mercredi 23 décembre 2020

B rèves du 23 Décembre 2020

Ah, chers amis, fidèles lecteurs, inconsciente et innocente audience avide de mes élucubrations chroniquières, comme j’aurais aimé vous interpréter une jolie berceuse pour vous accompagner vers la belle nuit de Noël où toutes les grosses cloches sonnent… Seulement… Ce n’est évidemment pas l’envie qui m’en manque, malgré une énergie proche de l’amibe anémiée qui me donne furieusement une appétence plus qu’exacerbée de vacances… Mais le contexte hexagonal actuel et le moral moyen du français du même nom ne donnent pas forcément envie de faire la fête, de rigoler, de festoyer, d’entonner des refrains joyeux…

Certes, je sais que les fêtes de fin d’année s’annoncent à grands renforts de pubs spécialisées, de rediffusions télévisées et de téléfilms mièvres, avec leur cortège de cadeaux, de repas en famille ou solitaires, d’indigestions, de doigts martyrisés par le couteau à huitres, d’oncles bourrés comme un coing qui dansent la macarena à moitié à poil sur la table basse du salon avant de se casser la gueule comme des étrons frais sur une tante qui n’en demandait pas tant, de cadeaux splendides coutant une blinde et demie qui finiront dès le lendemain en achat immédiat sur ebay au dixième de leur prix, et de bougies senteur épices indiens-sardine marinée de Reykjavik qui filent le feu au sapin…

Je sais que vous attendez avec une anxiété non feinte les quatre-vingt-huit bêtisiers de fin d’année où l’on vous rediffusera encore et encore, jusqu’à la nausée intégrale, Denise Fabre qui se dévisse le dentier, Nancy Reagan qui se prend une gamelle, et Gainsbourg qui invite Whitney Houston à se faire rectifier le tuyau d’échappement…

Vous piaffiez d’impatience dans la tante… pardon, dans l’attente des sempiternels téléfilms de Noël, des éternelles rediffusions de la trilogie des Sissi et du guimauvesque Mayerling, et des films cuculapralinesques qu’on regarde en comatant la bave aux lèvres et la boite de chocolats à la main, lové sous la couverture polaire alors que des flocons de neige s’accrochent aux carreaux…

Eh bien non ! Le ravissement de ces moments magiques, ce sentiment indéfinissable au moment de mettre le petit Jésus dans la crèche, au sens premier du terme, bien entendu, cette torpeur bienfaisante qui vous envahit en regardant la Messe de Minuit en mondovision depuis Saint Pierre de Rome, ça n’est pas pour tout de suite !

Tout d’abord parce que ce serait pêcher que de vous balancer tout ça dans la figure comme un gougnafier que je ne suis pas, enfin, j’espère, et ensuite parce que nous ne sommes que le 23 décembre…

Et là, je me permets de vous poser brutalement la question, puisque l’on se connaît suffisamment bien et que je sais au surplus que vous n’êtes plus de jeunes damoiseaux à peine déniaisés ni des rosières ayant coiffé Sainte-Catherine sans avoir vu le loup dans la bergerie :

Est-ce que vous la sentez ?

Non, mais je veux dire, est-ce que vous la sentez bien ? En êtes-vous tout entièrement pénétrés ? L’avez-vous laissé entrer totalement en vous et cheminer jusqu’aux replis les plus intimes de votre anatomie secrète afin d’y répandre en cataractes la substantifique moelle de son suc ultime ?

Evidemment, j’en connais qui en sont déjà à s’essuyer dans les rideaux en ayant lu ces quelques lignes qui siéent plus à Régine Desforges qu’à Jean Cau ; mais quitte à les ébranler (encore une fois) dans leurs convictions profondes, mes propos sont tout ce qu’il y a de plus purs !

Est-ce que vous la sentez, la délicieuse odeur de Noël ?

Humez-vous la fragrance parfumée des sapins de Noël croulant sous les guirlandes et les boules multicolores qui emplissent les salons, des pains d’épices et des massepains qui n’attendent que le feu vert parental pour se faire dévorer, des mets de choix qui vous rempliront la panse en faisant pétiller vos papilles d’un plaisir s’apparentant à l’orgasme alimentaire ?

Reniflez-vous la senteur particulière de ces jours de fête, où l’air semble plus léger malgré les emmerdements et où l’on est presque contraints de faire risette à cette empaffée du service comptabilité qui pue de la gueule à en décoller la moquette murale dans la pièce d’à-côté, juste parce que c’est la trêve des confiseurs ?

A moins d’être un Morgan Bourc’his ou un Pierre Frolla capables de se filer en apnée pour des périodes qui vont de quelques minutes à « punaise la vache c’est trop trop long ! », vous n’avez pu faire autrement que d’en prendre plein les poumons…

L’esprit de Noël est en train de nous tomber dessus, même si c’est cette année un Père Noël avec un masque anti-Covid-19 qui viendra déposer les cadeaux dans les souliers… Enfin, si il trouve le gel hydroalcoolique à l’entrée de la cheminée, et s’il respecte les distance de sécurité ! Foin des querelles intestines qui nous pourrissent le quotidien, fi des petits tracas journaliers qui nous mettent le ventre en capilotade et l’esprit en haut-fourneau sidérurgique !

Allez ! Pressez-vous prestement de vous hâter d’aller faire l’emplette des derniers présents à offrir à vos proches, des ultimes cadeaux qui feront bouillonner les récipiendaires et votre carte bleue… Les récipiendaires d’un légitime bonheur et votre carte bleue d’un échauffement cramoisi qui tend vers l’évaporation définitive…

Cadeau… ou pas cadeau ? Telle est la question cruciale… Cadeau ou pas cadeau à votre tante Marthe qui vous empeste à chaque visite avec ses robes chasubles qui schlinguent la naphtaline ; à votre nièce hystérique qui hurle à la mort dès qu’on hausse les sourcils en signe de vague réprobation ?

Cadeaux pour toutes et tous, même si je sais que je ne suis pas un cadeau, et qu’il faut vivre d’espoir…

L’espoir fait vivre… Et l’espoir que je forme aujourd’hui, au moment de poser la plume du clavier pour quelques jours de repos, au terme d’une année mouvementée, c’est que le monde aille un peu moins mal, pendant quelque temps, que les hommes puissent vivre en bonne entente, que vous passiez de bonnes fêtes… et que je ne prenne pas trop de poids avec ces cochoncetés de chocolats !

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Guy-Louis, Amélie Mauresmo, Conchita Wurst, Josiane Saucisse, Pepita Sausage, ainsi que tout celles et ceux qui en feront la demande par papier timbré mauve moiré à douze euros soixante-quatorze la demi-page ; ainsi se terminent, en conclusion d’une année chargée en péripéties, en émotions et en cataclysmes d’actualité, ces chroniques en forme de brèves de presque pour l’année 2020.

J’espère que vous aurez pris autant de plaisir à les lire que j’en ai ressenti à les écrire… Le temps qui m’est imparti touchant à sa fin, Beaugrand touchant à sa nouille et Féraud touchant à la mienne, je vous souhaite tout bêtement de passer d’excellentes fêtes de fin d’année, remplies de bonheurs, de joies et de moments complices en famille, en couple, ou comme il vous plaira !

Je vous embrasse chaleureusement en remerciement de votre attention et de vos commentaires, et vous retrouve bientôt…

A vous Cognacq Jay, à vous les studios !

 



jeudi 3 décembre 2020

Brèves du 03 Décembre 2020

 « Au revoir »…

La mine triste et grise d’un énarque dépressif atteint de constipation chronique, le costard bleu pétrole étriqué que une chemise en rhovyl mercerisé qui vous flanque des auréoles sous les bras dès que la température dépasse les moins dix, la calvitie bien peignée d’une tempe à l’autre, Sa Suffisance se décarre du fauteuil après un ultime chuintement labial et prend congé en sortant par la gauche de l’écran, lui qui vient d’être sorti par la Gauche…

Ainsi, le plus célèbre échassier chuintant du monde politique hexagonal vient de replier son pébroque à cause de la Cov-ID 19, lui qui ne jurait que par les luxueuses DS 21 Pallas de la République…

Au revoir, Valéry Giscard D’Estaing, qui n’avait aucun D’Estaing derrière vous mais qui êutes un jour le vôtre devant vous, suite au décès inopiné quoiqu’attendu de Pompidou…

Au revoir, V.G.E., dont la diction chuintante fit les choux gras de générations d’imitateurs grasseyant exagérément sur la diction grandiloquente et ampoulée de celui qui fut, en son temps, le plus jeune Président de la République Française…

L’Ex laisse derrière lui un cortège funèbre de commentateurs politiques de tous bords qui encensent à grands seaux d’eau bénite sur le catafalque l’action politique de la grande asperge de Chamalières…

Bon, on va se calmer sur l’infusion Saveurs du Soir et on va changer sa couche Confiance modèle Eddie Barclay… Sans vouloir inconsidérément glavioter sur la dépouille encore fumante du Monsieur de Chanonat, il faut reconnaître que celui qui voulait regarder la France au fond des yeux (bon courage avec Dalida…) a mis en place certaines choses…

Parmi les réalisations les plus marquantes de son septennat (avant qu’il ne devienne un septua-génêur…), la loi sur l’IVG portée à bout de bras par Simone Veil (et malgré ça, Jul, Zaz et Alex Goude sont nés…) ; l’abaissement de la majorité à 18 ans (ainsi on pourra faire partie des abstentionnistes trois ans plus tôt) ; et l’introduction du divorce par consentement mutuel.

Pour le reste… C’est un festival ! De ses incartades amoureuses multiples à l’affaire des diamants, en passant par les camions de laitiers percutés en Porsche au petit matin, Valy n’en a pas beaucoup raté…

Il ne le laissait pas transpirer, mais sous ses airs de grand bourgeois nostalgique des ors de Versailles se cachait un surchauffé du bigoudi à béchamel ! Lassé des vœux au coin du feu avec Anne-Aymone, aussi glaciale qu’une barquette de morue Vivagel et à peine moins godiche qu’une candidate au titre de Miss France, VGE aurait proposé sa buchette à BB (à une époque où elle était encore canon, et lui, pas encore vulcanologue), à Marlène Jobert et vraisemblablement à d’autres dont la postérité n’a pas retenu le nom…

Chez ces gens-là, on a autant le feu au derche qu’ailleurs, mais au moins, on s’encule en silence, et en levant le petit doigt…

Eh bien, je me suis laissé dire, tel Jeanne d’Arc entendant les voix de Saints qui se touchent grâce à l’appli Liveradio de son Ailphone 56, que notre classe politique avait décidément de drôles de tendances…

Je vous en prie, ne vous récriez pas et se ressortez pas les crucifix en ivoire et doré sur tranche, n’allez pas vous imaginer Christophe Castaner le nez dans le saladier de colombienne en string panthère avec une ceinture de bananes pour seul vêtement se déhanchant sur Lady Gaga aux Bains Douches ; ne visualisez pas Gabriel Attal en train de sodomiser sobrement Steevy Boulay les deux pieds dans une bassine de yaourt bulgare et le tisonnier à la main alors que la sono braille du Dalida en allemand ; ne pensez même pas à DSK déguisé en soubrette béliner la moufflette d’une Anne Sinclair de passage dans un motel miteux de banlieue, avec comme stimulant Claire Chazal en danseuse nue qui fait reluire la moquette avec un litre de saindoux tiédi et la moumoutte de Laurent Delahousse…

N’empêche que le roi des accordéonistes amateurs (qui avait osé jouer avec son instrument en public, devant Danièle Gilbert à la télé en 1970), avec ses réformes économiques et industrielles, fait entrer la France dans une ère plus moderne… Vivent les sous-pulls en acrylique qui grattent, les sachets de Tang, la généralisation du téléphone (même s’il faut encore attendre de longs mois avant de causer dans le combiné en plastique multicolore), la télévision en couleurs (bien que la moumoutte de Guy Lux fasse regretter le noir et blanc), les autoradios Grandes Ondes dans la Renault 6, les limitations de vitesse sur l’autoroute et les ceintures obligatoires à l’avant (un petit clic vaut mieux qu’un grand choc…).

Aujourd’hui, le monde de l’accordéon est en deuil, et la confrérie des joaillers pleure des rivières… de diamants centrafricains, bien entendu. Celui qui prétendait s’arroger le monopole du cœur avait été ringardisé suite à sa branlée de 1981 et n’avait dû sa résurrection médiatique qu’à l’émission des Guignols, le brocardant comme un vieillard cacochyme.

N’empêche que Giscard les a presque tous enterrés ! Son ennemi de toujours, Jacques Chirac, son successeur à l’Elysée, François Mitterrand, ainsi qu’une brochette non négligeable de politocards de tous bords… Seuls lui survivent Michel Drucker et Line Renaud (les extraterrestres du vedettariat) ; ainsi que Neunœil de Montretout, qui pourra disputer la finale avec la Reine Elizabeth II…

Et voila, encore une partie de notre enfance qui s’en va… Bon, c’est pas non plus celle qui nous fera le plus chialer, mais c’était un des éléments de notre temple mémoriel, vague souvenir d’une époque où il fallait être irréprochable…

Moi, être irréprochable ? Non mais sérieusement ! Tout gamin, j’ai vu Tarzan à moitié à poil, Cendrillon revenait chez elle à plus de minuit, Pinocchio mentait comme un arracheur de dents, Aladin était un voleur, Batman conduisait à plus de deux cents à l’heure, Blanche Neige vivait avec sept mecs, Popeye était tatoué et fumait la pipe, Pac Man courait comme un dératé sur de la musique électronique en avalant des pilules qui le dopaient, et Sammy et Scoobydoo étaient des hippies qui avaient toujours faim ! C’est pas ma faute ! C’est celle de la société, M’dame !

Autre pan de notre enfance qui s’en va définitivement, des suites d’un AVC (ce qui n’arrivera jamais à tous les condidats de téléréalité, à Hanouna ou à Aya Nakamura), Anne Sylvestre, dont les Fabulettes avaient enchanté tant de mercredi après-midi pluvieux. Du Veau à la Dame de Dijon, en passant par le gâteau et la maison pleine de fenêtres, tant de ritournelles faciles mais gravées à l’eau forte dans nos mémoires et qui nous rendent aujourd’hui tellement nostalgiques… Et avec tout plein de poussières dans les yeux…

Pour nous changer les idées, causons un peu de la Covid-19, avec son lot d’anecdotes croustillantes, comme à Bruxelles où une vingtaine de personnes dont plusieurs diplomates et un député européen participaient à une partie fine entre messieurs… L’un dans l’autre, me direz-vous, rien de quoi fouetter un chat, mais le dépité européen est en fait Jozsef Szajer, membre du Fidesz hongrois de Victor Orban, connu pour sa largeur d’esprit panoramique… Pour un député homophobe, se faire prendre la main dans le sac, ou dans le slip d’un autre monsieur, ça la fout mal…

Sinon, Paul Bismuth va bien, même si son procès continue à se dérouler malgré ses imprécations vengeresses. Un conseil, n’achetez jamais un disque de Carla Bruni, ça peut provoquer des troubles graves de la personnalité et conduire à des dédoublements de personnalité… Bah, s’il se fait coffrer, l’échantillon présidentiel pourra toujours invoquer une allergie violente à la prison, et sortir frais comme un gardon, à l’image du miraculé de la Santé, Patrick Balkany, dont on murmure qu’il allait courir le marathon de New-York en trente-huit minutes… Pour les frais de déplacement, on suppose que Levallois paierait…

Et pour finir en beauté, un mot du Melodifestivalen 2021, la sélection suédoise pour l’Eurovision, dont on vient de nous dévoiler les noms des participants. Que du frais, du neuf, du pas recyclé ! On y retrouve Charlotte Perelli-Nilsson, avec son demi-million de couronnes suédoises de botox sur la tronche ; Arvingarna, un quatuor de quinqua peroxydés qui avaient déjà fait le Concours en 1993 ; Danny Saucedo et sa tronche de tafiole avec un titre équivoque « Daddi dansa » ; The Mamas, le trio de poids qui devait aller au casse-pipe cette année ; et enfin, un improbable duo entre Eva Rydberg et Ewa Roos, au moins cent-quatre-vingt-dix ans à elles deux…

La seconde n’a pas publié de disques depuis 1976 et la première a participé au Melodifestivalen 1977… Et les deux vont nous glapir un titre onomatopée comme on n’ose plus en proposer depuis au moins un quart de siècle, « Rena rama ding dong »…

Et le 3 décembre 1972, naissait à Toulouse Sébastien Roch, qui deviendra célèbre en 1992 grâce au personnage de Christian dans l’immortel « Hélène et les garçons » sur TF1. C’est lui, le fameux « Cri-Cri d’amour », le petit ami de Johanna, ce personnage moins consensuel que les autres lavettes de la série, puisque rebelle, colérique, mauvais garçon, et drogué le temps de quelques épisodes. Sébastien rempile dans ce rôle en 2011 dans « Les Mystères de l’amour »… C’est pas demain qu’il dira « au revoir »…


 

jeudi 26 novembre 2020

Brèves du 26 Novembre 2020

 « Sing, live today, this moment can't endure

« Oh... let us reach for the stars - we'll make it, I'm that sure

« Be it sadness, be it gladness, we can start it all anew

« Look at me, look at me, and the sun comes shining through »

 Au royaume de la guimauve concentrée et du bon sentiment en suppositoire surdosé pour crise de déprime soudaine, le Concours Eurovision de la Chanson est un réservoir au moins aussi profond que le fondement de certains garçons-coiffeurs de la Place des Vosges.

De la ritournelle niaiseuse pour pucelles en chaleur en proie à une folle envie de quéquette toute dure, à la somptueuse gourdasserie mièvre qui vous colle des caries à sa seule écoute, l’éventail des chansonnettes propres à vous remettre la banane dans le bon sens (je parle de la banane du sourire, pour les autres, vous faites selon vos goûts alimentaires et vos préférences sexuelles) est balayé de fond en comble depuis 1956 et de manière rigoureusement intégrale.

Et il faut bien avouer que le « Little child » maltais de 1992 offre une leçon d’optimisme forcené malgré les torrents de merdes incoercibles qui s’abattent sur le gamin. Vagi à pleins poumons par une Mary Spiteri coulée dans une robe dangereusement moulante avec un balcon généreusement fleuri qui nous tient une note finale démesurément longue et périlleuse pour les Pyrex à portée de voix, il me remonte généralement le moral, que j’avais ces jours derniers en berne.

Je dis bien « en berne » et pas « en Bern », parce qu’il y a tout de même des limites à la décence et à la vraisemblance qu’il ne faut décidément pas franchir…

Et le soleil brillera au travers… Oui, le soleil finit forcément par se lever un jour ou l’autre, on arrive toujours à dégager la couche de nuages autour de soi, fût-ce une réplique miniature du smog londonien…

Et pourtant, les futilités de notre actualité quotidienne ne cessent de nous enfumer, ou en tous cas cherchent à le faire avec un art consommé…

Et à la première place de cet enfumage national, notre Président de la République qui s’est consciencieusement appliqué mardi dernier pendant vingt-cinq minutes à remplir de vide la vacuité de ses propos… Avec un zozotement dangereusement prononcé, à croire qu’il avait gradé une demi-douzaine de poils de cul entre les dents, Manu a fait preuve d’une démagogie parfaite.

Un grand coup de lèche aux françaises et aux français (vous avez fait des efforts, c’est bien…), avec limite un morceau de sucre si vous remuez bien la queue… Un laïus interminable sur ce que son équipe, forcément géniale, va faire de fatalement extraordinaire pour le peuple de France… Et au final, un brassage d’air qui aurait fait du bien durant les dernières chaleurs, ça aurait bien aéré…

J’ai eu nettement l’impression que le Mari-à-Brigitte se payait ostensiblement notre gueule, avec cet air goguenard de tafiole honteuse qui vient de s’en prendre vingt centimètres dans les miches et qui se ruine un slip parce qu’il peut décider ce qui lui fait plaisir, vu que c’est lui qui détient les clés du fourbi…

Pire, on aurait dit qu’il s’adressait à des débiles, comme lorsque les speakerines expliquaient aux téléspectateurs le film de la soirée avec des mines de bovidé lobotomisé… Encore pire, on aurait dit qu’il se chopait une demi-molle exploitable à chaque fois qu’il annonçait une nouvelle étape… Avec toujours autant d’incohérences et d’inepties que précédemment, mais n’allez pas changer une équipe qui navigue à vue avec une bonnet sur les yeux…

Franchement, est-ce bien logique de rouvrir, enfin, les commerces de proximité ainsi que les cinémas et les théâtres mais de maintenir fermés avec une obstination qui confine à la hargne intégrale les restaurants et les bars ?

Ces derniers pourront peut-être rouvrir à compter de la mi-janvier, si les statistiques sanitaires sont au rendez-vous… Autant dire qu’on leur fera dire ce qu’on veut, aux statistiques… Il fallait moins de cinq mille contaminations quotidiennes pour enclencher le déconfinement. Le seuil est miraculeusement franchi deux jours avec l’intervention présidentielle… Ya de ces coïncidences, tout de même…

Et aujourd’hui, le Premier Sinistre est venu donner des précisions sur les trois étapes… Ah oui, c’est comme les jeux de Guy Lux… On croit avoir tout pigé du premier coup, et quand on relit les quarante-six pages de règles du jeu, on s’aperçoit qu’on avait pas compris l’ombre d’un iota… Notez toutefois que les stations de sports d’hiver seront ouvertes pour les fêtes, mais pas les remontées mécaniques, ni les restaurants… Donc, vous vous remonterez les pentes avec vos papattes, et vous boufferez des nouilles en boite ! Quelles fêtes inoubliables, mes aïeux !

En parlant d’aïeux, d’ancêtres et de croulants, Sophie Davant lance son magazine ! Mais oui ! L’illétrée d’Affaire Conclue, où elle vient jouer les dindes parisianistes méprisant les quidams provinciaux venus présenter leur couvre-soupière en macramé ouzbéque comme étant la huitième merveille du monde, prête son image de pomme flétrie à une publication dont la qualité principale n’est pas l’irrévérence… « S, le magazine de Sophie Davant », bonjour la grosse tête, attaque les sujets qui fâchent « la ménopause, aimez-là, vivez-là » ; « comment surmonter les fêtes »… Et combien de numéros finiront à Affaire Conclue comme étant l’un des plus gros bides de l’histoire de la presse française…

Car ce n’est pas chose aisée de faire un carton dans la presse people française actuellement… On est tellement blasé depuis le début de l’année avec les malheurs qui s’abattent sur nous comme les douze plaies d’Egypte qu’il serait particulièrement ardu de trouver plus choquant… A part peut-être un nouvel album d’Aya Nakamura écrit par Marc Lévy et composé par Vianney…

Ne comptez plus sur les têtes couronnées pour faire vendre les torche-culs du lundi… C’est d’un démodé, la royauté… Surtout qu’ils sont moins de douze dans toute l’Europe à trôner désormais, et ce n’est pas de leur faute si les onze, y trônent… (A vous Cognac Jay, à vous les studios…)…

On s’en bat les steaks des hémorroïdes du Grand-Duc de Luxembourg, des vergetures de la Reine Sylvia, de la dernière partouze d’Albert II de Monaco ou des bas anti-varices couleur pudding mordoré de la Reine d’Angleterre… Quoique… Les anglais ont toujours le chic pour dégoter une info bien pourrave dont on se serait aimablement passé, tout comme leur sauce à la menthe sur le rôti bouilli…

Meghan, la dernière salope en date à loucher sur la couronne britannique, aurait fait une fausse couche l’été dernier… Forcément, quand vous découvrez votre mari en porte-jarretelles roses et costume de Mickey en latex se faire élargir la rondelle sur du Kylie Minogue, ça vous refile une secousse…

Question secousses, le monde sportif s’en est pris quelques-unes ces derniers jours… Après le décès brutal autant qu’inattendu de Christophe Dominici, qui nous à fait un Mike Brant à 48 ans (on n’imagine pas combien les toits sont glissants quand on y déambule les pieds nus…), la passe de trois s’est rapidement complétée avec les décès de Jacques Secrétin (cette andouille qui jouait au ping-pong), et du Pibe de Oro, qu’une crise cardiaque a enlevé à tout juste soixante ans…

Autant dire que la mort de Maradona met la moitié des dealers d’Argentine au chômage… Diego Maradona était un footballer de génie, même s’il est toujours resté ce gamin mal élevé des quartiers pauvres, capable d’un langage ordurier et de mauvaises manières qui auraient même choqué Donald Trump…

Ah ! Maradona… J’aimais pas trop sa musique et ses wagons de botox dans la tronche… Hein ? Je me goure avec la Queen of Pop ? Bah, elle est déjà morte artistiquement depuis quelques lustres et pas mal de candélabres…

Quoi qu’il en soit, l’Argentine a décrété trois jours de deuil national suite au décès de leur Dieu foutballistique, une durée en rapport avec l’aura du joueur… Au décès de Ribéry, on fera douze minutes de deuil national ?

Et le 26 novembre 1949, naissait moshav Alonei Abba, en Israël, Shlomo Artzi, qui tenterait en 1975 une percée internationale en participant pour Israël au Concours Eurovision de la Chanson avec « At ve ani », une chansonnette d’amour plutôt convaincante. « Toi et moi », c’est bien le minimum pour parler d’amour non ? 


 

vendredi 13 novembre 2020

Brèves du 13 Novembre 2020

Ce qui change, c’est que rien ne change, et c’est ce qui change tout…

Les jours s’égrènent, les saisons passent, les années courent, les fleuves s’écoulent, les chiens aboient et les caravanes passent sur les routes départementales vers le Camping des Epluchures, route de la Déchetterie à Beuark-sur-Dégueulis… Mais rien ne bouge, telle la statue du Commandeur (celui de Dom Juan, pas Jérôme, hein !)

Le monde reste droit dans ses bottes, la France la joue jugulaire-jugulaire et reste scrupuleusement le doigt sur le pli du pantalon, et le pékin moyen, s’il parle souvent de tout faire péter, reste douillettement installé dans le conformisme de ses charentaises…

Il serait illusoire de penser que l’on peut amener les gens à modifier leur façon de penser, de voir ou d’analyser les choses… Les cons resteront cons, les nombrilistes continueront à se regarder le bide comme s’il s’agissait de la gare de Perpignan, centre du monde daliesque, et tout ce petit monde campera farouchement sur ses positions en estimant évidemment que l’autre a forcément tort puisqu’eux-mêmes détiennent la vérité ultime…

Rien ne change… et c’est ça qui change !

Et comme ce « rien ne change » change tout, il convenait de s’en faire bruyamment l’écho, en rameutant à grands frais tous les médias possibles et imaginables, de la feuille de chou régionale à la chaîne de télévision internationale, en passant par l’habituel aéropage de journaleux tellement courbés devant le Gouvernement qu’ils arriveraient à s’auto-fellationner sans peine.

Notre Premier Ministre s’est exprimé. Enfin, Jeannot a grasseyé pendant un bon moment pour déverser des lieux communs, des platitudes et des évidences pour en arriver à la conclusion ébouriffante que, pour le moment, rien ne change…

Franchement, se tartiner un ersatz de succédané de Guy Montagné imitant Galabru pour s’apercevoir au final qu’il a parlé pour ne rien dire… Si je ne portais pas un moulebite bien ajusté, j’aurais certainement les réservoirs d’ADN qui me remonteraient sous le goitre…

On continue allègrement le reconfinement qui vous interdit de vous agglutiner dans les petits commerces de proximité, mais vous autorise les quais de métro bondés pour aller bosser… Et si l’on est de bons élèves, on pourra peut-être relâcher un peu la bride au premier décembre… Mais pas les bars et les restaurants, qui devront rester fermés…

Dites voir, ils ont des soucis avec les bistrots et les restaus, au Gouvernement ? Y a un ministre ou un secrétaire d’état qui a été traumatisé par un troquet ou une gargote pour en vouloir à ce point à nos bistroquets et restaurateurs ? Ou alors, ils ont des actions chez McDo et Burger King…

Que nos politocards aient une aversion naturelle pour les livres et tous les biens culturels pour les classer comme biens non-essentiels, c’est compréhensible puisqu’on a toujours peur de ce que l’on ne connait pas, ou mal… Mais la bectance et le jaja… Au pays de Curnonsky, de Troisgros et de la poule au pot, ça frise l’injure nationale… Déjà, tu sens bien que Castex, c’est pas le genre de mec à choper une érection en causant boustifaille et gueuletons… Je le vois mal se péter le bide avec des cassoulets et des grands crus classés… Plutôt à avaler rapidos une demi-biscotte sans sel et un bouillon dégraissé avant d’aller au dodo à vingt heures trente… Coucouche panier, papattes en rond…

Bref, effet d’annonce triple zéro hier soir pour le sketch du Premier Sinistre, toujours aussi yéyé comme un bol de yaourt allégé… Mais ça occupe l’antenne, et ça permet à BFMTV et consorts de dégoiser pendant des heures sur ce qui a été dit, ce qui n’a pas été dit, ce qui aurait pu être dit, et ce que signifie ce qui n’a pas été dit mais si fortement sous-entendu qu’on pourrait penser qu’il aurait voulu le dire tout en le taisant… Et réciproquement.

Faut les comprendre, après le suspense artificiellement maintenu (genre Bouteflicka ou Vincent Lambert) des élections américaines, il fallait bien trouver un truc pour angoisser le public à grands coups d’alertes info incessantes et autre bandeaux anxiogènes rédigés sans le soutien du Bescherelle…

Ce n’était pourtant pas, hélas, le choix qui leur faisait défaut.

En première ligne, et un mets de premier choix, malgré ses dimensions d’échantillon : Nicolas Sarkozy et le spectaculaire retournement de veste de Zyad Takkiédine… Rétropédalage complet et blanchiment total de Saint Nicolas, on se croirait presque dans un épisode de Dallas… Et l’amateur de chanteuses aphones qui demande officiellement à être « démis en examen »… Pour un avocat, ça la fout mal, quand même…

Pour obtenir un tel coup de pouce du destin, le Petit Nicolas a dû aller faire un pèlerinage chez les Balkany, les Thénardier du 9-3 qui ont toujours cru que Levallois paierait…

T’arrives à proximité du lieu saint (en l’occurrence la Mairie) noir comme un charbonnier, perclus de soucis judiciaires à base de valises d’argent douteux et menacé de toutes parts par des juges rouges ; une génuflexion comme marque de contrition avec craquement des ménisques assorti, une incantation plus ou moins sincère à Notre Dame des Mis-En-Examen, un pot de vin (voire une pleine caisse) et hop ! tu ressors plus blanc que neige, lessivé jusqu’à la moindre fibre du costard sur-mesure par Super Croix sans redéposition… Et si par extraordinaire, le pèlerinage finit en eau de boudin case prison, tu invoques une maladie incurable genre intoxication à la chanteuse aphone et dès ta remise en liberté, tu danses le jerk pour bien te foutre de la gueule de la Justice…

Ce ne sont pas des « on-dit », ça a fonctionné à merveille avec Patoune Balkany, le miraculé de la Santé…

Si les démêlées judiciaires de l’Ex ne tentent pas votre lectorat ou l’audience des décérébrés de C-News, je vous conseille un article documenté sur les Présidentielles américaines, avec les deux vieux du Muppet Show dont les pantomimes ont lassé jusqu’au plus américanophile… Faites comme Paris Match, un supplément de vingt pages sur Joe Biden, vu son âge, il a de quoi raconter…

Si le gâtisme ne vous sied pas, alors versez dans le social ! Misez tout sur Bridgestone qui dérape dans les grandes largeurs avec la fermeture de son usine dans le Nord… Mettez une bonne dose de patrons voyous, un zeste de discussions qui virent court, et un plan social juteux, rajoutez une rasade de Xavier Bertrand qui tempête dans un verre d’eau, mouillez à hauteur de la situation sociale du Nord cuvée 2020 et laissez mijoter jusqu’à ce que les pneus ne soient plus caoutchouteux… Servez avec un maroilles puant et des frites à la graisse de bœuf…

La tambouille du grand capital vous donne des boutons ? Alors, lâchez la commémoration bien larmoyante à grands renforts de témoignages poignants de rescapés de la grande tuerie du Bataclan, pour célébrer comme il se doit le cinquième anniversaire des attentats parisiens. Voici déjà un lustre que l’obscurantisme des enturbanés frappait de plein fouet la capitale… Si cela se produisait aujourd’hui, avec le couvre-feu, il n’y aurait pas une seule victime… Vous voyez bien que le Gouvernement prend soin de vous… N’empêche que le prochain qui vient m’affirmer que le vendredi treize porte chance, je lui mets mon pied au cul… De quoi devenir paraskevidékatriaphobe au dernier degré…

Et si vous avez des tendances macabres option Jean-Claude Brialy, surnommé la Mère Lachaise avec son goupillon en folie, alors balancez l’oraison funèbre de Piem, décédé le jour de son quatre-vingt-dix-septième anniversaire. Dessinateur humoristique au style reconnaissable et à l’éternelle pipe, il fut popularisé par les émissions télévisées satiriques de Jacques Martin, qui le surnommait L’ancêtre. Icône médiatique des seventies dorées irrémédiablement enfuies, le Petit Rapporteur est définitivement passé par le petit bout de la Lorgnette…

Et le 13 novembre 1966, la deuxième chaîne de l’ORTF accueille une série télévisée américaine en 88 épisodes de 25 minutes, déjà gentillette à l’époque (c’est vous dire si elle paraît cucul la praline aujourd’hui) : « Flipper le dauphin ». Mis à part des vues sous-marines floues de l’animal, des sourires niais de Sandy et Bud, et des moulebites amerlocs remontant jusque sous les aisselles, le scénario est aussi vide que la boîte crânienne des fortement nichonnées de la téléréalité… Méchanceté gratuite ? Comme le dit Régis Mailhot, la méchanceté est parfois gratuite, mais la gentillesse n’est jamais payante…