Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Ce
cri strident qui ferait passer les vocalises suraiguës de Duncan
Laurence qui vient de se la faire mordre à pleines dents par Aminimir
sur le plateau de Destination Eurovision 2021 pour une vulgaire sonnette
d’alarme fatiguée, ne vous y trompez pas : c’est un cri de guerre.
Un
cri de guerre qui retentit comme autant d’antivols au passage du
portique de sécurité plusieurs fois l’an. Un cri de guerre qui marque
indubitablement le début d’une période faste au commerce de détail et
aux banques qui facturent les agios au prix de la tonne de caviar
sevruga : les soldes d’hiver.
Et j’ai l’envie
quasi-irrépressible, un peu comme quand on voit les seins de Claire
Chazal en une de Paris Match et qu’on sprinte vitesse grand V,
accélération gamma petit p plus petit q, se ramoner les boyaux dans le
caniveau tant le spectacle est insoutenable et pousserait à la
conversion à l’homosexualité avec Houellebecq ; j’ai l’envie
irrépressible de jouer à l’ethnologue, de parodier Claude
Rika-Lewis-Chopin, ou Levi’s-Strauss, je ne sais plus, de singer
l’immortel Christian Zuber et sa caméra au poing, et de vous emmener à
la découverte d’une communauté méconnue bien que largement répandue :
les amateurs des soldes.
Pas besoin de vous accoutrer d’un
bermuda façon Tintin au Congo, d’un bitos des temps bénis de la
Coloniale et de pataugas qui ont dû écraser plus de merdes que Marc Lévy
et Katherine Pancol ont pu en écrire dans toute leur carrière. Nul
besoin de vous exiler dans quelque contrée perdue, hostile et
généralement peuplée de peuplades aux noms fleurant bon les récits de la
Semaine de Suzette et les albums-photo souvenir de la Cochinchine… Les
amateurs de soldes crèchent partout : à Paris (un vrai nid
inextinguible), à Londres, à San Feliu de Guixols, à Sainte Ménéhoulde
de Moncu-sur-Lacommode, sur votre palier (juste la porte en face) ou
encore dans le gourbi du coin de la Rue des Onanistes En Rut…
Les
amateurs de soldes aiment à se faire appeler selon les humeurs du
moment et leurs envies versatiles : fashionistas, hystériques du
falbalas, folles tordues de la réduction de la mort qui tue, idolâtres
au dernier degré des grandes brésiliennes qui roucoulent du « Ma
chéééérie, magnifaïque » à tout bout de champ devant une cagole
sur-maquillée et saucissonnée en prêt-à-porter mal coupé, ou encore
adulateurs acidulés des tafioles de concours qui prétendent, en une
heure d’émission, relooker un boudin mongoloïde attifé de leggins
léopard rose et d’un top à dentelle mordoré fluo en un top-model d’un
mètre quatre-vingt et caréné comme un Riva de compétition.
Généralement
griffés de la racine des cheveux patiemment permanentés chez les sœurs
Carita, les madones des cuirs chevelus friqués jusqu’au bout renforcé de
leur paire de Burlington grand siècle, les amateurs de soldes s’en vont
courir le pavé des centres-villes et des centres commerciaux de grande
banlieue dès potron-minet le jour d’ouverture des soldes. Pas question
de louper, ne serait-ce que de quelques infimes nanosecondes,
l’ouverture plus matutinale qu’à l’habitude des Galeries Farfouillette
et de ne pouvoir se mettre sur les arêtes, moyennant un double smic, ce
splendide ensemble en chintz d’ottoman moiré couleur diarrhée de
nourrisson asthmatique avec ce drapé bouffant qui retombe en smocks sur
la passementerie en jabot à clochettes !
Peu importe de savoir
s’ils devront se contenter de pâtes à l’eau froide pour le restant de
l’année, tant à cause de la carte bleue qui a viré cramoisi écarlate, du
prix de l’énergie qui caracole dans la stratosphère, que des rondeurs
corporelles qui obligent au recours d’un chausse-pieds et d’un bidon de
vaseline pour enfiler le dit-ensemble susmentionné ! Ils le veulent, et
ils l’auront !
Peu leur chaut que l’article convoité coûte
l’équivalent du PIB bisannuel des Iles Vanuatu, qu’il ne soit plus
disponible qu’en taille 36 alors qu’on n’arrive qu’avec de grands
efforts et des apnées prolongées à s’enquiller dans du 44 rectifié, ou
qu’il soit miraculeusement réchappé de la collection Dormeuil Pépère
1957. Il est EN SOLDES !
Et c’est justement ce qui le rend si
désirable à leurs yeux de presses-bites ou d’astigmates, ce qui fait
qu’il le leur faut, absolument, décidément, définitivement !
Qu’importe
que le commerçant ait multiplié le prix par deux pour offrir royalement
quarante pour cent de remise ! L’article est soldé ! Et la seule
mention de ce participe passé fait jaillir le fameux cri de guerre :
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!! Des soldes !
Non
content de bourrer comme une vulgaire starlette de porno hongroise en
face d’une horde de Rocco-Siffredis priapiques son dressing croulant
sous les inratables bonnes affaires des soldes précédents qui finiront
dans trois ans bouffés aux mites malgré les quarante boules de
naphtaline et la douzaine de plaquettes Vapona, l’amateur de soldes
moyen s’exprime, aussi. Hélas…
Ce n’est ni du Voltaire, ni du
Verlaine (qui avait le rein beau et la gâchette chatouilleuse), non. A
peine du Barbelivien, voire du sous-Obispo en manque d’inspiration
(pléonasme) et le plus souvent c’est d’un niveau inférieur à la moyenne
des meilleurs textes de Jul et de Kendji Girac, la Gitane sans filtre.
C’est vous dire qu’on racle les fonds ultimes de la Fosse des Mariannes,
au risque de découvrir des textes eurovisuels… C’est plutôt une
collection de cris de guerre, d’incantations bellicistes et de
gargouillis belliqueux qui arriverait presque à vous faire faire dans le
froc, y compris en cas de constipation opiniâtre…
Du classique «
J’en-veux-un-poussez-vous-je-l’ai-vu-la-première-j’étais-avant-vous ! »
au venimeux «
C’est-le-mien-dégage-tes-pattes-de-là-pétasse-ou-j’te-pète-les-seins »,
le vocabulaire de l’amateur de soldes peut se faire presque
intelligible, le plus souvent par pure inadvertance, et vous pourrez, au
gré de vos pérégrinations au long des rayons transformés en remake de
Raqqa ou de Beyrouth, saisir des « M’enfin Kévina, tu vas pas acheter un
tee-shirt qui te cache les seins ! », des « Vous êtes sûr que ça va
donner ? Assurément, le polychlorure de vinyle imitation similicuir
façon moleskine moirée donne toujours d’un à deux millimètres après
dix-huit kilomètres de marché forcée dans de la purée de jujube tiède »,
des « J’les prends tous les quatre, tu comprends, c’est pas que j’en
aie besoin, mais à mille boules l’unité, ça emmerde Charles-Hugues » ou
encore des « Tu trouves pas que ça me boudine un peu ? Nan, mais tu
pourras postuler sans problème chez Olida ».
Les soldes, période
où l’on se rend compte que soit la taille 42 n’est plus ce qu’elle
était, et votre armoire rétrécit effectivement tous vos vêtements
subrepticement la nuit venue ; soit vous êtes amenés à caresser le
commencement de l’idée qu’éventuellement vous auriez pris quelques
grammes durant les fêtes de fin d’année et qu’un régime devrait
peut-être mis en place dans un avenir aussi proche que la ligne
d’horizon… Les quarante-huit spots pour « Comme j’aime » en une heure de
programme télévisé devrait vous pousser à y être acculé…
Les
soldes, où ces dames, demoiselles, messieurs, demi-vierges folles,
échaudées de la carte bleue, folles tordues hystériques du falbalas se
pâment devant les rabais en faisant montre d’une excitation au moins
aussi élevée que celle d’un roumain au Salon International de la
Caravane…
C’est qu’on en oublierait presque les futilités de
notre actualité quotidiennement routinière, nullement en soldes et même
en surnombre…
C’est que depuis le début de l’année, ça dégomme
comme au ball-trap dans les rangs des célébrités qui meurent plus
souvent qu’à leur tour… Brialy, l’irremplaçable Mère Lachaise, en aurait
le goupillon tout frétillant s’il était encore de ce monde…
Ah,
question droits de succession, ça démarre sévère ! Depuis la fin de
l’année, on n’a pas le temps de faire sécher la tenue de grand deuil
qu’on nous annonce un nouveau décès parmi les célébrités…
Rien
que le 28 décembre, coup double avec le départ d’Italo Bettiol, 96 ans
aux dessins animés farcis, inoubliable créateur entre autres des non
moins inoubliables Chapi Chapo qui bercèrent notre enfance ; et celui de
Linda de Suza, à 74 ans seulement, qui fut certainement enterrée dans
sa célèbre valise en carton…
Dès le lendemain, c’était la légende
du football qui raccrochait ses crampons. Pelé et ses mille buts
s’envolait au paradis des joueurs inégalés, ultime témoin d’une époque
où les foutebaleurs étaient plus attachés à marquer des buts que des
putes…
Histoire de bien nous pourrir le réveillon de la Saint
Sylvestre, Benoît Treize et trois, le pape émérite aux relents de
vert-de-gris, partait retrouver son patron, et posait au Vatican la
colle de l’organisation de ses obsèques par son successeur, dont c’était
possiblement la dernière fois qu’il venait en spectateur…
Après
la disparition de Jean Bertho le 04 janvier, animateur télé connu dans
les années 70 comme le comparse de Jean Amadou et Anne-Marie Carrière,
c’est celle d’Adam Rich à 54 ans seulement le 7 janvier qui marque les
mémoires. Souvenez-vous de la série « Huit ça suffit », le petit
blondinet à la coupe Playmobil…
Deux décès musicaux le 10
janvier, avec la mort de Jeff Beck, guitariste talentueux et celle moins
médiatisée de Jean Leccia, qui avait entre autres, signé le générique
pétillant des « Saintes Chéries »…
Et pour couronner le tout, la
mort de la fille du King, Lisa Marie Presley à 54 ans elle aussi, et
celle toute fraîche de celle qui ne l’était plus tellement, Gina
Lollobrigida, à 95 ans. Inoubliable Emeralda, elle avait enchaîné des
films qui misaient plus sur sa généreuse plastique que sur son jeu
d’actrice. Faut dire qu’avec Lollo (ce n’est pas un crime de prendre la
partie pour le tout), il y avait toujours du monde au balcon…
Fin
d’une époque où l’on savait encore être diablement sexy en restant
élégante… Tant d’actrices, ou prétendues telles, de nos jours feraient
bien de s’en inspirer…
Et le 17 janvier 1944 naissait à Paris une
fille comme tous les garçons et les filles de son âge, qui se fera
connaître dans le milieu de la chanson à dix-huit ans en affectionnant
les mélodies mélancoliques et les mines d’enterrement lugubres.
Françoise Hardy sera même bombardée monégasque d’un soir au Grand Prix
de l’Eurovision 1963 où, après une prestation live morte de trouille,
elle finit cinquième ex-aequo avec « L’amour s’en va », vague resucée
languissante mais sobre de son premier tube. L’amour s’en va, mais
peut-être reviendra-t-il un jour, en soldes…
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