meilleur donateur ! Plus de trois cents millions de dons ? Vous aurez droit à une soirée avec Monseigneur l’Archevêque de Paris, avec chants liturgiques, mousseux tièdes et enfants de chœurs à point au dessert ! On dépasse le demi-milliard ? Là, c’est carrément le voyage au Vatican avec audience privée avec le Pape, indulgences plénières et strip-tease intégral…

Contrairement à ce que chantait Bruno Pelletier il y a deux décennies dans une comédie musicale à succès, il n’est pas foutu, le temps des cathédrales ! On va la reconstruire, on va cautériser les plaies, suturer les entailles, replanter la forêt, rezinguer les toitures, redonner à la flèche sa plus belle érection (ce qui va faire mouiller les Sloggi à la Conférence épiscopale), décrasser les gargouilles…

Evidemment, beaucoup d’entre nous n’en verront pas le bout, mais ce n’est pas un brasero improvisé face au brasier infernal qui va éteindre en nous la flamme ardente de perpétuer l’étincelle brûlante de la passion du beau, du mystique, et de l’intemporel.

Pleure pas, Esméralda… Bientôt tu pourras te faire sonner les cloches au creux des chapelles rendues à leur lustre antérieur…

Pleure pas, Quasimodo… Demain, les gargouilles débarrassées de la suie seront plus belles que toi, et se remettront à défier les outrages du temps…

Pleure pas, Frollo… D’ici peu, la solennité du lieu lui sera rendue car la lumière brille même au plus profond de la nuit, comme cette croix, luisant au milieu des décombres fumants ; et tu pourras adore de nouvelles reliques encore plus rarissimes, comme le crâne de Jésus enfant…

Pleure pas, toi, toi, vous, les autres, et le reste du monde… Paris sait se relever des coups durs, elle ne manque pas d’air, et nul doute qu’elle en aura assez pour ôter celui qui nous mortifie aujourd’hui… Afin que demain, Notre Drame de Paris redevienne Notre Dame de Paris…