vendredi 17 novembre 2023

Brèves du 17 Novembre 2023

« Vi maler byen rød og himlen hvid af stjerneskær

« Det grå og triste får en ekstra farveklat

« Så gi'r vi nattens tøj et penselstrøg og gerne fler'

« Og først når solen si'r godmorgen og ta'r fat

« Si'r vi godnat… »

 

Brigitte Macaron me le confiait encore tout à l’heure au sortir de son injection bihebdomadaire d’une bombonne de botox modèle Hilary Clinton ; c’est définitivement dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, et en tous cas, dans les antiques cassolettes qu’on cuisine les meilleures tambouilles. D’ailleurs, son président de mari, grand décrasseur de dindon fripé devant l’éternel, est passé maître-queue dans l’art et la manière délicate d’accommoder les restes de femme…

 

Ce n’est pas Birthe Kjær, multirécidiviste du Dansk Melodi Grand Prix et médaillée de bronze au Grand Prix Eurovision 1989 grâce à ce « Vi maler byen rød » dans le plus pur style cabaret danois eurovisuel, qui contredira les dires de la doublure lumière d’Amanda Lear.

 

C’est à quarante balais bien sonnés, et presque autant de tentatives malheureuses à la sélection danoise, que Birthe foula enfin la scène eurovisuelle avec ce sautillant numéro délicatement nimbé de dix centimètres de poussière de rococo, qui invite au refrain à peindre la ville en rouge et le ciel en blanc de lueur d’étoile, et à rajouter un patch de couleur à tout ce qui est gris et ennuyeux.

 

Peindre nos vies monotones et monochromes, ripoliner en rose bonbon sucé trois fois nos grises cités couleur de muraille, peinturlurer les tronches cireuses des constipés chroniques du sourire… Quel joli programme ! Mais au moins aussi utopique et inapplicable qu’un programme électoral.

 

Allez, qu’importe ! Peignons en rouge ou en couleur vive nos quotidiens trop ternes, car tout va mal, c’est la crise, c’est la merde, ce pays c’est le bordel, et pis de toute façon, on finira tous par crever et arrêtez de me regarder comme ça, je sais que je suis schizophrène mondain, ils me le disent tous dans ma tête…

 

Peignons tout en rouge… De la même couleur que le Beaujolais nouveau cuvée 2023, que les prétentieux, les bobos gauchisants (pléonasme) et les amateurs de pince-fesses mondains ont dégusté hier soir avec la moue vaguement dégoûtée du connaisseur, principalement pour masquer l’atroce acidité de cette piquette imbitable qu’ils auront eu sans nul doute la plus grande peine à pisser ce matin.

 

Depuis 1985, les amateurs du monde entier trinquent à la santé de ce pinard douteux, longtemps vilipendé pour ses vomitifs arômes de banane, et d’après les petits chanceux qui ont déjà dégusté la bibine capable de vous flanquer un ulcère perforant en une seule bouteille, ce fut un choc sismique.

 

La cuvée 2023 aurait, aux dires des rares dégustateurs qui ont à peu près survécu, des arômes de petits fruits rouges acidulés et de sous-bois, et se révèlerait délicieusement souple… Consternation chez les consommateurs très déçus, qui ne se déplaçaient pas pour boire du vin, mais pour écluser un jus infâme qui a invariablement le goût de banane ou de fruits rouges, avec une touche de framboise caramélisée ou de topinambour miellé… Il y a donc eu un processus de vinification normale cette année, quelque part dans une cuve à macération carbonique où d’habitude tout y passe : vieux slips usagés, béton prêt à l’emploi, litière du chat, restes de tambouille de Philippe Etchebest…

 

Peignons tout en rouge… A l’instar des joues rebondies d’Alexis Corbière, à la suite de son lapsus commis en direct sur France Info télé. Le tringleur fou de la Chili Conne Carne a en effet dit « Jean-Marie Le Pen » au lieu de prononcer le nom triplement sacré de son conducator interstellaire, Jean-Luc Mélenchon. Justification cheap du dépité LFI, il aurait été troublé par la journaliste qui l’interrogeait. C’est sur que quand tu te farcis habituellement une mémère dodue dont la classe, la distinction et la taille de guêpe ne font pas partie des qualités premières, fût-elle suspendue au lustre depuis ses foucades à l’encontre de Mélenchon, la vue d’une femme normalement constituée peut provoquer un bien légitime trouble et des humidités intra-slipesques incontrôlées…

 

Peignons tout en rouge… A l’instar des joues velues et non moins rebondies de notre souriant Garde d’Esso, dont le procès devant la Cour de Justice de la République s’est achevé hier. A la suite des réquisitions somme toute assez clémentes du Procureur, les avocats d’Eric Dupont-Moretti ont plaidé la relaxe pour leur client, « coupable de rien » selon leurs mots. Encore des baveux idolâtres de Guy Mardel, chanteur sixties dont l’immarcescible titre de gloire est d’avoir chanté à l’Eurovision 1965 « N’avoue jamais »…

 

Peignons tout en rouge… A l’image de la colère de toutes les associations de femmes battues, qui ont appris hier que le nombre des violences conjugales avait augmenté de quinze pour cent en un an, portant la barre des victimes à plus de 244.000… A l’heure des hashtags MeToo et autres dénonciations à tout va de ces comportements inadmissibles, il y a de quoi péter des câbles, mais tout en se réjouissant que ces dames osent enfin dénoncer la situation. Un point c’est tout. Dans la gueule, de préférence…

 

Peignons tout en rouge… Pour tenter de mettre un peu de baume au cœur des sinistrés des inimaginables inondations dans le Pas de Calais. Plus d’un mois de précipitations quasi ininterrompues dont il résulte des crues inédites et des dégâts très importants. Pas possible, François Hollande, notre « Flotte Mec » national, a dû acheter une résidence secondaire dans le coin… Autant vous dire qu’une fois résorbées, les inondations vont faire grimper en flèche les primes d’assurances… Les assureurs ne prendront pas l’eau, eux…

 

Peignons tout en rouge… Tout comme mon indignation à l’égard des pronostiqueurs de l’Eurovision 2024. Alors que la nouvelle saison du jamborée paneuropéen de la canzonetta moisie s’ouvre à peine, les bookmakers en manque de sensations fortes balancent d’ores et déjà leurs prévisions, mettant en tête pour remporter la timbale en mai prochain Israël et l’Ukraine. Alors même qu’une seule chanson est connue, celle de la France !

 

Si désormais, pour remporter le Grand Prix Eurovision, il suffit d’être un pays en guerre, je ne saurais que trop conseiller à Manu Macaron de déclarer la guerre à Andorre et à Monaco et ainsi, on aura quelques chances de gagner…

 

Entre-temps, on a décongelé en urgence Marie Myriam pour lui demander son avis sur « Mon amour », un avis dithyrambique, vous vous en doutez bien… Alors là, je dis non ! Déjà qu’il va falloir d’ici quelques semaines se fader Mariah Carey qui viendra nous beugler à 120 décibels dans chaque esgourde ses fadaises vérolées sur les sapins, la neige et le gros bonhomme rouge ; si c’est pour prendre de plein fouet la dernière gagnante française de l’Eurovision dans les mirettes au seuil des réjouissances de Noël, y’a de quoi déposer une plainte aux Nations Unies…

 

Peignons tout en rouge… Un rouge de honte non dissimulé à l’endroit des sempiternels téléfilms de Noël qui trustent depuis déjà une bonne quinzaine les programmes déprimants des chaînes de télé. Au train où vont les choses, et au vu de la flemme congénitale des programmateurs, on se farcira dans quelques années les dits téléfilms dès la rentrée de septembre…

 

Franchement, sangloter mollement affalés sur le canapé, emmitouflés d’une plaid taillée dans les plus hideux pulls moches de Noël, la boîte de Mon Chéri largement entamée à portée de main et la palette de Kleenex calée sous le bras, en regardant d’insipides pochades qui commencent invariablement mal pour inévitablement se terminer d’une manière heureuse autour du sapin enguirlandé… Vous parlez d’une avancée sociale !

 

Quitte à regarder de piètres acteurs américains fourrer des dindes, autant que certaines proviennent de l’élevage de Jackie et Michel… D’autant plus que le scénario de ces téléfilms américains produits à la chaîne est inamovible. Une executive woman, desséchée du cœur et en assolement triennal au niveau de la salle de jeu, se désespère à l’arrivée des fêtes de fin d’année, qu’elle va évidemment passer seule avec son chat. Un jour, elle se casse la bobine sur une plaque de verglas et un bellâtre au sourire pré-vendu à une grande marque de dentifrice l’aide à se relever. Vous rajoutez une heure et demi de péripéties mièvres, vous nappez sous deux litres de sentiments amoureux transis et inavoués, et vous obtenez une happy end sous les guirlandes avec des promesses de ranch au fond des bois, de félicité conjugale sans nuages et d’une demi-douzaine de gniards neuneux…

 

Désolé, mais moi, j’y ai déjà ronflé devant…

 

Peignons tout en rouge… Comme notre cœur d’ado des années 80 qui saigne à l’annonce du décès bien trop prématuré de Buzy, chanteuse oubliée du grand public mais qui fit une jolie carrière voici près de quarante ans, avec des titres marquants comme « Dyslexique », « Adrénaline », « Adrian » (peut-être un hommage déguisé à Rocky), ou encore « Body physical », assez bien classé au Top 50. Saloperie de crabe…

 

Peignons tout en rouge… A l’image de nos oreilles après l’écoute du dernier album d’Isabelle Adjani. Fraîchement replâtrée en intégralité par les Ciments Lafarge, l’ex-égérie du cinéma français a décidé de commettre un nouveau disque, près de quarante ans après le fameux LP concocté par Gainsbourg et contenant l’inoubliable « Pull marine ». Afin de ne pas froisser les sensibilités auditives, la toujours aussi jeune actrice a choisi de pondre un album de duos avec plusieurs enroués chroniques tels que Benjamin Biolay et Etienne Daho, afin qu’on n’entende pas trop ses canards et que France Inter puisse le diffuser en boucle à partir de trois heures du matin en cas de grève.

 

Elle a même poussé le vice jusqu’à commettre plusieurs duos virtuels avec des chanteurs morts, comme Christophe ou Daniel Darc. Au moins, ils n’iront pas rouspéter à l’écoute du résultat… « Bande originale », un album indispensable si vous avez une vieille armoire normande bancale à caler au sous-sol…

 

Peignons tout en rouge… Comme la honte qui est bien loin d’étouffer La Tiatia, la veuve peu éplorée du Taulier, qui a décidé de commercialiser à grands renforts de publicité et de couverture médiatique « l’ultime chanson inédite » de Johnny Hallyday, intitulée « Un cri ». Souvenir d’une séance de chimio ? Visiblement à court de liquidités au sein du juteux héritage de notre gloire nationale, La Tiatia racle les fonds de tiroir pour espérer faire rentrer du cash. Et évidemment, toujours rien pour David et Laura…

 

Ultime chanson inédite ? J’en doute ! A peine « Un cri » a été livré en pâture aux média qu’on annonce un nouvel inédit pour le premier décembre, « Grave-moi le cœur », une énième adaptation française du célèbre « Love me tender » d’Elvis Presley, soi-disant enregistrée en 1996. Tout ça pour faire vendre une intégrale des chansons de Johnny revisitées en symphonique. Si ça ne pue pas la récupération sur le catafalque…

 

Que La Tiatia ne s’inquiète pas trop, au vu de la masse d’enregistrements effectués au cours de la carrière de Johnny, on va nous déterrer des inédits à la pelle à base de séances de travail, prises alternatives et autres maquettes plus ou moins abouties… Et on pourra nous régaler d’intégrales revisitées façon « musette bords de Seine », « afro-zouk ethnique », « a cappella philharmonique » ou encore « techno-heavy-metal ». Y’en a un qui doit faire des loopings dans sa tombe… Ah que oui !

 

A défaut de rouge, peignons tout en rose, en bleu layette, ou en noir Soulages, pour se remémorer que le 17 novembre 1970, l’hebdo Hara-Kiri, misant sur la provocation, se voyait définitivement interdit par le Ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, après la fameuse une « Bal tragique à Colombey : 1 mort » de la veille. Cette approche ironique de la mort de De Gaulle et du traitement journalistique de la tragédie du dancing de Saint-Laurent-du-Pont dépassait les bornes aux yeux de la censure de l’époque… Eût-il ripoliné sa une en couleurs chatoyantes, le professeur Choron aurait-il évité cette interdiction ? Allez savoir…

 


 

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