« Il
est libre, Masque,
« Y
en a même qui disent qu’ils l’ont vu tousser… »
Ah !
Quel sentiment revigorant de se savoir libéré, délivré, comme l’autre pétasse
du dessin animé, après trop de semaines à regarder la moquette du plafond et le
lambris du plancher… A moins que ce ne soit le contraire de la réciproque…
Que
c’est bon de sentir qu’enfin, on va pouvoir aller folâtrer peinard sur les
bords de Seine, les rives du Rhône ou près des grèves de votre fleuve local,
maintenant que le déconfinement est une réalité tangible…
Profitez-en !
Tout d’abord parce que vous êtes exclus des vingt-six mille français qui ont
été vaincus par le virus depuis le début de la pandémie. Et ensuite parce que l’on
ne sait pas encore ce qui peut passer par la tête de notre bande de gouvernants…
C’est
bien joli de lâcher les vannes du robinet à franchouillards afin qu’ils
ruissellent partout sauf dans les endroits spécifiquement désignés parce
certainement trop virusogènes… C’est magnifaïque toutes ces cartes coloriées à
la main par Si-Nouille N’Diaye pour vous expliquer que finalement, départements
verts ou rouge, c’est tout pareil sauf qu’il fallait bien qu’on fasse un distinguo
histoire de pas avoir complètement tartes… C’est d’un pédagogique achevé de
répéter l’importance des gestes barrières à longueur de messages radio et télé
au ton aussi joyeux qu’un mormon en deuil un soir de novembre sur la lande…
Mais
il faut que vous sachiez, et pas uniquement dans mes bottes, que ça ne sert
strictement à rien !
C’est
aussi efficace que les conseils beauté de Jeanne Moreau, les tuyaux fiscaux de
Thomas Thévenoud, les recettes gastronomiques d’Arielle Dombasle, ou les
astuces de virilité de Christophe Beaugrand…
Le
français est un être indiscipliné, qui n’en fait qu’à sa tête et qui est naturellement
rebelle à toute forme d’autorité. Alors imaginez quand l’autorité est honnie du
fait de son inexpérience hautaine et que la moyenne intellectuelle est à peu
près celle du poulpe décédé à force de déresponsabilisation et de téléréalité à
haute dose…
On
fait n’importe quoi, on se rit de la distanciation nécessaire, on brave le
masque, on se rue dans les magasins de futilités inutiles en s’agglutinant
comme des sardines en boîte… Et on sera les premiers à ululer contre un
possible reconfinement lorsque de nouveaux foyers feront à nouveau flamber les
statistiques…
A
telle enseigne que les Gilets Jaunes appellent à manifester partout en France samedi
qui vient… Vu le niveau, il ne reste plus que l’éradication par la maladie, et
on en sera définitivement débarrassé…
Tout
comme l’on est débarrassés cette année du Grand Prix Eurovision de la Chanson…
Le Covid-19 a eu raison de la vénérable institution et a fait annuler une édition.
Pas la meilleure, à en croire les spécialistes, tant on comptait de soupes, de
bouses et de mièvreries frisant la gastrite auditive parmi les candidats.
Rappelez-vous un instant de « The best in me », interprété par Tom
Leeb et qui devait concourir sous les couleurs françaises pour vous faire une
idée du niveau souterrain de la compétition de cette année…
Et
pourtant que j’aurais aimé sacrifier une fois de plus à cette vénérable
institution de l’Eurovision, m’incliner devant l’autel de la merde musicale
paneuropéenne, me délecter des horreurs chorégraphiques et scéniques de la plus
forte concentration de tapettes et de brouteuses de tout le continent ;
bref, que j’aurais aimé eurovisionner à fond de train ! (et non pas à fond
dans le train…)
La
musique est définitivement en deuil, puisque, outre l’Eurovision 2020 qui en
guise d’épitaphe aura droit à une émission hommage aux contours aussi flous qu’une
toile de tente sur Caroline Diament, ça déquille très sévèrement dans le monde
musical…
Avec
ou sans l’aide du Binouzovirus, ça part sévère, les droits de succession en ce
moment !
En
l’espace d’une semaine, c’est un quarteron de musiciens et chanteurs célèbres
qui sont partis renouveler la playlist du paradis…
Le
premier fut Little Richard, à l’âge de 87 ans. Trublion du rock’n’roll, tante
plus ou moins assumée et doté d’une personnalité rebelle, il marque son époque
par ses chansons qu’il scande en hurlant) et ses tenues vestimentaires
flamboyantes, un Elton John black avant l’heure…
Ce
fut ensuite le tour de Millie Small, à l’âge de 72 ans. Si son nom ne vous
évoque pas grand-chose, elle a été comme beaucoup de chanteuses des années soixante
une « one hit wonder », qui eut bien du mal à se remettre d’un succès
planétaire… C’est elle qui chantait « Mon garçon sucette » (un hymne
au Bois de Boulogne et dans le Marais), ou si vous préférez en bon anglais « My
boy lollipop ». France Gall et ses sucettes à l’anis n’a finalement rien
inventé…
C’est
aussi Idir qui est reparti à la Maison Mère à l’âge de 70 ans. Bien qu’ayant à
son actif de nombreux disques, c’est un seul 45-tours qui reste plus ou moins
dans la mémoire populaire, fait assez rare pour un titre en arabe. En 1975, « A
vava inouva » est un tube mondial, qui redonnera un coup de fouet à la
chanson berbère. Comme quoi la musique est réellement internationale.
Enfin,
encore des mauvaises nouvelles puisque c’est Moon Martin qui replie son parapluie.
Chanteur anglais à l’air lunaire avec ses grosses lunettes noires rondes, il
avait rencontré le succès mondial en 1980 avec une chanson qui avait eu les
faveurs des « Enfants du rock » à la télévision française, l’immortel
« Bad news », ô combien bien nommé aujourd’hui…
Il
serait dommageable de terminer sur de telles notes si tristes, surtout que Jul,
Franck Michael et Mylène Farmer chantent encore…
Une
petite anecdote issue du Journal télévisé de la première chaîne, grand
promoteur des idées gouvernementales, à un point tel qu’on se demande si BFMTV ne
serait pas secrètement mélenchonniste… Reportage sur les fleuristes : « François
peut de nouveau vendre des bouquets, mais uniquement à emporter »… D’habitude,
on achète le bouquet et on reste sur place pour le contempler…
Et
en guise de conclusion, la tradition républicaine a été respectée puisque les
premières cerises de Céret ont été envoyées à la Présidence de la République,
bien que le locataire actuel préfère nettement la queue au fruit…
Et
le 14 mai 1959, jour de soixante-deuxième anniversaire, Sydney Béchet décédait
d’un cancer du poumon en région parisienne. Prodige musical et clarinettiste hors-pair,
il aura donné au monde musical des morceaux inoubliables tels que « Petite
fleur » ou « Les oignons » qui font définitivement beaucoup
pleurer…
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