vendredi 12 août 2022

Brèves du 12 Août 2022

« Partir, partir

« On a toujours

« Un bateau dans le cœur

« Un avion qui s'envole

« Pour ailleurs

« Mais on n'est pas à l'heure… »

 

Ah ! les trémolos caprins de notre Julien Clerc national ! On a beau s’en gausser avec des ricanements d’hyène hystérique qui ressemblent à s’y méprendre à Beaugrand au moment de l’orgasme ou des gloussements de dinde cuvée Miss France, ces bêlements chantés sont toujours plus agréables à l’oreille que les beuglements bovins d’une Lara Fabian en version mégaphone ou les couinements de sconse en chaleur de Christophe Maé…

 

Quoi qu’il en soit, cette appétence à partir est d’autant plus développée que la proximité des congés se fait douloureusement sentir… Et il faut bien se l’avouer, ce n’est plus une proximité mais carrément un encastrement version crash-test 38-tonnes contre Mini Austin dans la France du mois d’août…

 

La France du mois d’août, c’est plus que jamais la France des vacances malgré les porte-monnaie de plus en plus désespérément vides, à l’instar des nappes phréatiques, des bouchons (qui se forment sur les routes et qui sautent dans les apéros), des mémères en maillot de bain à fleurs fluo qui s’aspergent de Monoï et empestent à deux lieues à la ronde la fleur de tiaré périmée, des pépères en tongs et marcel qui schlinguent l’huile rance, le tabac froid et le slip pas frais ; c’est le royaume de la farniente avec quatre grammes dans chaque œil, l’empire du « j’en fous pas une rame », le domaine des congés payés qui viennent se cultiver le mélanome à la Grande-Motte et des rafraichissements à gogo…

 

Et le rafraichissement d’aujourd’hui viendra d’un groupe bien oublié aujourd’hui mais qui en 1982 a fait danser les mémères adipeuses, les marcels franchouillards, les boutonneux aux slips volcaniquement actifs et les pisseuses à culotte mouillée et tampon OB gorgé : le groupe Elégance, et leur unique titre de gloire « Vacances, j’oublie tout »…

 

Et aujourd’hui, ça s’applique tout particulièrement… C’est en effet la dernière chronique avant une interruption aussi estivale que méritée, motivée par une énergie assez proche du bulot cuit abandonné sur un plateau de fruits de mer à côté de la mayonnaise tiédasse, une inspiration en baisse qu’on dirait la côte de popularité de Macron au meilleur de son quinquennat, et un besoin de déconnecter tant le moral est survolté qu’on pourrait faire péter la centrale EDF en rejouant les Claude François sur un air de « J’ai mis les doigts dans la prise et la coiffure de Desireless »…

 

Bref ! J’ai besoin de vacances pour recharger les batteries… Rassurez-vous, je reviendrai vous voir requinqué et toujours plein de conneries que je déverserai avec un malin plaisir, avec l’aide précieuse des futilités de l’actualité…

 

Mais pour l’instant… Stop !

 

« Stop, ja, stop, ja, stop, mens legen er go'… »

 

« Stop, oui, stop, oui stop, pendant que tout va bien… »

 

Cette ritournelle antédiluvienne déjà génératrice d’odeurs de naphtaline en 1966 lorsqu’elle fut présentée sous les couleurs danoises au Grand Prix Eurovision de la Chanson, je me la coltine dans les pavillons auditifs depuis ce matin, lorsque l’affreux mécanisme sonneur qui me tient lieu de radioréveil s’entêta à me tirer des bras de Morphée dans lesquels je m’étais voluptueusement lové et que je ne souhaitais quitter pour rien au monde.

 

Stop, oui, stop, nous susurrait Ulla Pia avec sa bouille de paysanne berrichonne pas trop dégourdie et sa choucroute surlaquée d’un mètre de hauteur en guise de coiffure. Et c’est un conseil que je serais des plus avisés de suivre.

 

Stop, pendant que tout va bien… Ou, dans tous les cas, pendant que tout ne va pas trop mal, et que le niveau des gugusseries chronicales n’a pas encore irrémédiablement atteint le dernier niveau du trente-sixième sous-sol de la platitude et du verbiage illisible.

 

Stop, je ferais mieux de dire stop avant que de vous infliger la chronique de trop, celle qui vous filera définitivement le cœur au bord des lèvres à force d’entêtement borné dans le banal, les cucuteries convenues et les poncifs antédiluviens.

 

Stop, je ferais mieux de dire stop avant de consumer mes dernières onces de crédibilité chronicale à vos yeux…

 

Stop, je ferais mieux de dire stop parce que là, je sens que j’atteins l’ultime sous-sol de la fatigue et que quelques jours d’arrêt ne feront que du bien à toutes et tous !

 

Et ce n’est pas la peine d’en rajouter, comme disait Maxwell, donc, pour éviter le principe des vases communicants, trop-plein d’un côté et pénurie de l’autre.

 

Vite, vite, vite ! Une route vers les congés, vers le repos, vers la détente, vers le vidage de cervelet de toutes les mesquineries, les coups de pute des confrères, les clients cas soc’ puants et débiles, les DàM (célèbres dossiers à merde) qui vous font douter de votre profession de foi professionnelle, les urgences pourraves qu’il faut traiter en ultra-priorité parce que la date-limite-de-recours-est-avant-hier-et-que-ce-connard-de-client-à-l’AJ-s’en-aperçoit-maintenant-et-qu’il-a-téléphoné-douze-fois-depuis-hier…

 

Interrompons ces bavasseries quotidiennes dont je pollue à intervalles plus ou moins réguliers, avec la ponctualité quasi-suisse d’une tocante de Prisunic après une rencontre avec un marteau-pilon, vos murs et vos boites mails, prenons de la distance de la chose fesse-de-bouquienne, mettons les emmerdements sous cloche hermétique, les fâcheux sous containers scellés à destination des antipodes par courrier lent et port dû, le cortex au point-mort et les doigts de pied en éventail !

 

Voici donc le moment de vous dire au-revoir pour quelques jours, le temps de piquer, je l’espère, des roupillons d’anthologie, de retrouver un rythme de vie quasiment normal, de se ressourcer en famille au calme, au frais, et loin de tout ce merdier sanitaire et médiatico-géopolitique qui fait de plus en plus peur…

 

Et le 12 août 1981, IBM présentait lors d’une conférence de presse l’IBM-PC, un ordinateur personnel dont l’architecture ouverte allait en faire l’ancêtre de tous le compatibles PC. Cette bécane comportait un microprocesseur Intel 8088 cadencé à 4,77 MHz et une mémoire vive de 16 ko pouvant être portée à 256 ko, disposait, selon les modèles, d'aucun, d'un ou deux lecteurs de disquettes 5 pouces 1/4 de 160 ko simple face, 320 ko double-face, 512 ko double-face double densité, avait 5 ports ISA, bus 8 bits pour carte d'extension comme la carte d'extension mémoire, carte vidéo CGA. Enfin, il était équipé d'un interpréteur du langage BASIC Microsoft en mémoire morte et pouvait gérer une unité de cassette externe. Ou comment prendre congé de la préhistoire informatique…

 

Aussi prendrais-je également congé en vous souhaitant de glisser goulument dans la grâce des vacances, ces moments aériens et en apesanteur de liberté, de tranquillité, de bonheur… Excellentes vacances à toutes et tous, à très vite de vous revoir et relire, big smacks bien baveux à qui en fait la demande et surtout… carpe diem !


 

lundi 1 août 2022

Brèves du 1er Août 2022

On a coutume de dire qu’on reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en nous quittant. On devrait pouvoir en dire autant de l’enfance… Et nous avons été tellement nombreux en ce chaud dimanche de juillet à entendre cet affreux tintamarre que les ORL devraient être submergés de rendez-vous dans les jours qui viennent.

 

Christophe Izard est mort. La nouvelle est brutale pour tous les quadragénaires finissants de France, tant ce nom a bercé leurs jeunes années, et évoque des souvenirs ouatés des années d’insouciance où ils se délectaient de ses émissions pour la jeunesse.

 

Christophe Izard a été le pape des émissions pour la jeunesse dans les années soixante-dix et quatre-vingt, créant des programmes mythiques dont la seule évocation rappelle dans nos mémoires collectives d’indicibles souvenirs.

 

Le souvenir des goûters de BN ou de tartines beurrées saupoudrées de Benco, religieusement assis devant le téléviseur du salon. Le souvenir des devoirs expédiés pour ne pas rater le début des émissions pour les jeunes sur TF1 819 lignes, encore en noir et blanc. Le souvenir d’un monstre gentil, accompagnés de ses amis dans un décor qui nous envoyait incontinent dans un pays joyeux où c’était tous les jours le printemps…

 

Je me souviens du Philips familial où défilait le générique animé d’Anne Hofer, avec l’indicatif musical inoubliable… Je me souviens des bêtises du casimirus orangé qui faisaient bouillir tous les habitants de l’île… Je me souviens des ballons de François, des robes fleuries de Julie, de la pompe ridicule de Monsieur du Snob, des immenses lunettes d’Edmée Futaie…

 

Je me souviens de L’île aux enfants, évidemment, pierre angulaire parmi d’autres de mes souvenirs d’enfant… Mais je me souviens aussi des très nombreuses autres émissions créées avec un égal bonheur et une égale réussite par Christophe Izard.

 

Et nul doute que vous vous en souviendrez aussi : Les Visiteurs du Mercredi, Les Visiteurs de Noël, Mer-cre-dis-moi tout, Les pieds au mur, Le Village dans les nuages, Salut les Mickey !…

 

Aujourd’hui, Casimir, Hippolyte, Léonard sont en deuil, avec tant d’autres personnages issus de son cerveau fécond… Et tous les enfants des années 70 ont aujourd’hui une pensée émue pour la mémoire de leur papa télévisuel, qui a désormais rejoint pour l’éternité son village dans les nuages, si ce n’est son île paradisiaque… Nous pourrons toujours le retrouver, chaque nuit, dans nos rêves…

 

Un part supplémentaire d’enfance a dû également s’enfuir chez tous ceux qui s’étaient à l’époque délectés des aventures intergalactiques de l’USS Enterprise. Le vaisseau star de la série Star Trek compte désormais une nouvelle défection, celle du Lieutenant Uhura, interprété par Nichelle Nicolls, qui s’est éteinte à l’âge de 89 ans.

 

Il n’y a bien que ça qui s’éteint en ce moment, tant les incendies débutent d’une manière plus que suspecte un peu partout dans le Sud de la France… Les personnes qui ont le feu au cul sont instamment priées de recourir au traitement « Rika Zaraï », lequel consiste à se tremper le fondement dans une bassine d’eau froide, avant de s’asseoir dans la garrigue…

 

Les gigantesques incendies de Gironde laisseront hélas des traces visibles pendant des dizaines d’années… Et pour se remémorer des lieux dans leur configuration antérieure, et notamment le Camping des Flots Bleus, il faudra se fader l’imbitable « Camping » et son lamentable Franck Dubosc en moulebite bleu… A quoi tient la mémoire collective…

 

Question mémoire collective, je vous propose un petit karaoké, avec une chanson qui a marqué son époque :

 

« Cuit, cuit, cuit, cuit,

« Nous ferons un tour de broche

« Autour d’un gros mât joli,

« Oui, oui, oui, oui

« Nous n’aurons plus pour amis,

« Que la brise saharienne

« Et le soleil qui rôtit

« Cuit, cuit, cuit, cuit… »

 

Eh oui, je vous propose cette brûlante adaptation sur une chanson d’André Popp et Pierre Cour, médaille de bronze au Concours Eurovision de la Chanson Européenne 1959, « Oui, oui, oui, oui ».

 

Vous qui aimez coller à l’actualité, nul doute que vous collez littéralement à vos tee-shirts et autre chemisettes aujourd’hui dans une grande moitié sud de la France. Vous qui vous faites railler parce que vous détrempez les sous-vêtements quand la température grimpe, vous avez sans doute une lingerie fine intégralement mouillée. Vous qui suez à grosses gouttes dès qu’on dépasse dix-huit degrés (le seuil de canicule en Bretagne), vous êtes sans exception possible tout en eau, avec la raie du cul qui fait chêneau…

 

Le mercure s’est payé une jolie fièvre aujourd’hui sur l’arc méditerranéen, avec des pointes vers des températures qui pulvérisent les anciens records datant de la canicule de 2003, grande bienfaitrice des pompes funèbres qui avaient pu travailler à tombeau ouvert…

 

Et les péronnelles enfarinées de la météo qui prennent des voix d’attardées mentales parlant à des quadrisomiques déficients pour nous annoncer qu’il va faire chaud, et qu’il faut penser à boire… Connasses ! On s’en aperçoit parfaitement que le mercure joue les acrobates ! Et quand vous dites qu’il faut boire, précisez de la flotte, parce que vous avez toujours des piliers du bar du Commerce qui vont écluser binouze sur binouze pour s’hydrater.

 

Parce que les conseils serinés avec la régularité d’un coucou suisse par les ondes de la radiodiffusion nationale et les mises en garde apocalyptiques des chaînes d’info continue, ça commence à nous faire suer sec, hein !

 

Ils me font bouillir avec leurs conseils à la mords-moi-le-nœud ! Attention canicule, boivez du liquide, restez chez vous au frais, évitez de courir le marathon en combinaison de ski en plein soleil, et prenez des nouvelles des personnes vulnérables…

 

Déjà que ça nous emm… prodigieusement de téléphoner à tante Marthe en temps normal, alors lui bigophoner pour savoir si elle va bien… Elle qui monte les cinq étages sans s’essouffler malgré les bougies sur le gâteau…

 

Et si on laissait les français penser par eux-mêmes, si on cessait de les déresponsabiliser vitesse grand V et si nos concitoyens assumaient leurs décisions ? En 1976, l’avant-avant-dernière grande canicule, on n’a pas tiré à boulets rouges sur Giscard et sa clique parce qu’ils ne nous avaient pas donné de conseils…

 

Oui, mais ça c’était le monde d’avant, un monde où l’on ne nous servait pas tout sur un plateau et où l’on nous laisser nous démerder un petit peu par nous-mêmes…

 

Voila, qu’on nous lâche la grappe un moment avec cette déresponsabilisation à outrance… Qu’on nous laisse en paix essayer de nous ressourcer et tenter d’oublier ces incessants flots d’infos tout aussi inutiles que parfaitement futiles…

 

On s’en cogne que Macron et son ptérodactyle lifté soient arrivés à Brégançon pour des vacances studieuses (joli pléonasme) de trois semaines… Autant dire carrément que Brigitte va faire trois semaines de caisson réfrigéré pour tenter de sauver le dernier massacre chirurgical qui l’a encore plus ressembler à la grand-mère de la Planète des Singes… Et que le Manu a déployé son radar à tarlouzes pour casser du fion à couilles rabattues…

 

On s’en cogne que toutes les influenchieuses de la toile nous pondent quarante-huit selfies par heure pour profiter de leurs destinations estivales genre « trop dépaysant limite Rendez-vous en terre inconnue »… Qu’elles prennent un selfie dans une bibliothèque et elles seront réellement en terre inconnue…

 

On s’en cogne des présentateurs blondinets qui nous mitraillent de selfies avantageux, le teint hâlé et le brushing impeccable, comme s’ils venaient de se prendre une faciale d’un garçon-coiffeur de chez Carita…

 

On veut un été déconnecté… Pour qu’on puisse partager notre déconnection sur Touitteur, Fesse-de-Bouc et Insta-gramme…

 

Et le premier août 1996 s’envolait vers d’autres cieux Frida Boccara, chanteuse française dont le répertoire un peu poussiéreux ne lui a pas permis de faire la carrière qu’elle méritait. Avec le très poétique « Un jour, un enfant », elle permit à la France de remporter le Grand Prix Eurovision 1969, à égalité avec trois autres candidates. A force de dessiner la forme d’une étoile, l’enfant de Frida a certainement dû trouver le chemin des grands qui ont gardé un regard émerveillé pour les fruits de chaque jour… Même si ces fruits ont parfois un goût de rance quand l’enfance s’enfuit…