mercredi 13 janvier 2021

Brèves du 13 Janvier 2021

« Non, non, rien n’a changé,

« Tout, tout a continué, hey, hey ! »

Non, non, rien n’a changé… A toutes celles et tous ceux qui croyaient, espéraient, souhaitaient, que vendredi 1er janvier, le monde allait changer subitement et se transformer en royaume des Bisounours ; j’ai le regret d’annoncer qu’ils se sont fourré l’index dans le globe oculaire jusqu’au point de non-retour, tendance auscultation des hémorroïdes par l’intérieur.

Non, non, rien n’a changé… Et si vous vous étiez couchés jeudi soir un peu concons, voire franchement lobotomisés après le tsunami de programmes merdico-indigents dont la télévision nous a abreuvés, il y a à peu près autant de chances que de trouver des bridés à Pékin que vous vous soyez réveillés aussi concons mercredi matin.

Non, non, rien n’a changé… Votre tour de taille Bibendum, votre partenaire qui poursuit une carrière de mannequin chez Olida, votre découvert bancaire écarlate cramoisi, votre belledoche qui embaume la naphtaline et la savonnette Bien-Être à cinq lieues à la ronde, vos moutards morveux et mal élevés ; tout ce barnum ne s’est pas mué en tablettes de chocolat, bombasse sexuelle carénée chez Pirelli, compte en Suisse façon Cahuzac, belle-maman que vous jambonneriez volontiers dans la remise et surdoués promis à l’élite de la Nation.

Non, non, rien n’a changé… Le monde de 2020 est resté tel quel pour affronter les premières heures de 2021…

Et dussé-je en pâtir au point de me voir condamné ad vitam aeternam à l’écoute ininterrompue, douloureuse et en 78-tours des œuvres complètes de Christophe Maé interprétées par Zaz imitant Kendji Girac, la gitane à la voix de piche mâtinée de Zaza Napoli en moins viril, je me hasarde toutefois, au seuil de cette nouvelle année, à me vautrer dans les ornières du chemin tant parcouru de la banalité lieu-communesque en vous présentant, non pas sur un plateau d’argent avec bordure en simili laiton chromé et poignées en imitation ersatz d’inox antimoinesque, ni sur un serviteur muet en biscuit fêlé made in Taïwan, et encore moins sur une écuelle en vermeil rehaussée de cuir de peau de fesse de veau élevé sous la mère à un demi-smic le centimètre carré, mais dans le plus simple appareil, et dans ma bouche (non, non, ça reste très correct, rassurez-vous, n’allez pas grossir inconsidérément la chose…) mes vœux les plus chaleureux et les plus sincères pour les putains de trois cent soixante-cinq jours de la puta madre de la mort qui tue qui nous font face…

Pour enclencher la nouvelle année, je craignais fort qu’il ne faille inconsidérément sacrifier à la tradition des vœux urbi et orbi, le genre de truc qui ne coute pas cher et qui fait plaisir à tout le monde, surtout celles et ceux qui se raccrochent désespérément à l’importance de ce beurrage de tartine, comme Di Caprio sur le Titanic se raccroche à une bouée et à l’idée que Céline Dion ne vagira pas encore une fois sa chanson sur le gros bateau qui coule…

Donc, hurlons avec les loups, glapissons avec les dindes et mugissons avec la meute de braillards qui ont consciencieusement oublié de vous flinguer les tympans jeudi soir à minuit et souhaitons avec les affolés du vœu de nouvelle année qu’elle soit bonne… Ou plutôt non, je ne vais pas vous présenter les vœux tout seul… Je m’adjoins les services de deux employées de maison, Maria et Conchita. L’une a un blair qui ferait passer le nez de Liane Foly première version pour une minuscule péninsule, et l’autre se désespère de trouver de l’earl grey dans mes placards…La bonne à nez, et la bonne sans thé…

Rassurez-vous, je ne vais pas verser dans les roucoulades violonées, les calembours usés jusqu’à la corde que même Ruquier n’en voudrait pas pour refiler à son Boulay préféré qu’il aime à tirer de temps à autre, et le sirupeux dégoulinant façon loukoum arrosé au sirop d’érable en vous souhaitant le meilleur pour les douze mois à venir, je ne ferais pas du Mari-à-Brigitte en vous faisant ronfler devant votre poste…

Oh, je me doute que je dois arriver en deux-cent-soixante-treizième position dans le souhaitage de vieux, et que vous avez dû vous fader au bas mot le même nombre de paires de air-bises humides ou gluantes, avec halitose carabinée en prime et tout autant de fadaises nouvel-anniques depuis le 1er janvier dernier…

En une période où les contaminations à la Covid-19 (voire à la CoDS-20 pour faire plus cossu) font bondir dans l’écarlate cramoisi les alertes infos des chaînes d’info continue, il serait presque mal venu de glisser, tel un pet vaseliné glissant sur une toile cirée recouverte d’une triple couche d’encaustique, que les vœux vous font chier… Ça, c’est le domaine de prédilection de la gastro et des réclames télévisées itératives pour les débouchages médicamenteux d’intestins fatigués ou paresseux, entre Dulcolax et Herbesan en passant par les dragées Fuca qui repeignent tout du sol au plafond en un artistique moucheté marron-caca-d’oie à la moindre loufe balancée en loucédé dans les gogues de Tante Marthe…

Quelle joie sans égale de retrouver ses collègues de bureau, ou de glandouille pour nos amis fonctionnaires qui sont toujours les premiers à me lire, vu qu’ils n’en foutent pas une rame de la journée, et se repaître jusqu’à la nausée post-réveillonnesque de ces vœux d’autant plus grandiloquents qu’ils sont trempés dans la faucuterie la plus intégrale…

Quel moyen atroce de non seulement débuter la semaine, mais également de fêter la reprise après la trêve de Noël, avec cette avalanche de bécots sonores et baveux, avec cliquetis de dentier mal collé en prime, ces tapes dans le dos prétendument amicales toutes prêtes à vous démonter la clavicule et ces sourires de commande en ligne directe de la dernière élection de Miss Dinde Fourrée… Bref, c’est le carton plein, c’est la quine, c’est le bingo assuré avec en cadeau Bonux la ménagère 48 pièces avec le légumier assorti…

Un carton plein que l’on a évité cette année grâce à la pandémie dont on n’a pas cessé une nano-seconde de nous bassiner les esgourdes depuis le mois de janvier 2020…

Pour faire bonne mesure, et franchement vous donner envie de vous flinguer en rentrant tout en ouvrant le gaz de la gazinière électrique, saupoudrez de vingt-cinq « c’était bien ton réveillon du nouvel an ambiance orientale au Mikhenez de Poussan avec couvre-feu à vingt heures », dix-huit « t’as été gâté à Noël ? », une petite douzaine de « T’as eu de la neige à la montagne, parce que Roger du service compta, il a skié huit jours sur du gazon et des gravats », et un « quand je pense que quand même, ça nous aura évité la gastro cette année »…

A nouvelle année, nouvelles résolutions… Résolutions fermes et définitives, qu’on aura vite jeté aux orties une fois le mois de janvier bien entamé. Certains tenteront de perdre du poids, d'autres voudront s’arrêter de fumer, d’autres encore se payeront une tenue de sport flambant neuve pour aller suer à grosses gouttes dans une salle de sport avant de passer l’éponge… D’autres, carrément inconscients, voudront faire tout cela à la fois…

Perso, pas de bonnes résolutions cette année, on va improviser ! Mais cependant, je me hasarderai à émettre un souhait…

Comme j’aimerais retrouver un jour sur des ondes qui ne seront plus ni courtes ni longues mais uniquement de fréquence modulée, les glorieuses pages de la réclame parlée, ces saynètes souvent jouées en direct par les animateurs pour des produits dont l’absolue inutilité devait être rendue positivement indispensable aux ménagères de moins de cinquante ans !

Réentendre le cousin Bibi vanter sur Europe n° 1 les mérites de la Végétaline pour des frites si peu grasses qu’on pourrait presque en manger par plaisir ; écouter à nouveau les publicités pour la Boldoflorine, les yaourts de la Roche aux Fées…

Et comme j’aimerais vous en faire une… « Pour mes chroniques, je ne passe rien à la casserole sans utiliser des larges rasades d’huile de tournesol Fruidor ! Ainsi, grâce à l’incomparable légèreté de l’huile Fruidor, mes chroniques sont légères, légères, légères… »

Question crédibilité, c’est du même niveau qu’un condidat à la députation (c’est très correct, même si les dépités sont souvent des fils de pute) qui vous promet la baisse des impôts dans sa circonscription, une remise gracieuse de la taxe d’ordures ménagères sur cinq ans et une caisse de champagne millésimée… Question légèreté, c’est à peu près la même chose que les Peters Sisters et les Weather Girls réunies en tutu sur un câble blindé…

Donnez-moi des ailes, des ballons, un cric, un palan, que sais-je encore ! Soufflez-moi dans la chronique pour faire lever sa pâte, suractivez sa levure et son levain pour faire revivre le célèbre « Vahiné, c’est gonflé » !

J’en ai ras-la-casquette de ces magmas informes façon galettes chaudes à la M'âme Lisa Douglas des Arpents Verts qui vous plombent l’esprit comme un couscous de porc aux ignames frits dans la graisse de phoque !

Je veux de la chronique légère comme de la pâte à choux sur des rivières de chantilly mousseuse, qui vous humectent le larynx d’une ambroisie nectariale quasi-olympienne et déclenchent un orgasme irrépressible du cervelet, de l’hypothalamus et du tegmentum mésencéphalique.

Je réclame irréfragablement de la conversation virevoltante, piquante et pimentée avec M'âme Jeanssen, Guy-Louis ou Marie-B. ; j’ai le besoin incoercible de babillages en alexandrins, truffés d’acrostiches en vers parfaits sans hiatus, avec césure à l’hémistiche !

Et pourtant, je le sais, les chroniques, c’est comme le livre sacré musulman : un coup bon, un coup pas bon ; un coup on accroche, un coup on décroche… Le Coran alternatif, quoi…

Des réparties qui sentent souvent le rance, comme la blouse en rhovyl mercerisé de M'âme Jeanssen après une heure dans la buanderie surchauffée, des horreurs trop grosses comme le contenu du moulebite de Tom Daley, des bêtises aussi vides que la boîte crânienne de nos connasses en short, et des saillies aussi canines qu’un Sarkozy en campagne.

Des chroniques qui ne seraient rien sans vos inévitables commentaires, constituant la pierre angulaire, la clé de voûte, le grain de sable qui dérèglerait tout le sablier et distillés par un auditoire parfois pléthorique, parfois confidentiel, mais en toutes circonstances présent pour pointer ce qui le fait bidonner, l’indispose, le barbe, le rase, ou l’horripile.

Ce qui l’horripile, ce sont ces imperfections coupables et souvent réitérées, mais qu’importe, en vérité ; la perfection n’est pas de ce monde, et jamais je n’ai prétendu venir d’ailleurs. J’écris, je compose, je versifie ou je pisse la copie avec quelques fois des redites mais avec la féroce envie de continuer, encore et toujours, à dire ma révolte, à faire entendre mon indignation, à partager mes peines et mes joies, à railler l’actualité sévère, grave ou gâtifiante.

Les mots, ma seule véritable drogue dure qui dure à la dure, les mots qui savent être joyeux, incisifs, coupants voire blessants mais qu’on jouit à employer quotidiennement, qu’on en ait à sa disposition dix mille, deux millions ou juste deux cents…

Alors, tant pis ! Mille fois plutôt qu’une je continuerai à coucher sur le papier numérique par ma plume de clavier les mots, les phrases, les paragraphes qui me font du bien. Cette année encore, je vous donnerai rendez-vous le plus souvent possible pour ces brèves de presque, ces chroniques de presque rien sur presque tout.

Et comme ça, ça sera fait et l’on aura pas à y revenir, merci à toi, toi, et puis toi aussi, même que j’en ai limite pas envie à cause de tes commentaires vilains-pas gentils… C’est parfois avec des volées d’orties fraîches qu’on avance en chantant plus fort, plus juste et plus intelligemment…

Et au titre de l’anniversaire du jour, le 13 janvier 1958 voit le décès d’Edna Purviance, l’une des actrices fétiches de Charlie Chaplin dans les films de Charlot. Elle a tourné la bagatelle de trente-cinq films avec l’acteur au chapeau melon entre 1915 et 1923, avant de prendre sa retraite d’actrice en 1926, avant l’avènement du parlant. Une époque où les Charlots étaient encore sur l’écran, et pas au Gouvernement… 


 

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