lundi 9 septembre 2024

Brèves du 09 Septembre 2024

 Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir !

Je vous parle en direct et en Mondovision depuis la Basilique laïque de Saint-Emmanuel-de-l’Elysée, d’où s’élève depuis quelques instants une fumée blanche qui plonge toute la Macronie dans une extase lourdesque à peine descriptible ; la nouvelle vient de tomber, et je dois vous confesser qu’elle était tant attendue depuis plusieurs semaines que l’émotion qui m’étreint à cet instant pousse à m’interroger vivement sur l’intégrité de mes sous-vêtements qui semblent désormais baigner dans une douce humidité intraslipesque.

Je puis désormais vous l’annoncer avec certitude : « Habemus Primerum Ministrum ! ».

Oui, gaudeamus chers amis téléspectateurs, l’anxiogène attente dans laquelle nous avait plongé notre jovien Président vient de prendre fin sous vos yeux ébahis, et je n’en doute pas, désormais baignés de moultes larmes de félicité intégrale.

Vous avez pu le constater, l’accouchement s’est fait dans la douleur, Marianne est une parturiente fort peu habituée à ce genre de délivrance ; et il est à penser que cela laissera des traces tant sur les brocards élyséens que dans la clase politique française.

Face à cette parturition difficile, Emmanuel Macron a employé tous les moyens possibles et inimaginables pour retarder ce moment tant attendu. Arguant de la trêve olympique, puis paralympique, il était même tout prêt à balancer l’interruption de la rentrée scolaire, l’intermission des vendanges en Basse-Provence, la relâche des vacances de la Toussaint, voire la suspension nécessaire due aux fêtes de fin d’année.

Mais la gésine s’éternisant plus que de raison, Marianne risquait une fausse-couche démocratique, aussi notre tambourineur de vieilles couscoussières rétamées à la six-quatre-deux s’est résolu à dévoiler nom de l’inconscient qui se voyait refiler la patate chaude de Matignon.

Et quelle surprise, mes amis ! Michel Barnier, Premier Ministre !

Le public qui l’avait adorée dans ses one-woman-shows caustiques, l’avait appréciée dans la série télévisée « La stagiaire », est sans doute abasourdi de la voir accéder aux plus hautes fonctions gouvernementales.

Ah, on me souffle dans l’oreillette que j’ai probablement dû opérer un léger cafouillage dans mes fiches, à cause de la solennité de l’événement, puisqu’il ne s’agit pas de la fille du Professeur Choron mais bien de l’ancien ministre de l’Agriculture, Michèle Bernier…

Il semble que le Nouveau Front Populaire s’en soit déjà aperçu, puisque nous les entendons depuis la nomination ululer sur toutes les antennes de télévision, radio, télégraphe et même ailleurs, et clamer bien haut leur courroux de ne pas voir leur candidate promue à Matignon.

Le pauvre Barnier n’est même pas encore installé que déjà il se voit agoni de tous les maux de la Terre et de ses environs. C’est pas charitable, quand même ! Laissez-lui au moins le temps de se prendre de lui-même les pieds dans le tapis !

La nomination de ce vieux barbon de la politique française a surpris, la chose est entendue. Alors que la valse des consultations laissait penser que l’on allait se fader un Premier Ministre falot et aux ordres de Manu, v’la-t-y pas qu’il nomme le plus vieux PM de la Cinquième République !

Après la maternelle, le locataire de l’Elysée donne dans l’EPHAD. Ah, on ne peut pas dire qu’il soit sectaire, le Manu !

La dragée est amère à avaler pour Gabriel Attal, qui aura gobé le doigt sur la couture du pantalon toutes les couleuvres que Manu lui a servi, y compris peut-être sa vipère de calbut… Rien qu’à voir sa trombine renfrognée, évoquant irrésistiblement un bambin récemment vermifugé, lors de la passation de pouvoirs, on a compris que le Président et lui ne s’étaient pas roulé un patin de voyou en guise d’au-revoir…

Bon, le personnage principal est en place, reste désormais à connaître le reste du casting pour que le vaudeville puisse continuer. On imagine aisément, comme dans les meilleurs pièces de boulevard qui firent courir les foules à une autre époque, des portes qui claquent, des répliques assassines, des cocus magnifiques et des « embrassons-nous, Folleville » à foison.

Barnier aura fort à faire, avec le NFP qui va lui savonner la pente et Marine Le Pen en maîtresse des horloges. Souhaitons-lui bonne chance, car le cadeau matignonnesque est empoisonné façon gâteau à l’arsenic de chez Astérix.

Si vous en avez plein le fondement des interminables éditions spéciales des chaînes tout-info, il vous faudra creuser profond pour trouver de quoi vous distraire.

Certes, les Jeux Paralympiques battent encore leur plein, et la moisson de médailles françaises fait véritablement plaisir à voir, même si l’on constate que la couverture médiatique fait montre d’un intérêt moins marqué que pour les Jeux Olympiques.

Je ne sais pas si vous avez survécu à la Cérémonie d’ouverture, mais si vous ne ronfliez pas d’ennui au bout d’un quart d’heure, vous aurez sans doute constaté le côté très cheap d’icelle. Soit les organisateurs étaient à court de budget, soit ils s’en tamponnaient le coquillard avec une demi-patte de tripotanus enfariné, quoi qu’il en soit, on se serait cru à une ouverture d’un comice agricole retransmis par Radio-Télé-Tirana en 1960. Heureusement que c’était en couleur, on eût pu confondre…

C’était mou, interminable, trop conceptuel, et les artistes de quatrième zone qui avaient été conviés n’inclinaient pas à la clémence. Encore heureux qu’ils n’aient pas pensé à localiser la cérémonie d’ouverture aux Invalides…

Si le sport ne vous sied pas, vous pourrez toujours vous divertir du sketch des anneaux olympiques, que vous offre Anne Hidalgo. Jamais à court d’une connerie, Notre Drame de Paris a entamé une valse hésitation pour conserver les anneaux olympiques accrochés sur la Tour Eiffel. Gardera, gardera pas ? On verra, peut-être jusqu’aux prochains Jeux, ou pas… Visiblement, sa trempette dans la Seine lui a laissé des séquelles…

Si vous préférez le glauque, les doigts qui collent et les culottes pas fraîches, vous vous repaîtrez des révélations sur l’Abbé Pierre, dont les derniers témoignages laissent à penser qu’il aurait été un salingue qui ne perdait pas une occasion de tripoter de la demoiselle…

Ma pauv’ Lucette, tout se perd ! Alors que l’église catholique fournit des efforts surhumains pour laisser accroire que les prêtres sont immanquablement des pédophiles confirmés, toujours prêts à tremper leur jésus dans de l’enfant de chœur bien tendre et à balancer l’eau bénite dans du douze ans d’âge, l’iconique fondateur d’Emmaüs sape le boulot en ayant trombiné de la paroissienne…

Guère plus hilarant, la mort à l’âge de 83 ans d’une des légendes de la bossa nova brésilienne, Sergio Mendes. Vous connaissez sans doute « Mais que nada »qu’il interprétait dans les années 60 avec le groupe Brasil 66. Aya Nakamura, quant à elle, pète la santé…

Et pour parfaire le tout, lundi dernier a eu lieu la rentrée des classes… Souvenez-vous…

Le petit matin blême est un poil frisquet et le soleil point timidement ses rayons sur les toits de tuiles rouges encore mouillée de rosée. La ville s’éveille doucement, comme un gros matou qui ronronne, et pourtant l’activité est déjà là. Les bars répandent de la sciure fraîche, les primeurs déploient leurs étals en exposant à tous vents leur asperge bien raide et leur concombre robuste, tandis que les bouchers font reluire leur saucisse goûtue et les poissonniers montrent leur raie à qui n’en veut.

Vous, le trouillomètre au triple zéro, vous fixez la pointe de vos Kickers marron toutes neuves avec la secrète volonté de les voir se clouer sur place, vous immobilisant irrémédiablement et interdisant ainsi toute arrivée à destination, au bout de cette rue, vers ce portail de fer peint en gris entrouvert où s’engouffrent des mères traînant comme des boulets des gamins de votre âge, généralement au bord des larmes et de la nausée, pas mécontentes de s’en débarrasser le temps d’une demi-journée…

Vous avez la trouille, faut bien le dire, une trouille indéfinissable et paralysante… Et bien que ces fonctions naturelles aient été remplies voici dix minutes en quittant l’appartement, vous avez tout à la fois envie de pipi, de caca, de vomir et de faire demi-tour…

Et pourtant… Hier soir, assis en tailleur sur le dessus de lit en patchwork multicolore, vous étiez fiers de mettre dans votre cartable Tann’s flambant neuf la trousse tout aussi neuve et tout aussi Tann’s avec à l’intérieur un Bic 4-couleurs et une gomme qui sentait le bonbon avarié, les cahiers à petits carreaux recouverts par les protège-cahiers multicolores et l’ardoise double face à cerclage de bois… Vous étiez contents du sac à goûter vert militaire qui allait sous peu renfermer choco-BN, pain au lait violé d’une barre de Milka individuelle et banane qui imprimera pour plusieurs décennies sur le revêtement lavable intérieur son odeur…

Le portail de fer est franchi, et déjà vous cherchez la main de votre maman qui vous fait un gros bisou tendre, pas plus rassurée que vous, ni que les bambins qui batifolent dans la cour en piaillant comme de futurs poulets aux hormones ou qui brament à s’en péter les cordes vocales, morve au nez et bulles sur les commissures des lèvres. Un signe de la main sur le pas du portail et sa silhouette en pantalon pattes d’eph’ et blouson de cuir marron s’efface…

Ne niez pas, vous vous souvenez tous certainement d’à peu près les mêmes choses lorsqu’on vous parle de rentrée des classes…

Vous vous rappelez les bureaux à couvercles rabattables qui vous ont plus d’une fois pincé les doigts en claquant intempestivement, ces bureaux au vernis craquelé et avec les trous des encriers, témoins d’une génération où l’on écrivait encore à la plume Sergent Major.

Vous vous souvenez de l’odeur (et de la poussière) de la craie lorsque vous étiez appelés au tableau, des lignes d’écriture où vous alignâtes des rangées de majuscules, redoutant l’infaisable « K », des infâmes cabinets à la turque sous le préau qui empestaient le désinfectant Crésyl la première semaine pour retrouver très vite leur fragrance ammoniaquée et émétique de pipi-caca, de l’invariable odeur de poisson pané le vendredi midi, et les frites pas assez cuites les autres jours, ces aventures de Poucet qui vous apprendront à lire et qui étaient aussi idiotes que le dernier Marc Lévy, cette blouse vert pomme en pur synthétique pour la peinture, ces saloperies de tubes de gouache Pébéo qui vous pétaient à la gueule le jour où vous étrenniez un nouveau pantalon

Vous vous remémorez la séance hebdomadaire de télévision scolaire, assis en tailleur devant l’antédiluvien téléviseur noir et blanc, qui avait dû transmettre la première télé de Zitrone et le couronnement de la Reine Fabiola, où l’on s’emmerdait ferme à mater pendant une heure la culture de la pastèque chez les Aztèques, ou les techniques d’enfouissement de la sépiole…

Alors qu’aujourd’hui, la rentrée des classes… Finger in the nose ! Bien évidemment, vous avez les inamovibles bambins qui batifolent dans la cour, les profs de gauche (pléonasme) déjà absents, et les parents qui brûlent un cierge pour s’être enfin débarrassés à moindre coût de leur progéniture… C’est heureusement invariable, quelles que soient les époques…

Et ces chères têtes blondes, brunes, rousses et autres nous auront fait quelque part revivre nos propres rentrées des classes…

Aussi j’espère que vous n’avez pas regardé la grand-messe du vingt-heures lundi dernier ; à moins d’être porté sur le plaisir sadique et de vous pogner le spaghetti à mayonnaise sous pression en visionnant les habituels marronniers de la rentrée des classes : les effectifs trop importants et les refus de création de nouvelles classes, les moutards bramant des litres de larmes et gueulant comme des sirènes d’alerte à la grande époque de la Kommandantur, les mères à cheveux gras et verbe hésitant, grognant sur les conditions d’accueil de leurs têtards à hublots, outrées que leur petit Dylan soit considéré comme un petit merdeux mal élevé et traité comme les autres alors qu’elles-mêmes sont de pâles caricatures des pires pétasses mononeuronales de téléréalité et l’incontournable blondinette chipie à couettes qui vagit à 120 dB dans le micro qu’elle est contente passe keu elle est avec ses coupines…

Vous me direz, ça ou l’interview de Barnier…

Et le 9 septembre 1964, Louis de Funès obtient enfin la consécration qu’il méritait avec « Le Gendarme de Saint-Tropez », premier film d’une série de six où la qualité ira hélas en s’amenuisant, mais qui nous offrira des moments inoubliables comme la chasse des culs-nus, les péripéties de Nicole, la fille du Maréchal des Logis Chef Ludovic Cruchot, ou encore les délires routiers en 2CV de Sœur Clotilde, véritable danger routier… Sans parler du légendaire « Soyez correct ! » d’une bonne sœur replète répondant à un « elle est forte celle-là » équivoque… A l’époque où le cinéma français savait divertir… Et où l’on ne redoutait pas la rentrée (ou comme dirait Attal, de la rentrer…).



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