Bref, j’ai
eurovisionné…
Que chacun se
rassure pour ma chancelante santé mentale et ma santé auditive tout aussi
bringuebalante, j’en ai entendu d’autres, et des plus sévères, pour preuve j’ai
même survécu à deux chansons de Louane sans me pilonner les tympans au
tisonnier chauffé à blanc dans un bain de mercure liquide…
J’ai
eurovisionné, non pas avec des bandes VHS fripées d’antédiluviens Concours qui
fleuraient bon le micro à fil, l’orchestre en live intégral et les chanteurs
qui savaient chanter sans en faire des tonnes, mais les chansonnettes de ce
65ème Concours Eurovision de la Chanson 2021, baisodrome paneuropéen qui
permet, dans les coulisses, de faire un tour d’Europe de l’andouillette à
moindre frais si ce n’est ceux d’une double boite de capotes et d’un bidon de
cinq litres de vaseline surfine, et sur la scène de s’ébaubir de trente-neuf
tours de force musicaux, alliant l’inécoutable avec le gnangnan parolistique,
et frôlant toujours le bon goût en prenant évidemment garde de ne jamais y
accéder…
Si vous le
permettez, je vous propose un rapide tour d’horizon des trente-neuf alcoolats
qui se disputeront le droit de fouler la scène lusitanienne le samedi
vingt-deux mai prochain.
Etant précisé
que je n’ai fait qu’une écoute principalement audio, aucune vidéo ou presque en
interférence.
Allez c’est
parti !
Albanie :
Encore une fois, l’albaniaise est une blonde fortement nichonnée, à larynx en
corne de brume, qui chante à moitié à poil un titre incolore mais où elle se
sent obligée de dégueuler ses tripes… Usant, et pourtant, on ne vient que de
commencer l’audition…
Allemagne :
Une chanson positive, insouciante, qui transmet de bonnes ondes et qui rappelle
irrésistiblement le cultissime « Wadde hadde dudde da » de 2000… Si
la présentation scénique est à la hauteur du clip, on pourrait avoir une sacrée
surprise… En tout cas, c’est l’un de mes rares coups de cœur de cette
année ! Je kiffe !
Australie :
On voit bien que le technicolor est réservé au cinéma tant
le chant de Montaigne est des plus approximatifs… C’est vraiment très médiocre,
et laisse à supposer que le pays des kangourous ne sera pas parmi les candidats
de la finale…
Autriche :
Un autre redoublant de 2020, une autre victime du syndrome France Gall qui
propose une ballade triste et compassée, un truc déprimant à vous faire
éclairer le gaz de la gazinière électrique… Incolore, inodore et sans saveur…
Azerbaïdjan :
Les sempiternelles sonorités azéries mâtinées d’orientalisme de bazar au
service d’une chanson fatigante vocalisée par une chanteuse gargarisée à
l’alcool fort. Et il n’y a qu’une seule et unique Mata Hari eurovisuelle, la
norvégienne de 1976…
Belgique :
Un titre nonchalant, hors du moule eurovision, ce qui pourrait être un avantage
cette année tant les stéréotypes eurovisuels sont légion… Pas mal au final et
qui mériterait une place en finale…
Bulgarie :
Une ballade toute simple et mignonette interprétée d’une voix acidulée, mais
bon sang, que c’est gnangnan et cuculapralinesque… A se demander si elle va
finir sa chanson avant de s’endormir tant elle est à moins deux de tension…
Chypre :
Regrettable de constater que Chypre, pensant ayant trouvé la recette
miraculeuse pour briller dans le palmarès, démultiplie les décalques de
« Fuego », notamment avec ce titre cruellement médiocre et dénué
d’originalité. Après « Fuego », « El diablo », un
« mauvais numéro » ?
Croatie :
« Tic-tac »… on attend impatiemment que ça finisse…Que c’est long
trois minutes avec cette blonde passe-partout qui glousse un titre lui aussi
passe-partout qui passera pas…
Danemark :
Un titre nostalgie qui fleure bon les Dansk Melodi Grand Prix kitsch des années
80, tout en danois, et d’un amateurisme rafraichissant… Les interprètes
dégagent un capital sympathie non négligeable… Mais sera-ce suffisant pour
accrocher la finale ? Il faut l’espérer !
Espagne :
Encore un redoublant de 2020 avec une chanson qui se veut un remake du Grand
Prix 2019, mais qui n’est qu’un joli somnifère ennuyeux et interminable
vocalisé avec une voix de fausset parfois à la limite du supportable… Jamais un
Grand Prix n’aura inspiré autant d’ersatz médiocres…
Estonie :
Un des nombreux redoublants de 2020 qui va faire syncoper les euofans par son
physique avantageux… Mais pas avec sa chanson sur un amour finissant,
sympathique mais sans l’étincelle qui la fera passer pour intéressante…
Finlande :
Décidément, depuis Lordi, la Finlande n’hésite pas à envoyer au casse-pipe des
morceaux sans concessions, comme ce morceau de hard-rock chevelu typiquement
années 80… Trop typé pour se qualifier ? Allez savoir, au milieu de cet
océan de ballades compassées et poussiéreuses, ça se démarquera forcément…
France :
Et « voila » notre Betty Mars 2.0 et sa bluette poussiéreuse qui
évoque le « Padam Padam » de la môme Piaf, si démodée qu’elle
pourrait en être furieusement actuelle… En comparaison avec le reste, c’est pas
si mauvais… Mais gardons-nous de tout triomphalisme, puisque la mise en scène
devra éviter tous les écueils français… Et c’est pas gagné…
Géorgie :
Un barbu dépressif pour une ballade soporifique… La gageure sera de survivre
sans s’endormir à cette déprimante antienne démodée… Aucune chance de
qualification…
Grèce :
« Last dance » n’est pas le morceau qui vous fait tomber cul
par-dessus tête faute d’une originalité décoiffante mais c’est de la bonne
chanson de bande FM des années 80, rythmée et plutôt punchy…
Irlande :
Un titre plutôt up tempo pour l’Irlande, sous forme de
cavalcade, et une interprète plutôt sympa… C’est tellement agréable d’entendre
quelque chose de rythmé qu’on prie pour que ça finisse en finale !
Islande :
Un petit ovni eighties issu des geysers islandais !
C’est diablement efficace à défaut d’une originalité absolue, mais est-ce que
ça retiendra l’attention des jurys ? Espérons-le, car ce serait un crime
de ne pas les envoyer en finale…
Israël :
Un mélange de hip-hop et de mélodie sucrée mièvre au moment du refrain, mille
fois entendu… Pas certain que ça se qualifie… Par pitié,
« libérez-moi » de cette mélasse !
Italie :
Les tenants de la chanson italienne roucoulante et romantique peuvent aller se
rhabiller puisque « Zitti e buoni » de Måneskin est une petite
bombinette rock qui pourrait bien impressionner et affoler le classement, même
si c’est assez répétitif et linéaire. Pas mal du tout !
Lettonie :
Barbant, répétitif, interminable… Next, please !
Lituanie :
C’est original, et même si c’est pas le titre du siècle, on leur est
reconnaissants de présenter quelque chose de différent de la masse… Mention
spéciale aux danseurs, sosies de Sia et James Corden… Ça pourrait très bien se
classer, car ça reste en mémoire…
Macédoine
du Nord : Encore une ballade à voix tellement
entendue qu’on ne les compte plus que pour éviter de s’endormir… Et encore un
inverti pur sucre qui va nous flaquer le soir du direct tellement il sera content
de bramer à s’en arracher les amygdales…
Malte :
Non mais sérieusement, c’est « ça » que les bookmakers européens nous
bombardent depuis plus d’un mois comme Grand Prix Eurovision 2021
putatif ?! Certes, Malte a fait fort, mais surtout dans les dimensions de
la demoiselle, au mauvais goût très sûr et à l’absence de classe certain… Quant
à la chanson… Un vague ersatz du « Toy » de 2018, avec des
changements de rythme inappropriés et un titre en français approximatif d’une
distinction achevée… Au final, un patchwork musical qui écorche les oreilles…
Ah ça oui, je me casse, et en vitesse !
Moldavie :
Un morceau qu’on devrait interdire aux diabétiques tant c’est mièvre et sucré…
Au moment où tout est allégé et bio, chanter le sucre, fallait oser… Pari non
relevé car c’est médiocre et pénible sur la longueur…
Norvège :
Ça rappelle inévitablement la Norvège 2006, la Croatie 2019 et le glam rock des
années 70… Mais c’est un schlager nordique typique, avec un total look sans
concessions. Hélas, ça n’est pas totalement convaincant…
Pays-Bas :
Le pays hôte ne veut absolument pas remettre le couvert en 2022 ! Et vont
y réussir avec un mix gospel-typique qui laisse un drôle de goût dans les
oreilles…
Pologne :
Un petit morceau aux sonorités vaguement éléctros, pas désagréable aux oreilles
mais plutôt répétitif sur la distance, quoique ça nous arrive par Rafal(es)…
C’est dans la moyenne…
Portugal :
Oh punaise, si même le pays de la morue se met au blues dépressif vocalisé par
un mec à la voix de tuyau de poêle tendance Eartha Kitt… C’est pénible, long,
et inintéressant…
République
Tchèque : C’est bien gentillet et dans l’air du
temps, mais c’est tellement formaté que ça se fondra dans la masse… Un point
positif pour le côté rythmé, ça permet de se réveiller entre deux ballades
soporifiques…
Roumanie :
Encore une redoublante de 2020 avec un titre qui loucherait vers de la
deep-house allégée… Rien de bien révolutionnaire, et l’on se prend à rêver du
titre pour l’oublier, une bonne petite amnésie…
Royaume-Uni :
Il vous semble l’avoir déjà entendu à plusieurs reprises ? Vous n’avez pas
tort, puisque le titre du nounours anglais semble pompé sur tant de titres que
ça en devient presque gênant… Sinon, c’est pas inécoutable, et j’en connais qui
aimeraient souffler sur les braises…
Russie :
Un mauvais rap en russe et costumes traditionnels avant un
strip-tease à la croate pour finir en bleu de travail rouge et turban à la
Sapritch… C’est mauvais du début à la fin, et ça donne des envies de machisme
exacerbé…
San
Marin : Un titre pseudo-boum-boum aux sonorités orientalisantes
dangereusement moyen avec le break rap qui bousille toute continuité musicale…
Aucune poussée d’adrénaline à l’écoute du titre san-mariniais…
Serbie :
Un trio de saucisses serbes qui veulent faire genre et actuel avec un pseudo
titre rap-hip hop… Le seul point positif, et encore, c’est que c’est chanté en
serbe… Pour le reste, c’est électroencéphalogramme plat…
Slovénie :
Le nombre de ballades à dégueulis de tripes est impressionnant cette année, et
ce « amen » en forme de « ite missa est » ne déroge pas à
la règle… On s’ennuie ferme devant ce concentré de formules liturgiques, et
c’est bien dommage…
Suède :
Et encore une fois l’inusable schlager suédois, bien construit et léché pour
plaire à tous… On s’en fatigue à la longue… Et le public européen risque de
sanctionner cette absence d’originalité flagrante…
Suisse :
Le mauvais élève de la Sécurité Routière avec sa bluette en forme de
copié-collé moins heureux de « Arcade », qui espère bénéficier du
syndrome France Gall… C’est mélodieux, mais c’est chiant sur la durée et on ne
peut se défaire de cette désagréable sensation de plagiat à bas coût…
Ukraine :
On en vient presque à regretter les putassières ukrainiennes de ces dernières
années avec leurs robes vulgaires et leurs décolletés généreux… Electro-folk ou
ariette post-moderne, ce shum fait honneur à son titre, c’est vraiment du
bruit…
En tirer un Top 10 ? Malheureux
que vous êtes ! Vous voulez ma mort ou bien ? Je vous dirais tout
simplement que je me suis arraché les cheveux, et vu mon cas, c’est un exploit,
pour extraire dix titres à peu près potables.
Les voici, dans l’ordre alphabétique,
parce que les classer relève de la gageure… Bien que je me hasarderai quand
même à un top 3 : Allemagne, Belgique, Bulgarie, Danemark, Finlande, Grèce,
Irlande, Islande, Italie, Lituanie.
Et le top 3 serait l’Allemagne, le
Danemark et la Lituanie… Eh oui, aucun des grands favoris qui font mouiller les
bookmakers et bander les fans (enfin, ceux qui peuvent…). La grosse maltaise me
laisse de glace, la française m’insupporte avec ses poses et ses minauderies,
et le suisse a tellement pompé Duncan qu’il en a encore sur les joues…
Faites vos jeux, rien ne va plus !
A vous Rotterdam !