Ce qui change, c’est que rien ne change, et c’est ce qui change tout…
Les jours s’égrènent, les saisons passent, les années courent, les fleuves s’écoulent, les chiens aboient et les caravanes passent sur les routes départementales vers le Camping des Epluchures, route de la Déchetterie à Beuark-sur-Dégueulis… Mais rien ne bouge, telle la statue du Commandeur (celui de Dom Juan, pas Jérôme, hein !)
Le monde reste droit dans ses bottes, la France la joue jugulaire-jugulaire et reste scrupuleusement le doigt sur le pli du pantalon, et le pékin moyen, s’il parle souvent de tout faire péter, reste douillettement installé dans le conformisme de ses charentaises…
Il serait illusoire de penser que l’on peut amener les gens à modifier leur façon de penser, de voir ou d’analyser les choses… Les cons resteront cons, les nombrilistes continueront à se regarder le bide comme s’il s’agissait de la gare de Perpignan, centre du monde daliesque, et tout ce petit monde campera farouchement sur ses positions en estimant évidemment que l’autre a forcément tort puisqu’eux-mêmes détiennent la vérité ultime…
Rien ne change… et c’est ça qui change !
Et comme ce « rien ne change » change tout, il convenait de s’en faire bruyamment l’écho, en rameutant à grands frais tous les médias possibles et imaginables, de la feuille de chou régionale à la chaîne de télévision internationale, en passant par l’habituel aéropage de journaleux tellement courbés devant le Gouvernement qu’ils arriveraient à s’auto-fellationner sans peine.
Notre Premier Ministre s’est exprimé. Enfin, Jeannot a grasseyé pendant un bon moment pour déverser des lieux communs, des platitudes et des évidences pour en arriver à la conclusion ébouriffante que, pour le moment, rien ne change…
Franchement, se tartiner un ersatz de succédané de Guy Montagné imitant Galabru pour s’apercevoir au final qu’il a parlé pour ne rien dire… Si je ne portais pas un moulebite bien ajusté, j’aurais certainement les réservoirs d’ADN qui me remonteraient sous le goitre…
On continue allègrement le reconfinement qui vous interdit de vous agglutiner dans les petits commerces de proximité, mais vous autorise les quais de métro bondés pour aller bosser… Et si l’on est de bons élèves, on pourra peut-être relâcher un peu la bride au premier décembre… Mais pas les bars et les restaurants, qui devront rester fermés…
Dites voir, ils ont des soucis avec les bistrots et les restaus, au Gouvernement ? Y a un ministre ou un secrétaire d’état qui a été traumatisé par un troquet ou une gargote pour en vouloir à ce point à nos bistroquets et restaurateurs ? Ou alors, ils ont des actions chez McDo et Burger King…
Que nos politocards aient une aversion naturelle pour les livres et tous les biens culturels pour les classer comme biens non-essentiels, c’est compréhensible puisqu’on a toujours peur de ce que l’on ne connait pas, ou mal… Mais la bectance et le jaja… Au pays de Curnonsky, de Troisgros et de la poule au pot, ça frise l’injure nationale… Déjà, tu sens bien que Castex, c’est pas le genre de mec à choper une érection en causant boustifaille et gueuletons… Je le vois mal se péter le bide avec des cassoulets et des grands crus classés… Plutôt à avaler rapidos une demi-biscotte sans sel et un bouillon dégraissé avant d’aller au dodo à vingt heures trente… Coucouche panier, papattes en rond…
Bref, effet d’annonce triple zéro hier soir pour le sketch du Premier Sinistre, toujours aussi yéyé comme un bol de yaourt allégé… Mais ça occupe l’antenne, et ça permet à BFMTV et consorts de dégoiser pendant des heures sur ce qui a été dit, ce qui n’a pas été dit, ce qui aurait pu être dit, et ce que signifie ce qui n’a pas été dit mais si fortement sous-entendu qu’on pourrait penser qu’il aurait voulu le dire tout en le taisant… Et réciproquement.
Faut les comprendre, après le suspense artificiellement maintenu (genre Bouteflicka ou Vincent Lambert) des élections américaines, il fallait bien trouver un truc pour angoisser le public à grands coups d’alertes info incessantes et autre bandeaux anxiogènes rédigés sans le soutien du Bescherelle…
Ce n’était pourtant pas, hélas, le choix qui leur faisait défaut.
En première ligne, et un mets de premier choix, malgré ses dimensions d’échantillon : Nicolas Sarkozy et le spectaculaire retournement de veste de Zyad Takkiédine… Rétropédalage complet et blanchiment total de Saint Nicolas, on se croirait presque dans un épisode de Dallas… Et l’amateur de chanteuses aphones qui demande officiellement à être « démis en examen »… Pour un avocat, ça la fout mal, quand même…
Pour obtenir un tel coup de pouce du destin, le Petit Nicolas a dû aller faire un pèlerinage chez les Balkany, les Thénardier du 9-3 qui ont toujours cru que Levallois paierait…
T’arrives à proximité du lieu saint (en l’occurrence la Mairie) noir comme un charbonnier, perclus de soucis judiciaires à base de valises d’argent douteux et menacé de toutes parts par des juges rouges ; une génuflexion comme marque de contrition avec craquement des ménisques assorti, une incantation plus ou moins sincère à Notre Dame des Mis-En-Examen, un pot de vin (voire une pleine caisse) et hop ! tu ressors plus blanc que neige, lessivé jusqu’à la moindre fibre du costard sur-mesure par Super Croix sans redéposition… Et si par extraordinaire, le pèlerinage finit en eau de boudin case prison, tu invoques une maladie incurable genre intoxication à la chanteuse aphone et dès ta remise en liberté, tu danses le jerk pour bien te foutre de la gueule de la Justice…
Ce ne sont pas des « on-dit », ça a fonctionné à merveille avec Patoune Balkany, le miraculé de la Santé…
Si les démêlées judiciaires de l’Ex ne tentent pas votre lectorat ou l’audience des décérébrés de C-News, je vous conseille un article documenté sur les Présidentielles américaines, avec les deux vieux du Muppet Show dont les pantomimes ont lassé jusqu’au plus américanophile… Faites comme Paris Match, un supplément de vingt pages sur Joe Biden, vu son âge, il a de quoi raconter…
Si le gâtisme ne vous sied pas, alors versez dans le social ! Misez tout sur Bridgestone qui dérape dans les grandes largeurs avec la fermeture de son usine dans le Nord… Mettez une bonne dose de patrons voyous, un zeste de discussions qui virent court, et un plan social juteux, rajoutez une rasade de Xavier Bertrand qui tempête dans un verre d’eau, mouillez à hauteur de la situation sociale du Nord cuvée 2020 et laissez mijoter jusqu’à ce que les pneus ne soient plus caoutchouteux… Servez avec un maroilles puant et des frites à la graisse de bœuf…
La tambouille du grand capital vous donne des boutons ? Alors, lâchez la commémoration bien larmoyante à grands renforts de témoignages poignants de rescapés de la grande tuerie du Bataclan, pour célébrer comme il se doit le cinquième anniversaire des attentats parisiens. Voici déjà un lustre que l’obscurantisme des enturbanés frappait de plein fouet la capitale… Si cela se produisait aujourd’hui, avec le couvre-feu, il n’y aurait pas une seule victime… Vous voyez bien que le Gouvernement prend soin de vous… N’empêche que le prochain qui vient m’affirmer que le vendredi treize porte chance, je lui mets mon pied au cul… De quoi devenir paraskevidékatriaphobe au dernier degré…
Et si vous avez des tendances macabres option Jean-Claude Brialy, surnommé la Mère Lachaise avec son goupillon en folie, alors balancez l’oraison funèbre de Piem, décédé le jour de son quatre-vingt-dix-septième anniversaire. Dessinateur humoristique au style reconnaissable et à l’éternelle pipe, il fut popularisé par les émissions télévisées satiriques de Jacques Martin, qui le surnommait L’ancêtre. Icône médiatique des seventies dorées irrémédiablement enfuies, le Petit Rapporteur est définitivement passé par le petit bout de la Lorgnette…
Et le 13 novembre 1966, la deuxième chaîne de l’ORTF accueille une série télévisée américaine en 88 épisodes de 25 minutes, déjà gentillette à l’époque (c’est vous dire si elle paraît cucul la praline aujourd’hui) : « Flipper le dauphin ». Mis à part des vues sous-marines floues de l’animal, des sourires niais de Sandy et Bud, et des moulebites amerlocs remontant jusque sous les aisselles, le scénario est aussi vide que la boîte crânienne des fortement nichonnées de la téléréalité… Méchanceté gratuite ? Comme le dit Régis Mailhot, la méchanceté est parfois gratuite, mais la gentillesse n’est jamais payante…
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