« Celui qui disait qu’on n’avait plus aujourd’hui de grands comiques,
« N’a jamais vu Poniatowski dans un nouveau sketch politique
« C’est à mourir, mourir de rire
« Quand on les voit à la télé
« Avec eux, on peut bien le dire,
« On ne voit pas le temps passer… »
On pourra gloser pendant des heures, peser le pour, le contre et le reste, soupeser la thèse, l’antithèse, la réciproque et son corollaire, défourailler sur le passif et l’actif, dégoiser sur l’apparente légèreté lourdasse des paroles qui ne collent qu’imparfaitement à la mélodie originale… Force est de reconnaître que Thierry Le Luron avait parfois, dans ses pastiches, des instincts visionnaires, ou à tout le moins parfaitement prémonitoires…
A l’occasion de l’imitation du moustachu d’Antraygues, l’échantillon d’artiste que Chazot, pour faire un mot chez Castel, surnommait La Luronne, remarquait sur le mode aigre-doux que bien souvent, nos politocards étaient des rigolos rigoureusement fumistes s’apparentant à des branquignols intégraux.
Que l’on se rassure tout de suite, la classe politique actuelle n’a pas évolué d’un iota sur ce point depuis les temps héroïques où Le Luron faisait fureur ! De Mélenchon à Marine en passant par le tambourineur de vieilles cocottes encroûtées, il n’en est pas un qui ne soit pas doué de capacités comiques insoupçonnées, propres à nous faire humidifier nos sous-vêtements en moins de temps qu’il n’en faut à Ribéry pour tirer aux putes…
Enfoncés, les comiques traditionnels, ridiculisés les amuseurs publics, atomisés les chansonniers qui ont fait un temps gondoler les foules, nos parents et nos grands-parents… Les Frères Ennemis, Raymond Devos, Jean Rigaux, Anne-Marie Carrière… A dégager ! Au rencard, les Jacques Mailhot, Jean Amadou et autre Bernard Mabille ! Face à nos politocards, ils font définitivement figure de croque-morts dépressifs en panne d’inspiration hilarante…
Vous m’avez l’air particulièrement dubitatifs, ce qui n’est en aucun cas une zigounette à perruque… Souhaitez-vous que j’illustrasse incontinent mes propos affirmatifs de quelques exemples concrets piochés au petit bonheur la chance dans les futilités récentes de notre pesante actualité ? Soit !
Et je vous dirais tout de go que chaque époque a les De Gaulle qu’elle mérite. Il ne vous aura pas échappé, grâce au battage médiatique dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, que la seule motion de censure adoptée sous la Cinquième République le fut en octobre 1962, entraînant la chute du Gouvernement Pompidou. Lequel Pompidou resta finalement en poste jusqu’en 1968, les gaullistes ayant largement remporté les législatives anticipées et le Général ayant renommé Pompon Premier Ministre.
Aujourd’hui, Emmanuel Macron joue les Mongénéral à la petite semaine, avec sa dissolution foireuse et ses atermoiements interminables pour nommer Michel Barnier, qui aura au moins comme titre de gloire d’avoir été le plus bref Premier Ministre avec quatre-vingt-dix jours en poste.
Et maintenant ? Maintenant que la motion de censure a été largement votée, Macron va nous jouer un grand sketch politique dont vous aurez la primeur ce jeudi soir.
Et avant lui, nous avons déjà eu le défilé des comiques, venus nous servir devant les micros leurs fariboles désopilantes.
Mathilde Panot, visiblement ravie d’avoir évité le grand sacrifice de dindes de Thanksgiving, a ouvert tout grand son inextinguible robinet à conneries en appelant avec un aplomb désarmant la démission du Président, en ce jour historique, selon ses propres termes. C’est qu’elle se verrait déjà à Matignon, prête à égaler le nombre de bourdes énumérées par Si-Bête N’Diaye ! Ce serait à n’en pas douter un atout de poids, dans tous les sens du terme…
N’hésitant pas un instant à verser dans l’autoritarisme primaire, la grosse huileuse prévient qu’elle censurera tout gouvernement dont le premier ministre ne serait pas LFI… C’est beau, tout de même, l’ouverture d’esprit…
Lui emboîtant le pas, Jean-Philippe Tanguy n’a pas attendu pour savonner la planche élyséenne en affirmant que le RN était prêt à une présidentielle anticipée. Tu m’étonnes ! Quand on sait que Marine risque fort une inéligibilité dans les mois qui viennent, ils sont prêts à tout pour hâter les choses afin que la fille de Neunœil de Montretout ait ses chances dans les urnes…
Quant à l’hydrocéphale de LFI, il confesse que la chute de la Maison Barnier est une forme de soulagement et de joie. Encore un qui s’imagine à Matignon sous les ordres de Mélenchon… Arrêtez, par pitié, je me marre tellement que j’ai le rimmel qui fout le camp !
Toujours aussi hilarant, Mélenchon, dans son grand numéro de conducator interstellaire, assène que même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans. Ah, il a la rancune tenace, le Chon ! Il se voit encore et toujours perruqué de frais et s’installant à Versailles sous le nom de Jean-Luc 1er ! Mis à part une cellule capitonnée à Saint-Anne, je ne vois pas ce qu’on pourrait bien lui offrir…
Pour le gardien du cimetière des éléphants socialistes, pas de déclarations fracassantes ni de fanfaronnades hilares. Toujours aussi yéyé qu’un pot de yaourt tiède, Olivier Faure préfère le comique morose, et souhaite que le Président entende enfin les français, en acceptant l’idée d’un Premier Ministre de gauche. Poilant, n’est-il pas ? Il aurait eu un verre de beaujolais dans le pif qu’il aurait presque cherché à décongeler Lucie Castets…
Pour ce qui est de la nomination du nouveau locataire de Matignon, préparez-vous à vous taper sur les cuisses. Manu va s’adresser aux français demain, visiblement pour donner le nom de l’heureux élu. En effet, notre Président jupitérien a affirmé pouvoir nommer quelqu’un dans les vingt-quatre heures. Il serait limite éjaculateur politique précoce, notre Manu… Faudra demander à Brigitte s’il balance l’eau bénite à peine le mignardage de frisée effectué…
Là encore, on va se marrer velu, car les candidats au siège éjectable matignonnesque ne se bousculent visiblement pas au portillon. Si c’est pour faire ses cartons à peine déballés, non, merci bien !
Nul doute que le bal des prétendants a déjà commencé à l’Elysée, à grand renfort de dos courbés et de cirage de pompes triple épaisseur. Le nom de François Baroin est avancé, mais se retrouver avec un Harry Potter vieux aux commandes ne réjouit guère. Pas plus que Sébastien Lecornu, Ministre démissionnaire des Armées, aussi charismatique qu’un calmar lobotomisé de frais, ou que Bruno Retailleau, Ministre démissionnaire de l’Intérieur, avec qui Matignon prendrait des allures de Kommandantur, en plus strict.
Alors qui ? Puisqu’on barbote dans la plaisanterie la plus totale entre ceux qui redoutent le chaos intégral et ceux qui se trempent le slip en espérant voir les maroquins ministériels s’offrir à eux, autant frapper un grand coup et créer un électrochoc en nommant un vrai comique, qui ne recule devant aucune compromission pour faire marrer les foules et s’esclaffer la valetaille.
Et là, un nom, un seul, me saute au visage comme une faciale crémeuse dans un film de boules : Patrick Balkany !
Il serait parfait pour le job, le Thénardier du 9-3 qui s’évertue toujours à croire que Levallois-Paierait… Portant beau, roublard comme on n’en fait plus, toujours prêt à un coup fumant avec un sourire de VRP de province, Patoune est « ze » recours pour sauver la fin du mandat macronien !
Certes, on se ferait toujours enfler dans les grandes largeurs, mais au moins, ce serait fait avec bonhomie et un indéniable sens du spectacle. Et imaginez l’inauguration de Notre-Dame de Paris, avec, bien alignés en rang d’oignon, Manu et Patrick Balkany, flanqués de Brigitte et Isabelle Balkany, dont on se demanderait laquelle des deux joue la réincarnation de Quasimodo, en plus moche… Ça ne serait plus la Cathédrale de Paris, encore moins la crèche de Noël mais un vrai remake de la Cour des Miracles !
Balkany à Matignon, c’est la poilade intégrale assurée, le détrempage de moulebite continu 24/7, la fin de nos soucis bassement quotidiens et routiniers !
Qu’importe les hausses d’impôts, le rabotage des retraites, l’augmentation exponentielle de l’électricité et des denrées alimentaires, la grogne des agriculteurs et les grèves de la SNCF ! Patoune sera à Matignon, et on se marrera !
Si on ne se marrait que modérément avec Barnier, un peu comme aux spectacles de Franck Dubosc et de Gad Elmaleh, on devrait au contraire s’humidifier intensément les strings avec son successeur, surtout si c’est l’inénarrable Balkany…
Entre deux hoquets de rire mal contrôlés, j’ai tout de même une pensée attristée pour l’équipe gouvernementale météorique de Michel Barnier. A peine installés, les ministres doivent remballer fissa leurs affaires. Et dire qu’ils n’auront même pas eu le temps de faire la une des magazines. Quel manque à gagner pour Paris Match !
Seule exception notable, le Ministre de la Fonction Publique, Guillaume Kasbarian, qui a eu le temps de se répandre dans les colonnes de Gala pour présenter son compagnon. Entre photos des deux tourtereaux répandus en chaussettes sur le canapé et déclarations d’amour dégoulinantes de mièvrerie sirupeuse, le bouchon joufflu et moustachu a rudement bien calculé son coup ! Encore un bien introduit dans le milieu, semble-t-il…
Vous l’aurez compris, avec la marrade généralisée de la motion de censure, l’actualité nous offre peu de scoops ébouriffants. Tout au plus aura-t-on appris que Cyril Féraud reviendra comme candidat à Slam durant les fêtes de fin d’année, histoire de voir si la taule est correctement tenue (visiblement à bout de bras) par Théo Curin. C’est qu’on le soupçonnerait de vouloir récupérer sa place, le blondinet…
Le Luron vous le chantait, on n’a décidément plus de grands comiques… Prenez le cas de Bernard Haller, né le 5 décembre 1933 en Suisse, et mort à Genève le 24 avril 2009, adepte d’un rire à la fois simple et sophistiqué. Il avait souhaité dans un de ses sketchs que l'on annonce son décès ainsi : « Mort d'Haller : merde alors ! ». A mourir de rire…
jeudi 5 décembre 2024
Brèves du 05 Décembre 2024
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