jeudi 28 mai 2020

Brèves du 28 Mai 2020

« Finally, I know it’s time to say goodbye… »

Réfrénez vos larmes ou vos applaudissements, je ne parle pas en mon nom propre en vous annonçant la fin redoutée ou souhaitée de ces virgules chroniquières qui viennent saloper votre mur de notifications à la façon d’un moucheté caca d’oie sur le carrelage de tinettes !

Je rapporte simplement les propos de Shiri Maymon, une israélienne fortement nichonnée qui vocalisait ces paroles désespérées au Concours Eurovision 2005, et qui collent aussi bien à l’actualité de ces derniers jours qu’un chewing-gum à la semelle de votre godasse…

Il est temps de dire aurevoir… Heureusement pas toujours avec la lippe trainante et la prononciation chuintante à la Giscard d’Estaing, mais parfois définitivement, et dans le domaine du carnet noir, on en a encore eu de quoi affoler les goupillons des Mère Lachaise modernes…

Il laisse seul à la table de la grande bouffe Vincent, Paul, François et les autres, tous les autres qu’il n’a pas toujours traité par le mépris, lui qui s’était imaginé Dom Juan pour séduire Jujube mais avait fini par en divorcer, ce sont les choses de la vie… Michel Piccoli est mort à 94 ans, après une riche carrière cinématographique d’acteur de gauche. Mais c’est à la droite d’une petite route de campagne qu’il mourra cinématographiquement, au terme d’un effrayant accident automobile en Alfa-Roméo, filmé au ralenti avec un luxe de détails qui a terrorisé des générations de spectateurs…

Lui, il laissera non seulement trois veuves et trois enfants, mais une ribambelle d’airs et de textes gais, graves ou insouciants. Sous sa chevelure blanche, il en avait dans la caboche pour pondre romans, scénarii, sketches et chansons avec une probabilité de succès public que lui envient la plupart des tâcherons de la rime musicale. Jean-Loup Dabadie était de ces touche-à-tout à qui tout ou presque réussissait…

Qui ne se souvient de l’acide « Bonne fête Paulette » pour Guy Bedos (à une époque où il était à peu près drôle), du lyrique Tous les bateaux, tous les oiseaux » pour Polnareff, de l’émouvant « Je sais » pour Jean Gabin, le nostalgique « L’italien » pour Reggiani, et toute une ribambelle de tubes pour son interprète fétiche, Julien Clerc, dont les trémolos caprins avaient certainement dû réveiller les pulsions zoophiles…

Lui, il ne supportait pas qu’on ne parle plus de lui qu’au passé, de ses sketches saignants et piquants qui étaient vite devenus des tribunes politiques tellement à gauche que Mélenchon passerait pour un support de Marine, de son mariage houleux avec Sophie Daumier, de sa moumoutte guyluxienne qui se décollait sur les côtés (visiblement fabriquée par un perruquier de droite…)… Guy Bedos est mort à l’âge de 85 ans, et toutes les Paulette seront tristes qu’il ne vienne plus leur souhaiter la bonne fête…

Le jour de la mort de Brassens, j’ai pleuré comme un môme, disait Desproges, mais le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois des moules… C’est marrant, j’ai des envies de fruits de mer, ce soir…

Lui, on ne se souviendra que de son trépidant tube de 1987 « Yéké, yéké » mais Mory Kanté était un chanteur et un joueur de harpe cora réputé depuis des années… Et dire qu’on se repaît de la discographie intégrale de Jul…

Ah ma pauv’ Lucette ! Que d’illustres génies nous renions avec la ferme croyance qu’ils sont de purs imbéciles, tout simplement parce que la tévé nous a dit qu’il en était ainsi ! Si ça se trouve, dans une trentaine d’années, on verra fleurir dans tous les squares des statues de bronze célébrant la mémoire injustement bafouée du professeur Didier Raoult, depuis lors exilé en Chine puis réfugié en Corée du Nord où il finit tragiquement ses jours comme en-cas de Kim Jong-Un, un jour où l’autre bouffi jaunâtre avait la dalle…

Didier Raoult, Docteur Faust de la pharmacopée moderne, apprenti-sorcier en quête de célébrité facile, ou Da Vinci en blouse blanche ? Certainement un habile dosage des trois, avec en plus une trogne à la Patrick Sébastien qui attire sur lui l’affection et le regard des caméras… Alors, avec en plus l’interdiction de son soi-disant produit miracle en France, les commentaires sur le lobby pharmaceutique qui a gagné la partie vont déferler…

Bon, évidemment, pour hurler avec les loups, on évitera de parler du taux anormalement élevé de suicides des patients ayant été traités avec la chloroquine en Espagne… Des fois que je voudrais faire du tort au martyr autoproclamé du Covid-19…

Je le disais en ouverture, il est temps de savoir dire aurevoir… Quand ce n’est pas un goodbye définitif, c’est que l’on vogue vers d’autres horizons, sentimentaux, ou professionnels… Et l’on a appris récemment le futur départ de Jacques Pradel des ondes de Radio Luxembourg. Jacques Pradel, ancien chantre larmoyant des émissions de téléréalité de l’antiquité (le putassier « Perdu de vue ») brièvement reconverti en marionnette publicitaire pour le défunt 36.17 ANNU, il était depuis quelques années un conteur soporifique dans l’Heure du crime, un ersatz guère plus pimenté du navrant Hondelatte raconte sur Europe 1…

Départ également de Stéphane Bern, qui avait fait les beaux jours de la station avec A la bonne heure, de onze heures à midi, mais qui visiblement en avait marre de se faire sonner les douze coups de midi par ses chroniqueurs… Il restera toujours à notre Zitrone moderne le commentaire des grandes cérémonies princières en Eurovision, voire le Grand Prix du même nom…

Et vu sa prestation lors de la vraie fausse édition du Concours 2020, le 16 mai dernier, ça donne clairement envie de décongeler Zitrone ! L’exercice était inédit, évidemment, puisqu’en soixante-cinq années d’Eurovision, jamais le concours n’avait été annulé, mais fallait-il vraiment faire de ce « Europe shine a light » ce brouillon d’émission ni faite ni à faire, qui partait d’une belle initiative mais au final chiante et mal réalisée, un soi-disant évènement historique ?

Le direct en plateau à France 2 était digne de FR3 Armorique en 1975, un décor en carton-pâte assemblé à la hâte, des invités ressortis du saloir ou de l’anonymat (Morue Myriam et Bilal Hassani) et un animateur qui accumule les erreurs, les imprécisions et les aneries sur le Concours… Même Cyril Féraud dont le charme juvénile a fait flaquer Bern et la merguez du Bled, n’a pas réussi à sauver le show de l’ennui…

Déjà, l’émission originale était ennuyeuse, avec ces quelques anciens gagnants bouffis qui reviennent chanter leur éphémère titre de gloire, et ces clips honteusement trop courts des chansons qui auraient dû s’affronter… Franchement, un millésime à oublier…

Eux, ce serait un crime passible d’excommunication immédiate que de les oublier, au moment où la Cour d’Appel rend son verdict et alourdit leurs peines de prison… Les mascottes de la corruption hexagonale, les cas d’école de la magouille politicienne portée à l’art pur avec la vulgarité hautaine des connards prétendus intouchables… Les irremplaçables Thénardier du 9-3, les époux Balkany ! Bon, pas de quoi déboucher incontinent le magnum de roteuse, puisque Patoune et Bebelle ne feront pas de détour par la case prison immédiatement, mais je serais assez tenté par une boutanche de Champomy, vu que leurs peines ont été aggravées et que leur inéligibilité pour dix ans a été confirmée…

Leur avocat a dénoncé évidemment une décision très dure et disproportionnée, dénonçant « la justice d’un nouveau monde qui juge la politique d’un ancien monde, et qui a voulu, à travers les Balkany, faire un exemple, tuer une carrière politique et tuer financièrement ». Bon, on les canonise quand ?

Elles deux, elles sont canonisées depuis longtemps et satellisées sur la voie lactée de la connerie pure et dure…

La première, ma chouchoutte, Si-Nouille N’Diaye, qui n’hésite pas à traverser la rue pour aller cueillir des fraises, et qui est depuis quinze jours en repos forcé depuis qu’au détour d’une conversation, on lui ait appris que Gibraltar était un détroit… Dès lors, elle ne cesse de se demander qui sont les deux autres…

La seconde, c’est le Docteur Purgon des temps modernes, Agnès Buzyn, qui nous la joue désormais Docteur Knock en affirmant que finalement elle ne savait pas l’étendue de la crise du Covid-19 contrairement à ce qu’elle disait au mois de mars… En gros, elle savait qu’elle ne savait pas mais elle ne savait pas qu’elle savait… Bref, elle se paie notre tête…

Tout comme se paie notre fiole le Grand Doudou et sa clique de somnifères ambulants… Notre Premier Sinistre, toujours aussi amateur de bifles à la Javel, est venu nous rejouer Bonne Nuit les Petits pour la présentation de la deuxième phase du déconfinement… Tous les clignotants sont au vert, sauf en Ile de France qui passe en couleur casimir pour l’été… Donc, réouverture dès lundi des bars, cafés et restaurants, sauf en zone orange où seules les terrasses seront autorisées… Donc, suppression de l’interdiction de déplacement à plus de cent bornes (mettre sur pied une attestation pour moins de trois semaines, y a qu’un gouvernement de branlos qui peut le faire…)… Donc, réouverture des salles de spectacle et des théâtres, puis des cinémas à compter du 22 juin…

Des scoops aussi ébouriffants que lorsque Steevy annonce qu’il aime les grosses saucisses à la mayonnaise humaine…

Et pour finir en beauté, cette info relayée par BFMTV, encore que je me demande si c’est du lard ou du cochon (connaissant le spécimen, c’est certainement du porc) : Jean-Marie Bigard pourrait être intéressé par une candidature à la Présidentielle en 2022… Bon, je n’ai toujours pas pu déterminer s’il s’agissait du Bigard des steaks hachés ou le Bigard des sketches à chier… Dommage qu’il se sente obligé de s’identifier à Coluche au point de faire du réchauffé avec sa candidature à la présidentielle… La gouaille contre la vulgarité…

Et j’imagine d’ores et déjà le second tour… A ma gauche, Didier Raoult, le Chloroking, tête de file des complotistes que « forcément y a un lobby qu’a dit à Macron d’interdire », rien dans le slip, tout dans la tronche ! A ma droite, Jean-Marie Bigard, tête de gondole et de nœud du parti « Touche-moi les urnes », partisan du lâcher de salopes, rien dans la tête, tout dans le slip !

Est-ce que ce serait moins pire que le duel Adolfine la blondinette et Manu jeune fille ? Faudrait-il ressortir les vieux dinosaures de la politique ? Ou sera-t-on contraint de décongeler VGE ? Vu que le vieux crouton de Chamalières a une plainte pour agression sexuelle aux fesses, c’est réglé ! Eh oui, le vieux volcan a toujours la lave qui monte… Ça va faire baver d’envie à l’Hospice des Vieux Glands à Chanonat, tiens !

Et le 28 mai 1948 naissait à Ixelles Pierre Rapsat, auteur-compositeur-interprète belge dont le style puissant, oscillant entre rock et chanson française, est original et plaisant mais ne lui permet guère de percer dans le vedettariat. Sa participation au Concours Eurovision de la Chanson 1976 avec « Judy et Cie », une ballade douce-amère au texte fort et à la ligne mélodique simple qu’il classe à une honorable huitième place, ne l’aidera pas plus… Parfois, il est temps de savoir dire aurevoir… 


jeudi 14 mai 2020

Brèves du 14 Mai 2020

« Il est libre, Masque,
« Y en a même qui disent qu’ils l’ont vu tousser… »

Ah ! Quel sentiment revigorant de se savoir libéré, délivré, comme l’autre pétasse du dessin animé, après trop de semaines à regarder la moquette du plafond et le lambris du plancher… A moins que ce ne soit le contraire de la réciproque…

Que c’est bon de sentir qu’enfin, on va pouvoir aller folâtrer peinard sur les bords de Seine, les rives du Rhône ou près des grèves de votre fleuve local, maintenant que le déconfinement est une réalité tangible…

Profitez-en ! Tout d’abord parce que vous êtes exclus des vingt-six mille français qui ont été vaincus par le virus depuis le début de la pandémie. Et ensuite parce que l’on ne sait pas encore ce qui peut passer par la tête de notre bande de gouvernants…

C’est bien joli de lâcher les vannes du robinet à franchouillards afin qu’ils ruissellent partout sauf dans les endroits spécifiquement désignés parce certainement trop virusogènes… C’est magnifaïque toutes ces cartes coloriées à la main par Si-Nouille N’Diaye pour vous expliquer que finalement, départements verts ou rouge, c’est tout pareil sauf qu’il fallait bien qu’on fasse un distinguo histoire de pas avoir complètement tartes… C’est d’un pédagogique achevé de répéter l’importance des gestes barrières à longueur de messages radio et télé au ton aussi joyeux qu’un mormon en deuil un soir de novembre sur la lande…

Mais il faut que vous sachiez, et pas uniquement dans mes bottes, que ça ne sert strictement à rien !

C’est aussi efficace que les conseils beauté de Jeanne Moreau, les tuyaux fiscaux de Thomas Thévenoud, les recettes gastronomiques d’Arielle Dombasle, ou les astuces de virilité de Christophe Beaugrand…

Le français est un être indiscipliné, qui n’en fait qu’à sa tête et qui est naturellement rebelle à toute forme d’autorité. Alors imaginez quand l’autorité est honnie du fait de son inexpérience hautaine et que la moyenne intellectuelle est à peu près celle du poulpe décédé à force de déresponsabilisation et de téléréalité à haute dose…

On fait n’importe quoi, on se rit de la distanciation nécessaire, on brave le masque, on se rue dans les magasins de futilités inutiles en s’agglutinant comme des sardines en boîte… Et on sera les premiers à ululer contre un possible reconfinement lorsque de nouveaux foyers feront à nouveau flamber les statistiques…

A telle enseigne que les Gilets Jaunes appellent à manifester partout en France samedi qui vient… Vu le niveau, il ne reste plus que l’éradication par la maladie, et on en sera définitivement débarrassé…

Tout comme l’on est débarrassés cette année du Grand Prix Eurovision de la Chanson… Le Covid-19 a eu raison de la vénérable institution et a fait annuler une édition. Pas la meilleure, à en croire les spécialistes, tant on comptait de soupes, de bouses et de mièvreries frisant la gastrite auditive parmi les candidats. Rappelez-vous un instant de « The best in me », interprété par Tom Leeb et qui devait concourir sous les couleurs françaises pour vous faire une idée du niveau souterrain de la compétition de cette année…

Et pourtant que j’aurais aimé sacrifier une fois de plus à cette vénérable institution de l’Eurovision, m’incliner devant l’autel de la merde musicale paneuropéenne, me délecter des horreurs chorégraphiques et scéniques de la plus forte concentration de tapettes et de brouteuses de tout le continent ; bref, que j’aurais aimé eurovisionner à fond de train ! (et non pas à fond dans le train…)

La musique est définitivement en deuil, puisque, outre l’Eurovision 2020 qui en guise d’épitaphe aura droit à une émission hommage aux contours aussi flous qu’une toile de tente sur Caroline Diament, ça déquille très sévèrement dans le monde musical…

Avec ou sans l’aide du Binouzovirus, ça part sévère, les droits de succession en ce moment !

En l’espace d’une semaine, c’est un quarteron de musiciens et chanteurs célèbres qui sont partis renouveler la playlist du paradis…

Le premier fut Little Richard, à l’âge de 87 ans. Trublion du rock’n’roll, tante plus ou moins assumée et doté d’une personnalité rebelle, il marque son époque par ses chansons qu’il scande en hurlant) et ses tenues vestimentaires flamboyantes, un Elton John black avant l’heure…

Ce fut ensuite le tour de Millie Small, à l’âge de 72 ans. Si son nom ne vous évoque pas grand-chose, elle a été comme beaucoup de chanteuses des années soixante une « one hit wonder », qui eut bien du mal à se remettre d’un succès planétaire… C’est elle qui chantait « Mon garçon sucette » (un hymne au Bois de Boulogne et dans le Marais), ou si vous préférez en bon anglais « My boy lollipop ». France Gall et ses sucettes à l’anis n’a finalement rien inventé…

C’est aussi Idir qui est reparti à la Maison Mère à l’âge de 70 ans. Bien qu’ayant à son actif de nombreux disques, c’est un seul 45-tours qui reste plus ou moins dans la mémoire populaire, fait assez rare pour un titre en arabe. En 1975, « A vava inouva » est un tube mondial, qui redonnera un coup de fouet à la chanson berbère. Comme quoi la musique est réellement internationale.

Enfin, encore des mauvaises nouvelles puisque c’est Moon Martin qui replie son parapluie. Chanteur anglais à l’air lunaire avec ses grosses lunettes noires rondes, il avait rencontré le succès mondial en 1980 avec une chanson qui avait eu les faveurs des « Enfants du rock » à la télévision française, l’immortel « Bad news », ô combien bien nommé aujourd’hui…

Il serait dommageable de terminer sur de telles notes si tristes, surtout que Jul, Franck Michael et Mylène Farmer chantent encore…

Une petite anecdote issue du Journal télévisé de la première chaîne, grand promoteur des idées gouvernementales, à un point tel qu’on se demande si BFMTV ne serait pas secrètement mélenchonniste… Reportage sur les fleuristes : « François peut de nouveau vendre des bouquets, mais uniquement à emporter »… D’habitude, on achète le bouquet et on reste sur place pour le contempler…

Et en guise de conclusion, la tradition républicaine a été respectée puisque les premières cerises de Céret ont été envoyées à la Présidence de la République, bien que le locataire actuel préfère nettement la queue au fruit…

Et le 14 mai 1959, jour de soixante-deuxième anniversaire, Sydney Béchet décédait d’un cancer du poumon en région parisienne. Prodige musical et clarinettiste hors-pair, il aura donné au monde musical des morceaux inoubliables tels que « Petite fleur » ou « Les oignons » qui font définitivement beaucoup pleurer…