jeudi 21 janvier 2021

Brèves du 21 Janvier 2021

 Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Ce cri strident qui ferait passer les vocalises suraiguës de Duncan Laurence qui vient de se la faire mordre par Aminimir sur le plateau de Destination Eurovision 2021 pour une vulgaire sonnette d’alarme fatiguée, c’est un cri de guerre.

Un cri de guerre qui retentit comme autant d’antivols au passage du portique de sécurité plusieurs fois l’an. Un cri de guerre qui marque indubitablement le début d’une période faste au commerce de détail et aux banques qui facturent les agios au prix de la tonne de caviar sevruga : les soldes d’hiver.

Et j’ai l’envie quasi-irrépressible, un peu comme quand on voit les seins de Claire Chazal et qu’on sprinte vitesse grand V, accélération gamma petit p plus petit q, se ramoner les boyaux dans le caniveau tant le spectacle est insoutenable et pousserait à la conversion à l’homosexualité avec Houellebecq ; j’ai l’envie irrépressible de jouer à l’ethnologue, de parodier Claude Rika-Lewis-Chopin, ou Levi’s-Strauss, je ne sais plus, de singer l’immortel Christian Zuber et sa caméra au poing, et de vous emmener à la découverte d’une communauté méconnue bien que largement répandue : les amateurs des soldes.

Pas besoin de vous accoutrer d’un bermuda façon Tintin au Congo, d’un bitos des temps bénis de la Coloniale et de pataugas qui ont dû écraser plus de merdes que Marc Lévy et Katherine Pancol ont pu en écrire dans toute leur carrière. Nul besoin de vous exiler dans quelque contrée perdue, hostile et généralement peuplée de peuplades aux noms fleurant bon les récits de la Semaine de Suzette et les albums-photo souvenir de la Cochinchine… Les amateurs de soldes crèchent partout : à Paris (un vrai nid), à Londres, à San Feliu de Guixols, à Sainte Ménéhoulde de Moncu-sur-Lacommode, sur votre palier (juste la porte en face) ou encore dans le gourbi du coin de la Rue des Onanistes En Rut…

Les amateurs de soldes aiment à se faire appeler selon les humeurs du moment et leurs envies versatiles : fashionistas, hystériques du falbalas, folles tordues de la réduction de la mort qui tue, idolâtres au dernier degré des grandes brésiliennes qui roucoulent du « Ma chéééérie, magnifaïque » à tout bout de champ devant une cagole saucissonnée en prêt-à-porter mal coupé, ou encore adulateurs acidulés des tafioles de concours qui prétendent, en une heure d’émission, relooker un boudin mongoloïde attifé de leggins léopard rose et d’un top à dentelle mordoré fluo en un top-model d’un mètre quatre-vingt et caréné comme un Riva de compétition.

Généralement griffés de la racine des cheveux patiemment permanentés chez les sœurs Carita, les madones des cuirs chevelus friqués jusqu’au bout renforcé de leur paire de Burlington grand siècle, les amateurs de soldes s’en vont courir le pavé des centres-villes et des centres commerciaux de grande banlieue dès potron-minet le jour d’ouverture des soldes. Pas question de louper, ne serait-ce que de quelques infimes nanosecondes, l’ouverture plus matutinale qu’à l’habitude des Galeries Farfouillette et de ne pouvoir se mettre sur les arêtes, moyennant un double smic, ce splendide ensemble en chintz d’ottoman moiré couleur diarrhée de nourrisson asthmatique avec ce drapé bouffant qui retombe en smocks sur la passementerie en jabot à clochettes !

Peu importe de savoir s’ils devront se contenter de pâtes à l’eau tiède pour le restant de l’année, tant à cause de la carte bleue qui a viré cramoisi écarlate que des rondeurs qui obligent au recours d’un chausse-pieds et d’un bidon de vaseline pour enfiler le dit-ensemble susmentionné ! Ils le veulent, et ils l’auront !

Peu leur chaut que l’article convoité coute l’équivalent du PIB bisannuel des Iles Vanuatu, qu’il ne soit plus disponible qu’en taille 36 alors qu’on n’arrive qu’avec de grands efforts et des apnées prolongées à s’enquiller dans du 44 rectifié, ou qu’il soit miraculeusement réchappé de la collection Dormeuil Pépère 1957. Il est EN SOLDES !

Et c’est justement ce qui le rend si désirable à leurs yeux de presses-bites ou d’astigmates, ce qui fait qu’il le leur faut, absolument, décidément, définitivement !

Qu’importe que le commerçant ait multiplié le prix par deux pour offrir royalement quarante pour cent de remise ! L’article est soldé !

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!! Des soldes !

Non content de bourrer comme une vulgaire starlette de porno hongroise en face d’une horde de Rocco-Siffredis priapiques son dressing croulant sous les inratables bonnes affaires des soldes précédents qui finiront dans trois ans bouffés aux mites malgré les quarante boules de naphtaline et la douzaine de plaquettes Vapona, l’amateur de soldes moyen s’exprime. Hélas…

Ce n’est ni du Voltaire, ni du Verlaine (qui avait le rein beau et la gâchette chatouilleuse), non. A peine du Barbelivien, voire du sous-Obispo en manque d’inspiration (pléonasme) et le plus souvent c’est d’un niveau inférieur à la moyenne des meilleurs textes de la Gitane sans filtre. C’est vous dire qu’on racle les fonds ultimes de la Fosse des Mariannes au risque de découvrir des textes eurovisuels… C’est plutôt une collection de cris de guerre, d’incantations bellicistes et de gargouillis belliqueux qui arriverait presque à vous faire faire dans le froc, y compris en cas de constipation opiniâtre…

Du classique « J’en-veux-un-poussez-vous-je-l’ai-vu-la-première-j’étais-avant-vous ! » au venimeux « C’est-le-mien-dégage-tes-pattes-de-là-pétasse-ou-j’te-pète-les-seins », le vocabulaire de l’amateur de soldes peut se faire presque intelligible et vous pourrez, au gré de vos pérégrinations au long des rayons transformés en remake de Raqqa ou de Beyrouth, saisir des « M’enfin Kévina, tu vas pas acheter un tee-shirt qui te cache les seins ! », des « Vous êtes sûr que ça va donner ? Assurément, le polychlorure de vinyle imitation similicuir façon moleskine donne toujours d’un à deux millimètres après dix-huit kilomètres de marché forcée », des « J’les prends tous les quatre, tu comprends, c’est pas que j’en aie besoin, mais à mille boules l’unité, ça emmerde Charles-Hugues » ou des « Tu trouves pas que ça me boudine un peu ? Nan, mais tu pourras postuler chez Olida ».

Les soldes, période où l’on se rend compte que soit la taille 42 n’est plus ce qu’elle était, et votre armoire rétrécit effectivement tous vos vêtements subrepticement la nuit venue, soit vous êtes amenés à caresser le commencement de l’idée qu’éventuellement vous auriez pris quelques grammes et qu’un régime devrait peut-être mis en place dans un avenir aussi proche que la ligne d’horizon… Les quarante-huit spots pour « Comme j’aime » en une heure de programme télévisé devrait vous pousser à y être acculé…

Les soldes, où ces dames, demoiselles, messieurs, demi-vierges folles, échaudées de la carte bleue, folles tordues hystériques du falbalas se pâment devant les rabais en faisant montre d’une excitation au moins aussi élevée que celle d’un roumain au Salon International de la Caravane…

C’est qu’on en oublierait presque les futilités de notre actualité quotidiennement routinière, nullement en soldes et même en surnombre…

C’est que depuis le début de l’année, ça dégomme comme au ball-trap dans les rangs des célébrités qui meurent plus souvent qu’à leur tour… Brialy, l’irremplaçable Mère Lachaise, en aurait le goupillon tout frétillant s’il était encore de ce monde…

En moins de trois semaines, on enterre au moins autant de personnalités que la moyenne des candidates de téléréalité (traduire grosse cagole vulgos prête à sucer n’importe qui pour dix minutes de gloriole) possèdent de neurones en état de semi-fonctionnement…

Phil Spector, génial producteur musical dont les dérives récentes ont fait oublier ses exceptionnelles découvertes… Catherine Rich, comédienne délicate et sensible, veuve de Claude Rich… Jean-Pierre Bacri, tête de con râleur qui faisait toujours la gueule pour qui toute la profession et la presse spécialisé de gauche (pléonasme) a déversé des larmes de crocodile en se promettant de se faire un marathon de ses films (forcément mythiques)… Jean Graton, le dessinateur qui donna envie à plusieurs générations de devenir pilote de course avec son légendaire Michel Vaillant…

Mais aussi Nathalie Delon, dont le plus grand titre de gloire fut d’être l’épouse de l’acteur au melon disproportionné et la mère d’Anthony, mais dont la filmographie fleure bon les panouilles alimentaires et les nanards de troisième zone…

Mais il y a aussi des disparitions heureuses, à l’image du Casimir amerloque qui a enfin débarrassé le plancher de la Maison Blanche pour laisser place au vioque du Muppet Show, qui va installer ses monte-escaliers Stannah, son stock de couches Confiance et son caisson à oxygène… Et dire qu’il y a peu, les USA raillaient la fraîcheur toute relative des potentats soviétiques…

Et pour finir sur une note de fraîcheur et d’optimisme… Vous me direz que face aux multiples variants de la Covid-19 qui seraient vachement plus contagieux, une soirée Télérama avec Pierre Arditi dans un manoir sur la lande écossaise ressemble à une teuf dantesque… Pour finir donc sur une nouvelle jeune et pimpante, on a appris la mort par overdose de drogue de Harry Brant, le lis de 24 ans de Stéphanie Seymour, une des Supermodels des années 90. Avec un nom pareil, on eut raisonnablement attendu une défenestration, mais non ! Une banale overdose de drogue… Que les enfants sont ingrats !

Les enfants sont parfois ingrats, voire ingrats doubles pour ceux qui sont atteints de surcharge pondérale, mais ils savent parfois offrir de véritables parenthèses enchantées. Ceci se vérifia le 21 janvier 1921 à New York, lors de la première du premier long métrage de Charlie Chaplin, qui allait remporter un énorme triomphe public : « The Kid ». Comédie dramatique relatant les mésaventures d’un gosse abandonné par ses parents et recueilli par un vitrier semi-clodo, il permet à Jackie Coogan d’exploser à l’âge de sept ans. Il renouera bien plus tard avec le succès, à la télévision, devenant en 1964 le cintré « Oncle Fétide » de la Famille Addams… On s’étonnera de la fraîcheur du Kid, on s’émerveillera de l’incongruité de l’oncle Fester… Ainsi va la vie…


 

mercredi 13 janvier 2021

Brèves du 13 Janvier 2021

« Non, non, rien n’a changé,

« Tout, tout a continué, hey, hey ! »

Non, non, rien n’a changé… A toutes celles et tous ceux qui croyaient, espéraient, souhaitaient, que vendredi 1er janvier, le monde allait changer subitement et se transformer en royaume des Bisounours ; j’ai le regret d’annoncer qu’ils se sont fourré l’index dans le globe oculaire jusqu’au point de non-retour, tendance auscultation des hémorroïdes par l’intérieur.

Non, non, rien n’a changé… Et si vous vous étiez couchés jeudi soir un peu concons, voire franchement lobotomisés après le tsunami de programmes merdico-indigents dont la télévision nous a abreuvés, il y a à peu près autant de chances que de trouver des bridés à Pékin que vous vous soyez réveillés aussi concons mercredi matin.

Non, non, rien n’a changé… Votre tour de taille Bibendum, votre partenaire qui poursuit une carrière de mannequin chez Olida, votre découvert bancaire écarlate cramoisi, votre belledoche qui embaume la naphtaline et la savonnette Bien-Être à cinq lieues à la ronde, vos moutards morveux et mal élevés ; tout ce barnum ne s’est pas mué en tablettes de chocolat, bombasse sexuelle carénée chez Pirelli, compte en Suisse façon Cahuzac, belle-maman que vous jambonneriez volontiers dans la remise et surdoués promis à l’élite de la Nation.

Non, non, rien n’a changé… Le monde de 2020 est resté tel quel pour affronter les premières heures de 2021…

Et dussé-je en pâtir au point de me voir condamné ad vitam aeternam à l’écoute ininterrompue, douloureuse et en 78-tours des œuvres complètes de Christophe Maé interprétées par Zaz imitant Kendji Girac, la gitane à la voix de piche mâtinée de Zaza Napoli en moins viril, je me hasarde toutefois, au seuil de cette nouvelle année, à me vautrer dans les ornières du chemin tant parcouru de la banalité lieu-communesque en vous présentant, non pas sur un plateau d’argent avec bordure en simili laiton chromé et poignées en imitation ersatz d’inox antimoinesque, ni sur un serviteur muet en biscuit fêlé made in Taïwan, et encore moins sur une écuelle en vermeil rehaussée de cuir de peau de fesse de veau élevé sous la mère à un demi-smic le centimètre carré, mais dans le plus simple appareil, et dans ma bouche (non, non, ça reste très correct, rassurez-vous, n’allez pas grossir inconsidérément la chose…) mes vœux les plus chaleureux et les plus sincères pour les putains de trois cent soixante-cinq jours de la puta madre de la mort qui tue qui nous font face…

Pour enclencher la nouvelle année, je craignais fort qu’il ne faille inconsidérément sacrifier à la tradition des vœux urbi et orbi, le genre de truc qui ne coute pas cher et qui fait plaisir à tout le monde, surtout celles et ceux qui se raccrochent désespérément à l’importance de ce beurrage de tartine, comme Di Caprio sur le Titanic se raccroche à une bouée et à l’idée que Céline Dion ne vagira pas encore une fois sa chanson sur le gros bateau qui coule…

Donc, hurlons avec les loups, glapissons avec les dindes et mugissons avec la meute de braillards qui ont consciencieusement oublié de vous flinguer les tympans jeudi soir à minuit et souhaitons avec les affolés du vœu de nouvelle année qu’elle soit bonne… Ou plutôt non, je ne vais pas vous présenter les vœux tout seul… Je m’adjoins les services de deux employées de maison, Maria et Conchita. L’une a un blair qui ferait passer le nez de Liane Foly première version pour une minuscule péninsule, et l’autre se désespère de trouver de l’earl grey dans mes placards…La bonne à nez, et la bonne sans thé…

Rassurez-vous, je ne vais pas verser dans les roucoulades violonées, les calembours usés jusqu’à la corde que même Ruquier n’en voudrait pas pour refiler à son Boulay préféré qu’il aime à tirer de temps à autre, et le sirupeux dégoulinant façon loukoum arrosé au sirop d’érable en vous souhaitant le meilleur pour les douze mois à venir, je ne ferais pas du Mari-à-Brigitte en vous faisant ronfler devant votre poste…

Oh, je me doute que je dois arriver en deux-cent-soixante-treizième position dans le souhaitage de vieux, et que vous avez dû vous fader au bas mot le même nombre de paires de air-bises humides ou gluantes, avec halitose carabinée en prime et tout autant de fadaises nouvel-anniques depuis le 1er janvier dernier…

En une période où les contaminations à la Covid-19 (voire à la CoDS-20 pour faire plus cossu) font bondir dans l’écarlate cramoisi les alertes infos des chaînes d’info continue, il serait presque mal venu de glisser, tel un pet vaseliné glissant sur une toile cirée recouverte d’une triple couche d’encaustique, que les vœux vous font chier… Ça, c’est le domaine de prédilection de la gastro et des réclames télévisées itératives pour les débouchages médicamenteux d’intestins fatigués ou paresseux, entre Dulcolax et Herbesan en passant par les dragées Fuca qui repeignent tout du sol au plafond en un artistique moucheté marron-caca-d’oie à la moindre loufe balancée en loucédé dans les gogues de Tante Marthe…

Quelle joie sans égale de retrouver ses collègues de bureau, ou de glandouille pour nos amis fonctionnaires qui sont toujours les premiers à me lire, vu qu’ils n’en foutent pas une rame de la journée, et se repaître jusqu’à la nausée post-réveillonnesque de ces vœux d’autant plus grandiloquents qu’ils sont trempés dans la faucuterie la plus intégrale…

Quel moyen atroce de non seulement débuter la semaine, mais également de fêter la reprise après la trêve de Noël, avec cette avalanche de bécots sonores et baveux, avec cliquetis de dentier mal collé en prime, ces tapes dans le dos prétendument amicales toutes prêtes à vous démonter la clavicule et ces sourires de commande en ligne directe de la dernière élection de Miss Dinde Fourrée… Bref, c’est le carton plein, c’est la quine, c’est le bingo assuré avec en cadeau Bonux la ménagère 48 pièces avec le légumier assorti…

Un carton plein que l’on a évité cette année grâce à la pandémie dont on n’a pas cessé une nano-seconde de nous bassiner les esgourdes depuis le mois de janvier 2020…

Pour faire bonne mesure, et franchement vous donner envie de vous flinguer en rentrant tout en ouvrant le gaz de la gazinière électrique, saupoudrez de vingt-cinq « c’était bien ton réveillon du nouvel an ambiance orientale au Mikhenez de Poussan avec couvre-feu à vingt heures », dix-huit « t’as été gâté à Noël ? », une petite douzaine de « T’as eu de la neige à la montagne, parce que Roger du service compta, il a skié huit jours sur du gazon et des gravats », et un « quand je pense que quand même, ça nous aura évité la gastro cette année »…

A nouvelle année, nouvelles résolutions… Résolutions fermes et définitives, qu’on aura vite jeté aux orties une fois le mois de janvier bien entamé. Certains tenteront de perdre du poids, d'autres voudront s’arrêter de fumer, d’autres encore se payeront une tenue de sport flambant neuve pour aller suer à grosses gouttes dans une salle de sport avant de passer l’éponge… D’autres, carrément inconscients, voudront faire tout cela à la fois…

Perso, pas de bonnes résolutions cette année, on va improviser ! Mais cependant, je me hasarderai à émettre un souhait…

Comme j’aimerais retrouver un jour sur des ondes qui ne seront plus ni courtes ni longues mais uniquement de fréquence modulée, les glorieuses pages de la réclame parlée, ces saynètes souvent jouées en direct par les animateurs pour des produits dont l’absolue inutilité devait être rendue positivement indispensable aux ménagères de moins de cinquante ans !

Réentendre le cousin Bibi vanter sur Europe n° 1 les mérites de la Végétaline pour des frites si peu grasses qu’on pourrait presque en manger par plaisir ; écouter à nouveau les publicités pour la Boldoflorine, les yaourts de la Roche aux Fées…

Et comme j’aimerais vous en faire une… « Pour mes chroniques, je ne passe rien à la casserole sans utiliser des larges rasades d’huile de tournesol Fruidor ! Ainsi, grâce à l’incomparable légèreté de l’huile Fruidor, mes chroniques sont légères, légères, légères… »

Question crédibilité, c’est du même niveau qu’un condidat à la députation (c’est très correct, même si les dépités sont souvent des fils de pute) qui vous promet la baisse des impôts dans sa circonscription, une remise gracieuse de la taxe d’ordures ménagères sur cinq ans et une caisse de champagne millésimée… Question légèreté, c’est à peu près la même chose que les Peters Sisters et les Weather Girls réunies en tutu sur un câble blindé…

Donnez-moi des ailes, des ballons, un cric, un palan, que sais-je encore ! Soufflez-moi dans la chronique pour faire lever sa pâte, suractivez sa levure et son levain pour faire revivre le célèbre « Vahiné, c’est gonflé » !

J’en ai ras-la-casquette de ces magmas informes façon galettes chaudes à la M'âme Lisa Douglas des Arpents Verts qui vous plombent l’esprit comme un couscous de porc aux ignames frits dans la graisse de phoque !

Je veux de la chronique légère comme de la pâte à choux sur des rivières de chantilly mousseuse, qui vous humectent le larynx d’une ambroisie nectariale quasi-olympienne et déclenchent un orgasme irrépressible du cervelet, de l’hypothalamus et du tegmentum mésencéphalique.

Je réclame irréfragablement de la conversation virevoltante, piquante et pimentée avec M'âme Jeanssen, Guy-Louis ou Marie-B. ; j’ai le besoin incoercible de babillages en alexandrins, truffés d’acrostiches en vers parfaits sans hiatus, avec césure à l’hémistiche !

Et pourtant, je le sais, les chroniques, c’est comme le livre sacré musulman : un coup bon, un coup pas bon ; un coup on accroche, un coup on décroche… Le Coran alternatif, quoi…

Des réparties qui sentent souvent le rance, comme la blouse en rhovyl mercerisé de M'âme Jeanssen après une heure dans la buanderie surchauffée, des horreurs trop grosses comme le contenu du moulebite de Tom Daley, des bêtises aussi vides que la boîte crânienne de nos connasses en short, et des saillies aussi canines qu’un Sarkozy en campagne.

Des chroniques qui ne seraient rien sans vos inévitables commentaires, constituant la pierre angulaire, la clé de voûte, le grain de sable qui dérèglerait tout le sablier et distillés par un auditoire parfois pléthorique, parfois confidentiel, mais en toutes circonstances présent pour pointer ce qui le fait bidonner, l’indispose, le barbe, le rase, ou l’horripile.

Ce qui l’horripile, ce sont ces imperfections coupables et souvent réitérées, mais qu’importe, en vérité ; la perfection n’est pas de ce monde, et jamais je n’ai prétendu venir d’ailleurs. J’écris, je compose, je versifie ou je pisse la copie avec quelques fois des redites mais avec la féroce envie de continuer, encore et toujours, à dire ma révolte, à faire entendre mon indignation, à partager mes peines et mes joies, à railler l’actualité sévère, grave ou gâtifiante.

Les mots, ma seule véritable drogue dure qui dure à la dure, les mots qui savent être joyeux, incisifs, coupants voire blessants mais qu’on jouit à employer quotidiennement, qu’on en ait à sa disposition dix mille, deux millions ou juste deux cents…

Alors, tant pis ! Mille fois plutôt qu’une je continuerai à coucher sur le papier numérique par ma plume de clavier les mots, les phrases, les paragraphes qui me font du bien. Cette année encore, je vous donnerai rendez-vous le plus souvent possible pour ces brèves de presque, ces chroniques de presque rien sur presque tout.

Et comme ça, ça sera fait et l’on aura pas à y revenir, merci à toi, toi, et puis toi aussi, même que j’en ai limite pas envie à cause de tes commentaires vilains-pas gentils… C’est parfois avec des volées d’orties fraîches qu’on avance en chantant plus fort, plus juste et plus intelligemment…

Et au titre de l’anniversaire du jour, le 13 janvier 1958 voit le décès d’Edna Purviance, l’une des actrices fétiches de Charlie Chaplin dans les films de Charlot. Elle a tourné la bagatelle de trente-cinq films avec l’acteur au chapeau melon entre 1915 et 1923, avant de prendre sa retraite d’actrice en 1926, avant l’avènement du parlant. Une époque où les Charlots étaient encore sur l’écran, et pas au Gouvernement…